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To The Unhappy Crowd

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Message  Calvin Sam 22 Mai 2010 - 20:29

Deux version de la même nouvelle: light et complète. Ccelle ci est la version complète, la light est plus bas. Dans la "light" (huhu), j'écrème tous les délires un peu superflus pour la trame (dialogues surréaliste, mini piece de théâtre, etc). Dans a complète, ben c'est fromage-oeuf-jambon quoi, y'a de tout. Lisez ce que vous voulez!


La première fois que je vis Amandine, elle découvrait ses dents au café, la tête rougie et basculée en arrière, riant à gorge déployée. Moi j'étais plus loin, à quelques tables, et je m'étais retourné. Elle se tut quand elle me vit, pouffa. Je me suis dit que c'était bon signe, alors j'ai tenté et elle, un soir, signa. Je m'étais approché d'elle, ses amies étaient parties. "Voulez-vous un café?" lui dis-je. J'avais mon costume de galant, minet en règle, formes bien modelées. Elle m'offrit un sourire et accepta. Je la regardait boire avec ses fausses manières, ça crevait les yeux, et puis ce chapeau de paille trop grand pour elle... mais non. C'était la mode. Amandine était une fille de son temps, et moi un garçon du même. Nous étions tellement faits pour nous entendre que, ce n'est que le lendemain de la première nuit qu'elle pensa à me donner son prénom. "Amandine..." Elle le minauda tellement que je m'attendais à le voir sortir de sa bouche, en glace, macaron, un petit quelque chose dont je n'eus rien. A part ses lèvres, peut-être. Mais la salive, oh c'est fade, et puis d'un commun.
Amandine donc, partageait comme on dit trivialement ma couche et une partie de ma vie. Elle avait ses tics, ses manières, elle voulait absolument ranger sa brosse à dents dans une trousse, fumer une cigarette et demie après l'amour, manger une tartine de miel pour le petit-déjeuner... elle ne m'appelait que "minou" ou "mon chéri". Ses quarts-d'heures téléphone avec copines étaient sa messe de minuit. Elle lisait le journal en se caressant les cheveux, doucement, la main faussement fragile qui touchait le lobe et glissait jusqu'à la nuque... elle disait, "nos enfants, une fille, appelons-la Salomé" Salomé? Elle était folle de ce nom.
Salomé Salomé. Elle le murmurait la nuit. Elle mettait un coussin sous son ourlet, ça lui grossissait la robe, devant son miroir répétait "salomé salomé salomé salomé..."
Salomé. J'en ai connue une, une fois. Petite brune, l'air gentil. Salomé, un peu craintive, timide, et puis trop fifille... on aurait dit qu'elle était asexuée. Salomé, elle avait un amant. comment, déjà... Paul. Et une fois, avec Paul, j'eus une conversation.
Paul était un intellectuel, le genre qui aime parler livre. Il lissait son costume gris, la montre rajustée, le mouchoir en place. Et puis? Il parlait, Paul. parlait parlait parlait. Tous deux, nous écrivions des livres. Oh, c'était sans prétentions. Il se réclamait de Malraux ; sous la douche je pensais à Aragon.
"Dis donc", -son affreux tic de langage- "c'est quoi au fait, tu ne m'as jamais dit."
"Jamais dis quoi?" Et c'était parti. On attendait le garçon, il amenait les cafés. Le sien, coupé, et le mien, bien noir, bien tassé. Il faut que cette nuit en tasse me modèle la gorge à coups de griffes, sinon ça ne sert à rien. Celui là était plutôt bien servi.
"Tu m'as jamais dis quels livres t'avaient donné envie d'écrire."
"Ah", je dis, et je fis slurp. Café chaud, slurp. "Tu veux parler des origines?"
"Appelle ça comme tu veux. Des origines, oui."
"Il était un temps, je me prenait pour Rimbaud. Quand j'ai lu la saison... oui, en enfer, enfin Dante, la saison. Je me suis dit quoi, hm, pourquoi ce jeune Arthur m'a écrit une lettre à travers les âges, dépassant et voguant ainsi sur les flots du temps et de la nuit?"
Paul était gêné. Je crois qu'il n'a jamais bien su comprendre l'humour qui ornait chacune de mes phrases.
"Euh... oui, oui. Je préfère ses vers. Mais à Rimbaud, je préfère Baudelaire, ou au moins Valéry. Ses poésies sont plaisantes, mais elles sont signés par un gamin de 16 ans. Tout de même"
Ma tasse fait clic-clic.
"Oui, je vois. Vois-tu, mon ami, Rimbaud... ah Arthur. Mais pour moi rien ne vaut plus qu'Aragon.
"Aragon?"
"Oui."
Sylviane me regarda. C'était la serveuse emblème du Conti, la brasserie chic de nos causeries dominicales. C'était quelque chose cette fille... Sylviane, donc, dansant entre les mots de Paul...
