Exercice - une seule phrase

[racy]

Il fait noir, noir, noir, je veux voir, voir, voir; clic la lumière vive comme l’éclair : un cadavre repose à mes pieds et je me mets à hurler de silence lorsqu’une lourde main m’empoigne l’épaule gauche, je la chasse d’un mouvement brusque en m’éloignant à grandes enjambées sans m’apercevoir que je me dirige vers un cul-de-sac et quand enfin je m’en aperçois, je me retourne pour constater que mon agresseur m’a suivit et que sa respiration n’est pas haletante comme la mienne, que son chandail ne semble pas lui coller au dos alors je me retrouve aussitôt à penser : «Pourquoi est-ce toujours la victime qui cherche son souffle en courant frénétiquement vers une ruelle sombre sans issue, pendant que son agresseur parvient toujours à la rejoindre sans gros efforts : il ne court jamais, ne trébuche jamais, il sait toujours où se cache sa victime, il ne se trompe jamais, il poursuit toujours sa victime avec le plus grand calme du monde, l’idée qu’elle pourrait lui échapper ne semble jamais lui traverser l’esprit » puis, en continuant ma fuite en sautant par-dessus la clôture qui fermait l’allée, je poursuis le fil de mes idées en pensant : «Cette fois-ci ce sera la victime qui gagnera, je ne ferai pas toutes les erreurs que font les victimes dans les films américains : je ne me dirigerai pas vers une ruelle étroite, sombre et loin du public là où personne n’entendrait mes cris, j’irai en plein cœur du centre-ville et je crierai à tue-tête d’appeler la police, j’entrerai dans un restaurant bondé, mon agresseur ne me suivra jamais là-dedans, et j’y resterai à attendre les policiers, je ne ferai pas la gaffe de sortir par la porte de derrière qui mène vers un stationnement vaste, sombre et vide là où mon agresseur m’attendrait avec un gros sourire narquois sur les lèvres, non, je resterai parmi ces gens inconnus qui voudront me venir en aide en m’offrant un café en me disant que tout va bien aller, qui voudront que je téléphone à la maison afin d’avertir mon mari pour qu’il puisse m’accompagner au poste de police afin de dénoncer mon agresseur lequel je tenterai, du mieux que je le pourrai, de décrire le plus exactement que possible afin qu’il n’échappe pas à la police, je ne serai pas vague, je ne dirai pas que c’est un homme, grand, avec de cheveux foncés, non, je dirai que c’est un homme de 6 pieds et un pouce, avec une barbe d’environ trois jours, qu’il a une cicatrice sur l’annulaire de sa main droite, qu’il était vêtu d’un pantalon noir, d’une veste trop grande pour lui, noire elle aussi, mais qu’il lui manquait le troisième bouton, si l’on comptait d’en haut, le quatrième, si l’on comptait d’en bas, qu’il avait un espace entre ses deux molaires, qu’il portait des souliers de course noirs avec un lacet brun sur le soulier gauche et un lacet bleu marin sur le soulier droit, qu’il portait une tuque avec un trou sur le côté droit, si on le regarde de face, sur le côté gauche, si on est derrière lui, qu’il avait des pommettes hautes, des yeux verts, des cheveux bruns bouclés, assez long, que son toupet tombait sur ses sourcils, que je l’aurais trouvé beau n’avait-il pas été mon agresseur, je donnerai tous ces détails aux policiers et en moins de quinze minutes ils l’auront trouvé errant dans une petite ruelle sombre, je rentrerai alors à la maison avec mon mari qui se collera contre moi pendant la nuit », je continue ma fuite, bombardée par toutes ces pensées, je sens l’adrénaline me parcourir le corps en croyant que j’allais bientôt être saine et sauve lorsque, surgissant de nulle part, le partenaire de mon agresseur me plaque sur le sol, me ligote les mains et les pieds, je m’entends hurler de silence une deuxième fois puis, plus rien, je ne vois plus rien, je me retrouve dans cette noirceur pénible qui m’avait apeurée au début, un éclair transperce le ciel mais je ne la vois pas, je ne vois plus rien, il fait noir, noir, noir, je veux voir, voir, voir, clac la porte du coffre se ferme : je roule vers ma mort.

[grieg]

bonjour, racy et bienvenue.
avant tout commentaire, je pense qu'il est utile de souligner que ton texte n'est pas composé d'une "longue phrase" mais bel et bien d'un récit qu'on aurait oublié de ponctuer.

