Les éléments
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Reginelle
Sahkti
CROISIC
outretemps
Yellow_Submarine
Roz-gingembre
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Les éléments
La tempête lui a dit : je t’apprendrais trois choses : la mort, l’impossible et la présence dans l’absence.
Stupide ! La mer connaissait déjà.
Le Fou de Bassan l’avait tuée.
Un Fou de Bassan n’est pas fou. Sauf quand il plonge. Et s’il plonge c’est pour survivre. Le reste du temps il vole. En toute pugnacité.
Le Fou de Bassan est un bel oiseau au cou jaune musclé et aux ailes blanches sauf le noir au bout des envergures. Ses plumes sont imperméables pour s’enfoncer plus profondément dans la mer quand il la pénètre, voilà aussi pourquoi le cou jaune musclé : pour tenir le choc.
Pas elle.
Pulvérisée par le plongeon du fou c’est le front de la mer contre la vague qui éclate.
Elle meurt une première fois.
Muette.
Il parait qu’on a trois vies.
La mer aussi?
Impossible.
Impossible n’est pas un oiseau marin migrateur. Ou alors il aurait avalé une pendule en retard. Comme si le Fou avait besoin d’une pendule pour prendre le large. Il n’a pas le choix, il prend le large, c’est plus fort que lui, il peut toujours tenter de lutter contre les marées, c’est la mer qui décide et qui crie à l’oiseau le chemin. L’ile peut toujours se plaindre d’être abandonnée l’oiseau de toute façon, part. L’impossible est ce qui fait partir l’oiseau au large trop longtemps.
Et revenir.
Du varech plein le bec pour mieux faire nid.
Alors l’ile se sent belle et elle y croit encore. Elle l’accueille, le reçoit. L’ile est une amoureuse enracinée dans la mer même si parfois elle aimerait bien un bon raz de marée pour disparaitre ailleurs que sous le guano de l’impossible qui fait qu’une fois parti, le Fou est encore là. Mais ce n’est pas la mer qui décide du raz de marée ni du départ de l’oiseau.
Toujours là, en mémoire et présent dans son absence, chaque jour froid de l’hiver qui ne passe pas.
L’absence de l’oiseau gèle.
Il parait qu’on a trois vies
Elle ferait bien de surveiller le ciel. Derrière les nuages, la lumière blanche qui dit la vie comme le soleil qui dit la mort comme le tunnel qui dit encore ça fait trois.
La tempête peut toujours aller se faire voir.
Stupide ! La mer connaissait déjà.
Le Fou de Bassan l’avait tuée.
Un Fou de Bassan n’est pas fou. Sauf quand il plonge. Et s’il plonge c’est pour survivre. Le reste du temps il vole. En toute pugnacité.
Le Fou de Bassan est un bel oiseau au cou jaune musclé et aux ailes blanches sauf le noir au bout des envergures. Ses plumes sont imperméables pour s’enfoncer plus profondément dans la mer quand il la pénètre, voilà aussi pourquoi le cou jaune musclé : pour tenir le choc.
Pas elle.
Pulvérisée par le plongeon du fou c’est le front de la mer contre la vague qui éclate.
Elle meurt une première fois.
Muette.
Il parait qu’on a trois vies.
La mer aussi?
Impossible.
Impossible n’est pas un oiseau marin migrateur. Ou alors il aurait avalé une pendule en retard. Comme si le Fou avait besoin d’une pendule pour prendre le large. Il n’a pas le choix, il prend le large, c’est plus fort que lui, il peut toujours tenter de lutter contre les marées, c’est la mer qui décide et qui crie à l’oiseau le chemin. L’ile peut toujours se plaindre d’être abandonnée l’oiseau de toute façon, part. L’impossible est ce qui fait partir l’oiseau au large trop longtemps.
Et revenir.
Du varech plein le bec pour mieux faire nid.
Alors l’ile se sent belle et elle y croit encore. Elle l’accueille, le reçoit. L’ile est une amoureuse enracinée dans la mer même si parfois elle aimerait bien un bon raz de marée pour disparaitre ailleurs que sous le guano de l’impossible qui fait qu’une fois parti, le Fou est encore là. Mais ce n’est pas la mer qui décide du raz de marée ni du départ de l’oiseau.
Toujours là, en mémoire et présent dans son absence, chaque jour froid de l’hiver qui ne passe pas.
L’absence de l’oiseau gèle.
Il parait qu’on a trois vies
Elle ferait bien de surveiller le ciel. Derrière les nuages, la lumière blanche qui dit la vie comme le soleil qui dit la mort comme le tunnel qui dit encore ça fait trois.
La tempête peut toujours aller se faire voir.
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Les éléments
Un texte à clés. Celle-ci fonctionne trop bien à mon avis :
L’ile est une amoureuse enracinée dans la mer même si parfois elle aimerait bien un bon raz de marée pour disparaitre ailleurs que sous le guano de l’impossible qui fait qu’une fois parti, le Fou est encore là.
Virer l'amoureuse.
J'aime, j'adore la poésie du texte. J'aime, j'adore la chute.
je t’apprendrai (futur et pas conditionnel) trois choses
Il paraît qu’on a trois vies. (mon obsession pour les i chapeautés !)
L’ile est une amoureuse enracinée dans la mer même si parfois elle aimerait bien un bon raz de marée pour disparaitre ailleurs que sous le guano de l’impossible qui fait qu’une fois parti, le Fou est encore là.
Virer l'amoureuse.
