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Lin

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Message  Enyo Mer 10 Fév 2010 - 22:10

Lin



C'était un lundi. Dix minutes que j'étais entrée dans le bâtiment des Grands Moulins et toujours pas de salle 450C à l'horizon. Mais, cette salle n’existe pas ! me disais-je en écarquillant les yeux. Je montais puis descendais les escaliers. Toujours rien. 09h15 passé, je décidais de sortir de la fac pour compenser ma frustration sur une cigarette. Tandis que j'expirais la fumée, un étudiant vint me donner un tract : « Bonjour, on organise une bourse aux livres à la Halle aux Farines entre 11h et 15h tous les jours de la semaine » me dit-il. La Halle aux Farines ? C'est où ? lui demandais-je. « C'est le bâtiment juste derrière-moi. Tu ne le savais pas ? C’est là où se situent les amphis et la plupart des cours de première année » m’expliquait-il. À ce moment-là, je compris que je cherchais au mauvais endroit : je n’avais pas cours aux Grands Moulins mais dans le bâtiment juste à côté. Je me mis à courir vers la Halle aux Farines. Arrivée au 4e étage, je repris ma respiration tout en cherchant la 450C du regard : juste à ma droite. Enfin ! J’entrais dans la salle l’air confus. Excusez-moi, c’est bien ici le cours de Théorie du Cinéma ? demandais-je au professeur. Il acquiesça de la tête et me transmit un polycopié. « Vous êtes bien inscrite à ce cours ? Je peux voir votre fiche pédagogique mademoiselle ? ». Je le regardais avec de grands yeux : une fiche pédagogique ? C’est quoi ça encore ?! « C’est la feuille avec ton emploi du temps ! » m’expliqua un étudiant au deuxième rang l’air blasé. Comme si je me souvenais des noms de la montagne de papiers administratifs qu’ils nous donnaient en début d’année. Il soupira. Ça lui semblait si évident. Je tendis ma fiche pédagogique au professeur : « Lin Wang » prononça-t-il avec un accent horrible. Il me rendit ma fiche avec un sourire puis me proposa de m’asseoir. Je m’installais près de la fenêtre pour ne pas avoir l’étudiant du deuxième rang dans le collimateur. Il avait tout du mec énervant au possible : la petite veste en daim noir, le regard méprisant, le nez profilé, l’attitude bourgeoise élitiste, Monsieur je sais tout. Il a dû s’inscrire en Cinéma pour se donner un genre : le genre bobo pédant. Tandis que je sortais mon trieur et un stylo, j’entendis une chaise bouger derrière-moi. Un mot atterrit sur ma table. Dessus il y avait écrit « Toi pas encore à l’aise avec notre pays. Toi t’améliorer dans notre langue ! » suivit d’un petit smiley moqueur. Je me retournais pour voir qui en était l’auteur : Monsieur je sais tout. Il me fit un grand sourire sadique. Celui qui voulait dire : « Ça va être ta fête toute l’année, Yoko Hono ». Peu après, je feuilletais le polycopié pour voir ce qu’on allait étudier. Le premier texte : Le point de vue, de Jacques Aumont. Bon, pourquoi pas. J’entendis à nouveau un bruit de chaise. Le bobo pédant vint s’asseoir à côté de moi : « Je suppose que tu t’es inscrite parce que tu adOOOOres In the mood for love avec Maggie Cheung ? On t’a déjà dit que t’avais une tête d’asiatique ? » me lançait-il d’un ton moqueur. Je soupirais. Je le toisais du regard. Non, d’habitude on me dit que je ressemble à Lucy Liu, lui répliquais-je. Mais Lucy Liu, Maggie Cheung, même combat : on se ressemble toute dans mon pays. Et toi je suppose que tu t’es inscrit parce que tu adOOOOres Godard ? Comme c’est original ! Je lui lançais le même sourire sadique qu’il m’avait fait l’instant d’avant. Il prit un air idiot et me répondit : « Mais pff ! J’aime aussi les films indépendants : par exemple, hm, La Boum 2 ! ». On éclata de rire. Ce fut ainsi qu’un lundi, à 9h30, je fis la rencontre de Martin…



