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Le petit Louis

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Message  hugofan Mer 30 Déc 2009 - 15:43

Je poste la première partie de cette nouvelle, pas bien originale mais l'inspiration me manque ^^


Le petit Louis avait grandi à l'écart du monde extérieur. Il avait été élevé dans un monastère, par des moines aimants et paternels, qui lui avaient inculqué tout leur sens de la droiture et de la piété. Il vécut une enfance heureuse, quoique légèrement recluse ; ses activités principales étaient de longues promenades dans les jardins de l'abbaye, ainsi que l'étude consciencieuse et appliquée des textes bibliques.
Très tôt, il avait manifesté des capacités d'apprentissage étonnantes, accompagnées d'une profonde curiosité pour tout ce qui touchait aux sciences et aux mathématiques. Les vieux moines s'extasiaient en permanence devant ce petit être chétif aux caractéristiques de génie.
Aussi l'aimaient-ils d'un amour profond et désintéressé ; leur attention toute entière était sans cesse dirigée vers le petit garçon, qui s'épanouissait sous leur protection. Il était du reste fort compréhensible que l'on s'attachât à un tel enfant : il était en effet excessivement maigre et sec ; sous la masse de ses cheveux bruns apparaissait un front pâle et dégagé, semblant abriter une intelligence supérieure ; ses traits irréguliers n'étaient corrigés que par de grands yeux noirs et brillants, sans cesse voilés de larmes, ce qui appuyait son extrême sensibilité. Ajoutez à cela une démarche hésitante, un sourire enfantin et de toutes petites mains blanches et fragiles, et vous seriez certainement charmés devant ce petit ange au regard si perçant. Il aimait en outre démesurément ses pères, qui l'avaient élevé ; mais parmi ceux-ci son attention se tournait surtout vers un moine en particulier : c'était frère André. La chose était simple : frère André était de tous les résidents du monastère celui qui avait lui avait prodigué le plus de soins ; c'était en quelque sorte son père adoptif. Il était cependant très âgé, hélas! lui qui dans toute sa vie ne s'était épanoui que dans la prière, le jeûne et la contemplation. Sur son triste visage se peignait la douleur et la maladie ; de profondes rides creusaient ses joues anguleuses, et sur ses tempes gisaient encore de fins cheveux gris, séchés par le poids des années. Cependant il y avait dans ses petits yeux bleus, qui s'enfonçaient jalousement dans son crâne, un reste de jeunesse et de gaieté, qui semblait rajeunir sa figure austère et sans cesse assombrie. C'est ainsi que quand le digne moine fronçait les sourcils et plissait les lèvres, (ce qui lui arrivait souvent), ses yeux semblaient au contraire sourire et s'éclairer. C'est que toute sa bonté y était enfermée. Frère André était en effet extrêmement généreux, quoique singulièrement discret. Il avait élevé Louis avec amour et indulgence ; le petit garçon l'appelait père, ce qui provoquait dans le cœur de l'abbé un étrange sentiment de bien-être : le vieillard condamné au célibat éprouvait malgré lui les indicibles joies de la paternité.

Dès lors, il n'eut plus la même vision du monde : auparavant il ne songeait qu'à la prière et la discipline, qui avaient cruellement séché son cœur comme une feuille d'automne ; l'étude et le jeûne l'avaient rendu austère et dur ; la philosophie avait accrue sa mélancolie. Mais quand le petit Louis apparut dans sa vie, quand par un beau matin d'hiver il l'avait trouvé emmailloté dans un grand panier, posé devant la porte du monastère, frère André découvrit un sentiment tout à fait nouveau pour lui : l'amour. Il se souvint en effet de saint Paul qui dit dans les écritures que sans l'amour, l'homme n'est rien.
Alors le vieil abbé se jeta éperdument dans l'entreprise qui allait désormais occuper une grande place dans sa vie : l'éducation de Louis.
Mais il dut alors se heurter à un obstacle de taille : le jugement des autres moines. Ceux-ci furent d'abord étonnés par cette singulière découverte ; puis ils furent indignés et même choqués en apprenant que leur abbé avait l'intention d'élever le jeune garçon.

