Assignés

[loic]

Assignés

Les ruelles dévalent entre les maisons grises
Emportant à la mer mes voyages immobiles
Aux ferments de l’hiver et le cœur sous la brise
En rêvant de tropiques aux splendeurs imbéciles

Je n’irais je le sais qu’en de viles Aberdeen
Aux teintes déchirées et ternies par le spleen
Allant d’un pas menu et la tête courbée
Assignée par nature en de tristes vallées

Les venelles serpentent parmi les villas blanches
Apportant des sierras le vent de mes errances
Aux ventres d’étés immenses en canicules franches
Envisageant toujours des bruines la fragrance

Je partirais je sais en de rouges Khartoum
Aux nuances brûlées qui dévorent les hommes
Allant d’un pas languide et la tête levée
Assigné par nature aux ciels délavés

[Invité]

Bien sûr ça fait surgir à l'esprit le célèbre "Emmenez-moi" aznavourien...
Il y a un travail sensible de juxtaposition, géographique d'une part avec le groupement des deux premières strophes puis des deux suivantes, et notionnelle d'autre part avec l'idée de fixité ("assignés") et celle d'évasion par l'esprit.
Comme quoi, l'herbe est toujours plus verte etc etc.


Je note une répétition ici :

Je n’irais je le sais qu’en de viles Aberdeen
Aux teintes déchirées et ternies par le spleen
Allant d’un pas menu et la tête courbée

(tu as quelque chose contre Aberdeen ? Moins vile que Glasgow !! )

[Lucy]

"Les ruelles dévalent entre les maisons grises
Emportant à la mer mes voyages immobiles"

J'aime beaucoup ces deux premiers vers.

[Mélusine]

Les deux premiers vers sont un vrai petit bijou

une piste d'envol pour le rêve

[Invité]

J'ai aimé, avec un gros coup de coeur pour les deux premiers vers...

[Manu(manisa06)]

Les ciels délavés que l'on salit du bas.

Un joli voyage que ce texte.

Je partirais ou je partirai ? (conditionnel ou futur ?)

[Polixène]

Pour ma part , j'ai bien voyagé également, surtout vers les rouges Khartoum...

Je soumets quelques remarques :
D'abord la répétition de l'expression "assigné par nature" m'a gênée (à la 2° et 4° strophe) , m'a alourdie dans le voyage;je me dis que c'est voulu, pour jouer sur les contrastes sémantiques .

Ensuite les alexandrins sont parfois claudiquants ,là encore, question :est-ce un effort vers le réalisme pictural? ("les venelles serpentent parmi les villas blanches") :désolée, mais moi je suis du sud et je prononce tout !!! même les liaisons ("emportant à la mer mes voyages immobiles" ) et "assigné par nature aux ciels délavés".

Enfin le conditionnel de "partirais" me questionne ici!

Malgré ces détails , ce poème fonctionne pour moi comme une petite boite à images!!!

[Manu(manisa06)]

Oups j'avais pas vu les alexandrins ...enfin presqu'alexandrins ..

Assignés

Les ruelles dévalent entre les maisons grises --->13 pieds
Emportant à la mer mes voyages immobiles --->13 pieds
Aux ferments de l’hiver et le cœur sous la brise --->12 pieds OK
En rêvant de tropiques aux splendeurs imbéciles --->13 pieds

Je n’irais je le sais qu’en de viles Aberdeen --->13 pieds
Aux teintes déchirées et ternies par le spleen --->12 pieds OK
Allant d’un pas menu et la tête courbée --->12 pieds OK
Assignée par nature en de tristes vallées--->12 pieds OK

Les venelles serpentent parmi les villas blanches--->13 pieds
Apportant des sierras le vent de mes errances--->12 pieds OK
Aux ventres d’étés immenses en canicules franches--->14 pieds
Envisageant toujours des bruines la fragrance--->12 pieds OK

Je partirais je sais en de rouges Khartoum--->12 pieds OK
Aux nuances brûlées qui dévorent les hommes--->12 pieds OK
Allant d’un pas languide et la tête levée--->12 pieds OK
Assigné par nature aux ciels délavés--->11 pieds

[Sahkti]

Si j'apprécie l'atmosphère générale dégagée par le poème, je trouve tout de même que cette rime très visible l'enferme dans quelque chose qui empêche sa force de pleinement s'exprimer.
Grises/brise, par exemple, n'est pas des plus légers.
Répétition peu heureuse, aussi, de je le sais/je sais

Moins séduite cette fois Loïc, désolée. Si je retrouve dans ces lignes ton goût du voyage et des horizons lointains teintés d'amertume, il me manque cette fluidité que tu as pu distiller dans d'autres de tes textes. Une autre fois, certainement.


(et il y a vraiment plus moche qu'Aberdeen... :-)

[Contenu sponsorisé]