Cinq ans que je connais Martin. Mais cette année, tout est différent : on n’a plus les mêmes cours, on se voit moins souvent. Son air supérieur et ses blagues idiotes me manquent un peu. Aujourd’hui ce n’est plus lui qui m’énerve. Je longe la rue Quincampoix pour le rejoindre. En chemin, je m’allume une cigarette. Comme toujours, il m’attend devant l’Imprévu. Que l’on ne me parle plus de papier-toilette ! lui dis-je. « Toi, tu as encore passé une sale journée, non ? » me demande-t-il. Une sale journée ? Et si encore ce n’était qu’une seule et sale journée. Je prends une bouffé de nicotine puis lui explique ce qui met en colère : C’est ce foutu dialogue, lui dis-je, aujourd’hui cette chère Marie n’a rien trouvé de mieux à faire que d’utiliser les toilettes de son amie Li Yu. Mais attention ! Le papier-toilette est introuvable ! Et où est-il rangé ce papier-toilette ? Sur le lit bien sûr ! C’est bien connu : on range toujours le papier-toilette sur le lit !! « En même temps, répondit Martin, c’est ta première année. Tu devais t’y attendre d’avoir des textes de ce genre non ? ». Oui je sais, lui dis-je. Mais comme je parle déjà le Mandarin, imagine à quel point je dois m’ennuyer en cours !! « Et ton amphi d’Histoire de la Chine ? me demande-t-il. C’est intéressant ça non ? » Je soupire. Mouais. J’ai plus vite fait d’ingurgiter Le monde chinois de Gernet. Martin me regarde en souriant. Il se réjouit toujours autant de mes petits malheurs d’étudiante. Mais c’est différent : il n’est plus avec moi en cours. À 17h35, on file rejoindre les autres à l’intérieur du salon de thé : Thomas derrière son comptoir prépare une pression, Adèle corrige une copie, Mikhaïl lui fait les yeux doux, Warren tapote la table, et Elena scrute tout le monde de peur qu’on marche sur son étui. Je m’installe à côté d’elle. Son comportement de gamine mijaurée mis de côté, je l’envie un peu avec son violon. Elle fait sa passion, elle. Je la dévisage puis lance tout haut : J’espère que je ne suis pas venue pour rien, j’ai encore cent idéogrammes à faire semblant d’apprendre pour la semaine prochaine ! C’est facile de faire semblant, jouer la fille studieuse que l’on tire de ses révisions pour assister à une réunion. En vérité je suis contente d’être là, voir Martin se moquer des élèves d’Adèle et du violon d’Elena, entendre Warren rire du merdier dans lequel aime se mettre Sacha, Mikhaïl rouspéter du sempiternel retard de son frère. Ça me permet d’oublier. Vingt minutes plus tard, Jonas, le petit ami d’Emma, arrive enfin. « Quand je suis avec elle, j’ai l’impression qu’elle n’est pas là, toujours l’air songeur, ailleurs » nous explique-t-il. Mais comment Emma fait pour le supporter ? Je n’aimerais pas qu’on m’étouffe comme ça en permanence. T’étais où ? avec qui ? tu faisais quoi ? à quoi tu penses ? à qui tu penses ? Tu aimerais bien qu’elle ne pense qu’à toi, qu’elle pense aussi comme toi. Mais ça ne marche pas comme ça. Emma devrait être avec quelqu’un qui lui parle de Performance jusqu’au bout de la nuit, quelqu’un qui l’emmène voir des Happenings à trois heures du matin sans prévenir, quelqu’un qui l’appelle en plein partiel pour lui proposer de faire un flash-mob et bloquer six minutes la place de l’Etoile, quelqu’un qui lui frotte le dos pendant une ronde des obstinés pour protester contre une nouvelle réforme de l’université. Tout sauf Jonas. Il m’ennuie. Il n’écoute rien. Comme mon père. Si seulement il m’écoutait, mon père…



…a décidé de mon avenir sans me consulter. Ça lui a pris cet été. J’étais seule dans l’appartement, Elena revenait de sa tournée en Italie fin Août. Il débarqua sans prévenir un après-midi. Il s’installa au salon tandis que j’écrasais ma cigarette à peine entamée. Il n’a jamais aimé me voir fumer. Il valait mieux ne pas le contrarier, au risque de subir une de ses colères noires. Je m’adossais contre le mur en me demandant quelle mauvaise nouvelle m’attendait. Il toisa la pile d’essais qui traînait sur la table puis me demanda : « Et ça me coûte combien tous ces torchons abstraits en plus de tes cochonneries de cigarettes ? ». Quatre ans à théoriser le Cinéma à Paris VII pour apprendre au final que mon père considérait ça comme un torchon abstrait. Je n’ai pas su quoi lui répondre. J’étais abasourdie. « Si ton ami aime jouer les bobos de gauche pédants dans une filière poubelle, je ne vais pas te laisser gâcher ton potentiel à étudier toutes ces sornettes ! ». Martin n’est pas un bobo de gauche pédant, lui disais-je énervée. « Qu’est-ce qu’il est alors ? Un cinéaste reconnu ? Un critique d’art publié aux Editions Gallimard ? Je vais te dire ce qu’il est Lin : Martin est un étudiant qui n’a rien trouvé de mieux à faire que perdre son temps et l’argent de ses parents. Et tout ça pour quoi ? Aucun débouché ». Voilà ce que je redoutais le plus : mon père trouvait que ça ne menait à rien. Mon père !! Après avoir craché son venin sur Martin et moi, il sortit de sa mallette un formulaire et l’envoya dans ma direction. « Voilà ce que tu étudieras l’année prochaine, m’a-t-il dit. Tu ne perdras plus ton temps. Est-ce que c’est clair ? ». Il n’attendit même pas une réponse et s’empressa de claquer la porte de l’appartement. Je pris le formulaire dans les mains et lu avec horreur en quoi mon père m’avait inscrite : Langues et Civilisations Asiatiques et Orientales, section Chinois…