J'aime, j'adore la poésie du texte. J'aime, j'adore la chute.
je t’apprendrai (futur et pas conditionnel) trois choses
Il paraît qu’on a trois vies. (mon obsession pour les i chapeautés !)
Invité- Invité
Re: Les éléments
ça fait deux :-)Easter(Island) a écrit: J'aime, j'adore la poésie du texte. J'aime, j'adore la chute.
Invité- Invité
Re: Les éléments
Peu convaincue, je dois dire. Je trouve l'"intention poétique" trop visible, trop appuyée, et les répétitions maniérées : un texte faussement modeste, pour moi.
Mes remarques :
« La tempête lui a dit : je t’apprendrais trois choses » : « t’apprendrai », non ? Il me semble que le sens appelle un futur ici
« Il paraît qu’on a trois vies »
« L’île peut toujours se plaindre »
« Alors l’île se sent belle »
« L’île est une amoureuse enracinée dans la mer même si parfois elle aimerait bien un bon raz de marée pour disparaître »
« Il paraît qu’on a trois vies » (manque le point à la fin)
Mes remarques :
« La tempête lui a dit : je t’apprendrais trois choses » : « t’apprendrai », non ? Il me semble que le sens appelle un futur ici
« Il paraît qu’on a trois vies »
« L’île peut toujours se plaindre »
« Alors l’île se sent belle »
« L’île est une amoureuse enracinée dans la mer même si parfois elle aimerait bien un bon raz de marée pour disparaître »
« Il paraît qu’on a trois vies » (manque le point à la fin)
Invité- Invité
Re: Les éléments
cela me fait songer aux épreuves imposées à "L'enfant qui voulait être un ours", magnifique dessin animé au demeurant
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
Age : 52
Localisation : Fougères
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: Les éléments
Roz, t'es trop poête pour moi. De très beaux émois, mais des clés sans doute, des clés que je n'ai pas.
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Les éléments
J'aime les Fous de Bassan. Rien que leur nom est magnifique. J'aime l'idée qu'ils puissent tuer la mer. En fait, j'ai tout aimé dans ce texte mais je ne sais pas le dire peut être parce que je n'ai pas compris, mais ça n'a pas d'importance puisque j'ai aimé.
Re: Les éléments
Mon commentaire va être pauvret parce que je n'ai rien à redire à ce texte, je l'aime tel quel et le prends dans son intégralité. Je l'ai lu tout à l'heure puis viens d'y revenir et la magie opère toujours.
Non seulement j'aime l'aspect mystérieux qui le nimbe, cette écriture poétique mais aussi cette impression de pénétrer dans une intimité qui se murmure doucement à l'oreille, le temps que la porte vers la caverne secrète s'ouvre et là... c'est le plaisir qui domine.
Non seulement j'aime l'aspect mystérieux qui le nimbe, cette écriture poétique mais aussi cette impression de pénétrer dans une intimité qui se murmure doucement à l'oreille, le temps que la porte vers la caverne secrète s'ouvre et là... c'est le plaisir qui domine.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Les éléments
Sans commenter un commentaire, je suis comme Sahkti. Je l'ai lu tout à l'heure, et j'y reviens encore maintenant,
Un texte que je prends aussi tel qu'il est, avec beaucoup de plaisir.
Et duquel je n'ai pas envie de dire plus que "j'aime", de peur de lui porter une quelconque atteinte.
alors, J'aime.
Un texte que je prends aussi tel qu'il est, avec beaucoup de plaisir.
Et duquel je n'ai pas envie de dire plus que "j'aime", de peur de lui porter une quelconque atteinte.
alors, J'aime.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 73
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: Les éléments
moi j'en apprends sur l'ornithologie et ça me plait :-)
beaucoup de mystère et de poésie dans ce texte intimiste
il laisse un drôle de goût
beaucoup de mystère et de poésie dans ce texte intimiste
il laisse un drôle de goût
Re: Les éléments
J’ai vraiment apprécié ce texte. Justement, parce qu’il n’est pas explicite. Parce qu’il ne m’impose pas une lecture. J’aime beaucoup ces images qui me permettent d’extrapoler. J’y ai ressenti une fabuleuse histoire d’amour, de celle qu’on ne peut pas raconter avec des mots.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 54
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: Les éléments
Première lecture, je me demande ce qu'est cette tentative de paraître poétique, je doute de toi, puis de moi : n'ai-je donc rien compris ?
Deuxième lecture, ton texte s'illumine, je le vois, le ressens et me l'approprie. C'est beau, fin et percutant... Bravo =)
Deuxième lecture, ton texte s'illumine, je le vois, le ressens et me l'approprie. C'est beau, fin et percutant... Bravo =)
Re: Les éléments
Un joli texte poétique.
Il mêle des miettes de sens, des sensations et des images : particules élémentaires qui composent une émotion.
Il n’y a pas une cohérence d’ensemble, une rationalité à rechercher. Juste des fragments. Des fragments d’un discours amoureux, comme dirait Roland Barthes.
Merci Roz.
Il mêle des miettes de sens, des sensations et des images : particules élémentaires qui composent une émotion.
Il n’y a pas une cohérence d’ensemble, une rationalité à rechercher. Juste des fragments. Des fragments d’un discours amoureux, comme dirait Roland Barthes.
Merci Roz.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: Les éléments
je l'avais raté, celui-là. Mais toi tu ne l'as pas raté. Il dégage une sacrée énergie, ton texte, Roz ! Je ne dis rien de la poésie, ne pouvant que plussoyer ( !!!)
Invité- Invité
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