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Les engins péraradants

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Message  silene82 Sam 20 Fév 2010 - 22:25

Jonathan a vendu partie de son hoirie : impatient comme le fruste Esaü dont l'exemple, abondamment décliné tant à l'école du dimanche que dans les innombrables fascicules dont les jeunes phalanges de Christ sont inlassablement nourries, puisqu'il est avéré qu'un endoctrinement sain et efficace se construit dès le berceau, et monte très vite en puissance, intelligemment soutenu par la propagande, peinte de couleurs douceâtres, aurait pourtant du l'alerter : mais il est vrai qu'on ne voit pas ce qu'on a devant le nez.
Jonathan, alléché par la perspective de pétarader en tous lieux qu'il lui plaira, et qui, en ce territoire de buttes escarpées, réalise que l'estimable vélocipède qui le transportait jusque là est tout de même une limitation directement dépendante du temps dont il dispose, de la vigueur de ses mollets, et d'un nombre conséquent d'autres paramètres, a échangé contre la jouissance immédiate d'un Ciao, d'une modestie frôlant l'ascétisme, puisqu'il n'a aucune suspension, contre un été de travail estival. Pénible.
Jonathan est d'une naïveté confinant à l'angélisme : lors du premier appareillage du superbe engin, qui sent cette odeur indéfinissable de skaï neuf, d'aérosols puissants, de produits industriels, et qui enivre, il rentre à pied, poussant sa draisienne, car le moteur s'est soudainement arrêté. La régente, perspicace, investigue pour établir si le dommage est d'importance. Le moteur serait grillé ? Jonathan en est effondré. Qu'a-t-il donc bien pu faire qui induise un tel coup du sort ? Nul individu autour de lui ne peut le rassurer ; il est dans un espace inconsistant, sans interlocuteurs, sans passeurs. Tremblant, il retourne chez le vendeur, un jovial gaillard, qui rit sans malice en lui montrant comment passer sur la réserve.
Jonathan a pris de l'envergure : le voilà à présent sur un engin convoité, estimable, beau comme une italienne, qu'il est ; de surcroît rouge vif, et pourvu de six vitesses. Las de parcourir en échappées solitaires les territoires avoisinants, il a créé une rencontre avec un ancien condisciple. Curieusement, et sans qu'il sache bien pourquoi, car il n'avait jamais sympathisé avec lui auparavant, une chaude amitié est née.
Riton travaille pour son père, dont il est l'apprenti. Le père est un petit bonhomme rondouillard et débonnaire, un Gepetto comme incarné. Riton se désole en évoquant les trésors d'inventivité et de talent de son père, qui parti de compagnon charpentier, fabrique à présent des échelles, des taloches, et toutes sortes d'outils destinés à la construction, car la demande est forte et l'italien ne veut d'échelle qu'en bois qué le alouminiom il té cassé touté netto qué tou tomb' l'éçaffaudage, ecco.
Le père veut-il nettoyer la carène de son bateau, qu'il a, bien entendu construit de ses mains, le lieu adéquat est le toit de l'atelier. Manque une grue. Qu'a cela ne tienne : pays Toulousain-Bon-Enfant file à la casse, à trois pas de chez lui, boit la bonne goutte avec son compère, un méridional superbe à face de gitan, cuir vieilli et réseau de fines cicatrices, musculature d'homme qui lève du métal. Pas en salle. Il suffit de fouiller, de charger de la ferraille, un moteur, de souder, de construire. Deux week-ends après une grue lève sans effort les trois tonnes du bateau, et les pose sur le toit. Comme une plume.
L'homme a bâti sa maison, pitchounette, car il ne voulait pas faire de demande de permis, estimant, avec une logique indiscutable teintée d'anarchisme, que si un compagnon charpentier du Devoir doit demander l'approbation d'un gratte-papier sur son plan, et d'ailleurs il n'en a pas besoin, puisqu il sait où il va, mieux vaut vivre comme un boumian, sur les routes.
Pitchounette. Ainsi, paraît-il, elle se voyait un peu moins. Ce qui se voyait surtout, c'était l'extraordinaire exiguïté des chambres et de la cuisine, et de tout. Jonathan, qui, quoique vivant surtout dans sa chambre, parcourt de longs couloirs et des étages chaque jours, en est tout espanté. Comme de réaliser qu'il dort avec son frère, Riton, partageant le même lit. Il n'aurait pas cru que cela existât.
L'inventeur peu ouvert au négoce, comme s'en désole son fils, est d'une générosité sans borne : il ouvre son atelier, lequel, puisqu' il est un créateur sans limitations techniques, regorge de tout ce que l'on peut imaginer, postes à souder, pistolets à peinture, outillages professionnels tant pour le travail du bois que des métaux. Et en plus de son atelier, sa maison.
Riton dispose d'un engin curieux, peu avenant au premier abord, avec son gros réservoir carré et balourd. Itom, de son petit nom. La marque court en compétition. De fait, la perfide coquine semble à peu près normale jusqu'au deux-tiers de la course des gaz ; puis une accélération implacable, tandis que le moteur prend des tours, onze-mille, douze mille, l'amène à cent, cent-dix. Les pneus sont de vélo, les freins symboliques. La carcasse vibre pendant la montée des tours, les côtes sont avalées comme en se jouant. Splendide, et impressionnant.
Aspirant à posséder un engin aux performances comparables, Jonathan, dans cette atmosphère propice, apprend à tomber un moteur, à limer des tranferts, à virer les chicanes d'un pot, dans la poursuite anxieuse d'un gain de puissance, et une montée des tours. Sans doute seuls les génies, Bugatti ou d'autres, peuvent-ils mentaliser la modification qui libèrera la puissance du moteur : tant de paramètres entrent en compte, la pression de l'air d'entrée, le débit du carburateur, le profil du piston, qui détermine l'aspiration et l'extraction des gaz. A la bonne franquette, limant en collègues, on monte et on remonte le moteur, plusieurs fois par week-ends. On parle beaucoup. On s'explique le monde.
Jonathan va chaque soir attendre son copain à la fermeture de l'atelier. Il aime cette odeur de copeaux, la terrifiante puissance de ces machines, capables de raboter une pièce de bois longue et lourde.
Ils partent, devisant. Un bar, au centre. Ils sont traités comme des habitués, et se rengorgent quand le barman, un maltais colossal, bistre de peau et noir de poil, crie à tue-tête quand ils passent la porte « Et deux brunes pression... ». Ils se racontent de petits rien, en lapant leur demi, avec des mines gourmandes. Jonathan contrefait un peu, il trouve cela amer, d'ailleurs jusque là il n'a jamais bu d'alcool, trouvant le fond de verre de monseigneur, à l'odeur, vomitif. Une légère ivresse monte vite, et les langues se délient.
Riton ne se plaint pas. Il admire son père, si brillamment capable de tant de choses, et se désole que son talent ne soit pas mieux récompensé. Pour lui, il sait : son oncle, le frère de son père, est commercial. Il rigole tout le temps, il joue de la trompette et il roule en Mercedes. Neuve.
Riton veut être commercial.
Jonathan ne comprend pas grand chose à ces préoccupations. Il ne voit pas trop ce qu'il pourra bien faire plus tard.
Jonathan découvre le monde.
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Message  Invité Sam 20 Fév 2010 - 22:44

