Mais quand tu n'es pas là...

[Cythéria]

*

Mais quand tu n’es pas là,
Toutes les pierres s’effondrent,
Les tours se relèvent
Et me voilent de pénombre.

Je sens venir un vent
Dénué de parfums,
Un vent qui me détache
Vers de lointains confins.

Et il souffle le Rien,
Le hurle dans ma tête,
Il me couvre de liens
Qui crèvent le Paraître.

Je voudrais ressentir,
D’un seul coup de mon cœur,
Les fruits de tes silences
Qui martèlent les heures ;

Je voudrais que tes mots
M’apprennent la survie
Car si tu n’es plus là,
Le monde est un désert
Qui dans un cri se plie...

Alors, les choses, les êtres,
En moi s'anéantissent,
Sauf cette phrase inerte
Qui cogne et qui raisonne... :
« Pourquoi tu m’abandonnes ! »...

*

[Invité]

Je pense que votre poème souffre d'une indécision de base : le lecteur (moi, en l'occurrence) ne sait pas si oui ou non vous avez voulu écrire en vers rimés. La disposition centrée et le fait que chaque ligne commence gentiment par une majuscule incite à le penser, mais le rythme en est incertain (première strophe, si on compte les syllabes selon les règles de la prosodie : le premier vers comporte 6 syllabes, le deuxième 7, le troisième 5 et le quatrième 7) et la rime approximative, tantôt là, tantôt réduite à l'assonance ("s'effondrent"/"pénombre", "parfums"/"confins" – ce n'est pas la même diphtongue en fin de mots –, "tête"/"Paraître"), tantôt absente (les vers 1 et 3 de chaque strophe n'ont pas l'air de rimer, je me dis que c'est exprès, et patatras voilà une rime "Rien"/"liens" qui vient casser le schéma de rimes que je croyais commencer à discerner !).

Si j'ajoute que le sujet est plutôt rebattu et traité de manière tout de même bien nébuleuse, mais pas du nébuleux-poétique pour moi, non, du nébuleux-confus, vous aurez compris que votre poème, dans l'ensemble, ne m'a pas convaincue. Je pense que vous avez intérêt à choisir d'abord sous quel type de forme vous voulez écrire et que le texte le signale plus nettement au lecteur, sinon vos tâtonnements donnent une impression de maladresse.

Une remarque :
"Sauf cette phrase inerte
Qui cogne et qui résonne... :", d'après le contexte, car, si la phrase "raisonne", ça veut dire qu'elle réfléchit.

[valérie catty]

C'est dommage car il y a de belles images.
Et il souffle le rien
Le hurle dans ma tête"
Ce pourrait être un joli poème.

[Hellian]

S'il existe, pour moi, une règle en poésie, c'est celle-ci : plus le sujet est banal, plus le traitement doit être original. l'abandon étant une antienne, il nous faut donc du... nouveau.là, ce n'est pas totalement raté sur ce plan. Comme le souligne Valérie, certaines images sont intéressantes. Ensuite, c'est vrai que nous sommes aux prises avec une certaine confusion et dans une récurrence thématique et métaphorique (le rien, les lointains confins, le désert, l'anéantissement ) dès lors, le poème semble long un peu répétitif.

En effet, pour moi, s'il existe une autre règle en poésie, c'est celle-là : d'une manière ou d'une autre, un poème doit raconter une histoire, surprendre et le premier supris doit être l'auteur.

En fait, je me demande si la strucure de l'écriture poétique n'obéit pas, toute proportion gardée aux même règles que celles de l'écriture romanesque, voire du roman policier... Voyez "'Le dormeur du val " si ce n'est pas bluffant ;"Le bateau ivre " s'il n'y a pas des rebondissements : Les peaux rouges, le noyé pensif, les maelstroms en rut, etc..

[Sahkti]

Je ne prononcerai par sur le nombre de syllabes et sur l'équilibre métrique de tel ou tel vers (il y a de vrais spécialistes sur ce site dans ce domaine) mais à l'oreille, j'ai trouvé ça un peu bancal et en le lisant à voix haute, c'est non seulement saccadé de manière peu harmonieuse mais également hésitant dans le rythme.

A cela, j'ai envie d'ajouter que ce drôle de rythme choisi, ce format, cette forme centrée, ces vers courts... tout cela ne permet pas à un texte dont le thème a été si souvent rebattu de réellement décoller. Ce n'est pas que c'est lisse, c'est que ça me paraît figé, englué dans une volonté qui ne s'exprime pas clairement.
Alors je suis passée à côté, désolée.

[Rêvelin]

"Une remarque :
"Sauf cette phrase inerte
Qui cogne et qui résonne... :", d'après le contexte, car, si la phrase "raisonne", ça veut dire qu'elle réfléchit."

ça pourrait être, justement, LE truc intéressant du poème
malgré, c'est vrai, quelques images clichées mais bien traitées.

Je me trouve très dur, mais ...


"En effet, pour moi, s'il existe une autre règle en poésie, c'est celle-là : d'une manière ou d'une autre, un poème doit raconter une histoire, surprendre et le premier surpris doit être l'auteur."

Pour ce qui est de l'histoire, il faudrait définir ce terme, un poème peut être un tableau ( malgré la chronologie des lignes et donc de la lecture ). Il raconte, oui, une histoire ? peut être

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