-Il est peut-être l'œuvre du péché ! s'écria frère Laurent, espèce de vieux moine bourru au nez singulièrement crochu et aux yeux pétillants de malice.
-Oui, ou bien de l'adultère ! continua frère Alphonse, les sourcils sévèrement froncés.

Mais tous ces arguments ne pouvaient atteindre frère André, qui avait depuis longtemps pris la décision de le garder. Aussi considéra-t-il ses compagnons d'un regard hautain et plein de défi ; il semblait sûr de lui-même ; il n'avait jamais été aussi arrogant et écrasant que dans ce moment-là. Ses camarades baissèrent insensiblement les yeux : ils avaient conscience de la supériorité intellectuelle et spirituelle du vieux moine. Seul frère Laurent, les yeux enflammés de jalousie, les lèvres écumantes de colère et d'amertume, se permettait encore de marmonner à part quelques paroles réprobatrices. Ce vieux moine était l'incarnation même de la cruauté et de la perfidie ; on lisait dans ses petits yeux gris et perçants une haine farouche et destructrice, qui déchirait ses traits faciaux et qui le rendait effrayant. Dans sa jeunesse, il avait étudié la théologie et les mathématiques avec une curiosité vorace ; seulement, à la différence de frère André, pour qui le savoir avait été un moyen de répandre sa bonté sur les autres et de se négliger lui-même, frère Laurent au contraire s'était saisi de la science comme d'une arme vengeresse ; son cœur haineux et fourbe s'était gonflé de savoir et d'expérience ; il allait maintenant le mettre à profit pour laisser libre cours à ses mauvais penchants. Aussi cachait-il sa fourberie par une austérité extrême, qui effrayait les autres moines. Du reste on ne l'aimait pas, mais on le craignait.

Avec le temps cependant, le petit garçon grandissait, et les moines s'habituèrent très vite à sa présence. Son rire joyeux et juvénile rajeunissait considérablement le cœur un peu flétri de ces hommes pour qui la prière et le jeûne étaient la seule raison de vivre. Quand ils s'aperçurent de la gaité dont l'enfant était porteur, quand ils virent qu'il ne pouvait représenter qu'une bouffée de chaleur et d'amour dans leur vie glacée, et que du reste il était remarquablement intelligent, les moines s'attachèrent démesurément au petit Louis. Tous l'aimaient, excepté frère Laurent, qui ne perdait pas une occasion de le discréditer, tantôt en affirmant qu'il distrayait les moines de leur mission, (ce qui du reste n'était pas absolument faux), tantôt en le diabolisant de manière cruelle et ostentatoire. Louis le craignait avec une terreur d'enfant ; ses yeux pétillants s'agrandissaient en l'apercevant ; une imperceptible convulsion parcourait ses lèvres comme une vague, puis il se mettait à pleurer, de manière à tordre horriblement son visage, déjà si ingrat.

-Pourquoi ce monsieur ne m'aime-t-il pas? demandait-il à frère André (car le petit garçon ne comprenait pas le fait qu'on pût ne pas l'aimer).

Le moine lui répondait avec douceur que frère Laurent était un peu troublé par son arrivée dans le monastère, mais qu'il finirait certainement par l'aimer, comme tous les autres. Louis tentait alors d'amadouer l'austère homme d'église : il se dirigeait vers lui, en accentuant encore davantage son sourire, de manière à dessiner de grands plis sur le coin des lèvres ; puis, le saisissait doucement par le bord de sa soutane, il se contentait de le regarder, avec ses grands yeux sombres, où perçaient une intelligente manifeste et supérieure, mais cependant atténuée par la peur que lui causait le visage courroucé de frère Laurent. Celui-ci le repoussait énergiquement en grognant, puis il allait se perdre dans les couloirs sombres et tortueux du monastère, desquels il semblait étrangement faire partie. Que se passait-il dans cette âme sombre et renfrognée? Pour quelle raison haïssait-il ce pauvre garçon innocent ?
Dieu seul le sait. Ce qui est sûr dans tous les cas, c'est que si frère Laurent eût pu sans éveiller les soupçons de ses compagnons jeter le petit garçon au feu, ou lui briser le crâne contre une muraille, il l'eût fait sans hésiter. Aussi frère André le savait-il mieux que personne. C'est d'ailleurs pour cela qu'il le tenait sous haute surveillance...

