Main dans la main

[Arsène Ik]

Comme je l'ai signalé dans ma présentation, je ne sais pas écrire, aussi faut il me pardonner certaines maladresses. Je poste ici ce court petit récit, qui m'a été inspiré d'un témoignage poignant ... Il vaut ce qu'il vaut ... Cela importe peu en soi.

Je tiens également à témoigner de mon fort enthousiasme pour certains de vos textes que je n'ose encore critiquer, de peur de ne pas savoir m'exprimer avec les mots justes.

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Je lui tiens la main, comme si j'étais amoureux. Je la vois d'un regard vide, qui ne veut plus rien dire, même pas que c'est fini, que je veux m'en aller. J'ai besoin d'elle et puis c'est tout. J'ai besoin d'elle, un peu comme j'ai besoin de mes médocs pour la prostate. Un désamour gratuit, une forte dose de déjà vu. C'est rassurant, calme : ça me laisse le temps de respirer et de penser un peu à tout ça. Elle, fait comme si de rien était, toute petite dans sa robe couleur d'ivoire. Elle porte un châle sur ses épaules nues. Son parfum me donne la nausée. Tout est comme d'habitude, impeccablement orchestré. Nous suivons la grande allée qui mène à la maison. La nuit toutes les allées se ressemblent, c'est comme si nous marchions le long d'une autoroute. Le décor reste flou.

Je lui tiens la main, comme si nous avions toute la vie devant nous et que nous rentrions du cinéma.C'est drôle tout de même comme on vieillit. J'osculte sa peau blême, et je m'amuse à compter ses rides. Ma femme est laide comme un pou, vieille, défraîchie, périmée, cabossée, presque chauve. Elle me donne envie de vomir mais je me retiens, pour ne pas gâcher notre mise en scène, cent fois jouée et sans foi répétée. De vrais artistes !

Je distingue le pavillon bleu ciel, celui que j'ai construit pour elle dans le fond du jardin, il y a cinquante ans de ça. Je revois son air étonné, flatté, et je sens ce petit baiser tendre qu'elle vint déposer sur mes lèvres, comme un secret. C'était avant. Aujourd'hui nous ne sommes que deux adultes conscentants qui puisent dans leurs souvenirs, et qui passent le temps à deux, par simple habitude. Parce qu'il nous est impossible de faire autremenent, et parce que ce serrait reconnaître que tout ce que nous avons bâti n'a pas plus de sens que le tic tac d'une aiguille. C'est au dessus de nos forces. Je ne la désire plus, nous faisons chambre à part. On explique aux enfants qu'on est trop vieux: ils croient comprendre. A notre âge, il n'est pas décent de vouloir se toucher.

Je lui tiens la main, pour quelques minutes encore.
Pour quelques années.

Tôt ou tard, toutes les mains finissent par se délier.

[Invité]

Je ne trouve pas que vous ne sachiez pas écrire, vous allez à l'essentiel, vous dites les choses simplement, sans pathos et sans fioritures, ce qui, à mon avis, convient fort bien au sujet.
Cela dit, il manque tout de même quelque chose selon moi, le ton est peut-être un peu trop effacé...

Je me permets de réagir, en vous souhaitant la bienvenue sur le site : si vous n'osez pas vous lancer pour les commentaires, il ne faut pas hésiter ! Les retours des lecteurs sont toujours intéressants pour les auteurs, qu'il s'agisse de ressentis "candides" ou de remarques plus techniques.

Remarques :
« J'ausculte sa peau blême »
« deux adultes consentants (et non « consentants ») »
« On explique aux enfants qu'on est trop vieux: ils croient comprendre » : typographie, on insère une espace avant les deux points

[Invité]

"et non conscentants", pardon.

[Invité]

Très surpris, Lou.
Tu n'arrêtes pas depuis ton arrivée d'alléguer que tu ne sais pas écrire ...
Et pourtant, ce texte témoigne du contraire !
Un beau style à l'os, sans circonvolutions inutiles ou ornements chichiteux. J'ai aimé ça.

