Re: La déclaration

[Celeron02]

Je t'aime.
Quels mots sauraient-ils davantage signifier ?
Telle est la phrase, même, que tous les amants du monde se déclarent.
Voici la plus échangée, la plus lue, dans toutes les langues, sous tous les soleils, de toutes les paroles possibles.
Et, pourtant, nul autre que moi n'en comprend le sens, nul autre que toi ne la rend possible.
Toi, seule, peut-être, si tu m'aimais, la recevrais.
Voilà l'universel, l'absolu - et ce n'est que pour toi, insignifiante, banale personne parmi des milliards - que tu crois !
Pourquoi moi, pourquoi toi ? Et pourquoi pas ?

L'extraordinaire dans des blagues de potache.
La merveille blottie au creux des formalités.
Le diamant sorti d'un trou de souris.

Regarde, joli dos, jolis cheveux, si tu n'as pas à voir, quand même.
Retourne-toi, et regarde - tu auras le temps - tu auras moins peur.
Quand la prose du monde aura regagné sa torpeur.
Quand les banalités seront fatiguées du même.

Regarde si je ne suis un nouveau Silène.
Ouvre-moi, dépucelle-moi, ô Sirène.
Il se pourrait que je cache un trésor.

[Invité]

Je trouve qu'à partir d'un sujet des plus banals, vous arrivez à quelque chose d'intéressant, de touchant, et, pour cela, bravo ! Le poème me paraît gagner en profondeur, en humour aussi, à mesure qu'il se déploie, après un début plutôt bateau.

Mes remarques :
« Quels mots sauraient-ils davantage signifier ? » : je pense que la formulation est incorrecte ; l’interrogation est déjà explicite par le mot « quels », et l’inversion verbe-sujet suivante, à mon avis, est redondante ; « Quels mots sauraient davantage signifier ? », je pense, suffit ; par ailleurs, le Trésor de la Langue Française informatisé indique le verbe « signifier » comme transitif ; la transgression de la règle ne me gênerait pas plus que ça (après tout, hein, licence poétique, machin), si en l’occurrence l’emploi de « signifier » de manière intransitive ne ressortait pas à mon avis d’une espèce de jargon psychologisant-moderne-prout ma chère qui a tendance à m’insupporter
« dans toutes les langues »
« nulle (le narrateur s’adresse à une femme) autre que toi »

[Invité]

Pardon, vous avez corrigé "toutes les langues" pendant que je commentais.

[Celeron02]

[ultime correction - grand merci à socque]


Je t'aime.
Quels mots sauraient-ils davantage signifier ?
Telle est la phrase, même, que tous les amants du monde se déclarent.
Voici la plus échangée, la plus lue, dans toutes les langues, sous tous les soleils, de toutes les paroles possibles.
Et, pourtant, nul autre que moi n'en comprend le sens, nulle autre que toi ne la rend possible.
Toi, seule, peut-être, si tu m'aimais, la recevrais.
Voilà l'universel, l'absolu - et ce n'est que pour toi, insignifiante, banale personne parmi des milliards - que tu crois !
Pourquoi moi, pourquoi toi ? Et pourquoi pas ?

L'extraordinaire dans des blagues de potache.
La merveille blottie au creux des formalités.
Le diamant sorti d'un trou de souris.

Regarde, joli dos, jolis cheveux, si tu n'as pas à voir, quand même.
Retourne-toi, et regarde - tu auras le temps - tu auras moins peur.
Quand la prose du monde aura regagné sa torpeur.
Quand les banalités seront fatiguées du même.

Regarde si je ne suis un nouveau Silène.
Ouvre-moi, dépucelle-moi, ô Sirène.
Il se pourrait que je cache un trésor.

[amandinemary]

Je le trouve tellement juste car dire « je t’aime » ne veut simplement rien dire. C’est quotidiennement par notre générosité, nos attentions, nos sourires que l’on le dit sans même le prononcer. C’est ça le trésor que j’ai découvert en te lisant.

[Manu(manisa06)]

C'est bien trouvé , bien réinventé, il fallait oser.
Je verrais bien ça écrit en poésie.
En tout cas bravo pour cette magnifique insolence.

[Sahkti]

Je serai le bémol dans ce concert de louagnes, désolée celeron, mais je crains d'être quelque peu passée à côté du texte.
Dénoncer la banalité des je t'aime est certes intéressant mais je trouve hélas que ça ne mène pas bien loin dans le cas présent. Il y a pourtant de l'idée et le potentiel pour traiter cela autrement, mais ici, ça reste trop sur les sentiers battus à mon goût; j'aurais préféré davantage d'impertinence. Davantage de folie aussi dans la forme qui reste tout de même bien sage.
Une autre fois, sans doute.

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