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[Rêvelin]

Et ça recommence, tout, tournez manèges, un peu de vie sur les roues dentées, le regard qui s’allume un instant, virevolte et plus loin, comme un soldat de papier mâché, tu retombes en avant dans l’abîme. Le temps continue de danser. Bientôt ce sera l’été, les rires, l’hiver, l’automne, que sais-je ? Bientôt tu t’écrouleras de nouveau sur toi-même : le monde aura pris tes yeux en sacrifice … C’est une vieille image et pourtant comme elle sonne ! Tu l’entends. Sur le parvis de ta mémoire. Elle a toujours résonné ainsi. Tu as toujours cru au printemps, pourtant, non, tu es passé de l’hiver à l’été sans transition. Les saisons tournent et toi, tu es comme un 31, sur ton 31, tu éclates. Tu cries « Famine » ! Et famine attend ; famine a faim. Famine c’est ta chienne qui crie à la mort 6 fois l’an.
Le temps tu croyais en avoir fait le tour, pas de douche, une envie de s’envoler plus loin que l’horizon, tu riais. Tu le prenais sous la hanche et le faisait tourner comme une toupie monde ; et tu tournais avec lui, heureux comme avec une femme, avant que l’automne et sa prison de feuilles presque mortes se glissent entre tes mains fanées. Et ce n’est que du vent, le temps n’est que du vent sur tes cheveux tantôt gris tantôt blonds, qui cassent. Et ce n’est que du vent, le temps n’est que du vent, sur tes cheveux, de vent, le temps, qui casse, et tournez manèges

Spoiler:

[Invité]

Je trouve qu'il manque quelque chose... il s'en faut de peu que le texte me touche, que je touche du doigt cette angoisse en sous-main. La fin me paraît meilleure que le début, à partir de "et tu tournais avec lui". Avant, je me sens baladée de côté et d'autre.

[Invité]

Ah je vois bien ceci comme des cercles concentriques qui se resserrent alors qu'on arrive au point, au moment crucial. Au début, on tourne, on vire, on virevolte large, on a de l'amplitude ; puis au fur et à mesure, on a moins de marge de manœuvre, le mouvement se fait plus restreint. C'est de toute façon terriblement déstabilisant, si peu à quoi s'accrocher (je parle de l'expérience de "tu" mais aussi du traitement du sujet). E la nave va...

[Carmen P.]

Une prose très poétique.
Le début, surtout les premiers mots avec"... tout, tournez manège...", m'a gêné, mais petit à petit j'ai perçu le rythme que tu as donné à tes mots.
Je ne suis pas spécialement d'accord avec le fond, qui parle de nos limites humaines dans la perception du temps, mais ton texte a une quallité littéraire certaine.
Hier en pensée, j'ai dit aux érables que je les aimerais même quand sera venue la saison de l'Automne.

[Hellian]

Quelque chose de vertigineux, oui qui mériterait, à mon avis ,d'être densifier à la faveur d'un petit élagage... J'aime beaucoup le caractère obessionnel des répétitions.

[Invité]

J'ai vu dans "réponses à commentaires", le sujet évoqué dans ce texte, je l'avais déjà lu, sans connaître cette précision. Je n'étais pas trop entrée dans ce tourbillon, pourtant je le ressens bien plus en relecture.

[Polixène]

A mon avis, le côté ritournelle infernale est suffisamment bien rendu sans avoir besoin d'utiliser 2 fois le "tournez manèges" qui plombe la cruelle (et fascinante) légèreté de l'ensemble .
Chouette texte, pourquoi ne l'as-tu pas proposé en prose?

[Sahkti]

Le mouvement est perceptible, de plus en plus vif, à l'image du tourbillon de la vie. Dès lors, il n'est peut-être pas utile d'insister sur ce point dans le texte, son rythme parle de lui-même et fait ressortir de manière réussie (et réaliste) l'enchaînement qui conduit à l'irréversible. Il y aurait donc possibilité de supprimer l'un ou l'autre terme redondant sans que cela nuise à l'ensemble, au contraire. Un ensemble que je trouve bien mené.

[Tristan]

à part le début un peu maladroit dans son jeu de mots :

Et ça recommence, tout, tournez manèges

je trouve le tout très ample, très poignant, avec certaines images et formulations très fortes. j'ai adoré la fin

[Rêvelin]

Merci à vous pour vos commentaires

Dans ce cas j'ai l'impression qu'il faudrait tout simplement supprimé "tout, tournez manèges"

[Charles]

je vois bien le sens général, le but, le propos de ton texte. Je lui trouve par moment des accents de sincérité, un côté poétique et pourtant, je n'ai pas réussi à entrer dedans, à le ressentir plus qu'à le lire.

[valérie catty]

J'ai ressenti cette spirale infernale comme une angoisse poignante, on est tous dans la ronde infernale du temps, un thème qui m'inspire moi aussi.

[Cythéria]

*
Un bien joli tourbillon

*

J'aime particulièrement ce passage : "Tu le prenais sous la hanche et le faisait tourner comme une toupie monde ; et tu tournais avec lui, heureux comme avec une femme, avant que l’automne et sa prison de feuilles presque mortes se glissent entre tes mains fanées".
(Pour le rythme, j'aurais supprimé le "presque"), bonne continuation !:)

[Rêvelin]

le presques accentue le mortes. Mais c'est vrai que cela fonctionne aussi, je note.

Merci pour vos commentaires !

( en passant, "heureux comme avec une femme" c'est du Rimbaud )

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