Chronique d'une victime

[Menestroll]

Chronique d'une victime;
ou l'homme qui parlait pour ne rien dire.

Diable ! Comment ces salauds font-ils pour toujours nous rattraper ? On a beau courir comme des furieux et ils nous rattrapent toujours ! ? Enfin je dis diable, je devrai m'abstenir, dès fois que la grande masse sombre qui me bloque le passage dans mon couloir ait un quelconque lien familial avec lui. Comment font-ils d'ailleurs pour toujours trouver une entrée. J'avais pourtant fermé la porte ! Bon dieu ! N'y voyez pas la non plus une quelconque allusion divine, je suis purement athée mais disons que dans ce genre de moments dramatiques, il est toujours commode de se rattacher à une quelconque croyance. Jurer un nom pareil lui fait d'une certaine manière prendre consistance et je vous avouerai que je ne cracherai pas sur l'apparition d'un barbu pour tabasser le bonhomme dans le couloir. Mais comme d'habitude, j'emmêle tout, je commence par la fin. Enfin la fin, c'est relatif. C'est la fin parce que je n'en connais pas la suite. Enfin, si suite il y a...Mais j'avoue que je préférerai une suite. Une suite avec moi je veux dire...avec moi vivant, parce que je vous ai pas parlé des intentions du bonhomme, mais elles s'accordent bien avec son style inquiétant et son couteau si vous voyez ce que je veux dire..Mais reprenons au début ce sera plus clair, enfin si on excepte ce couloir foutrement sombre pour le coup !

En règle générale, je suis pas le genre à me fourrer dans les embrouilles. Les embrouilles, je les évite, je les contourne, pour tout dire: je les fuis. Après tout pourquoi aller se prendre un coup de poing sur la trogne pour une bagatelle. Mais bigre je digresse encore et on s'éloigne du sujet. Je vivais dans une petite ville du sud. Pas trop paumé, ni trop fréquenté, bref une petite bourgade tranquille assez peuplée pour y faire son trou sans trop se faire enquiquiner par la voisine du palier. Écrivain de profession, je vivais de...pourquoi l'imparfait ? L'imparfait c'est pour les trépassés, ceux qui appartiennent à l'hier, au jadis et au naguère. Moi je suis vivant, du moins pour le moment. Vous avez vu comme d'un coup tout devient vachement relatif ? Enfin bref je continue et au présent...j'en profite tant que je peux ! Donc je suis écrivain, le genre à écrire des textes quoi. Pas trop court, pas trop long. Juste de quoi se faire un quelque sous pour la subsistance. Mais je m'éternise dans des broutilles, revenons au principal ! Moi, le patibulaire et le couloir. Qui, pourquoi et comment !

Il n'était pas loin de quatorze heure et vingt-huit minuit lorsque j'émergeai d'un sommeil qui a défaut d'être réparateur faisait passer le temps sans trop s'ennuyer. Après quelques palpations corporelles, propres à l'homme, tout aussi bien portée par la tradition masculine que l'inquiétude d'une disparition nocturne, je titubai vers la porte du couloir qui n'était d'ailleurs pas encore occupée par ce déroutant olibrius. Après un bref passage aux aisances, j'allumais le poste de la radio et m'affairai à la préparation, simple mais drôlement routinière, d'un café destiné à chasser les dernières brumes qui entouraient mon cervelet. C'était donc en fixant d'un œil morne la figure hypocrite de cette vieille dame sur la boite de mon café...Trop de détails ? Ah je le savais, mon éditeur me le dit toujours: « Viens en au fait Clotaire ! Au fait ! » Si vous saviez tout ce qu'il raye avec son gros stylo rouge...Mais il faut voir le bon coté de la chose, cela fait des économie de papiers, mes romans fleuves deviennent alors certes arides, mais bigrement concis.