Il est 19h40. La soirée ne va pas tarder à commencer. Je m’allume une autre cigarette puis je lis le prospectus présentant la performance d’Emma. Si j’avais pu continuer, j’aurais sans doute publié pleins d’articles sur elle une fois mes études terminées. Il y a quelque chose qui me fascine dans la performance : la présence, l’être là, l’action immédiate. Et le spectateur dans tout ça ? Ce n’est pas la même impression que d’être assis sur un fauteuil dans une salle noire. Ce n’est pas non plus le même temps. Il y a quelque chose d’autre, de plus réel, plus instantané peut-être. Je m’imagine tout bas ses intentions lorsque je la regarde faire. Ça fonctionne comme un séisme microscopique : là, les mains déployées, quelque chose jaillit. Tout tremble et puis ça s’estompe. Ce n’était presque rien, un chuchotement dans l’air, une prose dépouillée, quelques gestes devant nous sans aucun écran intermédiaire. Simplement un corps nu, livré là. J’expire une volute qui s’échappe entre deux toits, comme ce que fait Emma : avec la performance, Emma nous échappe. Et moi je reste au sol, retenue par mon père. Ce n’est pas que je méprise le travail de traductrice, je me méprise de finir traductrice. « Tu sais que tu as la même attitude que Marina Vlady là ? » me lance Martin. Je t’emmerde ! « Comme tu es vulgaire, et si… indifférente ! » s’enchante-t-il. Je le toise de bas en haut puis me mets à rire. Warren nous rejoint : « Il n’y a que des trucs bios à leur buffet. Je me suis rabattu sur des tomates cerises » nous dit-il. « Et le violon d’Elena, enchaîne Martin, vous pensez qu’il est bio ? » J’explose de rire. Tu sais que t’es con quand tu t’y mets, lui dis-je. 21h25, le discours suivant la performance se termine. Je cherche Emma du regard pour discuter de son travail. Elle discute avec Jonas. Ça n’a pas l’air au beau fixe tout ça. Va t-elle le larguer maintenant ? En est-elle seulement capable ? Ai-je été capable de dire non à mon père ? Ça ne reste qu’une question. Je suis étudiante en LCAO. La plupart du temps je…



…regardais par la fenêtre le ballottement des arbres. Ça me faisait penser à Martin. Il aime toujours répéter cette phrase de Juliette Jeanson : « Je ne sais pas où ni quand, je me souviens seulement que c’est arrivé. C’est un sentiment que j’ai cherché toute la journée. Il y avait l’odeur des arbres. J’étais le monde et le monde était moi ». Qu’est-ce que ça signifiait en réalité ? « Faire ! » « Zuo » « Travailler ; travail » « Gongzuo » « Savoir faire quelque chose » « Hui » « Insister plus sur le quatrième ton ! » « Hui ! » Voilà comment commençait le cours de grammaire : interrogation orale du vocabulaire de la leçon. Comme des automates à réguler. Votre ton est mal placé, légèrement plus rapide, vous vous trompez avec un autre mot, plus vite, vous n’avez pas appris votre liste, arrêtez de chuchoter. C’était l’usine des Temps modernes. On était tous des Charlie Chaplin. Chaque semaine, il fallait rassembler le plus vite possible des pièces défilant à toute berzingue sur un tapis roulant. Et lorsqu’on s’emmêlait avec toutes ces pièces, on finissait dans l’engrenage et tout se bloquait. Le prof avait horreur des blocages. Il nous fusillait du regard au moindre oubli, sans doute parce que c’était du par cœur et que pour lui il était impensable de se tromper. Mon père l’aurait adoré. Je voyais le groupe de vieux du premier rang patauger dans la semoule, les jeunes bacheliers du deuxième rang se rythmer en cadence quasi-militaire, et les autres suivre plus ou moins en essayant de trouver une distraction quelconque pour passer le temps. Mon regard croisa celui d’un taïwanais. Il s’ennuyait à mourir. Il n’avait pas besoin de ce cours, comme moi. Qui l’avait poussé ici ? Allait-il s’arrêter à la licence pour ensuite enseigner ou traduire ? Allait-il continuer en master là où pouvait enfin commencer le travail de recherche ? Mon père ne me laissera pas faire un master. Encore du torchon abstrait comme il disait. Le taïwanais soupira, rassembla ses affaires et quitta la salle. « Maintenant nous allons passer au Complément d’Objet » déclara le prof. Je tournais la tête à nouveau vers les arbres dehors. « C’est un sentiment que j’ai cherché toute la journée. Il y avait l’odeur des arbres ». Martin…