hugofan

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Message  hugofan Mer 30 Déc 2009 - 15:46

Excusez moi pour la mise en page : je suis un peu étourdi !

hugofan

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Message  Invité Jeu 31 Déc 2009 - 22:26

Un peu simpliste, ce monde où chacun est ou tout blanc ou tout noir !
Et puis, ça finit en queue de poisson, on ne voit pas du tout ce que c'est censé montrer. C'est gentiment écrit, mais quel intérêt trouves-tu à ce texte, Hugofan ? Est-ce qu'il a une signification particulière pour toi ?
J'avoue m'être demandé si tu ne faisais pas de la pub pour recruter au monastère ! ;-))

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Message  Zenati Ven 1 Jan 2010 - 7:27

J'attends la deuxième partie
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Message  Plotine Ven 1 Jan 2010 - 10:33

Il y a forcément une suite, n'est-ce pas ? Tu ne vas pas nous laisser en plan ? J'ai une petite idée du pourquoi le Frère Laurent n'aime pas notre héros, mais chut...
J'aime beaucoup, c'est très harmonieux, les mots coulent délicieusement. Il n'y a qu'une chose qui m'a dérangée : Cependant il y avait dans ses petits yeux bleus, qui s'enfonçaient jalousement dans son crâne. Pouquoi 'jalousement" ?
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Message  hugofan Ven 1 Jan 2010 - 16:03

SUITE ET FIN

Cinq années s'écoulèrent lentement. Frère André s'était considérablement affaibli : son état de santé ne lui permettait plus d'intercéder avec le même zèle qu'autrefois. Très rapidement, il fut contraint de garder constamment le lit, si bien qu'il passait ses journées à se morfondre dans sa chambre humide. Le digne abbé n'avait pour seules consolations que la lecture assidue de la bible, ainsi que les visites régulières de son petit Louis. Celui-ci avait étonnement grandi : c'était à présent un adolescent jovial et animé ; ses traits s'étaient comme adoucis et son teint pâle et maladif avait laissé place à un visage agréable et vermeil. Il était en outre devenu aussi robuste que ses pères, et son rire juvénile résonnait parfois dans les couloirs silencieux de l'abbaye. Contre toute attente, il était devenu un beau jeune homme. Frère André, de qui la lucidité s'était accrue à mesure que sa santé déclinait, avait assisté à cette métamorphose avec une inquiétude croissante : il sentait que le garçon lui échappait, et que bientôt sa jeunesse ardente ne lui permettrait plus de mener une vie recluse et exigeante. De plus il se trouvait dans l'impossibilité de garder l'œil sur frère Laurent qui, bien que vieux et chenu, continuait de haïr le garçon d'une manière si ostensible que les moines s'arrangeaient en permanence pour qu'ils ne se trouvassent jamais dans la même pièce. Louis avait peur de ce moine ; il sentait parfois son regard haineux qui l'enveloppait, à l'heure des offices. La nuit, quand il ne parvenait pas à trouver le sommeil, il se figurait avec effroi que frère Laurent l'attendait devant la porte, le couteau à la main, désireux de le tuer.
La présence de ce moine glaçait le jeune homme à tel point qu'il ne pouvait pas même trouver la force de l'éviter.

