Séparation

[MartinEden]

SEPARATION



- C’est quoi, ça ?
- Mes nouvelles bottes. Elles te plaisent pas ?
Je regarde ses bottes. Blanches, laquées, semelles compensées de 15 centimètres.
- Ca va pas, non ? Y a que les putes qui se mettent des choses pareilles, merde !
- Ben, peut-être que j’en suis une, quoi.
Elle va dans la salle de bain et claque la porte.


On est assis sur le canapé, en train de regarder la Saga de Dimanche. J’ai mis mes pieds sur la table basse, à coté d’une rose dans un verre. Natalie fume cigarette sur cigarette. Je me demande d’où vient la rose. Je n’ai jamais offert des roses, moi.
- Ecoute, il faut que je te dise quelque chose, fait-elle.
- Quoi ?
- On peut plus continuer comme ça. Depuis…j’ai plus les mêmes sentiments pour toi…Je crois que je t’aime plus, voilà.
- Et quoi, encore ?
- Rien. Je pense que c’est mieux si on arrête là.
Salope. Je m’allume une cigarette.
- Ouais, t’as raison. On peut plus continuer comme ça. T’as trouvé quelqu’un d’autre ?
- Mais, non, c’est pas ça…
- On s’en fout, de toute façon.
Je me lève et commence à ramasser mes CD.
- Tu fais quoi ?
- Ben, je ramasse mon bordel. Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?
- Je te jette pas dehors.
- C’est ça.
Je passe dans la chambre, j’ouvre le placard, prends un sac et entasse mes affaires dedans. Trois pulls…deux jeans…un blouson en cuir…des caleçons…des chaussettes.
Je reviens dans le salon.
- Tu me dois mille euro, je dis.
- Je sais, mais je les ai pas maintenant.
- Alors, voilà ce qu’on fait. Tu me files chaque mois, disons…250. Ca te va ?
- Ok .
Je récupère mes affaires de toilette.
- Et je veux la bague aussi, s’il te plaît.
Je vois ses grosses lèvres trembler un instant. Ça fait plaisir. Elle essaye d’enlever la bague, sans y arriver.
- Et merde !
Elle va dans la cuisine, met du produit de vaisselle sur son doigt et enlève la bague. Après l’avoir rincée sous un jet d’eau, elle me la passe.
- Merci.
Natalie prend sa veste et s’habille.
- Bon, il faut que j’aille, dit-lle.
- Je fais comment pour les clés ?
- Laisse-les dans la boîte au lettres, en partant .
- Ok.
- Ciao.
- Ciao.
Elle sort. Je l’entends descendre l’escalier. Elle court avec ses bottes blanches.
Je laisse tomber mes affaires et m’assieds sur le canapé. J’éteins la télé et j’allume une cigarette. Je me sens tout drôle. Je vais encore dans la chambre, m’allonge sur le lit et m’enfonce le visage dans l’oreiller de Natalie.


Il fait déjà nuit quand je me lève. Je cherche mon portable et je lui envoie un message : « Reviens, on peut régler ça ». La réponse arrive de suite : « J peu pa , c fini ».
Je prends mon sac et je m’en vais.

[Invité]

Oui, bon... Les dialogues et la situation sonnent vrai, mais j'ai envie de dire : "Et alors ?" Si ce texte est complet tel quel, s'il n'introduit pas quelque chose de plus long qui va nous donner à vivre ce que vit le narrateur, je ne vois pas franchement l'intérêt.

Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !

Remarques de langue :
« Ça va pas »
« à côté d’une rose dans un verre »
« Ça te va ? »
« il faut que j’aille, dit-elle »
« la boîte aux lettres »

[Invité]

Un peu plus de Martin Eden ne nuirait pas...

[Invité]

Tout d'abord, un tel pseudo ne peut qu'attirer l'attention (enfin la mienne).
J'ai bien aimé ce dialogue que j'ai trouvé vif, efficace, voire percutant, avec quelque chose de très moderne dans le ton.
Toutefois, comme socque je l'ai trouvé un peu sans véritable fondement littéraire. Juste pour le plaisir alors. Encourageant en tout cas, ça me donne grande envie de découvrir d'autres textes de toi.

[abstract]

Un peu court pour se faire une idée, mais ça tombe bien je n'avais pas beaucoup de temps.
J'aime bien le ton froid, glacial même. Phrases courtes cinglantes ça me convient.
Par contre, j'ai quand même dû relire trois fois pour comprendre qui partait finalement, ça c'est plus embêtant. Manque peut-être un tout petit truc pour aider à la compréhension.

[Lucy]

Y a que les putes qui se mettent des choses pareilles, merde !

Plus loin...

Salope.

Il y en a d’autres, mais comme ça, d’entrée de jeu, j’encourage pas mal Nathalie à le plaquer, son chum. Les jurons dans un texte à vocation littéraire me donnent souvent envie de partir en courant, tout dépend comment ils sont amenés, car à côté de ça j’en dis pas mal et j’aime en lire dépendant de quelle manière ils sont agencés. Toutefois, les lire balancés de cette façon pour faire prendre la mayo, je sais pas, ça me met seulement à distance. Ce texte mériterait quelque chose de plus, pour enrober le dialogue car isolé de même, à mon sens, il ne fonctionne pas. C’est la vie, mais la lire noir sur blanc, comment dire… m’emmerde un peu ? La vie on la lit dans les faits divers, j’attends un peu plus de matière. Alors, je vais patienter pour lire un autre texte de toi et me faire, ainsi, une autre idée. Et ce soir, je suis d’une humeur de chien, donc plus vache que de coutume.

[boc21fr]

Oui je trouve bizarre comme Abstract que le type fasse son paquetage, que ce soit ensuite sa future ex qui se casse (de chez elle ?) et qu'il aille ensuite dans un lit qui n'est plus le sien chercher un réconfort absent...et finisse par partir lorsque les jeux sont faits à coup de SMS...
Etrange et incohérent, comme on l'est dans ces situations certes froides et rudes mais bouleversantes il est vrai...
Incohérent, glacial mais néanmoins crédible et "moderne".

[Plotine]

J'ai bien aimé parce... je ne sais pas comment l'expliquer, mais l'auteur réussit à nous faire partager des sentiments avec très peu de mots.
C'est une affaire de contrastes, je pense. L'indifférence feinte et le réconfort cherché dans l'oreiller = émotion.
Enfin, c'est ce que j'ai ressenti.
Dans le fond, c'est une histoire banale de rupture mais la façon de la traiter est assez interessante.

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