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L'Oracle

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Celeron02
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Message  Celeron02 Mer 30 Déc 2009 - 19:24

L'Oracle [publié avant la période d'une semaine, pour cause de... réveillon]

Mayimbe, avec un respect infini, s’inclina devant l’autel.
Elle était revêtue de la cape protocolaire. C’était un vêtement somptueux, très ample, décoré de festons dorés et qui la recouvrait de la tête aux pieds.
- Ô céleste oracle, déclama-t-elle, j’attends votre prédiction : quel destin voyez-vous pour notre planète ?
La statue pourpre, métallique, de l’oracle vibrait ; toute la structure illuminée du bâtiment semblait résonner d’une étrange lueur rougeâtre. Une voix d’outre-espace retentit de derrière toutes choses.
- Je vois… un sinistre destin… Une terrible nouvelle…, vraiment…, dois-je… jeune fille… t’annoncer - suintait l’idole de tungstène - ta planète… ne tiendra pas… Les éléments sont trop puissants… Ta planète n’a… que douze ans à survivre…
La netteté, la clarté même du message fit tressaillir Mayimbe. La jeune femme accusa le coup, les larmes lui montant aux commissures des yeux.
- Ô divin oracle, es-tu si certain de ce que tu vois ?

- Oui… jeune fille… je n’y reviendrai pas…
Puis, le silence…
La salle retrouva son aspect mat ; les murs ne vibraient plus ; la jeune femme se releva, chancelante ; le grand Inquisiteur aurait-il donc raison ? Ce sinistre personnage, déchu, avait été exilé, trois mois auparavant, sur quelque satellite de Junon, dans la couronne extérieure.
Après s’être changée rapidement, Mayimbe courut presque à travers la salle des pas perdus, en vue de quitter le temple et de se réfugier dans quelque taverne – avant de transmettre aux autorités le message fatidique. Son vidéophone de poignet lui avait signalé plusieurs appels pressants. Ils attendraient, se rassura la jeune femme ; l’importance de la chose justifiait bien qu’elle prenne un petit remontant. Elle sautillait sans faire de bruit de dalle en dalle. Il ne fallait cependant pas qu’elle aille trop vite, de peur de se faire remarquer par l’un quelconque des sbires de l’Empereur.
Mayimbe avait de hautes joues relevant l’ovale très doux, très régulier de sa figure. Ses cheveux noirs lui tombaient entre les épaules en tresses adroitement tissées. C’était une grande, fine jeune femme d’un mètre soixante-quinze environ. Ses bras étaient délicats quoique musclés, ses mains très blanches avaient des doigts agiles, extraordinairement gracieux. Toute sa personne évoquait la grâce. Surtout, son regard surprenait ; tout en amandes, effilées aux extrémités, ses yeux reflétaient l’eau claire des ruisseaux, les lapis-lazulis des montagnes.
Elle parvint à sortir du temple sans être aperçue. La ville s’étendait en contrebas ; une sorte d’enchevêtrement de poutres et de nacelles, de minarets et de tourelles sans fin ; tout cela semblait baigner dans des fumeroles noires, blanches ou grises, qui tournoyaient de toutes parts. Mayimbe hocha la tête, pensive. « Est-ce là le monde qui réclame son Salut ? », s’interrogeait-elle. Une mèche flottant au vent un peu putride qui remontait des artères hyperactives de la cité, la jeune femme reprit sa marche. Après avoir parcouru cinq cents mètres en direction du marché, elle bipa un aéro-porteur. Très vite la machine volante tomba du ciel, sorte de fauteuil articulé, surmonté d’un disque de sustentation antigravitationnel. « Au Darling Fizz », ordonna-t-elle au robot. Celui-ci la déposa sans encombre, après cinq minutes d’une course vertigineuse, au pied du club. Encore incommodée par la pollution, malgré son masque, la demoiselle pénétra dans la sphère illuminée et climatisée.
