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Exo Alexi : A l'est

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Exo Alexi : A l'est Empty Exo Alexi : A l'est

Message  Iryane Dim 7 Mar 2010 - 18:17

C’est aujourd'hui ou jamais.
Fred n’aurait jamais pensé attendre un document administratif avec autant d’impatience. Des semaines qu’il espère, qu’il fait des plans sur la comète. Qu’il s’invente des excuses, pour le cas où la réponse serait négative.
Des semaines qu’il mange à peine,et qu’il ennui sa femme au point qu’elle soupire dès qu’il ouvre la bouche.
Mais elle ne peut pas comprendre ce que ça représente pour lui.
Pour Alice, c’est facile. Ses parents lui ont payé ses études et elle a eu son poste par piston, même si elle s’en défend. On ne me la raconte pas à moi, se dit-il. Son père, un fonctionnaire haut placé, a vite fait de remonter le dossier de sa fille pour qu’elle n’ait plus jamais de soucis à se faire.
Mais lui, c’est autre chose. De famille pauvre, sans soutien moral et financier, il a commencé en bas de l’échelle. Au sens propre comme au figuré.
Et dans le bâtiment, pas évident de monter les échelons.
Il se sert un verre d’eau, qu’il ne boit pas. Verse le tout dans l’évier, et sort finalement un bouteille de whisky. Il se dit que quelque soit la réponse, il va lui falloir un petit remontant. Ou deux.
L’enveloppe est posée sur la table basse. Alice l’a mise bien en évidence, à part des autres courriers. Il aurait préféré qu’elle ne sache pas. Il appréhende son regard lorsqu’elle rentrera. Dans une demi-heure.
Fraîche et pimpante dans son tailleur Chanel, qu’elle se sera payée elle-même. Et moi qui ose à peine lorgner sur les magazines de tuning, de peur qu’elle se mettent en tête de m’acheter une nouvelle voiture. Je n’en veux pas de son argent…
Cette enveloppe, c’est son dernier espoir. Celui de retrouver sa dignité.
Elle n’est pas bien lourde.
Allez, si il a obtenu une moyenne de 12/20, ça restera honorable.
Mais insuffisant.
Ce concours, pour lui c'est l’occasion inespérée de changer de statut social.
Passer de simple ouvrier à cadre.
Il avait appris, révisé, planché sur ses notes et ses cours de rattrapage, jusque tard la nuit.
Heureusement que je n’ai dit à personne au travail, que je passais ce concours.
L’idée d’y retourner demain lui est insupportable.
Je peux plus continuer comme ça. J’en peux plus de son petit air supérieur, alors qu’elle n’est pas plus méritante que moi.
Et pourtant, je l’aime encore. Je crois. Sinon, je ne resterai pas.

Le rabat se décolle bien trop facilement, Fred aurai voulu que ça prenne plus de temps. Là, il n’a plus le choix.