Après avoir englouti mon breuvage aux senteurs d'Amérique du sud, bref voyage transatlantique d'un instant, la voix de l'homme enfermée dans la petite boite à musique annonce une série de faits divers. Vol, exhibitionnisme, braquage, viol, meurtre, la nuit avait été plutôt calme. Seule originalité, l'évasion d'un homme d'un institut de santé. Je maugréai, tout en déposant d'un geste assuré ma belle tasse bleu océan dans l'évier. Les hélicoptères et les voitures de police allaient quadriller les alentours. Je voyais déjà la concierge, assise dans son fauteuil roulant, sur le palier, scrutant le ciel, l'œil alerte, une gitane, dont le filtre avait été arrachée, dans la bouche et commentant chaque véhicule terrestre ou aérien qu'y s'immiscerait dans son champ de vision. Mon programme de la journée venait de se former dans mon esprit, je ne mettrai pas les pieds dehors. Je sens aux regards vitreux et aux soupirs bruyants que je m'étale encore une fois un peu trop. Je n'userai pas de l'ellipse, l'anecdote est importante car elle est vraie, mais je serai grand prince je serai bref. Douche, il faut savoir être propre, écriture car il faut gagner sa croûte, pizzas car ce soir c'est foot.

Il est donc un peu plus de dix heures et je terminais au prix d'un dernier effort la croute d'une ultime part de pizza. Repu, le ventre légèrement rebondi et mon centre de gravité quelque peu abaissé, je profitai de l'intimité de mon appartement pour éructer de bon cœur. Bien entendu ce genre de moment privilégié est généralement interrompu par un trouble-fête et cette fois la n'échappa pas à la règle. Trois coups puissants ébranlèrent la porte. Surpris, je me redressai dans un sursaut. Des cris ! C'était la concierge qui beuglait de l'autre coté: « A l'assassin ! Au fou ! Mon pauvre chien ! ». Chancelant sous l'effet de la sauce tomate italienne, je rejoignit en quelques pas l'entrée, m'interrogeant par la même occasion sur la fraicheur des crevettes qui composaient la garniture.

A suivre !

[Invité]

J'ai assez vite décroché : c'est de l'écriture ou du macramé ?
( quoique j'aime bien le macramé ! J'y reviendrai peut-être un jour où je serai mieux lunée.°

[Aire__Azul]

Eh, bien, moi, j’ai bien aimé. Pas le macramé, mais le bavardage incessant, à la L.R des Forêts. J’aime aussi le jeu interminable, comme en une infinité de miroirs entre les divers niveaux du récit et les raccommodages que le narrateur tente de faire, en vain, car ses émotions viennent tout brouiller.
Certes, parfois, c’est un peu trop volontairement compliqué, comme les périphrases du genre de : « breuvage aux senteurs d'Amérique du sud » ou « la voix de l'homme enfermée dans la petite boite à musique ». On se demande un peu ici si c’est Clotaire ou toi qui se regarde un peu écrire, mais cela place aussi le ton du bonhomme.
La question que je me pose, malgré le plaisir que j’ai eu à te lire, c’est de savoir comment cela va pouvoir tenir la route sur un texte plus long. En tout cas, tu donnes envie d’en lire un peu plus, et de lui dire en même temps « Mais accouche donc ! ». J’aime bien les narrateurs un peu énervants, c’est comme ça.

[Invité]

Embrouillé, oui, et chiant pour moi, car nombriliste ; tout tourne autour du gars, ses sensations, son éditeur, etc. La mise en abyme de l'écriture, franchement, c'est un peu usé... ça tourne en rond et m'ennuie.