Elle alla s’asseoir sur le sofa le plus proche – sans prendre garde aux quelques jeunesses qui se bécotaient dans les coins. Le robot-serveur approcha. « Une vodka orange », commanda-t-elle. Elle songea que la pauvreté du langage, depuis la généralisation des robots, rendait inutiles les subtilités qu’elle avait soigneusement apprises. « La langue ne sert plus guère que l’élite », finit-elle par penser. Mais ce souci n’était rien, face au lourd fardeau qu’elle devait porter désormais. Ce monde allait périr. L’oracle – dès lors qu’on l’avait interprété correctement – ne s’était jamais trompé. Les épidémies, il les avait prédites. La Guerre de Dix-sept Ans, il l’avait annoncée. Tous les tremblements de terre sur tous les continents, il nous en avait prévenus.
Le plateau glisseur la servit. Elle commença à déguster sa boisson à petites lapes, comme un chaton, distraite et triste.
Elle décida qu’elle ne rendrait compte de son secret à personne ; nul n’avait le droit, ni même le moindre intérêt, à connaître la vérité. Il valait mieux douze ans de paix sur un monde ravagé par les dégradations climatiques, que ce même monde à la dérive, livré au chaos et aux pillages généralisés. Nul n’avait intérêt à connaître, d’avance, l’heure de sa fin. Mayimbe seule, très discrètement, pleurait.
En quittant la taverne, la jeune femme se libéra de son vidéophone de poignet, et le lança dans une benne à ordures.
Elle ne retourna plus jamais au temple. L'Église, dès son absence répétée aux rapports, l’avait de toute façon démise de ses fonctions.
Douze ans passèrent, durant lesquels la jeune femme poursuivit sa morne carrière d’archiviste, à la ferme cybernétique de la ville, connut quelques amours, vieillit à peine, surprit surtout un homme ou deux, par son désir très net et incoercible, de ne jamais avoir d’enfants. L’ancienne prêtresse avait parfois le regard humide, comme voilé par un mystérieux et insondable chagrin. Nul homme ne le supportait tout-à-fait, la reléguant perpétuellement à sa solitude. « Qu’importe ! – se disait-elle – les vestales et les sœurs n’étaient-elles pas déjà condamnées au célibat ? »
Mayimbe prit une canne d’aluminium, enfila une combinaison de survie, ajusta dessus un sac à dos rempli de provisions ; et elle partit, sans même verrouiller les portes. Longtemps elle marcha, parmi le fatras alambiqué des constructions et des voies aériennes. Elle gravit enfin les collines, pour arriver au sommet de la vaste cuvette où la ville tentaculaire était étendue, recroquevillée et frémissante. Au centre trônait le palais impérial et sa triple enceinte rouge, crénelée. De son poste, aussi bien, elle pouvait observer le grouillement incessant des navettes et des robots. Les éclats des vaisseaux qui rugissaient en atterrissant. Elle voyait aussi le temple de métal rougeoyer à l’autre bout de ce gigantesque cirque, comme un triangle d’acier en fusion.
L’évènement prédit, effectivement, survint. Une formidable boule de feu apparut dans le lointain, à proximité des premières étoiles de la nuit. Elle grossissait à vue d’œil. Les yeux pleins de larmes, Mayimbe déchirait machinalement quelques-uns de ses sandwichs, comme si ce n’était qu’un simple spectacle comme les autres. Un instant, elle se rappela tous ses souvenirs, son premier baiser, la disparition de ses parents, et bien sûr la prophétie. Elle imagina, tout d’un coup qu’elle aurait peut-être dû les prévenir, au risque de finir comme l’Inquisiteur ; les scientifiques ne l’auraient pas crue ; personne ne l’aurait crue. Elle eut mal en déglutissant ; l’émotion s’amplifiait, à mesure du rapprochement du phénomène. Puis cela s’accéléra. Bientôt la jeune femme perdit tous ses repères, se mordit la langue. Tout n’était plus devenu que feu, une lumière aveuglante, une chaleur intolérable qui consumait tout.
Mayimbe avait froid dans sa combinaison trop serrée ; trois visages aux masques de chirurgiens la scrutaient ; elle était allongée dans une sorte de sarcophage bardé d’électronique bourdonnante et clignotante. L’un des trois bonshommes masqués se présenta :
- Je suis le professeur Jones, et voici mes assistants ; vous êtes Linda Park, de l’institut américain de recherche avancé, et vous venez de finir avec succès tous les tests du premier voyage astral spatiotemporel de l’histoire. Félicitations ! »
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Message  Modération Mer 30 Déc 2009 - 20:11