On rectifie le titre, Silène ?

D'ailleurs, l'erreur dans le titre me semble refléter l'impression générale que j'ai eue à te lire, je trouve que le travail est un chouïa bâclé.
Il subsiste des fautes et des approximations qui ne te sont pas coutumières. Ci-dessous.

Et puis, le rythme même du récit me paraît haché, j'ai du mal à entrer dans cette histoire, les engins pétaradants ne sont pas en cause. Je trouve que les différentes étapes s'articulent mal, ça coince aux jointures, ça manque de lubrifiant. Enfin, avis personnel uniquement.

-aurait pourtant dû l'alerter :
-a échangé contre la jouissance immédiate d'un Ciao, d'une modestie -frôlant l'ascétisme, puisqu'il n'a aucune suspension, contre un été de -travail estival. (ici, j'ai lu et relu ce bout de phrase et ce qui précède, et la syntaxe ne me semble pas faire sens. Ne serait-ce pas : "l'a échangé...")
-Qu'à cela ne tienne : pays Toulousain-Bon-Enfant file à la casse,
-parcourt de longs couloirs et des étages chaque jour
-onze-mille, douze mille, l'amène à cent, cent-dix. (tiret ou pas tiret ?)
-Ils se racontent des petits riens,

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Les engins péraradants Empty Confiture de détresses.

