C’est de l’humour étouffe-chrétien

[Ento]

La vie est assiettée promise à la fadeur.
S’il est vrai, Saint Seigneur, que tu tiens tes promesses,
Je l’avale en l’espoir qu’au sortir de ma messe
Tu me serves là-haut cochonnaille et bon beurre.

Le curé peut prêcher le vendredi sans viande,
Ma fringale est sans jour ! Mais d’un colombacé
Une bouchée parjure autant que peu friande
N’a d’exquis que le goût de la lui confesser.

Et du colombacé cette bouchée parjure
M’a foutu la nausée. « C’est un oiseau de Dieu ! »,
Auquel j’ai cloué l’bec, qui m’a cloué au pieu.
«— Vingt dieux ! Je l’ignorais !... Puisque je vous le jure ! »

Mon Père a trépassé, l’homme en déconfiture
Digérant mal l’aveu tartiné de blasphème.
Le vicaire émotif qui le découvrit blême
Dans le sang de son Christ désira la biture.

Manteau noir pour le deuil et les nuées pisseuses,
Aux portes de l’église on espère un Messie,
Un temps sec, un jour clair, une hostie savoureuse ;
Puisse un chœur juguler de Dieu la vessie…


« —Georges ?
—Oui ?
—J’ai faim ! Depuis qu’ils ont avancé d’une heure la messe du dimanche, on n’a même plus le temps de déjeuner !
—Que diable ! Tu passeras deux fois à la communion, si c’est si pressé ! »

[Hellian]

Bien aimé ce texte blasphèmatoire qui ne manquera pas d'exposer son auteur à l'anathème.

Vive la colombe farcie et l'ostie spumante !

[Invité]

Oui, c'est pas mal troussé, comme une volaille !

[Arielle]

Le père, le fils et la colombe, trois ingrédients cuisinés à la sauce aigrelette et tonique qui vous réveille les papilles. Une bonne recette !

La diérèse sur Dieu dans le dernier vers, un peu trop précieuse à mon goût, dénote parmi de telles saveurs.

[Invité]

Je jubile, notamment à la lecture de la dernière strophe et du dialogue savoureux. Un grand bravo, Ento parce que c'est remarquablement tourné.

[Rebecca]

Bien aimé cet humour et ce texte qui lui n'étouffe pas son lecteur.

[Peter Pan]

Bonjour Ento,

j'avoue avoir un peu honte parce que tout le monde à l'air de s'extasier devant votre poème, mais moi j'ai rien compris à rien !

Il faut que je lise quels livres pour comprendre votre poème s'il vous plaît ?

[Invité]

C'est pas dans les livres. On ne bouffait pas du curé chez toi ?

[Peter Pan]

Bah non, on les invitait même parfois à venir manger avec nous ; c'est peut-être pour ça j'ai rien compris !

[Claire d'Orée]

C'est remarquablement bien écrit. J'admire beaucoup le style de ce poème anticlérical.
Amicalement
Claire d'Orée

[Invité]

Moi qui m'étais pomponnée pour la messe, me vla toute décoiffée, et démotivée : vive la poésie culinaro-religieuse et la gastrognomie dans les règles !
J'ai apprécié la rigueur d'écriture qui met en valeur le côté iconoclaste !

[Sahkti]

Belle déclinaison, pleine d'entrain et caustique à souhait !
J'apprécie les ruptures dans le ton et le rythme qui évitent au poème de sombrer dans une quelconque monotonie due à une trop grande régularité. Rien de tout cela ici, c'est vif et bien mené. Extra !

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