"Aragon, je n'ai pas particulièrement aimé ses romans. Ses vers non plus, d'ailleurs. Vois-tu, je n'ai rien contre les communistes, mais Aragon..."
Sylviane danse. Quand Sylviane danse le temps du récit est au présent. Elle fait bouger sa robe. On se risque à deviner les plis de sa peaux cachés par l'habit. Sa robe est noire et, derrière la chaire blanche, son sang aussi... cette fille qui se fait passer pour une ballerine nous révèle sa vraie nature d'aimant.
"Et donc, comme je le disais, dans l'Espoir de Malraux, je vois bien plus une..."
Sylviane danse danse danse danse. tourne tourne elle tourne et puis après Paul il parle et ce qu'il dit ne sort plus de sa bouche. Ses phrases rampent sur ses oreilles, sa tête est une caverne que plus rien ne doit quitter. sylviane sylviane je l'aime, et puis, c'est bien ça l'origine. Une femme, un homme, peut importe des corps, quand on voit des corps se mouvoir ainsi, comment ne pas vouloir les écrire sur le papier eux aussi?
"Non?" je fais à Paul.
"Euh, dis donc, quoi?"
Paul est sourd, et son parapluie de mauvais gout.
"Tu as changé de parapluie?"
Il me dit que oui.
"Paul. Tu me demandais: les livres que j'aime. Laisse-moi te parler d'Aragon.
Paul, je dois te poser une question. Sais-tu que j'ai une frénésie qui m'obsède et me pousse à écrire plutôt qu'a pleurer continuellement?"
"Dit donc..."
"Paul. sais-tu qu'il n'y a pas de pensée hors des mots? que le reste n'est qu'un brouillard informe? Oh dehors des mots c'est désert, c'est poussière, c'est Bagdad. Lire est vital. Quand je lis je mange, quand j'écris je gerbe, et ma gerbe je la modèle. quand je lis Aragon sa prose me traverse la tête comme soulevée par un grand vent, y'a partout des bouts de mots qui restent accrochés aux arbustes. Quand je marche les phrases se redisent dans ma tête. Quand je lis, j'ai un mètre-étalon, la base, le premier jour, c'est le briquet de Prométhée. J'ai un Aragon qui me reste coincé dans la gorge, à chaque raclement il rougit de plaisir. Les mots s'appellent tous Hélène, les yeux un cheval de Troie et, lisant, Achile se taille lui-même le talon. Tu n'as jamais lu quelqu'un, te disant, "c'est mon frère, mon aîné, il écrit les choses dont je m'ignorais penser?" Je dis ça sérieusement. Louis me murmure des choses à travers les années. Ses livres sont pour moi comparables à des rites vaudou. En tout cas c'est de l'ésotérisme, du mystique, ça ne se comprend pas Paul. D'accord?"
"Euh, euh, oui."
"Tu vois, la prose d'Aragon est unique. Même la merde qu'il écrivait était géniale. Oh il y croyait surement. Mais comment ne pas penser à un sourire ironique? Il devait en être très lucide, il ne peut être autrement quand on a une prose comme la sienne pouvait être. Il faut lire le Traité du Style, Paul, le paysan de paris. la défense de l'infini, Aurélien, blanche, matisse, théatre/roman. il faut il faut. Aragon, sa langue était holiste, il avait comme tout lu. elle était libre, sa langue, un putain de champ de blé , vois-tu?
rythmé à son bon vouloir par les battements d'ailes des moulins. qui d'autre qu'Aragon pouvait faire poser des notes de bas de pages telle que "où est mon corps? où est mon âme? voici déjà la nuit" avec la mine de jouer le plus grand sérieux? qui peut expliquer très scientifiquement à quel point parler français ressemble à l'acte de chier? qui prétendait avoir un langage "de soleils et de plâtres"? qui disait aller chercher le merveilleux dans le quotidien dans la montée d'un escalier dérobé, l'image.? qui peut écrie un roman aux centaines de personnages entrecroisé, puis bruler la moitié des feuillets, pour sombrer dans la folie? qui écrivait comme si chaque mot était une parenthèse entre le présent et le moment inéluctable où la pendule sonnera le coucou du suicide? qui tresse les mots comme une vieille grand-mère, la main experte, il en fait des pulls improbables, du faux cachemire, des chaussettes trop grandes? il ne faut pas que le vêtement t'aille, il faut que tu te fasse aller à Aragon. Tu comprend Paul?" Mon vieil ami ne bougea pas. sylviane, son cul bougeant toujours, lui était aussi indiférent que le baiser des acariens. Il me fixait. Tu veux me dévorer des yeux, Paul?
"Ne t'inquiètes pas", lui dis-je. "Je suit une thérapie."
Paul esquissa un léger sourire, incapable de savoir si je plaisantais ou pas.
"Tu ne me crois pas? lit donc cette page, j'ai sur moi le paysan de paris."



