Je rassemble à ce que l’on dit

[Rêvelin]

Je rassemble à ce que l’on dit
Le mot comme des visages la nuit
Qui s’illumine à l’aube entre tes
Yeux se colle et se déchire au gré
De vos paroles qui se penchent les mots
S’épanchent le jour comme ton visage en moi
Parle et crie au creux de mes lèvres
Aussi tes mains sont mes yeux dévisagent
Avec tes yeux mes mains comme des pas moi
Comme des autres
Le mot s’il a deux profils je ne sais pas mon visage
A pile ou face on va jeter le mot de l’autre en moi
Le moi de l’autre en mots le long de ma prunelle
Et le jour comme ton visage aura la nuit qui dégouline
Au creux de mes cheveux noirs d’elle et de toi qui se tue
A me faire

Spoiler:

[Jérémie]

On peut dire que c'est moi qui l'ai écrit?
Une de vos plus belles prod à mon sens, je ne sais pas si ceci est sorti d'un bloc ou a fait l'objet d'une lente et méthodique rumination, peu importe je trouve l'alternance des sonorités, des sens plus qu'ingénieuse. Vous avez compressé et raboté un prisme comme on le fait quelques fois, permettant au lecteur de redécouvrir les legos et la joie de se saisir créateur malgré lui, par là d'affiner la perception qu'il a loisir de manifester au contact de la réalité.
Juste une remarque:
Et le jour comme ton visage aura la nuit qui dégouline
Au creux de mes cheveux noirs d’elle et de toi qui se tue
A la première lecture, j'ai du mal à vous exprimer pourquoi ces vers me gênent-rapport à l'ensemble, non dans leur construction interne-peut-être est-ce ici l'introduction d'une palette de couleur qui fige l'idéation.
En tout cas merci.

[Rêvelin]

Merci pour votre commentaire.
Il est sorti d'un bloc mais souvent ce sont ces textes là qui ont longtemps mûri à l'intérieur.

En fait le "noirs" ne sert qu'à définir les cheveux, j'aurais tout aussi bien pu mettre longs ... mais le "noirs" était plus simple et reflétait en même temps un sens lointain de part cachée; Les cheveux sont définis, "noirs", par "elle et toi".

[Calvin]

J'ai bien aimé le rythme cassé, le découpage, tout ça. C'était très charmant. Après le poème est en peu en montagne russe, dans la mesure où du bon succède a moins et bon et inversement, et c'est assez dommage qu'il se finisse sur une touche de moins bon.

[Rêvelin]

je corrige une faute récurrente chez moi : "au gré"

Corrigé dans le texte.
La Modération

[Invité]

J'aime beaucoup cette façon de jouer avec le rythme des vers et de détourner les mots. C'est différent, bien loin de la poésie classique, c'est réussi à mes yeux (et oreilles !).

[Sahkti]

J'aime cette écriture qui se veut frénétique tout en se contenant pour dérouler un long fil qui trépigne. C'est bien ficelé, dis-donc, vibrant et fort, sans que pour autant tu en fasses trop. Les coupures, les ruptures, le rythme... tout participe à cette impression de réussite.
Vraiment, j'aime beaucoup ce texte. Bravo Rêvelin !

[Ligne12]

Sur les traces de G.lucas mais pas exclusivement, un texte rare. Curieusement, la mise en page et le soucis du détail semblent négligés, l'accentuation d'un A majuscule semble à la portée de tous, de nos jours. La portée du texte, elle, ne procure qu'un vaste plaisir qu'on souhaiterait secouer d'une remarque ou d'une question, sans toutefois s'en montrer capable.

[Invité]

Merci Ligne12 pour avoir fait surgir des archives ce poème.

J'apprécie toujours l'absence de ponctuation qui laisse au lecteur le soin de la placer à la lecture, ce qui donne des sens différents à l'écrit, parfois.
J'ai adoré.

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