Un jour passe. À l’intérieur de l’Imprévu, j’attends avec Elena que Martin termine sa cigarette. On se retrouve là avant d’aller en cours chaque fois qu’il déniche un ragot. Il est toujours le premier au courant. Vers 09h35, il s’assoit en face de moi. Thomas vient à son tour nous apporter les commandes : « Un thé Chaï pour Lin, un Perrier pour Elena, et un café pour Martin ». Maintenant que tu as fumé ta cigarette, dis-je à Martin, tu vas nous raconter ce qui s’est passé cette nuit ? « Emma nous fait une dépression, nous explique-t-il. Après s’être disputé avec Jonas, elle a dévalé la rue des Bergers, il a essayé de la retenir pour discuter et au moment où il a lâché prise, Emma a traversé la rue sans regarder et une voiture l’a renversée. Sacha est arrivé, Mikhaïl et Adèle les ont emmenés à l’hôpital. Jonas est venu les rejoindre et Sacha l’a ouvertement engueulé ». « Sacha a réellement engueulé Jonas ?! s’étonne Thomas. Wow ! J’aurais aimé être là, ça devait valoir le déplacement ». « Emma rompre enfin avec Jonas, enchaîne Elena, vous vous y attendiez vous ? » « Boh, elle est à fleur de peau, comme Sacha, remarque Martin. Elle imite bien Cléopâtre dans Astérix, vous ne trouvez pas ? « Parisiens venus de loin pour m’accabler de haine, je saurai vous montrer comment meurt une reine ! ». Ça ne me donne pas envie de rire. Pas maintenant. Peut-être que mon père avait raison : Martin n’est qu’un bobo de gauche qui ne mène à rien. Je ne suis que sa Yoko Hono. Et bien Yoko en a ras le bol. Je sors de table et quitte le salon de thé sans dire un mot. Au loin, je l’entends crier : « Elena ! Attendez-moi bordel ! »





Un autre jour passe. C’est le soir. Mikhaïl et Adèle organisent une petite fête chez eux. J’attends devant la porte d’entrée de leur appartement. J’entre ? J’entre pas ? Quelle conne ! Je perds vraiment mon temps pour des broutilles. Je pose ma main sur la porte, puis soupire. Quelle blague idiote. « On peut décrire tout ce qui se produit quand je fais quelque chose sans indiquer pour autant ce qui fait que je le fais ». C’est bien ce qu’elle dit Martin ? J’appuie sur la sonnette. C’est lui qui m’ouvre. Bonsoir, lui dis-je l’air indifférent. « Alors ? Tu me boudes encore pour hier ? ». Je ne lui réponds pas. « Lin, je tenais à m’excuser. Je sais que c’est grave ce qui est arrivé à Emma. Je voulais juste… » Tu voulais juste faire ton intéressant comme d’habitude, dis-je pour noyer le poisson. Bla bla bla. Je te pardonne. On passe à autre chose d’accord ? Je lui fais une bise sur la joue puis me dirige vers le salon. Tandis que je salue les autres, je me mens à moi-même. Je ne suis pas encore passée à autre chose. Je n’ai pas envie de me passer des blagues idiotes de Martin. Si mener à rien, c’est ça, alors je veux perdre tout mon temps avec lui.



Ce soir c’est le concert d’Elena. Warren vient d’arriver et demande dans la foulée à Sacha et Emma comment se sont passés leur rendez-vous. « Vous voulez pas nous oublier cinq minute ? » nous supplie Sacha. Moi je vous oublie 24h/24 ! lui dis-je en tirant un grand sourire. Je tourne la tête du côté de Martin, quelque chose le préoccupe. Il fait mine de sourire, mais je vois bien que le cœur n’y est pas. Le concert fini, je vois Elena en coulisse. « Je ne suis plus vierge » me lance t-elle d’un coup. Ça ne l’enchante pas plus que ça. Hier elle me chante Tchaïkovski et ce soir Elena s’éteint. Tandis qu’elle se fait un chignon, je pose une main sur son dos. Je comprends maintenant pourquoi son air mijaurée m’énerve. « Lorsqu’elle se pique le doigt, elle ne fait que perdre son sang. Toutes les adolescentes ont des cycles menstruels. Pourquoi pas Elena ? Vous ne voulez pas la laisser grandir ? ». Non. Je ne veux pas la laisser grandir, la laisser s’accidenter. Je veux qu’elle continue de m’énerver. Un jour, elle ne m’énervera plus, et ce jour-là…