Et je répète un peu ce que socque a pu dire, mais n'hésite pas à commenter ! Je ne me sens pas très à l'aise moi non plus en général, je me reconnais bien dans ton cas. Mais pour autant c'est important, ces retours, du moment qu'ils sont sincères. Peu importe que tu l'étayes comme une professionnelle ou que tu exposes un avis moins délayé, mais pourtant honnête.
Cela aide toujours un auteur à progresser si besoin est.

[ubikmagic]

Hello,

Eh oui, tout s'use. Et c'est quelque chose dont on a toujours du mal à parler. pas facile à aborder. Je trouve que là, ça fonctionne. Un tantinet court, peut-être. Il y avait matière à développer plus. Mais sinon, ça biche.

Ubik.

[Invité]

Oui en effet ... Dommage que la fonction éditer ne soit pas de mise sur le forum ... En tous cas je vous remercie de votre commentaire, et de votre accueil par la même occasion. Par contre, si vous pouviez me tutoyer ... Je n'ai que dix neuf ans, ce qui me donne le droit de revendiquer ma stupide jeunesse !!

Désolée, le tutoiement c'est vraiment pas mon truc. Moi je revendique des sillons cérébraux creusés depuis bien des années, dont je n'ai pas envie de changer le tracé !

En tout cas, je le répète, des commentaires, des commentaires, on aime !

[Rebecca]

Eh bien quand tu sauras écrire, qu'est-ce que ce sera !
Un texte qui donne la nausée, c'est pas mal comme démarrage.
Bien écrit, bien vu, à l'os comme dit alex.
Améliorable sans doute mais déjà du bon boulot. A bientôt de te lire encore.

[Plotine]

Un texte intéressant qui soulève une question bien peu souvent abordée : l'enfer de vieillir à deux.
je crois bien qu'il n'y a rien de pire ; la punition suprême.
Très bonne idée, étonnante de la pat d'un jeune auteur mais sans doute le fruit d'observations.

[mentor]

tu sais écrire, ne t'en déplaise
crois-en des vieux routiers ;-)
tu as de plus osé aborder un sujet difficile et tu t'en sors fort bien
c'est direct, lucide, vrai sans aucun doute dans bien des cas
un joli texte
un autre la semaine prochaine ? ;-)

[Invité]

Le premier paragraphe a des formules percutantes, justes et efficaces.
On a un peu froid dans le dos.
Après, il y a des réflexions qui m'ont moins plu, un peu exagérées, et c'est dommage : la description de la femme, par exemple ( en plus, on a envie de demander : et lui, c'est George Clooney ?)

Mais surtout, continue à ne pas savoir écrire comme ça !

[Invité]

Un texte qui, pris au premier degré, fait frissonner parce qu'il touche une corde sensible en chacun(e) de nous. J'ai l'audace de penser qu'on peut aussi vieillir heureux ensemble mais ça ne fait pas vendre. Et puis de toute façon, qu'en sais-je ?
En tout cas, je m'étonne qu'une si jeune plume maîtrise assez bien le sujet, et même qu'elle s'y intéresse.
Bienvenue ici. Débuts remarqués :-)

Note :

"et parce que ce serait reconnaître que tout ce que nous avons bâti n'a pas plus de sens que le tic tac d'une aiguille."

[Invité]

Remarque : faire chambre à part n'est pas que le résultat de l'amollissement du désir.

J'ai lu non sans plaisir; en ce qui concerne le style.

[Titia_____]

J’ai bien aimé ce texte.
Je pense moi aussi que tu sais écrire, qu’il y a un vrai potentiel.
J’ai passé un moment intéressant à te lire. Le thème traité était délicat, qui plus est pour quelqu’un qui n’a pas encore 20 ans, et c’est fort bien réussi.