Il repose la feuille.
Pas la peine de la lire une seconde fois.
Il se masse les tempes. Ignore la crampe qui se forme dans son estomac. Retient ses larmes.
Un peu sonné, il secoue la tête comme pour se réveiller, pose la lettre à coté de la corbeille à fruit. Saisi son verre et va jeter l’alcool dans l’évier.
Un léger cliquetis le fait sursauter.
La porte qui s’ouvre sur le sourire faussé de sa presque bien-aimée.
Étrangement, là, tout de suite, il n’a envie que d’une chose : fuir.
Pourvu qu’elle ne me demande rien, je ne le supporterai pas.
_ Bonne journée mon chéri ? Tu as vu le courrier, y’avais une lettre pour toi. C’était pour ton concours non ?
Elle lance un coup d’œil rapide vers la table basse, constatant l’absence de l’enveloppe.
Fred garde un visage hermétique, il ne veut rien laisser transparaître. Qu’est-ce-que je lui répond ?
Les quelques secondes qui suivent paraissent durer des heures. Il la regarde s’affairer, rincer son verre qui sent le whisky, l’essuyer avec un torchon propre. Elle retire ses escarpins, suspend son manteau, pose son sac à main. Refait son chignon avec soin. Elle ne semble même pas attendre ma réponse. Comme si ça lui était égal finalement, puisque cela ne changera en rien son quotidien, à elle.
Enfin, elle s’étire et s’assied sur le canapé en cuir.
_ Chéri ?
Il recule d’un pas, espérant se fondre dans le mur.
_ Fred, qu’est-ce qu’il y a ? Tu es tout pâle ?
La porte d’entrée n’est pas si loin. Je pourrais m’enfuir se dit-il, le temps qu’elle remette ses chaussures, elle n’aura pas le loisir de me rattraper.
Tout, sauf supporter ses hauts cri qui ne manquerait pas de l' achever. Définitivement.
Sa main est déjà sur la poignée, lorsqu’Alice se lève et décrète, sûre d’elle,
_ écoute, c’est ton concours, c’est ça ? Faut dire que de suite, tu tentes un catégorie A, sans vouloir te décourager, c’était risqué, non ? Un catégorie B aurait été suffisant pour un début.
La garce. Elle n’a jamais cru en moi. C’est facile pour elle, c’est …
Il serre les poings, la mâchoire, se contient.
_ Chéri dis quelque chose …
Non, il ne vaut mieux pas, crois-moi.
Alice fait un pas vers lui, puis se ravisant, préfère se servir un verre. De jus d’orange bien sur. Il ne lui viendrai jamais à l’idée, à elle, de souiller son noble foie avec de l’alcool.
_ Bon, tu parleras quand tu seras décidé.
Plutôt être sourd que d’entendre ça. Sa mère disait la même chose et préférait le laisser dans son mutisme plutôt que de chercher à comprendre. Cette femme que j’ai épousé ne vaut pas mieux finalement.
_ Pour te dire quoi.
Bon sang, ma voix, on croirait que j’ai fumé dix clopes sans discontinuer tellement elle est enrouée.
Elle se fige, le verre encore aux lèvres.
_ Qu’est-ce que tu veux que je te dise, puisque tu es certaine que j’ai raté ce concours.
_ Tu l’as réussi ? Je disais ça, parce que tu faisais une tête d’enterrement, donc j’en ai déduit …
_ non, dis pas de conneries. Tu n’as jamais pensé que je puisse le réussir. Je n’ai pas fait d’étude moi. Je n’ai pas un père omniprésent et puissant. Je n’ai plus de père d’ailleurs…
_ mais … qu’est-ce que tu racontes, tu …
Il lève la main, lui intimant de se taire et poursuit,
_ je ne suis qu’un peintre en bâtiment. Je gagne trois fois moins que toi, tu m’entretiens. Ce concours, c'est pour être à égalité avec toi. Pour passer à un autre stade de ma vie. Est-ce que tu peux comprendre ça ?
_ Mais enfin c’est idiot, ça ne me dérange pas que tu sois ouvrier, et je n’y peux rien si mon salaire …
_ Voila. Moi non plus j’ y peux rien. C’est comme ça. Je suis trop peu intellectuel pour réussir un fichu concours, pas vrai ?
_ Bon, et après. Tu es un manuel, y’a pas de honte à ça.
_ tss arrête un peu tu veux ?
Il ne peut rien ajouter de plus, sentant que s’il continu, il risque de dépasser les limites implicites de ce qu’il est convenable de dire à une épouse.
Déjà, là, la mine déconfite et les yeux hagards d’Alice sont comme deux indices qui devrait le mettre en garde.
Et pourtant, après quelques instants, il reprend.
_ Tu veux que je te dise …
_ Non, je ne suis pas sûre de vouloir enten…
_ C’était pas une question Alice. Juste rhétorique.
Là par exemple. Tu hausses le sourcil, tu parais surprise que je connaisse ce mot, rhétorique. Ça, ça m’agace prodigieusement. Prodigieusement oui. Ton air supérieur …
Elle pince les lèvres, ce qui accentue encore plus son coté pimbêche.
_ si tu savais comme tu es pathétique parfois … tiens, regarde cette fichue collection, dit-il en balayant du regard les murs du salon. Tu ne t’es jamais demandé si ça me dérangeait de voir sa tête tous les jours ? Tu l’as même mis dans la chambre ! Alain Delon par ci Alain Delon par là… non mais tu as vu la tête qu’il a aujourd’hui ton Delon ?
En proférant ces mots, il se dit que là, il vient de dépasser la limite. Profaner son idole, ça risque de la faire sortir de ses gonds. Et ce ne serait pas si mal, car elle lui parait plutôt molle.
Mais non, elle s’assied, penaude et sonnée, comme si il l’avait giflé.
D’un coup, sa colère retombe. Il se retrouve en sueur, crispé et tremblant, comme sortant d’un cauchemar.
C’est sur que je n’aurai jamais du lui dire tout ça, mais ça fait rudement du bien…
Maintenant, elle lui fait pitié, avachie sur le canapé… les épaules rentrées, tête baissée, mains sagement posée sur les genoux, elle lui rappelle sa sœur. Pour ses 18 ans, assise sur la moquette, lorsqu’elle a vu devant ses yeux s’effondrer le mur. Elle lui avait pris la main, alors qu’elle n’était pas du genre affectueuse, loin de là…
Eva voulait qu’il regarde événement avec elle, mais il ne saisissait pas bien ce que tout cela impliquait. Ils n’étaient pas nés du bon coté, et le jeune garçon les jalousait un peu. La rumeur disait qu’eux, ils étaient bien plus riches. Qu’ils avaient tous un travail, une maison bien à eux et les enfants avaient bien plus de cadeau à noël. Sa sœur lui broyait la main, lorsque les hommes avaient commencé à détruire, parpaing après parpaing, ce mur bariolé qui séparait le pays en deux.
Il se rappelle qu’ils étaient resté blottis l’un contre l’autre, immobiles et sous le choc.