Message  ubikmagic Dim 21 Fév 2010 - 2:37

Toujours cette langue charmeuse, douce-amère, désabusée, badine, qui cache tant de détresses lentement confites, presque avec amour, en autant de petits pots partagés avec les copines et copains... L'élégance de celui qui rit pour ne point pleurer.

Quelques petits défauts mais rien de catastrophique. Mettons ça sur la jeunesse, l'impatience de montrer, de partager...

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Message  CROISIC Dim 21 Fév 2010 - 13:31

Découvrir la "réserve" va devenir un piège. Jonathan le sait déjà ? isn'it ?
Pétarader....ça c'est un beau mot pétard ! On est d'accord hein Silène, moi je ne parle jamais technique....je parle juste du "juteux" d'une phrase, de la trouvaille d'un mot, du bonheur de lire une histoire, que tu me donnes.
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Message  demi-lune Dim 21 Fév 2010 - 16:51

ça se lit bien, c'est plaisant, mais comme Easter, j'ai eu le sentiment qu'il manquait un peu de relecture du texte (j'ai d'ailleurs buté sur la même phrase).
La 1ère phrase me semble très longue, ce qui en complique un peu la compréhension.
Ici et là quelques petites choses, dont, entre autres : "comme incarné" : sans "comme" peut-être ?, des bouts de phrase entre virgules que j'aurais mieux vis entre tirets pour faciliter la lecture ("et d'ailleurs il n'en a pas besoin, puisqu il sait où il va"). Ou encore : "un engin convoité, estimable, beau comme une italienne, qu'il est " : un engin qui est une italienne... l'association masculin-féminin est contestable.
Ah oui, aussi : "un été de travail estival" : ça fait un peu redondant...
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Message  silene82 Lun 22 Fév 2010 - 15:31

Reprisage du texte ; encore merci pour les coms, tous ceux qui prenez la peine d'en poster...