Mes remarques :
« je devrais (le conditionnel me paraît très préférable ici) m'abstenir, des fois que la grande masse sombre qui me bloque le passage dans mon couloir ait un quelconque lien »
« N'y voyez pas là non plus »
« je vous avouerai que je ne cracherais (là aussi, je pense qu’un conditionnel est préférable) pas sur l'apparition d'un barbu »
« si suite il y a...Mais j'avoue que je préférerais (idem) une suite. Une suite avec moi je veux dire...avec moi vivant » : typographie, une espace après les points de suspension
« si vous voyez ce que je veux dire..Mais reprenons au début » : typographie, une espace après les points de suspension
« pour tout dire: je les fuis » : typographie, une espace avant les deux points
« Écrivain de profession, je vivais de...pourquoi l'imparfait » : typographie, une espace après les points de suspension
« au présent...j'en profite tant que je peux » : typographie, une espace après les points de suspension
« pas loin de quatorze heures et vingt-huit minuit lorsque j'émergeai d'un sommeil qui à défaut d'être réparateur »
« tout aussi bien portée (c’est pas un mec, le narrateur ? si oui, c’est « porté ») par la tradition masculine »
« j'allumais le poste de la radio et m'affairai à la préparation » : je pense qu’il serait préférable d’avoir le même temps pour les deux verbes
« la boite de mon café...Trop de détails » : typographie, une espace après les points de suspension
« mon éditeur me le dit toujours: » : typographie, une espace avant les deux points
« Viens-en (trait d’union) au fait Clotaire »
« tout ce qu'il raye avec son gros stylo rouge...Mais il faut voir le bon côté de la chose, cela fait des économies de papier (et non « papiers ») » : typographie, une espace après les points de suspension
« dont le filtre avait été arraché (et non « arrachée ») »
« chaque véhicule terrestre ou aérien qui s'immiscerait »
« Mon programme de la journée venait de se former dans mon esprit, je ne mettrais (concordance des temps : événement futur dans un récit au passé = conditionnel et non futur) pas les pieds dehors »
« cette fois-là (trait d’union) n'échappa pas à la règle »
« C'était la concierge qui beuglait de l'autre côté: » : typographie, une espace avant les deux points
« je rejoignis en quelques pas l'entrée »

[Invité]

j'aime assez l'dée, le principe de la digression -ou plutôt de la divergence- permanente, qui essaie un peu paradoxalement de cohabiter avec une recherche de concision
sinon, je pense à peu près comme Aire Azul

[midnightrambler]

Bonsoir,

Chronique d'une victime ... c'est donc le début de quelque chose, peut-être faut-il être patient !

... ou l'homme qui parlait pour ne rien dire ... ça c'est bien vrai !

Mais bon, d'autres aimeront sûrement ...

Amicalement,
Midnightrambler

[Rebecca]

ça m'intéresse...à voir sur la longueur...

[boc21fr]

Vraiment marrant, mais le souffle du premier paragraphe ne se retrouve pas dans la suite, tout du moins est-ce ce que j'ai éprouvé à la lecture...

[Invité]

A ce train-là ça risque d'être aussi long que les mille et une nuits, mais pourquoi pas ?

[Invité]

grosse faute d'accords que socque n'a pas relevée :

Mais bigre je digresse encore et on s'éloigne du sujet. Je vivais dans une petite ville du sud. Pas trop paumée, ni trop fréquentée,

.
Sinon, faut aimer le genre, moi non.

[elea]

Le sous-titre colle parfaitement au texte et annonce la couleur je trouve, du coup pas de surprise, on savait à quoi s’attendre.
Je ne déteste pas être énervée par les digressions à rallonge qui me privent de la suite de l’intrigue tout en m’amusant.
J’ai bien envie de lire la suite, le poil à gratter doit marcher sur moi :-)

[Menestroll]

Il est très intéressants de voir les divergences d'opinion de chacun à propos de ce texte, ça me permet clairement de voir qu'il s'agit la d'un style qui ne peut pas plaire à tout le monde et c'est déjà une bonne chose que je puisse m'en rendre compte !

Après je regrette certains commentaires peu argumentés, mais bon je comprend que des fois cela ne plaise pas qu'on n'ait rien à dire de plus

Ensuite merci Socque pour toutes ces remarques à propos des fautes, j'avoue que c'est choquant une fois qu'on les voit listées les unes après les autres ! Je vais faire un sérieux effort de relecture pour la suite.

Pour l'histoire c'est un texte écrit quasiment d'un seul jet sur un coup de tête, je ne sais pas ou je veux en venir, je ne sais pas même pas si je vais le finir, je pense qu'il faut voir ça peut-être plus comme un exercice de style.

D'ailleurs au niveau de la suite, je suis ouvert à toutes propositions ou idées, j'ai ouvert quelques pistes dans ces premiers paragraphes mais c'est tout. C'est d'ailleurs peut-être pour ça qu'on a le sentiment que le texte s'essouffle.

Voila, je n'essaye en aucun cas de me dédouaner d'une manière ou d'une autre de reproches où remarques qui ont été fait bien sur, il s'agit juste de quelques explications pour vous éclairer en l'attente bien sur de conseils de votre part à tous

[Ba]

Je reviendrai lire l'esprit moins tordu de rire à cause du " macramé " et tout ce que cela induit comme images genre " veillée " des Deschiens tiens...

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