Paul lit.
"oui, c'est euh très beau... bon. sinon, ça va dans ta vie? euh, je veux dire, tu te sens bien? euh, non! enfin, oui, je veux dire
quoi de neuf?"
"Attends. je vais te l'écrire."
je prend un crayon, j'écris sur un mouchoir.
"et après arrivèrent encore bien des choses passionnantes, mais où est la passion? oh elle s'est égaré, et on s'en branle. c'est pas moi qui le dit, mais les moteurs des avions. Et puis? Et puis rien, continuez les lectures, les mots dansent, samba, jus de fruit de mot, queue-leu-leu, ils font tourner les serviettes. A quand! A quand Patrick Sébastien dans la pléiade, enfin? je veux que vous vous posiez cette question. posez la très sérieusement, ici, sur ce petit mur de brique, époussetez-là: elle est sale. soufflez mais doucement, comme sur du verre, un souffle de buée, voilà. laissez moi écouter seul mon chant intérieur. Maintenant, vos gueules: le sens est parti hors des phrases et il court tout nu quelque part sur la croisette."
"je me sens comme ça"
"ah?"
"hu hu hu..."
"hu hu hu hu hu hu..."
Paul rit. Quel soulagement! Ça faisait plombes qu'il me croyait flirter avec la folie.
L'EDITEUR: attends, y'a un problème, coco. tu parles de 1967, ils parlent vieux comme des chiées de manières, et je vois le nom de Patrick Sébastien? Tu déconnes.
L'AUTEUR: euh, mais non, c'est qu'il y a tout un embougli, euh, iamini, des temps, des subjectivités, dans tout ça... et puis lisez, lisez le passage suivant, vous verrez:
"sylviane nous déba..."
Sylviane nous débarrasse, toujours aussi belle. je laisse le pourboire. cinq francs. nous sortîmes. Je jetais un dernier coup d'œil à cette danseuse au public aveugle qui se démène dans son palais de glaces. Et Amandine? On s'en fout. Paul aussi. d'ailleurs Paul, il n'existe pas. j'ai assez de moi seul pour aborder mes origines. Et à cette heure, vu le soleil sur le Panthéon, il devait être midi. sur les murs, une seule phrase:

"TO THE UNHAPPY CROWD"


LE JOURNALISTE: Aujourd'hui, nous recevons P., le grand écrivain, et C., le critique tant redouté. C., il me semble que vous avez lu le livre de P.?
LE CRITIQUE: Oui je l'ai lu, et je tenais à lui dire tout ce que j'en ai pensé en face.
L'ECRIVAIN: ça vous honore, mon cher.
LE CRITIQUE: écote moi bien, tas de merde. ta prose a réveillé en moi une odeur fangeuse que je croyais depuis bien longtemps disparue. quand je t'ai lu, j'ai chié, et vomi. Tes mots m'on fait suer du cul comme une bouse de vache sous le soleil de juillet. je te méprise, cafard, je te méprise et te hais. ta vieille gueule jaunâtre me donne la nausée. Tu comprends, ordure? je ne te salue pas, te conchie toi et tous les tiens. Adieu, enculé, puisse tu crever dans les moindre délais.
LE JOURNALISTE: je vois, je vois. vous n'avez donc pas trop aimé, mh?
LE CRITIQUE: attendez, je n'ai pas fini!
L'ECRIVAIN: allez-y.
LE CRITIQUE: PS: je te bise quand même, j'ai mis de l'arsenic sur ta chair. sache que c'était pas mal, pour une fois: j'ai déjà vu un goret manier la poésie avec moins de dextérité.
L'ECRIVAIN: Je comprends.
LE JOURNALISTE: Très bien. Merci P., C., d'être venus nous voir. L'émission touche à sa fin. A la semaine prochaine.

