Une sélection de speechs à donner dans le métro parisien

[Hiatus8]

(TITRE)
« Pourquoi vous faites la gueule ? Vous ne me connaissez même pas ! »
ou : « Faites vous-même votre plaidoirie pour faire la manche dans le métro »

Introduction : Pourquoi vous faites la gueule ? ou :
« Votre plaidoirie pour faire la manche dans le métro »

Voici un manuel à l’usage des nouveaux déshérités, des chercheurs d’aumônes, et d’autres SDF dans le métro parisien de la vie de tous les jours.
Ce guide est écrit à l’intention non seulement de ceux que le temps a mis dans des sales draps, mais aussi à nous tous qui pouvons tomber, malgré et avec nos façades de circonstance, dans les travers du quotidien, une malchance qui dans le pire des cas perdure toute une vie, et il nous semble que le pire des cas arrive assez souvent.
Alors, ce manuel est à destination de vous tous : Sûrs et paumés, délinquants et déliquescents, justes et ragaillardis ; tous ceux qui comme moi ressentent le fait de devoir gagner de l’argent comme une acte d’extorsion envers un monde serein, le notre en l’occurrence. Pour tous ceux qui n’ont jamais osé demander une augmentation ou une promotion ou de la reconnaissance quelconque, pour tous ceux qui toussent au lieu d’énoncer clairement et sans crainte leurs désirs, qui se raclent la gorge pour couvrir leur désarroi, pour tous les déshérités, les désœuvrés, les dédoublés, les non tout à fait décatis, les mémés et les athlètes, les fortunés (oui ! ) et les hères, les nobles, les ignobles et les vignobles, les craintifs et les soutifs, pour M et Mme tout le monde en somme !
Vous pouvez choisir le speech qui vous convient grâce à la table de matières qui débute (comme dans les pays sérieux, lire « anglo-saxon », ou vous pouvez aller seuls au cœur de la matière ) et non termine - pratique française insensée comme s’il fallait aiguiller l’avion après son atterrissage - l’ouvrage. Pourquoi dans ce pays où nous sommes constamment rappelés à l’intellect, à défaut de pouvoir distinguer notre pied droit du pied gauche, ne pouvons nous faciliter l’accès à l’information purement, bêtement, bêlement et même aveuglement utile ?
Nous pensions dans un premier élan Greenpeacesque de vous combler de bonheur avec un indexe, chose rare et inhabituelle en France où l’on vous fourgue un pavé phénoménomonumental, rempli de choses fascinantes et utiles, présenté avec le studieux habituel de nos lettrés, mais sans la moindre indication de comment retrouver quoi que ce soit une fois la lecture terminée…Mais ce travail de fourmi nous rebute et va à l’encontre de la frugalité des speechs offerts ici. Non, à y réfléchir, l’indexe nous ennuie, nous mettre à l’indexe nous semble de mauvaise augure, alors nous vous laissons vous débrouiller seuls.
Si ce manuel vous aurez aidé, vous au pluriel ou au singulier, mettons au moins un parmi le vous, à faire en sorte que les « autruis » de votre vie voient leurs doigts arthrosés se décrisper autour de piécettes qu’ils prétendaient jusqu’alors le moteur de leur cœur et le dynamo de leur esprit, et que ces oboles caracolent ensuite dans vos poches, nous nous en réjouirons, et vous aussi bien évidemment. Notre but à tous aura été atteint. Ceci dit la lecture de ce livre ne convient pas aux nourrissons et d’autres râleurs obstrués et constipés... Vous devez être du genre à bouger et à crier bien fort ! Sans complexe .
Il va sans dire, mais pas assez pour que nous ne le disions point, que chacun de ces speechs, discours, éructations, et éjaculations de bravoure doit impérativement se faire précéder de la phrase d’usage : « Mesdames ; Messieurs, je vous prie de m’excuser pour ce dérangement, » , ou quelque chose dans ce ton là, sauf dans le cas où l’état naturel du rhéteur serait l’incohérence voire l’hébéphrénie et que toute politesse eût été hors caractère et de nature à le nuire dans sa quête.
N’oubliez pas de payer avant de quitter la librairie, au cas où vous aurez négligé cette formalité. Et il n’est jamais trop tard de payer après, c’est à dire maintenant. Soyez généreux, donnez comme le feront vos auditeurs subjugués, séduits, bigleux d’admiration devant l’imprévu de votre discours, pioché dans ces pages. Et j’enchaîne maintenant en vous suppliant de briller à travers votre largesse. Bonne moisson !