Du reste, du haut de ses dix-neuf ans, Louis commençait à s'agiter de plus en plus. Quelque chose avait changé en lui : il semblait qu'il ne ressentait plus le même plaisir qu'autrefois à réciter de longues prières en latin, ainsi qu'à se promener de long en large dans les vastes jardins du monastère. Ce changement brutal l'inquiétait ; il était surpris de ne plus trouver en lui le désir de plaire à Dieu. Ce fut ainsi que peu à peu, comme entrainé par un courant inéluctable, il se prit à rêver d'argent, de pouvoir... de femmes. Il n'en avait vu que très peu, à de longs intervalles et de manière hâtive. Cependant un jour, alors qu'il étudiait dans sa chambre, il coula un regard discret à travers la fenêtre et aperçut, intrigué, une toute jeune fille qui jouait avec un chat dans le jardin. Il ignorait qui elle était, et à plus forte raison comment elle avait pu se retrouver dans le monastère. Toujours était-il qu'il n'avait jamais contemplé une telle splendeur ; jamais il n'avait vu ou même imaginé un visage aussi fin, des boucles aussi exquises, une démarche aussi gracieuse et légère que celle qu'il lui remarqua. Les rayons du soleil pénétraient la racine de ses cheveux noirs qui blondissaient comme des fils d'or. Ses petites mains délicates se perdaient dans les poils du gros chat qu'elle caressait.
Soudain, en un geste gracieux, elle leva un regard azuré vers la fenêtre et aperçut le jeune homme qui, comme un enfant hébété, demeurait le nez collé contre la vitre, avec une expression naïve et comme effrayée sur son visage. Elle sourit, découvrant de belles dents blanches comme l'ivoire. Le jeune homme tressaillit et s'enfuit. Depuis ce jour, il sentit naître en lui un sentiment incontrôlable, qui l'enivrait en même temps qu'il l'effrayait : le désir.

Mais revenons à frère Laurent. Le lecteur n'a sans doute pas oublié la haine que ce moine bourru et ténébreux vouait au jeune garçon. Ce qu'il ignore, c'est la raison pour laquelle ce vieux moine était prêt à tuer le garçon sans le moindre remord. Tout d'abord, il est important de préciser que la vie monacale ne contenait pas seulement des individus exemplaires, pieux et charitables. Ceci est un préjugé qui a souvent servi de couverture aux moines pervertis, afin se livrer à leurs actes de débauche. Frère Laurent était de ces individus-là. Très jeune, il s'était adonné aux pires vicissitudes qu'un homme eût pu inventer ; sa vie n'était qu'une horrible collection de péchés effroyables, qu'un sombre cloaque de mensonge et de fourberie. Quand Louis était arrivé dans l'abbaye en ce mémorable jour d'hiver, quand frère André avait annoncé sa ferme intention de l'élever, frère Laurent avait senti resurgir en lui un évènement crucial de son passé, qui venait maintenant compromettre son existence en tant que moine.
Il se souvint, avec amertume, de ses brèves excursions dans le village voisin, pendant lesquelles il rencontrait souvent des femmes... L'image de Marianne, une prostituée avec laquelle il avait eu une liaison orageuse, se présenta soudain à sa mémoire, avec une puissance écrasante. Il eut peur, le misérable. Il savait que Marianne avait fini par s'attacher à sa personne, et qu'elle entendait délaisser le monde de la prostitution afin de tendre vers un avenir plus convenable, avec lui, frère Laurent. Le jour où, toute frissonnante et joyeuse, elle lui avait annoncé qu'elle était enceinte, le moine s'enflamma. Il tenta à plusieurs reprises de tuer l'enfant en administrant d'énormes coups de pied à la mère ; puis il renonça, voyant que celle-ci ne fléchissait pas.

