Le sourire de Mata Hari

[Ba]

- Entrez madame, entrez.
- Je vous suis bien reconnaissante Père Noël de me recevoir dans votre cabane en développement durable
- C’est le moins que l’on puisse faire pour une personne telle que vous. Hum…hum.
Ils s’asseyent. Lui dans son traineau capitonné or carmin avec banc de satin tendu. Elle dans un fauteuil Louis XV amidonné aux bras. Il n’y a pas de feu dans la cheminée en crépi blanc sur blanc, mais une douce odeur de braise tiède baigne l’atmosphère chaleureuse du séjour décoré par Nicolas le père.
- Alors, que me vaut le plaisir de vous rencontrer enfin ?
- Si je suis venue vous déranger en ces jours de jeûne, cher Noël, c’est pour vous demander conseil.
Elle cherche ses mots à tâtons dans un réticule en coton javanais. Pendant qu’elle fouille avec délicatesse parmi les virgules et les points d’interrogation, Noël tapote la tête frisée de son renne domestique endormi devant l’âtre.

- Voilà, il y a peu, j’ai rencontré un homme charmant
- Enfin !
- Sur un…site panoramique
- Comme je suis heureux pour vous chère Mata, vous permettez que je vous appelle Mata, ma petite M’greet ?
- Oh, avec plaisir Nono ( ils se sourient ) je préfère de loin Mata à Lisa
- Itou, il est plus…
- Avec beaucoup moins…
- C’est toute la nuance ; mais poursuivez, poursuivez
- Cet homme est capitaine à la poste
- Vous voulez dire employé de guichet ?
- De guichet, oui, de guichet à Monte Carlo
- En voilà un excellent parti, à Monte Carlo ! Ma petite « gree gree » vous voilà reine du monde !
- Toutefois, j’ai un doute hésitant qui me trouille la conscience, cher « no »
- Trouille la conscience ? Qu’est-ce à dire mon enfant ?
- Vous n’êtes pas sans ignorer de savoir que ma tête me fait doucement souffrir depuis que je suis sortie de Vincennes
- Ma pauvre amie, oui je me souviens, où avais-je la…
- Je crains en tressaillant que…(elle fouille nerveusement dans son vitellus) ne me trouve, ne me trouve, Puff de poep !
- Calmez-vous, calmez-vous, reprenons depuis le début ; comment s’appelle ce charmant ?
- Je ne le connais que sous son pseudo : H 21
- N1 ?
- Non, 21
- Curieux, curieux, ce nom me dit quelque chose…Attendez…
Un temps. Mata marche de long en large pendant que Noël se gratte la tête. Personne ne peut suivre le déroulement des pensées qui s’agitent sous ces deux cranes. Eux-mêmes ont bien du mal à s’y retrouver. Mata, exténuée, ouvre la fenêtre du chalet. Elle peut voir la cime des pins trembler dans le vent d’ouest tandis que de lourds nuages, crevés par le voyage, trainent leurs valises à roulettes dans un ciel de tapis roulant. Une fine cendre brouille le paysage. Noël se lève brusquement :
- N’y allez pas Mata ! N’y allez pas ! Ce n’est pas un homme pour vous ! Il vous fera du mal !
- Vous croyez ?
- J’en suis sûr ! C’est un faux guichetier !
- C’est bien tard pour moi, « Ich habe ihn aller meiner FüS7e ger ». Déjà je ne m’appartiens plus mon ami, voyez ma faiblesse. Faux guichetier ou pas mon sort est dans son calepin. Oh, comme « als ik u dankbaar voor die mij dierbaar service vriend » ! Adieu, adieu cher ami. Pensez bien à moi, bien à moi. Je cours vers…vers…

Elle sort, non sans avoir déposé sur la joue de Noël un large sourire de suie.

[Invité]

L'Histoire déclinée par Ba... Une bonne occasion d'aller se renseigner mais les infos sont avares de détails sentimentaux.
Je crois toutefois que le réticule était malais.
Je sais que les cranes sont crânes
Je subodore que Noël est toujours une ordure
Et j'adore le "sourire de suie".

[mentor]

Ba, t'es totale loufe, mais j'aime ça, même si je capte pas grand chose

[Manu(manisa06)]

Un monde à part que celui de Ba ...
Mais un monde, c'est déja ça, c'est déja ça !!!

[Sahkti]

3 commentaires ? Allez, hop hop !!

Ba ou mon sourire en lecture, parce qu'elle manie l'absurde, l'histoire (avec un petit et un grand h) et aussi les êtres pour leur faire dire tout et n'importe quoi. Bien balancé, comme si souvent avec toi, Ba.

[Chako Noir]

Bobby Watson n'a pas tout compris mais Bobby Watson a bien aimé. Bobby Watson aime lire des histoires avec Bobby Watson qui rencontre Bobby Watson et qui se demande comment se coiffent les cantatrices et qui met de la suie dans son sourire parce que c'est absurde mais que c'est chouette.

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