Mon balcon sur la mer

[Arielle]

Au pied de mon balcon
la mer froissait la nuit
du souffle d'un dormeur paisible qui s'étire.
Sa rumeur s'accordait au violon des galets
ces bâilleurs d'insomnie
dont les dents s'entrechoquent.

A l'aube
s'arrachant aux draps de sa torpeur
la mer jouait à fuir
talonnant l'horizon.
Le soleil goguenard
dardait de ricochets un grand miroir grêlé
piqué d'oiseaux bavards.

Nous mâchions tout le jour le sel de son haleine
tentions d'apprivoiser entre lande et falaise
ses fantasques errances
et goûtions dans un creux
suaves
ses humeurs.

Sous mon balcon
le soir
la féline alanguie
frottait contre la digue un mufle débonnaire.
Mais dans les lueurs du port lui labourant l'échine
je voyais se mirer
des délires d'îlots que décloue la colère
des vaisseaux égarés qu'un ouragan lacère
et des noyés raidis coiffés de goémon.

Ronronnante la mer
songeait sous mon balcon.

[Invité]

Bravo ! J'adore notamment
"Le soleil goguenard
dardait de ricochets un grand miroir grêlé
piqué d'oiseaux bavards."
et la fin à partir de "dans les lueurs du port".

[Loreena Ruin]

Magnifique ! J'ai été transportée au bord de la mer. De très belles images.

Rien que cela :

Au pied de mon balcon
la mer froissait la nuit
du souffle d'un dormeur paisible qui s'étire.
Sa rumeur s'accordait au violon des galets
ces bâilleurs d'insomnie
dont les dents s'entrechoquent.

[Invité]

Je m'y revois, Arielle. C'est émouvant parce que c'était comme ça et je n'aurais pas su le dire.
Adoré l'ensemble. Avec, entre autres, les "galets [ces] bâilleurs d'insomnie", "la féline alanguie" et puis pour conclure en beauté teintée d'humour :
Ronronnante la mer
songeait sous mon balcon.

[Peter Pan]

Bonsoir Arielle,

j'ai aimé ce poème, il m'a donné envie d'être à ce balcon même si la double répétition "Au pied de mon balcon" "sous mon balcon" sous mon balcon" m'a un peu gêné (je n'ai rien contre la répétition en poésie pourtant, mais je ne l'apprécie pas plus que ça dans ce poème...)

C'est vraiment un petit détail Arielle, je trouve votre poème très beau sinon...

[Rebecca]

C'est superbe. Trés évocateur. De trés jolis ricochets de mots et d'images.

[Invité]

Toujours impressionné par la musicalité et la beauté de vos images...
bravo !

[Hellian]

Un pur bonheur, images, sonorités, rythme !

On la voit, on l'entend, on la sent, on la goûte, même on la caresse, cette mer dans tous ses états.

Je ne citerai aucun passage, sauf à citer tout le poème, mais je voudrais juste souligner le rythme de certaines strophes ( la deuxième et la troisième notemment ) qui suggère celui des vagues de rivage et leur ressac, jusqu'à en offrir un évocation quasi-visuelle.

Et cette quiétude finale...

Bravo Arielle !

Si j'osais, je te présenterais bien une requète ...

[Arielle]

Merci à vous tous qui êtes grimpés à mon balcon.
C'est un texte qui me trottait en tête et en diverses versions depuis cet été. Crozon était une expérience magique et ceux qui l'on vécue avec moi ne me contrediront pas, j'en suis sûre.
Hellian, qu'est-ce-qui te ferait plaisir ?

[Hellian]

eh bien voilà, j'aimerais beaucoup, si tu m'en donnais l'autprisation, travailler ce texte pour en faire un enregistrement et, s'il t'agréait, le poster sur ce fil.

Ah Crozon ! souvent, sous les rigueurs hivernales ou dans la morosité poussièreuse des prétoires, j'ouvre la fenêtre dans un coin de ma tête et je revois...ce que montre ta photo et tant d'autres paysages ...et les amis. Etonnante rencontre des âmes et des lieux !

[Céleste]

C'est beau. J'ai adoré le tout. Mais, même s'il n'y avait eu que ces quelques mots-là "des délires d'îlots que décloue la colère", le même frisson m'aurait rattrapé par la peau. Ce sont des mots-tatouage pour traverser les jours.

[Ento]

Wah!

Même si je ne vais pas être original pour deux sous, celui-ci valait bien que je me manifeste. Du grand art;

Absolument rien à jeter dans ce tableau, des images aux sonorités, tout fonctionne! Un grand, grand bravo!

[Invité]

C'est un texte qui me trottait en tête et en diverses versions depuis cet été. Crozon était une expérience magique et ceux qui l'on vécue avec moi ne me contrediront pas, j'en suis sûre.

Il a pris son temps pour mûrir ce poème, comme il a bien fait.
Hellia, je te rejoins dans cette "étonnante rencontre des âmes et des lieux".

[CROISIC]

Je suis en apesanteur....et sans mots.....alors que j'en voudrais cent, tout neuf, pour vous dire toute mon admiration Arielle pour tous vos poèmes, mais pour celui-ci en particulier, qui me touche profondément.

[Invité]

Localisation : Brocéliande, j'en déduis que ta mer c'est l'Océan.
La mienne étant la Méditerranée, l'image qui me touche le plus c'est celle des premiers vers " la mer froisse la nuit".
Je me suis revue, instantanément, enfant, essayant de m'endormir dans le dortoir de la colo tout près de la plage, le doux et lancinant bruit des vagues berçant mon angoisse...
Ton poème est merveilleux, splendide. Et merci pour les tendres souvenirs qu'il a réveillés en moi.

[Ba]

Voilà le soyeux qui demeure après que tout s'est évaporé.
Arielle ou la poudre d'étoiles.

[Invité]

Une soyeuse splendeur, ce texte qui coule tout seul ! Arielle, tu me ravis !

Voici, chère Arielle, une interprétation sous forme de clip-diaporama sonore, de ton poème.

Les photos sont issues de celles prises par moi à l'occasion du séjour des «Véliens» à Crozon. Ceux de nos amis qui ont participé à cette petite aventure bretonne reconnaîtront probablement les sites qui t'ont inspiré ce texte magnifique.

- interprétation et voix de Françoise, mon épouse.