Jonathan a vendu partie de son hoirie : impatient comme le fruste Esaü dont l'exemple, abondamment décliné tant à l'école du dimanche que dans les innombrables fascicules dont les jeunes phalanges de Christ sont inlassablement nourries, puisqu'il est avéré qu'un endoctrinement sain et efficace se construit dès le berceau, et monte très vite en puissance, intelligemment soutenu par la propagande, peinte de couleurs douceâtres, aurait pourtant dû l'alerter : mais il est vrai qu'on ne voit pas ce qu'on a devant le nez.
Tel que le relate l'Histoire Sainte, ou plutôt la Bible, le rustique Esaü troque son droit d'aînesse pour un succulent plat de lentilles confectionné par le rusé Jacob, dont il est dit qu'il s'affectionnait aux tâches de ce type, apanage habituel des femmes.
Jonathan, alléché par la perspective de pétarader en tous lieux qu'il lui plaira, et qui, en ce territoire de buttes escarpées, réalise que l'estimable vélocipède qui le transportait jusque là est tout de même une limitation directement dépendante du temps dont il dispose, de la vigueur de ses mollets, et d'un nombre conséquent d'autres paramètres, a échangé la jouissance immédiate d'un Ciao, d'une modestie frôlant l'ascétisme, puisqu'il n'a aucune suspension, contre un été de travail.
Pénible.
Jonathan est d'une naïveté confinant à l'angélisme, ou à la stupidité, c'est selon. Lors du premier appareillage du superbe engin, qui exhale cette odeur indéfinissable de skaï neuf, d'aérosols puissants, de produits industriels, et qui enivre, il rentre à pied, poussant sa draisienne, car le moteur s'est soudainement arrêté. La régente, perspicace, investigue pour établir si le dommage est d'importance. Le moteur serait grillé, s'interroge-t-elle, avec une doucereuse sollicitude ? Jonathan en est effondré. Qu'a-t-il donc bien pu faire qui induise un tel coup du sort ? Nul individu autour de lui pour le rassurer ; il est dans un espace inconsistant, sans interlocuteurs, sans passeurs. Tremblant, il retourne chez le vendeur, un jovial gaillard, qui rit sans malice en lui montrant comment passer sur la réserve.
Un jour qu'il parcourt, chevauchant l'italique Bucéphale avec superbe, la longue avenue qui amène à la mer, un passant, qui traverse subitement, sans prévenir, l'oblige à dévier brutalement. Peu s'en faut qu'il ne tombe.
Jonathan est pécheur, il ne le sait que trop : dépourvu d'argent de poche dans ses jeunes années, il volait très correctement dans l'aumônière de la régente. Il entretient, à présent, de mauvaises pensées, qui continueront charnelles et finiront masturbatoires, quelque jour. Il déclare tout de go à ses soeurs pour d'obscures combines de Monopoly, qu'elle ne sont que des idiotes. Il est vrai que de la fois où il a très judicieusement usé du mot connes, qui venait si bien en bouche, il a gardé le goût du savon de Marseille dont la régente, implacablement, lui a enduit dents et gencives, avec une onction toute apostolique. Comme il le lui est rappelé à chaque correction, cela lui fait plus de mal qu'à lui.
Mais elle a la force d'en sourire, elle.
Jonathan est donc irrémédiablement perdu, il le sait, puisque sur le bandeau de la coupole du temple, des versets en lettres d'or proclament sa déchéance : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.
Il faut cependant lui concéder qu'il ne fait pas mal à dessein. Et le quidam qui manque provoquer sa chute l'a surtout choqué car il a cru l'écraser.
C'est un arabe, de modèle ordinaire, un des innombrables ouvriers qui vendent leur sueur sur les chantiers du sud. Jonathan aime tous les hommes. Les êtres humains, pour être plus précis.
Mais la montée de l'angoisse d'avoir presque écrasé l'homme est telle qu'il se met à hurler et invectiver l'homme, pour conjurer. Et crier la peur qu'il a eue.
« Dans la Sourle, la prochaine fois, dans la Sourle je te balance... » Il ne sait ce qu'il dit, il tremble d'avoir failli blesser l'homme. Qui ne dit rien, regagne le trottoir. Jonathan repart, refait le tour du pâté ; au moment où il repasse au lieu de l'incident, il voit du coin de l'oeil l'homme courir, et il reçoit soudain un coup terrible sur la nuque, qui lui fait presque perdre le contrôle de son Ciao – bleu pétrole-. Il se retourne ; personne.
Jonathan a pris de l'envergure : le voilà à présent sur une machine convoitée, estimable, belle comme une italienne, qu'elle est ; de surcroît rouge vif, et pourvue de six vitesses. Las de parcourir en échappées solitaires les territoires avoisinants, il a créé une rencontre avec un ancien condisciple. Curieusement, et sans qu'il sache bien pourquoi, car il n'avait jamais sympathisé avec lui auparavant, une chaude amitié est née.
Riton travaille pour son père, dont il est l'apprenti. Le père est un petit bonhomme rondouillard et débonnaire, un Gepetto incarné. Riton se désole en évoquant les trésors d'inventivité et de talent de son père, qui parti de compagnon charpentier, fabrique à présent des échelles, des taloches, et toutes sortes d'outils destinés à la construction, car la demande est forte et l'italien ne veut d'échelle qu'en bois qué le alouminiom il té cassé touté netto qué tou tomb' l'éçaffaudage, ecco.