L’Ovni phobe
Pour m’empêcher de tomber dans la délinquance, et même de me faire enlever par des extraterrestres, surtout d’ailleurs de me faire enlever par des XT, je vous demande d’être généreux avec vos piécettes car au delà d’un certain poids les SCV – soucoupes volantes – ne vous prennent pas.
Vous me voyez ici un homme défait, victime d’enlèvement à répétition par ces sadiques de l’espace pour qui seulement les nouvelles pièces d’un Euro ou même deux voir plus semble présenter une insurmontable répugnance. Autrement ils ne reculent devant rien à part, bien entendu, la monnaie unique, ma seule voie de salut. Donnez, donnez librement et épargnez moi l’incommensurable horreur qui consiste à vous faire aspirer dans les airs, et ensuite renfermé dans une boîte à sardines sur hormones – la boîte et non les poissons - , puis trituré et entubé avant de vous faire déposer à nouveau sur le sol de la solitude française…
Ne pensez même pas me fourguez vos vieilles pièces françaises, qui n’ont plus cours d’ailleurs, car mes ravisseurs non humains je dirais même inhumains ne ressentent que le poids du vrai, alors la monnaie sonnante et trébuchante Eu- Ro - Pé - Enne, s’il vous plaît !


L’anéanti
Je ne peux vous dire oh comment je suis triste, oh comment je cherche sans trouver et oh comment je suis venu là. C’est comme un mauvais réveil, la douche froide en permanence. Splatch ! Je me sens devenir fou, peut être le suis-je déjà, et triste, oui triste à en trébucher, je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas vous parler en face, il y a comme un écran de fumée qui nous sépare, mes frères et mes sœurs ensembles, de cette magnifique espèce qu’est l’humaine.
Dans mon silence il y a le gong qui retentit comme les cloches d’une église vide ou celles qu’entend le pantin cabotin juste avant de se faire vider de la scène où il a mal joué. J’ai du mal jouer, oui quelque part on m’a refilé une mauvaise donne, et je ne suis pas fort au poker. Je ne vous cache rien, en vérité je ne puis vous le cacher ce rien car il est là, le rien, devant vous. Vous avez entendu trois fois rien en une phrase et il n’est pas moins rien pour autant. Je n’ai rien, ou j’ai rien si vous voulez, à la fois en possessions et en parole.
Je me sens me décomposer, je perds la mélodie, j’oublie les conjugaisons et mon parler devient de plus en plus pauvre. Je ne vous demande même pas un ticket resto, un ticket resto U, ni une centime, six virgule 59 anciennes centimes, ni une cigarette, même surtout pas du travail. Je ne vous demande rien à part me dire que vous m’entendiez parce que je ne suis plus très sûr d’être là. Hélas.


Le riche
Je sais que vous êtes souvent importunés dans le métro, des fois agressés et j’en connais qui sont carrément morts mais cela n’est pas mon propos. Je vous le demande, est-ce que j’ai l’air d’un violent,? Je viens plutôt parmi vous quémander, bien que je sois riche, immensément fortuné, au delà de vos rêves les plus plutoniens, d’après Pluton le roi du dessous de la terre où sont emmagasinées toutes les richesses minérales. Je viens demander votre aide car mon immense fortune, ce bloc de bien, ce pez incalculable avec lequel je pourrais acheter un pays en Afrique, pas trop gros, ou une société américaine, pas trop petite, ou aller vivre sur la lune, cette somme au delà de toute conception humaine doit rester indivisible. C’est un peu le gâteau au chocolat qu’aurait imaginé Platon de nos jours, la tarte parfaite qui ne souffre aucune coupure, ce ne serait alors que dessert mutilé, des restes qui auraient du rester plénitude ou platonitude si vous préférez. C’est comme cela avec mon pactole et voilà que par devoir d’harmonie je me suis réduis à l’indigence. Soyez indulgents alors pour que jamais ne soit entaché cette masse monétaire, sans faille et luisante de perfection. Donnez, donnez, s’il vous plaît, mais pas trop. Merci !