C’est le matin. Je soupire. Plus que cinq cigarettes. J’ouvre la fenêtre du salon en m’en grille une. Une expiration plus tard, je remets en route le dvd. Voici comment Juliette, à 15h37, voyait remuer les pages de cet objet que dans le langage journalistique on nomme une revue. Et voilà comment environs 150 images plus loin, une autre jeune femme, sa semblable, sa sœur, voyait le même objet. 2 ou 3 choses que je sais d’elle. Martin m’a passé le film. C’est pas le genre à regarder dès le réveil. Tandis que le monologue du narrateur continue, je jette un œil sur la porte de la chambre d’Elena. Depuis hier soir, on peut lire : « Je suis une princesse en grève et je vous emmerde ! ». En grève. Elena ne manifeste jamais de sa vie. Elle ne côtoie pas le milieu syndical non plus d’ailleurs. Qu’est-ce qu’elle en sait de la grève ? À part interpréter des morceaux au violon, que fait-elle d’autre ? Et moi alors ? Je ne vaux peut-être pas mieux avec ma maîtrise de la langue chinoise. Je fixe l’écran, ou plutôt le vide dans lequel nous plonge cette tasse de café : Martin comme c’est déprimant ! J’éteins la télévision, rassemble mes affaires et quitte l’appartement.



Dans le RER, j’observe le défilement des néons souterrains et me répète le monologue. Et d’abord un objet, qu’est-ce que c’est ? Peut-être qu’un objet est ce qui permet de relier, de passer d’un sujet à l’autre, donc de vivre en société. D’être ensemble. Dans le reflet de la vitre, mon regard croise celui d’un petit garçon. Il me fait un sourire et me salue de la main.



Vingt minutes plus tard, le professeur écrit un autre idéogramme au tableau : « Women xianzai xie “ Zhao ” ! » Il se retourne vers nous et trace le mot dans le vide. « Yi, er, san, si, wu, liu, qi ». « Zai xie yi bian ! Zhao : Yi, er, san… ». Accoudée sur ma table, je contemple le club des vieux écrire avec attention au premier rang. À côté de moi, deux filles gribouillent des dessins sur la marge d’un cahier. « J’hésite entre le B ou le HB » dit l’une. « Si tu prends le H, enchaîne l’autre, ton trait sera trop dur ». « T’as raison. Un B6 fera l’affaire ! ». Je lève les yeux au ciel et soupire. Emma ou Sacha seraient là, ils leur mettraient leurs crayons minables à la poubelle et leur diraient de dessiner avec du vrai matériel : fusain, craie blanche, pierre noire, sanguine. Pas un crayola à la con ! Elles me dévisagent puis retournent à leur occupation. Puisque ma parole rapproche par ce qu’elle exprime et isole par ce qu’elle tait. « Women xianzai xie “ Ming ” ! » Meï yao yi si, dis-je en murmurant. Le professeur s’arrête d’écrire. Puisqu’un immense fossé sépare la certitude subjective que j’ai de moi-même et la vérité objective que je suis pour les autres. « Qu’est-ce que vous venez de dire ? » me demande-t-il. Je viens de dire que c’était inintéressant. « Vous savez, personne ne vous retient ici, vous n’avez qu’à prendre la porte ! ». Je fronce les sourcils, me lève et quitte le cours. Puisque j’échoue sans cesse à communiquer, je veux dire, à comprendre, à aimer, à me faire aimer, et que chaque échec me fait éprouver ma solitude, puisque… « Lin ? ». Martin !



Martin et moi nous asseyons à une des tables du CROUS. « Tu as envie de me parler de quelque chose ? » me demande-t-il. Je le regarde. Je soupire. Est-ce qu’on pourrait, est-ce qu’on pourrait juste boire un café ? Je n’ai pas envie de parler. Juste être là. Ensemble. « D’accord ! ». Je regarde à nouveau le branchage des arbres bouger. Martin ? « Oui ? » Qu’est-ce que c’est être au monde ? « Bonne question… »



