Gibier de potence

[mitsouko]

Rétines picorées
Par vos becs écarlates
Vos ramures qui ploient
Sous nos corps balançant

A nos chairs exposées
Aux morsures du froid
Sublime grouillement
De nos vers qui festoient

Ne pleurez pas ma Tendre
Nos dépouilles mortelles
Le vent vous soufflera
Les tourments de nos cœurs

Epouvantails de nos corps
A leurs fêtes galantes
Ne chassent point la peur
Qui sous la soie tenaille

Nos trognes grimaçantes
Aux gibets noirs pendues
Ne sauraient endiguer
Tonnerre de nos cris

Ne pleurez pas ma Douce
Nos tendresses de l’aube
Mandragore a fleuri
Au pied de nos envies

Roitelet qui se dresse
Au fumier du royaume
Seul Dieu vous peut absoudre
De vos ignominies

Frères humains n’oubliez
Que tout pouvoir corrompt
L’injustice est le feu
Qu’attisent nos révoltes

Ne pleurez pas ma Belle
Sous nos chênes prostrée
Des jours nouveaux s’en viennent
Ebranler leur superbe

[mentor]

ça aurait pu faire une belle série d'alexandrins avec césure à l'hémistiche ;-)
chouette texte, clair, fort, imagé

[Invité]

Bon, j'ai toujours du mal avec le rythme d'hexasyllabes, fussent-ils comme ici parlés, d'autre part je trouve que le parfum médiéval du poème s'accorde mal avec le choix de ne pas rimer...
Quelques belles images : tout le premier quatrain, "Aux gibets noirs pendues", d'autres plus faciles, une impression générale de bavardage, de dilution... Je ne suis guère convaincue cette fois.

Remarque : "Epouvantails de nos corps", pour moi, casse complètement le rythme. Impossible de le prononcer en hexasyllabe, celui-là.

[Invité]

Chasse aux sorcières. Inquisition. Charles 1er. Des pendus partout.
Le texte a le mérite de me remettre l'Albion d'antant en tête.
Je n'ai pas scandé : il est trop tard, le texte en restera comme il est.
Histoire navrante.

[Invité]

Mitsouko enfin de retour. Bienvenue.
Avec une superbe évocation genre gibet de Montfaucon. Je pense aussi que les alexandrins seraient bien là, même sans rimes, pour le rythme, (le balancement, si j'osais)
"Nos corps épouvantails", l'inversion permettrait d'avoir les pieds (du sizain) d'applomb (simple suggestion)

[Invité]

Je vais faire la fine bouche... Je sens instinctivement qu'il y a là du beau travail ciselé ; toutefois, mon ressenti me tient complètement à distance de ces vers que je suis incapable de savoir apprécier, quelque chose dans le rythme en particulier je crois, haché, bien trop haché à mon oreille. Désolée. D'autant plus qu'il s'agit là d'un de mes thèmes de prédilection

[Arielle]

J'ai beau relire et chercher ce qu'apporte de plus, ou d'autre ce poème à la ballade qui l'inspira ...
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Nul n'est à l'abri d'un hommage maladroit ;-)

[silene82]

Dommage. Outre que le côté médievo-ludique tape un peu en touche, ce n'est pas du Mitsouko AOC, en tout cas pas celui que j'aime. Les pendus se fussent-ils balancés à des réverbères, après une policière échauffourée, voire eussent-ils été constitués desdits gent d'arme, que, peut-être, comme au marché de Brive-la-Gaillarde, j'eusse biché. Mais là, ils pendouillent tristement - ce qui peut s'entendre, l'ardeur manquant souvent dans ces instants, sauf à la guilledie, ou mentule, connue pour les spasmes libératoires qu'elle dégorgeait.
Je pense qu'ils n'ont été pendus ni haut, ni court, et que les Bleus les remplaceraient très avantageusement.

[loic]

la roche tarpéienne est proche de la ballade des pendus!

je me revois marchant parmi les roches du capitole


amitiés Mistsouko

[Sahkti]

Partagée je suis face à la longueur du texte qui finit par empreindre le rythme d'une certaine monotonie, d'une lancinance qui le voit s'essouffler. Dommage car il y a quelques images fortes et belles, avec une déclinaison classique soignée, qui me plaît beaucoup, mais au fil des strophes, je sens bien que mon plaisir s'amenuise, comme si la répétition dans la ferveur ne pouvait que l'émousser.

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