Alice est à l’ouest. Je suis encore à l’est. Il m’est impossible de franchir le mur qui nous sépare. Pas même un simple canapé.
Frederich recule encore un peu, saisi la poignée de la porte d’entrée. Qui évidemment grince lorsqu'il l'ouvre. Il a déjà un pied de l'autre coté et le regard tourné vers la rue lorsqu'il entend la voix grinçante de sa moitié.
_ je te préviens. Si tu passe cette porte, tu ne reviens pas.
Alors ça, c'est quand même fort.
Elle passe son temps à me rabaisser, à s'acheter des toilettes plus chère les une que les autres, me narguer avec ses montres de joaillier, alors que je n'ose même pas acheter une chemise neuve ...
Elle m'a trompé avec un homme, plus riche et plus musclé que moi. Je lui ai pardonné, et jamais je n'ai songé la menacer tel qu'elle l'a fait.
Frederich est figé sur le seuil de sa porte.
Il ne le sait pas, mais il a de quoi effrayer quiconque poserai son regard sur lui.
Le visage déformé par la crispation, le cou tendu en avant, la sueur perlant sur ses tempes.
Il tremble presque, à force de serrer les poings.
Non, il ne passera pas la porte. La délimitation au sol, entre le parquet de l'entrée et le béton de l'escalier, lui fait l'effet d'une frontière infranchissable, du moins, tant qu'il n'aura pas résolu le problème. Un Sacré. Gros. Problème.
_ Je ne reviens pas. C'est ce que tu as dit ?
_ Oui. Tu es ...odieux !
_ Je suis odieux. Tu me trompes avec le premier venu, tu affiches tes grands airs et tu ne me crois pas une seconde capable d'obtenir un concours. Moi, je ne fais que te dire que je te trouve pathétique, hautaire et envahissante avec ton Alain Delon, et tu me fiche dehors ? Tu sens pas qu'il y a comme un problème là ...
_ Tu n' as jamais accepté que je gagne plus que toi. Tu gâches tout. Ce serait tellement simple si ...
Elle élude la question, à coup sur. Elle s'est anéantie seulement lorsque je lui ai parlé de son acteur favori, il n'y a que ça qui compte à ses yeux.
_ Tu n' as jamais pensé à te faire soigner ? Sérieusement, ton adulation, c'est maladif. Et j'en peux plus moi, de voir sa tête partout.
_ Il suffisait de le dire, marmonne Alice résignée.
_ il... mais enfin c'est évident ! Tu le sais que je l' aime pas, tu devrais te douter que supporter en permanence sa tronche...
_ non mais de quoi tu parles ... là; c'est toi qui es obsédé par Alain Delon, c'est pas de lui dont il est question, mais de toi et moi, de notre couple...
Elle semble manquer d'air et se met à se ronger un ongle.
La raison de Fred vacille encore un peu, il se demande si c'est une feinte, si elle ne cherche pas juste à sauver ses posters par tous les moyens.
D'une démarche peu assuré, il fait le tour de la pièce, arrachant au passage toutes les représentation de l' icône. Du coin de l'oeil, il observe Alice, qui blémit mais ne dit mot.
Elle gémit juste un peu, lorsqu'il détache la photo dédicacée de la main de la star.
Il s' apprête à la déchirer et se ravise, pensant à la petite fortune que ce représentera quand le grabataire aura passé l' arme à gauche.
_ voilà ! C'est plus vivable là déjà ...
_ c'est pas ça, le réel problème et tu le sais bien.
Si elle me reparle de ce fichu concours, je la traîne dans le palier, par les cheveux s'il le faut. Oust, dehors.
Même si la maison est à son nom, dotation de son maudit père...
Un silence lourd de non-dit s' installe. Et pourtant, il a l'impression d'avoir déballé tout ce qu'il avait à lui reprocher. Fred se sent exténué, vidé. Lassé de se battre.
Il irai bien faire une sieste.
Quelques affaires vite empilées dans son sac de sport et cette fois, il passe la porte, sans remords, pour une nouvelle vie.
Le portable déjà collé à l' oreille, son ami Franck ravi de l' accueillir pour une nuit, ou plus.
Fred part serein, étrangement détaché de tout, et surtout d'elle.
Libéré.