Le père veut-il nettoyer la carène de son bateau, qu'il a, bien entendu construit de ses mains, le lieu adéquat est le toit de l'atelier. Manque une grue. Qu'à cela ne tienne : pays Toulousain-Bon-Enfant file à la casse, à trois pas de chez lui, boit la bonne goutte avec son compère, un méridional superbe à face de gitan, cuir vieilli et réseau de fines cicatrices, musculature d'homme qui lève du métal. Pas en salle. Il suffit de fouiller, de charger de la ferraille, un moteur, de souder, de construire. Deux week-ends après une grue lève sans effort les six tonnes du bateau, et les pose sur le toit. Comme une plume.
L'homme a bâti sa maison, pitchounette, car il ne voulait pas faire de demande de permis, estimant, avec une logique indiscutable teintée d'anarchisme, que si un compagnon charpentier du Devoir doit demander l'approbation d'un gratte-papier sur son plan, duquel, d'ailleurs il n'a pas besoin, puisqu il sait où il va, mieux vaut vivre comme un boumian, sur les routes.
Pitchounette, la maison. Ainsi, paraît-il, elle se voyait un peu moins. Ce qui se voyait surtout, c'était l'extraordinaire exiguïté des chambres et de la cuisine, et de tout. Jonathan, qui, quoique vivant surtout dans sa chambre, parcourt de longs couloirs et des étages chaque jour, en est tout espanté. Comme de réaliser qu'il dort avec son frère, Riton, partageant le même lit. Il n'aurait pas cru que cela existât.
L'inventeur peu ouvert au négoce, comme s'en désole son fils, est d'une générosité sans borne : il ouvre son atelier, lequel, puisqu' il est un créateur sans limitations techniques, regorge de tout ce que l'on peut imaginer, postes à souder, pistolets à peinture, outillages professionnels tant pour le travail du bois que des métaux. Et en plus de son atelier, sa maison.
Un matin que Jonathan, traînant à l'aube un havresac de pensées morbides, voire suicidaires, vient à tout hasard voir s'il trouvera consolation auprès de Riton, il tombe sur le père, à l'affût de grives et de merles qu'il braconne avec conviction, et qui l'emmène dans la cagna, lui fait un grand bon café, et passe du temps avec lui comme s'il était un fils. Ce que d'ailleurs, il ne fait pas avec Riton, comme celui-ci lui en fera part.
Riton dispose d'un engin curieux, peu avenant au premier abord, avec son gros réservoir carré et balourd. Itom, de son petit nom. La marque court en compétition. De fait, la perfide coquine semble à peu près normale jusqu'au deux-tiers de la course des gaz ; puis une accélération implacable, tandis que le moteur prend des tours, onze-mille, douze-mille, l'amène à cent, cent-dix. Les pneus sont de vélo, les freins symboliques. La carcasse vibre pendant la montée des tours, les côtes sont avalées comme en se jouant. Splendide, et impressionnant.
Aspirant à posséder un engin aux performances comparables, Jonathan, dans cette atmosphère propice, apprend à tomber un moteur, à limer des tranferts, à virer les chicanes d'un pot, dans la poursuite anxieuse d'un gain de puissance, et une montée des tours. Sans doute seuls les génies, Bugatti ou d'autres, peuvent-ils mentaliser la modification qui libèrera la puissance du moteur : tant de paramètres entrent en compte, la pression de l'air d'entrée, le débit du carburateur, le profil du piston, qui détermine l'aspiration et l'extraction des gaz. A la bonne franquette, limant en collègues, on monte et on remonte le moteur, plusieurs fois par week-ends. On parle beaucoup. On s'explique le monde.
Jonathan va chaque soir attendre son copain à la fermeture de l'atelier. Il aime cette odeur de copeaux, la terrifiante puissance de ces machines, capables de raboter une pièce de bois longue et lourde.
Ils partent, devisant. Un bar, au centre. Ils sont traités comme des habitués, et se rengorgent quand le barman, un maltais colossal, bistre de peau et noir de poil, crie à tue-tête quand ils passent la porte
« Et deux brunes pression... ».
Ils se racontent de petits riens, en lapant leur demi, avec des mines gourmandes. Jonathan contrefait un peu, il trouve cela amer, d'ailleurs jusque là il n'a jamais bu d'alcool, trouvant le fond de verre de monseigneur, à l'odeur, vomitif. Une légère ivresse monte vite, et les langues se délient.
Riton ne se plaint pas. Il admire son père, si brillamment capable de tant de choses, et se désole que son talent ne soit pas mieux récompensé. Pour lui, il sait : son oncle, le frère de son père, est commercial. Il rigole tout le temps, il joue de la trompette et il roule en Mercedes. Neuve.
Riton veut être commercial.
Jonathan ne comprend pas grand chose à ces préoccupations. Il ne voit pas trop ce qu'il pourra bien faire plus tard.
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Message  Invité Mar 23 Fév 2010 - 12:07

Quel souffle il faut pour te lire, Silène !
Je m'imagine lisant à haute voix certaines de tes phrases à rallonges... la crise d'asthme ne serait pas loin !

Ceci dit, je prends souvent beaucoup d'intérêt, voire de plaisir, à te lire.

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