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Lucy
ptipimous
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Message  ptipimous Jeu 4 Mar 2010 - 0:31

A présent, les arbres le regardaient.
Lui, sentait son coeur taper dans ses côtes alors que des morceaux de ciel entre les feuilles lui picotaient les yeux.
On était loin d’une forêt et il n’y avait pas l’ambiance d’un bois. D’ailleurs, il n’y avait pas de sous bois. Mais en tournant la tête, il voyait le premier chêne qu’il avait planté, il était tout gosse alors. Son père avait appuyé sur le gland et sur sa main et ils avaient recouvert le trou. L’arbre avait aujourd’hui 40 ans. L’allée de peupliers en avait 30. Il y avait aussi des frênes, des hêtres, des ormes, des sapins, tous plantés par lui, soignés, veillés, taillés par lui. L’oeuvre de toute une vie. Les derniers arrivés étaient 4 bouleaux. Offerts par son fils.
Les châtaigniers étaient la partie des femmes. D’abord sa grand-mère, puis sa mère, puis sa femme. Sa fille s’était trompée et un marronnier croissait tranquillement et sans complexe au milieu des châtaignes.
Son regard balaya sur la droite quatre variétés de saules autours d’un trou d’eau, déjà ridicule alors qu’il était nu. Aujourd’hui, les arbres complaisants trempaient leurs feuilles dans une flaque qui luisait néanmoins au soleil avec un bel aplomb.
Le roi de l’endroit était un immense cèdre planté par son arrière grand-père qui étendait si loin ses branches qu’il ressemblait à Dieu protégeant ses ouailles.

Il adorait ses arbres. Quand le vent se levait, il restait dehors pour les écouter chanter. Et les jours de tempête, c’était un concert d’engueulade entre le tonnerre, la pluie, le vent ; chacun de ses protégés donnait de la voix et craquaient dans un bel ensemble jusqu’à la maison qui leur répondait de ses volets et de sa charpente. Wagner. C’était Wagnerien.
Le lendemain, il faisait le tour, histoire de compter les points et ramasser les morceaux.
Souvent, il se couchait sur le sol, comme à présent, les bras en croix, à en prendre racine, à ce que ses bras s’enfoncent dans la terre, ses jambes aussi et qu’il devienne… eux. Il resterait alors, pliant et craquant sous le vent jusqu’à ce qu’un jour la sève n’ait plus la force de monter et qu’il sèche.
Le soleil était là, la terre avait bu tant et plus, il pouvait s’étendre et regarder voltiger le pollen dans l’air doux, les chatons se poser sur lui. Ses cils se couvraient de jaune, il sentait le poids des poussières dans ses clignements. Il sentait le pollen lui fermer les yeux.
De toute son âme, il restait attentif à la lutte de son corps. Cet effort de son cœur sursautant pour que ses poumons s’ouvrent, ce miracle du passage libre encore, dans son nez et sa gorge.
Il avait fait tout ce qu’il avait pu pour la vie. Il avait semé. Semé des arbres et des enfants. A présent, il était fatigué, un peu. Il aurait bien voulu reposer là, sous ses petits mais on ne le permettrait pas. Qu’avait-il à faire dans un cimetière, sous de la pierre ou même avec une croix en bois. Sa croix était là. Au-dessus. Autours. Partout. Il l’avait élevée de ses mains; il lui avait consacré sa vie. Elle lui coûtait sa vie.
Un coup de vent fit voltiger quelques feuilles.
Il regretterait ses mains dans la terre, l’odeur de l’écorce et le soleil à travers les feuilles. L’automne qui faisait tomber les feuilles en longues spirales, et suivant leur forme, leur trajectoire variait.
Son coeur ralentissait maintenant.
A l’instant où ses poumons se dilatèrent dans un ultime effort pour happer un peu d’air, encore, il vit les arbres rire, lui tendre leurs branches comme des bras pour l’accueillir. Il était bien devenu l’un des leur, il resterait là, finalement. Ils l’avaient tué mais c’était une étape nécessaire. Ses yeux se fixèrent sur le cèdre tandis qu’une feuille de marronnier vint lui couvrir le visage.
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Message  Lucy Jeu 4 Mar 2010 - 3:42

Plutôt joli, ce texte.