Lin : Qu’est-ce que c’est ?
… : Ouvrez-le et vous le découvrirez !
Lin : Un marteau ? Pourquoi faire ?
… : Vous savez bien ce qu’on fait avec un marteau, à quelle action il renvoie. Vous vous y entendez en martèlement ?
Lin : Je ne suis pas cordonnière !
… : Encore moins bricoleuse.
Lin : Attendez une minute…
… : Certes, vous ne vous entendez pas à marteler, mais vous venez bien de référer un sens à cet objet. Maintenant, imaginez-vous en train de parler dans une galerie avec Emma.
Lin : Bien.
… : Puis imaginez-vous en train de donner un cours de grammaire chinoise.
Lin : Mais je n’ai pas envie !
… : Vous n’avez pas envie de vous jeter à l’eau, vous y découvrir quelque chose. Cette eau, ce n’est pas la vôtre.
Lin : Qu’est-ce que vous essayez de dire ?
… : J’essaye juste de vous jeter au monde. Tout comme vous essayez de vous entretenir avec, enfin, lorsque le monde vous est supportable bien sûr.
Lin : C’est ça être au monde ?
… : Parce que vous vous référez à toutes les sornettes que je vous raconte ?


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Message  Enyo Mer 10 Fév 2010 - 22:13

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Le soir venu, je rejoins mes parents au Bistrot Romain. Elena déteste cette chaîne de restaurants. Au loin, j’aperçois mon père qui me fait signe de la main. Je m’assois en face de ma mère. « Ton père a quelqu’un à te présenter ! » m’annonce-t-elle l’air guillerette. Je m’attends au pire. « C’est le fils d’un de mes amis qui travaille dans une boîte d’éditions, m’explique mon père. Cette boîte publie surtout des traductions. En faisant connaissance avec lui, tu pourras sûrement te décrocher un stage dans cette boîte. Enfin un bon investissement à long terme ! ». Ça n’est pas mon avis, dis-je. Je refuse de travailler dans cette boîte ! Mais enfin maman, ça te dérange pas que mon père me case avec un fils-fils à son papa dans une boîte que je ne connais même pas et dans laquelle je n’aurai sûrement jamais envie de travailler ?! Elle ne répond pas. Elle ne répond jamais. Elle se tait. C’est stupeur et tremblement en direct : elle ira pleurer sur mon sort dans les toilettes ? Peut-être même pas. Elle doit déjà pleurer sur le sien sans doute. Je reçois une gifle. « Tu aimes ça les flash-mobs ? me demande mon père. Tu viens d’en recevoir un ! Et si tu ne respectes pas mes décisions, tu peux toujours demander à Martin qu’il te prenne à charge dans un 9m2 ». Je le regarde verte de rage. Il ne s’inquiète même pas de mon avenir, il veut juste me caser dans une boîte d’éditions. Depuis quand tu manigances ton plan de mafieux ? Depuis quand ?! Je regarde ma mère. Et toi ça te provoque aucune réaction ? Papa décide et nous on doit rester stupéfaites ? Le fils-fils de la boîte arrive à notre table. Mon père se lève pour le saluer. « Elle s’agite un peu mais d’ici demain elle se calmera » lui murmure-t-il à l’oreille tout en me regardant. Il veut que j’entende son venin. C’est lui qui contrôle tout. Je reste sans voix mais par je ne sais quelle force, je trouve le moyen de me lever, et de quitter le restaurant.



Je claque la porte d’entrée de l’appartement. « Lin ? Ça va ? » me demande Elena. Je fonce dans ma chambre m’allonger sur le lit. Quelques secondes après, Elena me rejoint sans dire un mot. Elle s’installe derrière-moi et passe sa main dans mes cheveux. C’est rare quand les rôles s’inversent entre elle et moi. Je n’arrive plus à lui cacher grand chose. Je renifle par instants et laisse couler quelques larmes. Je l’entends me murmurer une berceuse.



« Debout ! ». Hmoui ? Qu’est-ce qui se passe ? Je plisse les yeux puis me rendors, flemme de me lever maintenant. « On se réveille ! Et ne fais pas semblant d’être malade, tu as la jaunisse depuis ta naissance après tout ! ». Il n’y en a qu’un seul pour me faire des blagues aussi pourries. J’ouvre les yeux et fronce les sourcils. Martin, lui dis-je, qu’est-ce que tu fous là ? « On a plein de choses à faire aujourd’hui. Allez, lève-toi ! » m’ordonne-t-il. J’ai cours, pas comme toi qui te pointe à la fac une fois tous les 36 du mois ! Il prend un de mes livres de cours et le commente : « “ C’est du chinois, Lire et écrire ” par Monique Hoa. C’est vrai. Toi tu as encore du mal. Voyons voir ! ». Il cherche une page puis s’arrête d’un coup. « Voilà ! Leçon 11, Li Yu chez Shanben. Shanben ? C’est Sean Pen déjà. Elle sort d’où cette Monique Hoa ? Elle n’a jamais mis les pieds dans une salle de cinéma ? Elle aussi elle range son papier-toilette sur le lit ? ». C’est une de mes profs du deuxième semestre, lui dis-je. Il me regarde l’air ahuri : « Joyeux Noël ! Bon, on y va ! ». Mais où ? « Tu verras ! » Mais j’ai cours ! « J’ai dit : on y va ! Allez dépêche ! ».