A présent, il ne doutait pas que ce jeune adolescent ne fût son fils, et que Marianne l'eût déposé devant l'abbaye pour le confondre, lui ! À cette pensée, il conçut de le tuer. Cette idée avait lentement émergé dans son esprit ; plus le temps passait, et plus le désir et l'envie de meurtre déchiraient son cœur et enflammaient ses yeux. Un soir, alors que d'épaisses ténèbres noyaient les murs extérieurs de l'abbaye, frère Laurent se saisit d'un couteau, s'enveloppa dans une soutane épaisse et sombre, puis se dirigea à pas de loups vers la chambre du garçon. On ne distinguait presque rien dans les couloirs du monastère. Cependant le vieux moine connaissait exactement le trajet qu'il devait emprunter pour parvenir jusqu'au jeune homme, pour l'avoir maintes fois parcouru pendant de nombreuses nuits, tandis qu'une excitation morbide pour le sang lui mordait l'échine et pénétrait son cerveau. Il s'arrêta soudain devant une porte et tendit l'oreille. Un instant plus tard, il toqua de manière hâtive. Des pas légers se firent entendre de l'autre côté de la porte. Frère Laurent se recroquevilla et, quand la porte s'ouvrit, il poussa brutalement le jeune garçon, l'entraînant avec lui dans la chambre, puis referma la porte avec une brutalité presque animale. Louis distingua, à la faible lueur de la lune qui pénétrait par la fenêtre ouverte, le visage défiguré du moine qui vivait l'un des instants les plus intenses de sa vie. Il distingua aussi le couteau qu'il tenait de sa main gauche ; il ne pouvait crier, pas plus qu'esquisser le moindre geste. Tout était noyé dans les ténèbres ; un silence sépulcral enveloppait l'abbaye, tandis que les deux hommes s'observaient, d'une étrange façon...

Louis sentait le souffle glacé du moine sur son visage. Il observait sa poitrine haletante qui se déchirait en de sombres râles. Il était cloué sur place, stupide et comme perclus de tous mouvements.
Frère Laurent brandit le couteau d'un geste énergique et, en lançant un dernier râle, frappa. Heureusement Louis s'était retiré par réflexe sur la gauche et le couteau siffla dans l'air, sans atteindre sa cible. Le jeune homme poussa un cri et se jeta sur le moine, avec un courage qu'il ne se soupçonnait pas lui-même. Une lutte enragée s'engagea. Frère Laurent tentait d'enfoncer le couteau dans les entrailles du jeune homme, tandis que celui-ci retenait son bras d'une main que la peur rendait puissante. Les deux hommes se déplaçaient dans la pièce dans l'entrainement de la lutte et bousculaient quelques chaises qui trainaient çà et là. Rien ne bougeait dans l'abbaye ; malgré les cris du jeune homme, personne ne lui venait en aide. Peu à peu cependant, frère Laurent, qui n'était plus dans la force de l'âge, commençait à faiblir et son bras devenait de moins en moins vigoureux. Louis le sentit et, dans un dernier élan, réussit à arracher le couteau des mains du vieillard. Sitôt en sa possession, il le pointa contre sans adversaire et celui-ci, furieux, fit un mouvement en avant et s'enfonça lui-même le couteau dans le ventre. Le jeune sentit le contact du sang chaud qui coulait entre ses doigts. Il recula, épouvanté. Le moine s'affaissa lentement en avant et tomba comme une masse sur le sol ensanglanté. Louis ne savait que faire. Il arpentait la pièce de long en large, fiévreux, plein de ténèbres. Soudain, une idée s'imposa à lui comme une évidence : il devait s'enfuir et ne plus jamais revenir. Il pensait en effet que personne dans le monastère ne croirait à son explication ; il se sentait coupable et sale.
Le vieux moine gisait encore dans une mare de sang, la bouche ouverte. Louis s'approcha de la fenêtre ; la nuit était calme et humide. Une lune pâle accompagnée de quelques étoiles projetait de fins rayons blafards qui révélaient la présence d'une rivière étroite, autour de laquelle s'élevaient de grand chênes touffus. Plus loin, en avant, l'on devinait la forme sinueuse de quelques maisons aux toits d'ardoises, qui composaient le village le plus proche. Louis pensa qu'il devait fuir dans cette direction. Il s'habilla et emporta avec lui une certaine somme d'argent, qu'il fut obligé de dérober dans les tiroirs de l'abbaye. Angoissé, coupable, honteux, il quitta le monastère et disparut dans la nuit froide.
Le lendemain, le cadavre de Frère Laurent fut retrouvé. L'on constata aussi le départ de Louis. Les moines refusaient de donner une explication à un évènement aussi étrange. Ils étaient seulement mortifiés, par le départ du jeune garçon. La mort de frère Laurent ne fit que les surprendre, sans les blesser ou les émouvoir le moins du monde.