[grieg]

pour le reste:
ce texte pourrait être le début d'un thriller classique, mais comme texte "fini", il lui manque quelque chose.
un peu plus de surprise, peut-être. Ce que tu décris coule de source. un catalogue d'événements. Tu pars d'un point et décline tous les clichés liés au genre. Si l'intention est louable, il me manque la petite touche d'originalité qui pourrait me procurer du plaisir.

[Charles]

Bienvenue Racy !

D'accord avec KillGrieg.

peut être devrais tu essayer de couper justement cette "longue phrase" et user de plus de ponctuations. Ca donne l'impression que tu aimerais donner à ton texte un rythme très rapide juste en essayant de forcer le lecteur à continuer à lire jusqu'à ce qu'il rencontre un point final. Je ne pense pas que ce soit le bon moyen de rendre ton texte vif et rapide.

je pense que c'est plutôt le lecteur qui décide de son rythme de lecture selon l'ambiance qui se dégage, selon ce qui lui est raconté. Bien sûr, la ponctuation influe également le rythme du texte mais plus dans un soucis de compréhension, de clarté et de lisibilité du texte, pas un soucis de "rythme" ...

[Charles]

Bienvenue Racy !

D'accord avec KillGrieg.

peut être devrais tu essayer de couper justement cette "longue phrase" et user de plus de ponctuations. Ca donne l'impression que tu aimerais donner à ton texte un rythme très rapide juste en essayant de forcer le lecteur à continuer à lire jusqu'à ce qu'il rencontre un point final. Je ne pense pas que ce soit le bon moyen de rendre ton texte vif et rapide.

je pense que c'est plutôt le lecteur qui décide de son rythme de lecture selon l'ambiance qui se dégage, selon ce qui lui est raconté. Bien sûr, la ponctuation influe également le rythme du texte mais plus dans un soucis de compréhension, de clarté et de lisibilité du texte, pas un soucis de "rythme" ...

ouh là, je me relis et suis pas sûr d'être vraiment clair :-$

[Sahkti]

bel et bien d'un récit qu'on aurait oublié de ponctuer.

virgules, points virgules, doubles points et j'en passe sont assimilés à de la ponctuation, très cher

Le début ou non d'un texte, pas très important finalement. Ce qui compte, c'est le procédé, le moyen d'arriver à écrire long tout en maintenant un certain sens au récit et en apportant au tout une impression de fluidité et de lisibilité. C'est peut-être ce qui fait (un peu) défaut dans cette "phrase". Le fil conducteur est ténu et l'emploi de ponctuation crée quelques ruptures dans le texte. Sinon, c'est le genre d'exercice que j'aime bien. Avec une préférence lorsque ça ressemble davantage à de l'écriture automatique.

[Krystelle]

Bonnour Racy et bienvenue.

Une question d'abord: pourquoi ? Pourquoi écrire ce texte en une seule phrase ? Est-ce un simple exercice de style ou bien pensais-tu que l'absence de points te permettrait de rendre tangible la course, la vitesse, l'éssoufflement ? Si c'est pour cette dernière raison que tu as fait le choix de faire un texte-phrase, alors à mes yeux, ça ne fonctionne pas. Les multiples digressions du narrateur cassent le rythme, le ralentissent totalement. Elles rationnalisent en quelque sorte le mouvement et l'absence de points ne peut pas suffire à marquer la fuite.
Et en parlant de ces digressions, je suis partagée. Elles m'ont amusée parfois, fait sourire, un peu, seulement je n'arrive pas à savoir si c'était vraiment l'effet recherché. Il y a une dimension comique dans les réflexions du personnage, la manière dont il les formule et le moment où tout ça se produit. Mais tu n'exploites pas cet effet là. Tu restes enfermé(e?) dans quelque chose de ni vraiment comique ni vraiment effrayant et du coup, c'est assez frustrant pour le lecteur.
D'autre part, le style est parfois un peu maladroit, il manque une ou deux relectures sans doute, il y a beaucoup de répétitions et quelques phrases un peu bancales comme celle-ci : "je sens l’adrénaline me parcourir le corps en croyant que j’allais bientôt être saine et sauve" . Et comme en plus de ces petites fragilités d'écriture tu t'ajoutes la contrainte d'une phrase unique qui t'oblige à multiplier les "qui", les "que", le resultat donne quand même une impression globale de lourdeur.
Il y a néanmoins quelques idées intéressantes dans ce texte, tu pourrais peut-être le reprendre, peut-être en le ponctuant davantage.

[racy]

Une question d'abord: pourquoi ? Pourquoi écrire ce texte en une seule phrase ? Est-ce un simple exercice de style

Oui, exercice de style. pour voir si ça passait ou non... et pour passer le temps un peu

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