La vulgarité? pourquoi tant de vulgarité? Elle ne supportait pas ça, Amandine. J'allais la marier. Nous ferons un beau couple. Et puis, elle n'est pas si mauvaise. Il faut le contraste, disait-elle, et avant l'amour elle me récitait quelques vers de poésie. Puis je défaisais sa chevelure, se déposant sur ses épaules. J'aimais la voir zébrée de la lumière des volets. "Amandine..." Peut-être qu'elle m'aimait? je ne sais pas. ce sont de questions qui ne se posent plus. Salomé, la brune, et Paul, qui existait peut-être, venaient parfois nous rendre visite. Nous faisions la cuisine, Amandine et moi, enlacés. Je guidais sa main. Poêles, huile, je craquais l'allumette: elle n'osait jamais le faire seule. Évoquez le gaz et elle devenait toute nervosité. L'ail se dorait à crépitements, la viande enfin. Légumes, huiles. Dans le creux de ma paume, elle ne retirais jamais sa main. Je sentais son odeur: savon de Marseille. Elle était bien, Amandine, je crois qu'elle était faite pour moi. Et puis au moment du coucher, elle ne me laissait penser qu'à une chose...

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Calvin

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Message  Calvin Sam 22 Mai 2010 - 20:32

La première fois que je vis Amandine, elle découvrait ses dents au café, la tête rougie et basculée en arrière, riant à gorge déployée. Moi j'étais plus loin, à quelques tables, et je m'étais retourné. Elle se tut quand elle me vit, pouffa. Je me suis dit que c'était bon signe, alors j'ai tenté et elle, un soir, signa. Je m'étais approché d'elle, ses amies étaient parties. "Voulez-vous un café?" lui dis-je. J'avais mon costume de galant, minet en règle, formes bien modelées. Elle m'offrit un sourire et accepta. Je la regardait boire avec ses fausses manières, ça crevait les yeux, et puis ce chapeau de paille trop grand pour elle... mais non. C'était la mode. Amandine était une fille de son temps, et moi un garçon du même. Nous étions tellement faits pour nous entendre que, ce n'est que le lendemain de la première nuit qu'elle pensa à me donner son prénom. "Amandine..." Elle le minauda tellement que je m'attendais à le voir sortir de sa bouche, en glace, macaron, un petit quelque chose dont je n'eus rien. A part ses lèvres, peut-être. Mais la salive, oh c'est fade, et puis d'un commun.
Amandine donc, partageait comme on dit trivialement ma couche et une partie de ma vie. Elle avait ses tics, ses manières, elle voulait absolument ranger sa brosse à dents dans une trousse, fumer une cigarette et demie après l'amour, manger une tartine de miel pour le petit-déjeuner... elle ne m'appelait que "minou" ou "mon chéri". Ses quarts-d'heures téléphone avec copines étaient sa messe de minuit. Elle lisait le journal en se caressant les cheveux, doucement, la main faussement fragile qui touchait le lobe et glissait jusqu'à la nuque... elle disait, "nos enfants, une fille, appelons-la Salomé" Salomé? Elle était folle de ce nom.
Salomé Salomé. Elle le murmurait la nuit. Elle mettait un coussin sous son ourlet, ça lui grossissait la robe, devant son miroir répétait "salomé salomé salomé salomé..."
Salomé. J'en ai connue une, une fois. Petite brune, l'air gentil. Salomé, un peu craintive, timide, et puis trop fifille... on aurait dit qu'elle était asexuée. Salomé, elle avait un amant. comment, déjà... Paul. Et une fois, avec Paul, j'eus une conversation.
Paul était un intellectuel, le genre qui aime parler livre. Il lissait son costume gris, la montre rajustée, le mouchoir en place. Et puis? Il parlait, Paul. parlait parlait parlait. Tous deux, nous écrivions des livres. Oh, c'était sans prétentions. Il se réclamait de Malraux ; sous la douche je pensais à Aragon.
"Dis donc", -son affreux tic de langage- "c'est quoi au fait, tu ne m'as jamais dit."