Je m'interroge : pourquoi écrire en chiffres plutôt qu'en lettres ? Tout le monde fait ça, maintenant. Cela donne l'impression d'une liste de choses à acheter. C'est une réflexion en aparté...
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Message  Zenati Jeu 4 Mar 2010 - 7:18

ce texte est une belle promenade matinale dans une saison printannière. bien écrit...
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Message  Invité Jeu 4 Mar 2010 - 9:23

C'est un très beau texte, ce regard tourné à la fois vers la vie et la mort, vers le passé et ce qui sert d'avenir. Le personnage me touche beaucoup, son regard sur sa vie et ses accomplissements qui se mesurent à l'aune de la vie des arbres. C'est un texte mélancolique mais pas triste, il foisonne de vie justement.
Là où je suis moins enthousiaste c'est sur l'emploi des temps. J'ai relevé des passages qui me semblent peu clairs à ce sujet :

Souvent, il se couchait sur le sol, comme à présent, les bras en croix, à en prendre racine, à ce que ses bras s’enfoncent dans la terre, ses jambes aussi et qu’il devienne… eux. Il resterait alors, pliant et craquant sous le vent jusqu’à ce qu’un jour la sève n’ait plus la force de monter et qu’il sèche. (je ne comprends pas l'utilisation du conditionnel ici)

Un coup de vent fit voltiger quelques feuilles.
Il regretterait ses mains dans la terre, l’odeur de l’écorce et le soleil à travers les feuilles. L’automne qui faisait tomber les feuilles en longues spirales, et suivant leur forme, leur trajectoire variait.
Son coeur ralentissait maintenant. (il y a quelque chose qui boite dans cette phrase et je pense qu'il s'agit de l'emploi incorrect de l'imparfait)



Son regard balaya sur la droite quatre variétés de saules autour d’un trou d’eau, déjà ridicule alors qu’il était nu. Aujourd’hui, les arbres complaisants trempaient leurs feuilles dans une flaque qui luisait néanmoins au soleil avec un bel aplomb.

je ne comprends pas ce paragraphe, en particulier la première phrase, et plus précisément : " déjà ridicule alors qu’il était nu."

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Message  lemon a Jeu 4 Mar 2010 - 13:40

Pas mal. Un peu confus parfois, surtout dans la deuxième partie où il faut rester concentré pour ne pas décrocher.

Un peu plus de documentation sur les arbres ne nuirai pas. Au delà du bruissement des feuilles on sent que tu es vite limité dans le domaine. Alors que de la doc te donnerait sans doute des idées et un lexique propres à vraiment crédibilisé ton intention.

La première partie est accrocheuse.
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Message  ptipimous Ven 5 Mar 2010 - 23:53

et bien merci et ravie de parvenir à vous retrouver un peu. Je la joue un peu lointaine en n'étant pas beaucoup présente et en vous postant des textes un peu anciens mais la vie, mais la vie...
donc pour éclairer un peu certains :
C'est vrai que je n'aime pas les chiffres non plus. J'ai dû les mettre dans le texte d'origine en le rentrant rapidement, et tellement habituée à les voir là, ils me sont passées sous le nez sans que je les corrige. Ce sera fait !

Chère Easter, merci de tant de sollicitude.
Le conditionnel est justifié par l'hypothèse qu'il devienne "eux". c'est vrai que ce choix de concordance est osé mais je le maintiens.
La phrase boîteuse. Si quelque chose boîte dans cette phrase, c'est peut-être la partie "leur trajectoire variait" qui ne me plait pas complètement. Peut-être "L'automne qui faisait tomber les feuilles en longues spirales, leurs formes différentes rendaient variées leurs trajectoires."

Le trou d'eau avant d'être habillé par les arbres était nu. Et il était déjà ridicule. Alors avec les quatre saules autours, il ressemblait à une flaque.

Merci Lemon de vos conseils avisés. je ne pense pas avoir besoin de documentation sur les arbres car il n'est vraiment pas ici le propos de faire une leçon de botanique ! On me reproche assez souvent d'être un peu trop didactique.
Au fait en signe astrologique gaulois quel arbre êtes-vous ? Personnellement, je suis un Orme !
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Message  Polixène Sam 6 Mar 2010 - 0:59

Ce texte me touche beaucoup du point de vue du contenu, sans même fermer les yeux je suis sous les frondaisons et l'odeur du cèdre me parvient....merci !

Sur le plan de la forme je me permets de remarquer que le mouvement descendant est un peu brutal, rapide, et nous laisse à l'extérieur: nous devons nous contenter de regarder la photo, en quelque sorte ...mais c'est certainement voulu de votre part!!!

A vous lire,encore!!!
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Message  phoenix Sam 6 Mar 2010 - 14:48

J'ai tout simplement aimé lire ce texte, qui est en effet joliment écrit et qui sonne juste !

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