La porte se ferme dans un chuintement désagréable.
Alice fixe depuis dix minutes, un coin de feuille qui dépasse, tout minuscule, presque insignifiant.
Du bout des doigts, elle tire dessus, doucement.
Repose lentement la feuille.
Pas la peine de la lire une seconde fois.
Elle se masse les tempes. Ignore la crampe qui se forme dans son estomac.
Ne parvient pas à retenir ses larmes.
Sa vision se brouille et elle fini détourner le regard de ce mot écrit si gros, en caractère d'imprimerie.
« REÇU »

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Message  Halicante Dim 7 Mar 2010 - 19:59

Je trouve l'idée intéressante, celle de deux êtres élevés dans deux systèmes de pensée différents et qui ne parviennent pas à changer de comportement. Quelques longueurs, peut-être, et l'histoire avec Alain Delon un peu trop appuyée.
Pour ce qui est des contraintes, je trouve que tu t'en sors bien, vu la difficulté à les caser (je me suis moi-même arraché les cheveux...)
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Message  Invité Lun 8 Mar 2010 - 11:00

Pas mal l'idée mais je trouve que ça tourne quand même en rond, on a vite compris le problème, le récit s'appesantit trop. Et je trouve un côté artificiel à certains dialogues.
Pas mal de coquilles, trop flemmarde aujourd'hui pour relever :-)

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Message  abstract Dim 14 Mar 2010 - 17:51

Je n’ai pas vraiment compris le rapport avec la nouvelle de Sherman Alexie, pour tout dire je me suis demandé si tu l’avais lue. Je n’ai rien trouvé de sous-jacent ou de non dit dans ton texte, que du contraire, on s’y perd presque tant tu laisses peu de place à l’imaginaire du lecteur. La fin est tellement téléphonée, qu’on peine à poursuivre la lecture du récit. J’ai vraiment l’impression que tu es passée à côté de l’exercice.
Voilà, j’espère pouvoir te donner un avis plus positif sur un autre texte.
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Message  Kilis Lun 15 Mar 2010 - 10:00

Bon, désolée Iryane, je vais être un peu brutale, peut-être.
Tu as aligné 12741 signes et cependant te lisant, je n'ai rien éprouvé sinon de l'ennui. Je veux dire, ce long texte n'a éveillé aucun intérêt en moi. L'écriture est banale, bâclée, les idées mêmement. Les lieux et les personnages sont sans vie propre.
Dommage, car je sens que tu as une envie et une facilité d'expression.
Je pense sincèrement que tu devrais travailler des textes beaucoup plus courts en te concentrant sur ce qui te paraîtrait important qu'ils dégagent, ce que tu voudrais vraiment évoquer et faire passer au lecteur.
Kilis
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