Souvenirs bleus

[valérie catty]

Voici venir le temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir" Baudelaire.




Tes pas grêlent le sol d’échos bleus qui m’affligent
Déflorant le silence aveuglant désespoir
Un tourbillon nacré valse dans ta mémoire
Les parfums enflammés jaillissent et puis se figent

Te souviens-tu enfant des blessures en vertige ?
La main tendue vers toi ouverte en assommoir ?
Toi ma douce ingénue te souviens-tu du soir
Où cette fleur de viol frissonnait sur sa tige ?

Les coups pleuvaient sur toi bouquet pourpre et épars
Le ciel était de glace et le soleil blafard
A l’orée de ton cœur l’image te fustige

Tu étais affamée de tendresse et d’espoir
Le souvenir lépreux frémit dans le miroir
En un sanglot brisé que douleur crucifige.

Crucifige terme employé par Jules Laforgues, signifie mettre en croix.

[Invité]

J'aime beaucoup, beaucoup ! J'aurai simplement deux remarques de métrique :
Les-par-fums-en-fla-mmés-ja-illi-ssent-et-puis-se-figent : 13 syllabes
Te-sou-viens-tu-en-fant-des-ble-ssu-res-en-ver-tige : 13 syllabes

[mychelc]

Très beau sonnet ! J'aime aussi beaucoup ...
Il n'est pas aisé de transformer en oeuvre d'art le récit d'une tragédie et à transcender le sordide mais vous y parvenez avec talent, et qui plus est, en rendant au passage hommage à Baudelaire !

"Les parfums enflammés jaillissent et puis se figent" : les 13 pieds cassent vraiment le rythme mais en supprimant le "puis" qui me paraît de trop, l'affaire est réglée


Bravo en tous les cas ...

Mychelc

[valérie catty]

Mon poème est en haut donc je vous réponds sur le fil, c'est dommage ces treize syllabes.
Je corrige

Tes pas grêlent le sol d’échos bleus qui m’affligent
Déflorant le silence aveuglant désespoir
Un tourbillon nacré valse dans ta mémoire
Les parfums enflammés jaillissent et se figent

Te souviens-tu enfant de blessure en vertige ?
La main tendue vers toi ouverte en assommoir ?
Toi ma douce ingénue te souviens-tu du soir
Où cette fleur de viol frissonnait sur sa tige ?

Les coups pleuvaient sur toi bouquet pourpre et épars
Le ciel était de glace et le soleil blafard
A l’orée de ton cœur l’image te fustige

Tu étais affamée de tendresse et d’espoir
Le souvenir lépreux frémit dans le miroir
En un sanglot brisé que douleur crucifige.

Merci Mychelc et Socque pour votre lecture et vos commentaires. J'oublie tsouvent de compter le pluriel comme une syllabe, merci de me le faire remarquer.

[Invité]

Tant de douceur et de cruauté mêlés, c'est remarquable. La violence, la rudesse des images atténuées, tempérées par le choix subtil d'un vocabulaire très poétique, empreint de délicatesse, de beauté. C'est très habile. Vraiment bravo. Je suis fan.

[Invité]

Un bel hommage à "Harmonie du soir", valérie catty.
J'arrive un petit peu trop tard et tout a été dit. Je me dois cependant de répéter que suis fan moi aussi. Félicitations !

[valérie catty]

Merci Easter Island et Alex, tous ces commentaires me donnent envie de progresser.

[Tristan]

je suis un peu allergique aux rimes, mais je dois avouer que ce poème est fort bien mené

[Invité]

Je ne goûte pas trop la poésie classique, cependant, ce poème intimiste évoque si bien une fleur blessée, que j'applaudis, fort.
(je ne connais pas grand chose aux techniques, non plus, mon oreille seule me guide)

[Sahkti]

C'est assez élégant, fort aussi, presque théâtral dans son emphase et j'aime assez ça.
Tu maîtrises joliment les mots, Valérie, et arrive à donner une belle musicalité à l'ensemble, accompagnée d'un classicisme agréable. Bravo à toi.

[Arielle]

Il m'avait échappé celui-là ! Merci Sahkti pour ce coup de pouce, ç'aurait été vraiment dommage !
Beaucoup d'élégance pour dire le désespoir et la tendresse flouée.
Une forme impeccable (dans la deuxième version) et ce tour de force de ne pas faire peser la rime en dépit de ses répétitions. Baudelaire n'est pas trahi par ce t hommage !

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