La fleur au fusil

[milo]

Ne m'en veut pas si je pleure un peu: j'ai toujours cru que l'histoire des chiens était l'histoire des hommes.

Jamais trop de joies, l'amour à coups de poing.
Est-ce que tu le sens, le poids ?
Des corps
Des jours
Des lendemains.

Les espoirs s'écrivent à l'alcool fort
Toujours
Se marquent à l'encre sous la peau.
Il ne manque pas grand chose avant le vide
Juste des ailes dans le dos.


*

Je me demande souvent à quoi pensent les hommes, lorsque ils tombent.
Moi, je pense à toi. À hier, aux dernières secondes.
Celles qui séparent le rêveur du défenestré, le ciel du gourdron, le battement du trait.
L'amour rend con
La douleur, aveugle.
Alors j'ai renonçé aux couleurs, à l'eau, à toutes ces choses inutiles.

Ne t'en fait pas
Ça sera pire demain.
Il y aura du verre cassé, une grosse gueule de bois et quelques entailles dans ce qu'il me reste de vie: L'arbre est couché, je ne suis plus aussi fort qu'avant.
Je vieillis, doucement. Je pourris, doucement. Il m'arrive même d'être lâche.

Finallement, tu vois, de ton iris sont tombées les graines qui n'ont jamais fleuries
Les enfants qui ne sont jamais nés
les hommes qui n'en seront jamais.

Tiens, je te donne mon silence.
une pousse de rien, immense dans le verbe taire. Une petite marguerite que l'on piétine
Une fleur un peu.
Une fleur beaucoup.
Une fleur contre la tempe.

[Invité]

Ouf, c'est très fort ! Quelque chose à vif, douloureux... Chapeau.
"Il ne manque pas grand chose avant le vide
Juste des ailes dans le dos" superbe !

Beaucoup d'erreurs de langue cela dit, c'est dommage pour un si beau texte :
"Ne m'en veux pas"
"à quoi pensent les hommes, lorsqu'ils tombent" (j ene sais pas si le "lorsque ils" est volontaire, en tout cas je le trouve gratuitement bizarre)
"le ciel du goudron (et non "gourdron")"
"Alors j'ai renoncé (la cédille ne se met que devant "a", "o" ou "u", c'est mécanique) aux couleurs, à l'eau, à toutes ces choses inutiles" (magnifique, soit dit en passant)
"Ne t'en fais pas"
"Je vieillis, doucement. Je pourris, doucement" : pas d'erreur, mais le deuxième "doucement" ne me paraît pas forcément utile
"les graines qui n'ont jamais fleuri (et non "fleuries", le participe passé du verbe conjugué avec [i]avoir ne s'accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d'objet direct quand il y en a un ; là non)[/b]"

[Rebecca]

j'ai relevé ces erreurs :

les graines qui n'ont jamais fleuries.
"les graines qui n'ont jamais fleuri"

finallement
"finalement"


J'aime beaucoup ce texte , fort , âpre , ne lui manquent ni les l ni les ailes dans le dos.

[Invité]

inévitablement et pourtant sans véritable lien, ton texte me fait penser à Y. Klein et son fameux "saut dans le vide" : http://en.wikipedia.org/wiki/Yves_Klein
(en face de Aero works ; il doit être possible de trouver une version française de l'explication, je n'ai pas cherché)

[Invité]

Il ne manque pas grand chose avant le vide
Juste des ailes dans le dos.

et toi, tu es de nouveau touché par la grâce.

[Loreena Ruin]

Un texte magnifique ! Poignant comme une fin de roman. J'ai vu défiler toute une histoire derrière ces mots, histoire que la poésie nous laisse tout le loisir d'imaginer, de ressentir. Vraiment, j'ai aimé.

[Lucy]

Qu'est-ce qui sépare "le ciel du goudron". Un texte bien posé, comme une fleur sur un fusil prêt à faire feu. Un seul mot : merci.

[Invité]

Ce texte est magnifique, d'une force poignante.
Mais, toutes ces fautes, quel dommage !
Cela me fait l'effet d'un tee-shirt blanc couvert de taches.

[mitsouko]

cette force d'évocation , cette puissance du verbe qui fait tenir encore debout

l'urgence de l'écrit , comme un uppercut à la vie

[Invité]

Hop !

[lol47]

Continue d'écrire.

Même si j'arrête.

Un peu de tripes dans ce monde de MOUS.

[Arielle]

Tiens, je te donne mon silence.
une pousse de rien, immense dans le verbe taire. Une petite marguerite que l'on piétine
Une fleur un peu.
Une fleur beaucoup.
Une fleur contre la tempe.

Passionnément, une sacrée trempe ! J'ai vraiment beaucoup aimé.

[Peter Pan]

Bonsoir milo,

j'ai beaucoup aimé ton très joli et triste poème, notamment

de ton iris sont tombées les graines qui n'ont jamais fleuries

(malgré la faute)

Est-ce que tu le sens, le poids ?

Je n"ai pas du tout aimé cette tournure, je la trouve lourde et dénotant avec le reste de ce beau poème, c'est dommage... J'ai sûrement l'esprit mal placé, mais en plus, ça me fait penser à un truc du genre : "Est-ce que tu le sens dis, tu le sens bien hein, oh oui dis-moi oui..."

[Invité]

De la belle poésie, celle que j'aime, parce que le lyrisme est juste, pas collant. Tu devrais t'associer avec un vélien pour une relecture préalable.

[Rêvelin]

Oui très beau texte. je préfère la première partie et la dernière strophe, le milieu me semble moins riche.

[Hellian]

Magnifique !

Me permettriez vous, Milo, de publier sur ce fil un enregistrement vocal de ce poème ?

Sous réserve, bien entendu que vous ayez pu préalablement en prendre connaissance.

[Rêvelin]

le titre me fait penser à ce vers de Aragon " ils étaient 20 et cent quand les fusils fleurirent"
bref aucun rapport, m'enfin ...

J'ai souhaité enrichir ma voix de la beauté de ce poème et je puis dire que cela a constitué pour moi un plaisir intense que de dire ces vers.
J'espère seulement que cette interprétation ne les aura pas trop trahis...