Martin se rapproche des bassins du parc de Sceaux. Il sort sa caméra puis fixe la surface de l’eau. Je le regarde. Qu’est-ce que tu fais ? lui dis-je. « Le paysage c’est comme un visage » me lance-t-il. C’est quoi encore ce charabia ? Il ne peut pas parler français pour changer ? Il s’arrête un quart d’heure plus tard. « Tu peux me tenir la caméra s’il te plaît ? » me demande-t-il. Je la prends et rembobine la bande. Il sort une cigarette. Lorsque je remets en route la vidéo, des ondulations apparaissent à l’écran. C’est comme si quelqu’un agitait la surface de l’eau en permanence. Toute la végétation aux alentours est projetée dedans. Avec ces reflets, impossible de savoir ce qui vient devant ou derrière. Ça oscille. Simplement. De temps à autre, des taches blanches circulent à la surface. On dirait qu’elles montent vers le ciel. « Quelque chose à rajouter ? » me lance Martin. Je continue de fixer l’écran.

Averse de pétales –
je voudrais boire
l’eau des brumes lointaines !

« Qu’est-ce c’est ? ». Un haïku. Toi pas être à l’aise avec poésie asiatique ! lui dis-je. Il me regarde en faisant semblant de bouder puis me prends par l’épaule. « Allez hop ! On a encore plein de choses à filmer ! ». Tandis qu’il me traîne vers un autre endroit, je pense aux jours où ma mère me récitait des poèmes et légendes avant de m’endormir. Comment quelqu’un qui vous berce avec Bashô ou Shiki, quelqu’un qui vous raconte l’histoire des 108 étoiles ou encore le voyage en occident peut accepter que son amant considère tout ça comme du torchon ? Je regarde les bassins disparaître. En nous éloignant, je ressens un vide, ou plutôt une frustration. Pourquoi est-elle aussi passive ? Toujours à…



…être silencieuse. Deux mois après mon inscription en LCAO, elle m’invita à passer l’après-midi dans un salon de thé. Je passais la porte d’entrée. Elle m’attendait à une table près d’une baie vitrée. Que fixait-elle si ardemment ? Je m’asseyais en face d’elle. Elle sursauta légèrement comme tirée de son rêve. Elle me fit un sourire et, comme si elle devinait ce que je pensais, me cita le poème suivant :

Bouche bée
L’enfant regarde tomber les fleurs –
C’est un Bouddha !

Je lui souris à mon tour mais faiblement. Une citation, aussi suggestive et contemplative soit-elle, n’arrangeait rien. « Comment sont tes cours ? ». J’ai l’impression de devenir une machine. Elle marqua une pause. « Et Elena ? Comment va-t-elle ? ». Bien, tant qu’elle enchaîne concert sur concert. Je me mis à tapoter la table. Elle n’avait rien à me dire. Ou plutôt, elle ne voulait rien me dire. Elle tourna la tête vers l’extérieur comme pour chercher ses mots et remplir le vide avec. « Lin… Il ne faut pas en vouloir à ton père. Il veut simplement que tu t’en sortes ». En contrôlant le moindre de mes faits et gestes ? « En assurant ta sécurité ». Mais… « Tu ne peux pas continuer à rester plongée éperdument dans tes livres. Ce n’est pas ça la réalité ». Et lui qu’est-ce qu’il en sait de MA réalité ? « Il la paye ». Je fixais la carte des boissons. « Ça ne reste que des mirages. Tu tiens réellement à ce que tes futurs patrons te payent au lance-pierre ? As-tu au moins la certitude que ça mène à quelque chose ? ». Ça mène à réfléchir, mais on dirait que ça t’est complètement égal ! « Tu pourras toujours réfléchir durant tes loisirs, entre deux traductions. Il n’y a rien de mal à cela ». Je la regardais durement tout en pensant qu’il y avait tout de mal à cela.




« Lin ! Tu pourrais faire attention lorsque je te tends la caméra ! ». Pardon, dis-je à Martin. J’étais distraite. Il s’alluma une cigarette et s’adossa contre un tronc d’arbre. « Et ? ». Et ça nous emmène où tout ça ? « Je ne sais pas, me répond-il. Ce que je sais, c’est que ça m’est nécessaire. C’est tout ». Il prend une bouffée de nicotine puis regarde en l’air. Tandis qu’il fait une pause en fixant le ciel, je visualise le rush. Une mer de fleurs de cerisier s’agite doucement. Entre deux pétales roses, des interstices blancs brillent abondamment. On a l’impression qu’ils sont vivants, comme si des petites cellules grandissaient et rétrécissaient entre deux branchages.