"Jamais dis quoi?" Et c'était parti. On attendait le garçon, il amenait les cafés. Le sien, coupé, et le mien, bien noir, bien tassé. Il faut que cette nuit en tasse me modèle la gorge à coups de griffes, sinon ça ne sert à rien. Celui là était plutôt bien servi.
"Tu m'as jamais dis quels livres t'avaient donné envie d'écrire."
"Ah", je dis, et je fis slurp. Café chaud, slurp. "Tu veux parler des origines?"
"Appelle ça comme tu veux. Des origines, oui."
"Il était un temps, je me prenait pour Rimbaud. Quand j'ai lu la saison... oui, en enfer, enfin Dante, la saison. Je me suis dit quoi, hm, pourquoi ce jeune Arthur m'a écrit une lettre à travers les âges, dépassant et voguant ainsi sur les flots du temps et de la nuit?"
Paul était gêné. Je crois qu'il n'a jamais bien su comprendre l'humour qui ornait chacune de mes phrases.
"Euh... oui, oui. Je préfère ses vers. Mais à Rimbaud, je préfère Baudelaire, ou au moins Valéry. Ses poésies sont plaisantes, mais elles sont signés par un gamin de 16 ans. Tout de même"
Ma tasse fait clic-clic.
"Oui, je vois. Vois-tu, mon ami, Rimbaud... ah Arthur. Mais pour moi rien ne vaut plus qu'Aragon.
"Aragon?"
"Oui."
Sylviane me regarda. C'était la serveuse emblème du Conti, la brasserie chic de nos causeries dominicales. C'était quelque chose cette fille... Sylviane, donc, dansant entre les mots de Paul...
"Aragon, je n'ai pas particulièrement aimé ses romans. Ses vers non plus, d'ailleurs. Vois-tu, je n'ai rien contre les communistes, mais Aragon..."
Sylviane danse. Quand Sylviane danse le temps du récit est au présent. Elle fait bouger sa robe. On se risque à deviner les plis de sa peaux cachés par l'habit. Sa robe est noire et, derrière la chaire blanche, son sang aussi... cette fille qui se fait passer pour une ballerine nous révèle sa vraie nature d'aimant.
"Et donc, comme je le disais, dans l'Espoir de Malraux, je vois bien plus une..."
Sylviane danse danse danse danse. tourne tourne elle tourne et puis après Paul il parle et ce qu'il dit ne sort plus de sa bouche. Ses phrases rampent sur ses oreilles, sa tête est une caverne que plus rien ne doit quitter. sylviane sylviane je l'aime, et puis, c'est bien ça l'origine. Une femme, un homme, peut importe des corps, quand on voit des corps se mouvoir ainsi, comment ne pas vouloir les écrire sur le papier eux aussi?
"Non?" je fais à Paul.
"Euh, dis donc, quoi?"
Paul est sourd, et son parapluie de mauvais gout.
"Tu as changé de parapluie?"
Il me dit que oui.

Sylviane nous débarrasse, toujours aussi belle. Je laisse le pourboire. cinq francs. nous sortîmes. Je jetais un dernier coup d'œil à cette danseuse au public aveugle qui se démène dans son palais de glaces. Et Amandine? On s'en fout. Paul aussi. d'ailleurs Paul, il n'existe pas. j'ai assez de moi seul pour aborder mes origines. Et à cette heure, vu le soleil sur le Panthéon, il devait être midi. sur les murs, une seule phrase:

"TO THE UNHAPPY CROWD"

Le temps passa. Je pensais à Amandine. J'allais la marier. Nous ferons un beau couple. Et puis, elle n'est pas si mauvaise. Il faut le contraste, disait-elle, et avant l'amour elle me récitait quelques vers de poésie. Puis je défaisais sa chevelure, se déposant sur ses épaules. J'aimais la voir zébrée de la lumière des volets. "Amandine..." Peut-être qu'elle m'aimait? je ne sais pas. ce sont de questions qui ne se posent plus. Salomé, la brune, et Paul, qui existait peut-être, venaient parfois nous rendre visite. Nous faisions la cuisine, Amandine et moi, enlacés. Je guidais sa main. Poêles, huile, je craquais l'allumette: elle n'osait jamais le faire seule. Évoquez le gaz et elle devenait toute nervosité. L'ail se dorait à crépitements, la viande enfin. Légumes, huiles. Dans le creux de ma paume, elle ne retirais jamais sa main. Je sentais son odeur: savon de Marseille. Elle était bien, Amandine, je crois qu'elle était faite pour moi. Et puis au moment du coucher, elle ne me laissait penser qu'à une chose...