[Invité]

Je n'ai pas tout lu parce que j'ai trouvé l'humour, dans l'ensemble, lourdingue, désolée.

[Hiatus8]

Je suis français depuis dix sept ans, d'origine américaine, et je dois m'excuser d'avance car mon texte comportera des fautes, du genre que l'enfant attentif, né dans cette langue, ne commettrait plus à partir de l'adolescence.

Je voulais ces textes comiques, bien qu'il s'agisse d'un sujet on ne peut moins drôle, les speechs que font les gens dans le métro.

Au bout d'un certain temps l'utilisateur du métro ne peut pas s'empêcher de remarquer le formatage du discours des quémandeurs d'argent. Il est rare que l'on sorte des 'je sais que vous êtes souvent sollicités, un ticket resto ou un sourire, pour m'empêcher de tomber dans la délinquance,' des phrases qui ne viennent pas de la personne elle-même et de ce fait rajoutent une aigreur mâtinée de colère à leur désespoir... Je ne sais pas si mes textes sont véritablement utilisables, je pense ramener une note d'humour là où les gens adoptent d'office des gueules d'enterrement... J'apprécierais beaucoup vos corrections et commentaires

[Invité]

Votre français me paraît fort correct, à part les remarques ci-dessous :
« un monde serein, le nôtre »
« à défaut de pouvoir distinguer notre pied droit du pied gauche, ne pouvons-nous »
« Nous pensions dans un premier élan Greenpeacesque (en français, on ne met pas de majuscule aux adjectifs dérivés d’un nom propre)[b] de [b](on pense combler de bonheur, et non de combler de bonheur) vous combler de bonheur avec un index (et non « indexe ») »
« l’index (et non « indexe ») nous ennuie, nous mettre à l’index (et non « index ») nous semble de mauvais (et non « mauvaise », c’est un augure) augure »
« Si ce manuel vous aura (c’est le manuel qui aura aidé) aidé »
« le moteur de leur cœur et la dynamo de leur esprit »
« ne convient pas aux nourrissons et autres (et non « d’autres ») râleurs obstrués »
« Mesdames, Messieurs, »
« dans ce ton-là »
« car au-delà d’un certain poids »
« pour qui seulement les nouvelles pièces d’un Euro ou même deux voire plus semblent présenter une insurmontable répugnance » : le sens de la phrase est peu clair ; telle quelle, on a l’impression que les extraterrestres répugnent à prendre les pièces d’un ou deux euros alors que, me semble-t-il, vous avez voulu dire qu’ils n’acceptaient au contraire que ces pièces
« épargnez-moi l’incommensurable horreur qui consiste à vous faire aspirer dans les airs, et ensuite renfermer (vous faire aspirer, puis renfermer) dans une boîte à sardines sur hormones – la boîte et non les poissons - , puis triturer et entuber »
« Ne pensez même pas me fourguer »
« J’ai dû mal jouer, »
« ni un (et non « une ») centime »
« cette somme au-delà »
« des restes qui auraient dû rester »
« je me suis réduit »
« pour que jamais ne soit entachée (c’est la masse monétaire qui risque d’être entachée) cette masse monétaire »

[Invité]

L'idée de départ me plaît beaucoup, elle me fait un peu penser aux exercices de style de Queneau. Toutefois, la comparaison s'arrête là. Les textes sont verbeux et tortueux, l'humour peu accessible du fait de cette même obscure verbosité. Bref, je n'ai pas accroché.

[mentor]

mouais, un peu comme Easter, j'ai assez aimé la longue introduction, ça promettait pas mal
mais le résultat est assez... lamentable, désolé
faudrait ré-essayer
mais bravo pour la maîtrise de la langue

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