Je relève juste, mais ce n’est que mon très humble avis, tout à fait subjectif :
« vieille, défraîchie, périmée », ça fait un peu répétition je trouve, peu de nuances significatives entre ces termes.
« nous ne sommes que deux adultes consentants qui puisent dans leurs souvenirs, et qui passent le temps à deux », répétition.
« Elle me donne envie de vomir mais je me retiens » : dit comme ça, ça ne ressemble pas à une métaphore, du coup ça fait quand même un peu exagéré non ?

Orthographe : « Ce serait », et non « ce serrait »

Au passage,
J’adooore l’intervention de coline Dé : « et lui, c'est George Clooney ? »
J’y pensais, en d’autres termes, en lisant le texte.

Quant à Plotine, je pense que bien pire que l’enfer de vieillir à deux, il y a l’enfer de vieillir seul !

D’autre part, moi aussi il y a peu je ne m’estimais pas en mesure de commenter les textes des autres, étant débutante dans l’écriture et ignorant si mes textes valaient quoi que ce soit. Mais je me rends compte que chaque retour pour ceux qui postent leur texte est intéressant, alors je me lance quand même. Et puis, d’après moi, faire simplement part de son ressenti n’est pas moins intéressant pour celui qui écrit qu’une analyse technique. Pour exemple, le commentaire que tu as posté à propos de mon dernier texte est précieux à mes yeux, au même titre que les autres (bon, il se trouve qu’en plus tu as aimé, mais quand même ;)).

Au plaisir de te lire à nouveau…

[Modération]

Titia___ , il n'est pas habituel de commenter les commentaires, en tout cas pas ici, mais plutôt sur le fil dédié : "Réponses aux commentaires", en utilisant les quotes par exemple. Merci d'en tenir compte à l'avenir.

[outretemps]

Pour un qui sait pas écrire, c'est plutôt parfait. Sur le fond, fort courageux.
Pour une fois, je vais essayer d'être ortimiste.
Comme nous allons tous vieillir et sans doute un jour mourir, c'est naître qu'il n'aurait pas fallu. Une fois fait ce faux pas, tout se complique.
Alors pour faire simple, quelques questions à se poser:
-Ta femme est laide! Et toi ?
-Nous n'avons plus que nos souvenirs! Serait-il mieux de ne point en avoir? D'autant qu'ils semblent plutôt bons, ceux dont tu causes.
Tu parles d'avenir devant soi: qui te le garantie, ton avenir? même à 20 ans?
Pour moi, personnellement, par les temps qui courent, je préfère l'avoir dans le dos, mon avenir, et largement. Bien ficelé et bien au sec.
Car j'y puise mes souvenirs et puiser dans les souvenirs
d'une bonne vie, est un grand plaisir, surtout quand on le fait à deux. Se rappeler une vie commune heureuse, en parler, l'un à l'autre, suffit par contre à effacer toutes les rides, jusqu'aux plus laides.
Bien sûr le chemin à faire se raccourcit de jour en jour et alors!
Il se trouve, ma queue aussi, ça tombe pile poil bien puisque les chattes tout autant rétréssissent !
Les fantasmes sont moins fort, le plaisir physique change de nature. Moins fréquent, il gagne en intensité.
J'ai peut-être de la chance, mais je crois aimer ma femme à soixante autant qu'à trente. Pour moi elle reste toujours aussi bandante. C'est ce que tu appelles "la mise en scène" qui doit évoluer.
Vieillir à deux, je parle là de ce que m'a appris ma pratique professionnelle, m'a semblé être pénible essentiellement à ceux qu'on jamais su aimer. Ils sont, de plus,en général, aigris et déplaisants, d'une laideur intérieure bien plus repoussante que n'importe quelle tare physique ne saurait l'être.