- Le diable est venu le reprendre, observa frère Alphonse, qui ne doutait pas que le démon en personne n'eût visité le monastère.

Cependant il y avait un moine pour qui le départ de Louis fut un événement fatal ; c'était frère André. Il s'éteignit quelques jours plus tard, et on l'enterra dans le cimetière de la paroisse. On ne sut jamais ce que devint Louis ; certains pensèrent qu'il était mort, d'autre encore qu'il était vivant ; mais les moines ne voulaient rien savoir de cet évènement passé. La vie quotidienne s'empara de nouveau de l'abbaye comme si de rien n'était.

FIN

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Message  Plotine Ven 1 Jan 2010 - 16:21

Ah oui, c'est bien vu ! Merci de ne pas nous avoir fait languir trop longtemps !
Ce n'est pas la suite que j'avais imaginée. J'avais pensé que le frère Laurent était pédophile et qu'il s'était fait moine pour échapper à ses démons alors forcément, le petit Louis qui arrivait... lui posait des problèmes.
Il faut dire qu'on vient de mettre en prison l'archiprêtre de Sens parce qu'il a pratiqué des attouchements sur un mineur... le soir de Noël ! Ça m'a un peu interpellée, comme on dit.
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Message  Invité Ven 1 Jan 2010 - 17:12

Je me doutais bien que Frère Laurent ne pouvait pas être méchant avec Louis sans ce genre de raison... Et c'est peut-être bien le problème de ce texte : un peu simpliste à la fois sur le fond et la forme. Cela se lit bien, je ne nie pas que cela soit agréable mais cela manque peut-être de mystère ; la façon d'amener les choses est parfaitement linéaire, attendue, sans vrai élément de surprise, ce qui s'explique aussi peut-être par le format nouvelle du texte. Maintenant, je me et te pose la question : est-il parti retrouver sa blonde, p'tit Louis ?

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Message  Invité Ven 1 Jan 2010 - 20:06

On dirait un mélo du dix-neuvième siècle, bien écrit par un feuilletonniste consciencieux...
Tu devrais lire Michel Zevaco, Ponson du Terrail et Adolphe d'Ennery, c'est un peu dans la même veine ( j'ai un faible pour Zevaco, j'ai dévoré "Les Pardaillans"... il y a une cinquantaine d'années. Faudrait que je le relise, voir si ça m'emballerait toujours ...)

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Message  mentor Ven 1 Jan 2010 - 21:50

c'est bien écrit, j'ai lu cette nouvelle avec plaisir

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Message  Sahkti Mer 28 Juil 2010 - 13:36

Il y a un côté excessif dans ce texte, que ce soit dans le besoin de décrire à tout prix ou bien dans celui de vouloir asseoir plus que tout le fait que Louis est un enfant docile et charmant, aimé de tous. Il y aurait sans doute utilité à alléger tout cela, non seulement pour fluidifier le rythme mais aussi pour éviter de lasser trop rapidement.
Sans compter qu'avec tout cet étalage, ça me paraît un brin gnagna et guimauve, désolée de le dire.

Pourtant il y a une idée intéressante à exploiter, avec une suite intéressante apportée au premier morceau, mais le traitement qui lui est apporté ne me convainc pas tout à fait; ça me paraît trop cousu de fil blanc.
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