Sous les fleurs de cerisier
grouille et fourmille
l’humanité

Martin se retourne vers moi et pose sa tête contre un arbre, l’air apaisé.



« Mademoiselle ! m’interpella le professeur de grammaire à la fin du cours. Vu votre niveau, je peux savoir ce que vous faites en 1ière année ? Pourquoi ne vous a-t-on pas inscrite directement en Master ? ». Je ne sais pas. « Vous faisiez quelle filière avant d’arriver ici ? ». J’étais en cinéma. J’avais validé ma quatrième année. Il rangea ses affaires dans sa mallette. « Si ça vous intéresse, il y a un cours d’esthétique chinoise à cette horaire-là ». Il me tendit un papier. « C’est réservé aux étudiants de Master 1, mais vous pouvez toujours y assister. Vous n’aurez qu’à expliquer à M. Jullien votre situation… ». Monsieur Jullien ? « Vous ne connaissez pas François Jullien ? Éloge de la fadeur, ça ne vous dit rien ? ». Je le regardais en écarquillant les yeux, Et c’est ainsi que la semaine dernière, mon prof de grammaire me proposa d’assister aux cours d’un des plus réputés philosophes et sinologues du cursus LCAO.



Martin me raccompagne jusqu’à la porte de mon appartement. Je l’ouvre et tombe sur le fils-fils à papa muni d’un bouquet de fleurs. Que fait-il ici celui-là ? Je me retourne vers Martin. Tu peux nous laisser s’il te plaît ? Il me regarde l’air déconfit. Merci, lui dis-je en déposant un bisou sur son front. Je ferme la porte puis me dirige vers la chambre d’Elena. À l’intérieur, je la mitraille du regard. Mais pourquoi tu lui as ouvert ? lui dis-je en murmurant. « Je n’allais pas le laisser derrière la porte quand même ! ». Je soupire puis me rends au salon. Et vous êtes venu pour… ? « Je tenais à m’excuser pour hier soir. Je ne savais pas ce que votre père manigançait. Je ne voulais pas vous mettre dans l’embarras. Mon père avait une dette envers le vôtre. C’est tout ». Tout devient plus clair. Je m’allume une cigarette, puis expire la fumée. Dans ce cas voilà l’arrangement que je vous propose : j’accepte de passer un stage chez vous, vous me mettez en lien avec un de vos responsables d’Editions, et vous lui expliquerez qu’en plus de futures traductions, je publierai mes articles dans l’une de vos revus. C’est à prendre ou à laisser. « Bien ».




… : La vieille dame et le manteau, vous connaissez ?
Martin : Je n’ai pas cette chance.
… : C'est l'histoire d'une vieille dame qui contraint un voleur de la promener sur son dos dans tout le Japon durant toute la nuit. Ensemble, ils contemplent une multitude de paysages tous plus sublimes les uns que les autres.Et au matin, pour le récompenser de l’avoir promené dans ces paysages, la vieille dame offra son manteau au voleur. Le manteau qu’il voulait lui dérober au début de l’histoire.
Martin : Je vois.
… : Dites-moi, après la journée que vous venez de passer, vous n’êtes pas déçu que Lin ne vous ait pas offert de manteau ?
Martin : …
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Message  Invité Mer 10 Fév 2010 - 23:22

C'est sûrement passionnant pour les étudiants en cinéma...

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Message  Zenati Jeu 11 Fév 2010 - 6:35

j'ai lu... c'est bien!...
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Message  Invité Jeu 11 Fév 2010 - 10:15

C'est long mais j'ai lu sans déplaisir parce qu'il y a un fil directeur, et cela même malgré le fait que je ne saisisse pas vraiment la finalité du texte, sinon qu'il est -je suppose- construit comme un scénario, mais je ne fais que supposer.
Il me semble avoir reconnu un ou deux passages que tu aurais postés précédemment. D'ailleurs comme précédemment, j'ai eu le sentiment de lire les aventures d'un groupe complètement replié sur lui-même, qui fonctionne presque en autarcie relationnelle. Je veux dire, il y a ce groupe, ce clan, le noyau dur et au-delà de leur unité, une forme de mépris pour tout ce qui n'en fait pas partie (je pense aux "vieux" qui étudient le chinois, aux parents, aux profs...), et ça, ça m'agace plutôt cette espèce de conscience élitiste.
Petite remarque sur quelque chose qui m'a intriguée ; si j'ai bien compris Lin se réclame de la culture chinoise, alors la présence de haïkus dans le récit n'est-elle pas légèrement sinon subversive, du moins déplacée ?

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