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To The Unhappy Crowd Empty Re: To The Unhappy Crowd

Message  Invité Sam 22 Mai 2010 - 21:31

Désolée, j'ai décroché à un peu moins des deux tiers de la première version ; outre que le sujet m'agace (une fois de plus, la difficulté de la création chez le créateur, putain, ça va bien !), le côté désarticulé de la prose, ici, me gonfle. Je comprends bien que l'idée est de suivre au plus près le courant neuronal dans les circonvolutions cérébrales du narrateur, mais, à mon avis c'est très chiatiquement et nombrilistement fait. Le peu d'attention accordé à la présentation du texte, du point de vue typographique et même orthographique, n'aide pas.
Je n'ai pas lu la deuxième version dont vous dites qu'elle raconte la même chose.

Mes remarques, jusqu'au moment où j'en ai eu marre :
« Je la regardais boire avec ses fausses manières »
« Voulez-vous un café? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« tellement faits pour nous entendre que, (pourquoi une virgule ici ?) ce n'est que le lendemain de la première nuit qu'elle pensa » : lourd, ceci, je trouve
« une fille, appelons-la Salomé" (manque un signe de ponctuation de fin de phrase) Salomé? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« J'en ai connu (et non « connue ») une »
« -son affreux tic de langage- » ; typographie, pour introduire et fermer une incise on n’utilise pas le trait d’union « - », mais « – » ou « — »
« Jamais dit quoi? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« Celui -(trait d’union) était plutôt bien servi »
« Tu m'as jamais dit »
« Tu veux parler des origines? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« je me prenais pour Rimbaud »
« les flots du temps et de la nuit? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« Ses poésies sont plaisantes, mais elles sont signées (les poésies) par un gamin de 16 ans »
« Mais pour moi rien ne vaut plus qu'Aragon. » : vu les conventions typographiques que vous utilisez pour les dialogues, je pense que manquent ici des guillemets pour signaler la fin de la réplique
« Aragon? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« derrière la chair (et non « chaire », sauf si vous voulez dire que Sylviane danse derrière une chaire de curé installée au café Conti) blanche »
« peu (et non « peut ») importe (« importent », puisqu’il s’agot des corps ?) des corps »
« Non? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« Euh, dis donc, quoi? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« Tu as changé de parapluie? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« Tu me demandais: » : typographie, une espace avant les deux points
« me pousse à écrire plutôt qu'à pleurer continuellement? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« Dis donc »
« Paul. Sais-tu qu'il n'y a pas de pensée hors des mots? que le reste n'est qu'un brouillard informe? » : typographie, une espace avant les points d’interrogation
« il écrit les choses dont (dans la mesure où on ne pense pas des choses, mais aux choses, il faudrait écrire « les choses auxquelles je m’ignorais penser ») je m'ignorais penser? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation
« le paysan de paris. La défense de l'infini »
« théâtre/roman »
« comme tout lu. Elle était libre, sa langue, un putain de champ de blé , (typographie : pas d’espace avant la virgule) vois-tu? » : typographie, une espace avant le point d’interrogation

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To The Unhappy Crowd Empty Re: To The Unhappy Crowd

Message  elea Dim 23 Mai 2010 - 13:26

Puisque j’avais le choix dans le préambule, j’ai de suite été à la seconde version, et je n’ai pas du tout lu la première.
La seconde m’a bien plu, un peu décousue, virevoltante, détonante, donc vivante.
Mais j’avoue que je me serais bien passé du passage avec Paul et Sylviane, et surtout des digressions sur les poètes.
J’ai surtout accroché à Amandine et au narrateur en fait.

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To The Unhappy Crowd Empty Re: To The Unhappy Crowd

Message  Calvin Dim 23 Mai 2010 - 13:38

D'accord... je pourrais éventuellement faire une troisième version, centrée sur Amandine et le narrateur, en fait (j'avoue que le reste, c'est un peu de la masturbation littéraire)

Calvin

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