La seule chose à embêter un peu, c'est les petites moustaches qui leur poussent dans la tête, aux femmes avec l'âge, de minuscules couilles, là où jusqu'il y a peu elle avait ses ovaires... Mais tant pis, s'il faut, je finirai pédé et elle sera mon mec ! Le meilleur est pris!
Comme dit Panda, faire chambre à part ne veut rien dire. Ca n'empêche pas de s'amuser ensemble et de se voir à l'envie et ça permet de lire quand l'autre dort de ronfler tranquille et de se payer des petites gâteries en douce, si envie.
Quand aux mouflets, cette "fin du couple", ils n'ont rien à foutre dans la sexualité des vieux. Qu'ils s'occupent déja de la leur, contrôlent surtout bien leurs capotes et prennent bien garde de ne pas jouir à coté de l'éprouvette.

Je ne sais pas, entre nous, qui de deux vieux qui baisent sans filet ou de jeunes se prenant les doigts dans le caoutchouc à l'air le plus con.
la question reste ouverte.
Vieillir heureux ne s'improvise pas Il faut pour cela impérativement avoir été jeune et heureux (à deux) le plus longtemps possible, pour surtout n'avoir rien à regretter!
Et puis, après, au pire, rien n'empêche de se finir à deux!
Un truc me gêne cependant dans ton texte. Tu sembles parler d'une femme autrefois aimée. Comment un être aimé peut-il finir par donner la gerbe, s'il n'y a eu entre temps de grandes blessures ?

[Reginelle]

je sais qu'on ne doit pas commenter un commentaire. Mais bon, c'est pas tout à fait ça non plus.

Alors tant pis si ça ne se fait pas mais merci à Outretemps d'avoir si bien exprimé tout ce qui m'est venu tournicoter dans le crâne au cours de ma lecture. Que j'ai d'ailleurs été incapable de commenter sur le vif tellement je me sentais en désaccord avec le tout.

Parce que, si j'ai bien aimé la forme, cad l'écriture, je n'ai pas pu m'empêcher d'être "hérissonnée" par le fond.

Et oui, il aurait été bien de développer, ou pour le moins, donner quelques indices expliquant ce "désamour". Pour le justifier au yeux du lecteur. parce que le bonhomme, au fil de la lecture, ben... il me devient de plus en plus antipathique et, ainsi que d'autres l'ont dit, l'envie de lui rétorquer "et tu t'es vu, toi ?"

Sauf que je ne crois pas que le but d'un commentaire soit de "noter" le fond". Donc...

Alors pour la forme, c'est vraiment pas mal pour quelqu'un qui dit ne pas savoir écrire. Petite question : quand tu penseras savoir bien bien bien écrire : ce sera comment ? ( rires)

[Reginelle]

aux yeux... pardon

[silene82]

Je ne vais faire qu'ajouter un peu plus de redondance à ce qui a déjà été amplement relevé, mais voir ses textes commentés est un encouragement de prix pour un jeune auteur qui, selon lui, ne sait pas écrire.
Il me semble comprendre ce que vous voulez dire par là: vous avez le sentiment d'avoir retranscrit une confidence, peut-être familiale, ou proche, et l'avoir fait de manière simple et intelligible, sans faire sonner toutes les trompes qu'il eût été aisé de convoquer. Par pudeur peut-être, ou par lacune d'informations complémentaires.
La netteté du propos satisfait, vous évitez des écueils ; personnellement, je suis un peu frustré, et aurais bien aimé en savoir un peu plus, de cette timide biseuse - non, sérieux, un bisou récompensant un pavillon, bleu de surcroît ? Avec déambulateur, en plus, et chiottes rehaussés ? Ji dikoun, j'ai bien lu que c'était 50 piges avant. Si le bisou était le prélude à de joyeux sauts de carpe et pamoîsons diverses, passe...
J'ai même un peu de mal avec l'antagonisme du propos : tant qu'à mettre ma main dans celle d'une vieille qui me débecte à gerber, je l'étrangle...
A vous lire donc à nouveau avec intérêt pour l'extrait deux, Huis clos au pavillon de gériatrie, et le trois, Une haine centenaire

[demi-lune]

Bien ficelé. L'écriture un peu sèche rend bien le personnage-narrateur. Un petit goût amer nous reste : le but est atteint !

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