Celeron02 a écrit:L'Oracle [publié avant la période d'une semaine, pour cause de... réveillon
< Sur VE, la semaine va du lundi au dimanche. ;-)
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Message  Invité Mer 30 Déc 2009 - 22:07

J'ai bien aimé le récit, mais n'en ai pas compris la chute : la jeune femme a-t-elle été projetée dans l'avenir, pour être ramenée juste à temps par les scientifiques ? À vrai dire, cette chute m'a fait l'impression de l'archi-usé "Ouf ! ce n'était qu'un rêve..."

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Message  Peter Pan Jeu 31 Déc 2009 - 3:36

Bonjour Celeron02,

j'ai passé un bon moment à vous lire, c'est très bien écrit je trouve...
En vous lisant, je n'ai pu m'empêcher de penser à un mélange de films allant d'eXistenZ en passant par Total Recall (désolé, j'ai pas lu K.Dick !) voire A.I ou autres films (ou romans) futuristes de même acabit (Deep Impact pour le final (ou un autre film catastrophe du même genre) avec la boule de feu ...

- Je vois… un sinistre destin…
Ce sinistre personnage
J'ai trouvé la répétition de sinistre assez rapprochée...
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Message  abstract Jeu 31 Déc 2009 - 8:24

Je ne suis pas une grande fan du genre, mais de temps à autre je ne suis pas contre.
Il y a cependant quelques petites choses qui m’ont gênée dans ton texte. Il y a pas mal de répétitions : vibrait, grâce, gracieux, nul… c’est assez facile à corriger.
Certaines images sont parfois redondantes ou difficiles à cerner. Comme la
ville tentaculaire était étendue
, on s’en doute puisqu’elle est tentaculaire. Ou des
tresses adroitement tissées
, je n’emploierais pas le terme tissé pour une coiffure.
Je pense aussi que tu pourrais plus décrire l’univers, car c’est là que tu pourrais développer ton imaginaire, le voyage en robot siège taxi m’a un peu frustrée, je m’attendais à survoler et à découvrir cette fameuse cité.
Concernant la fin je suis du même avis que socque.
Pour faire bref, il y a des choses sympas, mais il faudrait à mon sens les développer plus, pour que le lecteur ait le temps de se mettre dans l’ambiance, de se construire mentalement l’univers que tu veux nous faire partager.
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Message  Invité Sam 2 Jan 2010 - 14:44

Ton écriture me déconcerte un peu, Celeron : certains termes sont trop attendus et d'autres ... plutôt étranges ! Par exemple, je ne dirais pas commissures pour les yeux, ni suinter pour caractériser le message d'une idole de tungstène.... Ton texte me donne l'impression que tu cherches à faire " bouger" la langue, mais à mon sens, un peu à contre-temps.
Sinon, j'ai vraiment aimé l'idée qu'une prêtresse aille boire un coup et décide de ne pas transmettre le message de mort annoncée ! Elles devraient toujours se comporter comme ça !

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Message  M-arjolaine Sam 2 Jan 2010 - 15:03

Je n'ai pas compris la fin moi non plus. Je vais aller voir si une réponse a été donnée dans les réponses aux commentaires sur le champ !
Au fait, la "ville tentaculaire", ce n'est pas de Verhaeren ? "Des rails ramifiés y descendent sous terre / comme en des puits et des cratères / pour reparaître au loin en réseaux clairs d'éclairs / dans le vacarme et la poussière / c'est la ville tentaculaire", ou quelque chose comme ça. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement ^^" ( épreuves anticipées de Bac 2009 )
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Message  demi-lune Ven 8 Jan 2010 - 20:50

j'aime bien, agréable à lire...
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