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Jonathan/De natura mentularum

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ubikmagic
Arielle
silene82
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Message  silene82 Jeu 24 Juin 2010 - 11:13

L'armoire est haute. Haute et sombre. Un bloc austère. Prétendument Empire. Empire des années 50, s'entend, zamac et placage médiocre. Plus les grands miroirs qui la tapissent.

Quand j'ai découvert au matin la gelée blanche et froide, presque déjà bue par le coton, j'ai hésité ; joie ou inquiétude ? La Régente, magnifiquement gênée quand je lui avais demandé comment se fabriquaient les bébés, a évacué la demande en parlant de dessins explicatifs. Drôle d'idée de vouloir dessiner. Il doit bien exister des dessins déjà faits, d'ailleurs. Je connais le protocole mécanique, en plus, ça fait des années que j'en discute avec les Perrin, dans le cabanon aux outils. Le grand, Sylvain, qui va faire docteur, ricane en répétant que gynéco, rien du tout, toute la journée à examiner des trous, merci bien. Mais il n'explique rien du tout, rien que l'évidence, qu'on a déjà sous les yeux avec les chiens qui passent leur vie à se sucer en pleine rue, et à se monter avec les oreilles en arrière. Ils ont l'air aussi stupides que quand ils caguent. Le féminin, l'océan de l'autre sexe, c'est pas ça. C'est évident que c'est pas ça. Des filles, il y en a guère. Les frangines, mais elles comptent pas. Celles de l'école alors. Madeleine. Sonia. Mais c'est pas pareil, c'est des îcones, des jolis visages, des voix douces, des paroles apaisantes, du bien-être. Rien à voir avec cette sensation dans le bas-ventre, comme l'autre fois où j'ai vu la culotte de cette femme accroupie comme pour faire pipi sur le trottoir qui attachait les lacets de sa mioche. J'ai baissé la tête en passant vite, et tout de suite j'ai eu envie de revenir voir. Pas osé. La première fois que j'ai trouvé la crème, j'ai cru à une maladie, à une infection, pendant quelques secondes. Je n'y étais pas préparé, je savais que ça existait, sans en avoir jamais vu, mais je n'avais pas compris que ça m'arriverait nécessairement. Et maintenant. Je me souviens que le rêve finissait d'un coup, la fille m'attirait vers elle. Le réveil avait fait exprès de sonner juste à ce moment, et c'est là, en allant pisser dans le lavabo, que j'avais vu. J'avais touché, reniflé, goûté. Pas du tout dégoûtant, j'aime tout ce qui sort de moi, à peu près. Comme un déclic a eu lieu, la conscience d'être pubère, apte à engendrer ? En tout cas, j'ai commencé à rechercher du coin de l'oeil tout ce qui ressemble à du corps de femme. A aller fouiner dans l'arrière-boutique des vieilles de la Maison de la Presse, qui cachent avec puritanisme les fascicules. Certains ont des bandeaux noirs sur les parties intéressantes. Alors ça sert à quoi de mettre des photos, si elles sont masquées ?

Jonathan est devant la monumentale armoire. Elle trône massivement dans la chambre nuptiale, flanquée superbement de l'assortiment complet, qui a tous les airs d'un cadeau de mariage sensé et durable, le lit dépourvu de baldaquin, raide comme un coup de trique, sombre et d'une austérité moche, les chevets à dessus de marbre. A l'unisson de l'armoire, les meubles d'une prétentieuse médiocrité chuchotent à mi-voix, comme Jonathan se figure les entendre.
« Est-ce que nous ne ressemblons pas au mobilier de la Malmaison ? » demanderaient-ils.
Jonathan, qui entretient volontiers de longues conversations avec les objets, faute d'interlocuteurs valables, ou suffisamment oisifs pour pouvoir investir les longues plages de temps que requerrait une discussion intéressante, puisque le petit singe a toujours une paperole sortant de la poche, c'est-à-dire un détail qui relance la disputation, leur répond in petto avec le plus grand sérieux que certes, l'allure générale, quoique exécrable quant aux proportions, ressemblerait peut-être, de manière caricaturale, aux plus mauvaises productions du temps du traîneur de sabre La Paille au Nez, mais qu'il y manque cependant, si l'on veut déployer des arguties, à tout le moins un ciel de lit, fût-il de soie unie et austère, puisque le Corse atrabilaire n'aimait que l'apparat militaire.
Pendant qu'il y est, Jonathan en profite pour revisiter son mobilier français, et raille la médiocrité inventive desdites soieries malmaisonnières, au mieux garnies d'une grecque, qu'il oppose à la flamboyance luxuriante du lit à la polonaise de la Pompadour, tout drapé de soie dans le goût chinois, avec de délicieux petits ouistitis en costumes multicolores de mandarins d'opérette, gambadant dans les plis. Le ton et le plaidoyer doivent être convaincants, car le sombre ensemble ne pipe mot.
Alors que tout est toujours secret et tu, que Monseigneur et la Régente arborent des mines de soumis à la question dès qu'on aborde un sujet touchant à l'intime, comme l'argent, que le dogme baptiste ne sait jamais trop bien par où prendre, tel un bâton merdeux, car depuis le célèbre aphorisme du riche pour qui il est plus difficile d'entrer dans le Royaume de Dieu, - aboutissement parfait de la carrière -, que le chameau de passer par le chas d'une aiguille, on marche à cloche-pied avec ce Yeshoua iconoclaste, qui passe son temps à contredire ce que des personnes fiables, dont son vénéré père, non le putatif, mais l'autre, de bon renom cependant depuis la Création, ont dit, curieusement il appert fréquemment que la porte qui garde l'alcôve soit ouverte, voire en grand.
Un rapide examen des profondeurs de médiocre acajou d'un chevet fait émerger un livre, dont la simple ouverture frappe Jonathan au plexus, tandis que son bâton à fouir tente de percer la toile du short. Une effigie décapitée, par juvénile pudeur sans doute, occupe une page entière d'un ouvrage de vulgarisation des rudiments du commerce amoureux. La mamelle a quelque chose encore de l'enfance, tant il est manifeste que sa rondeur est récente, et un assez lâche réseau de poils follets habille gentiment le rond bas-ventre de la donzelle. Peu de révélation en somme, puisque la pucelle, ou supposée, tient très obstinément serrées ses cuisses rondelettes. D'ailleurs la légende explique que la nubilité, c'est précisément ça, le nichon qui enfle et les menus désagréments lunaires, signes de la mise en fonction de la caverne à bébés; à la page précédente, une affligeante pisseuse, longue comme hareng saur, plate comme limande et glabre comme xoloitquintle, initie bien la progression qui mène au corps épanoui de la femme faite, quelques pages au-delà. Laquelle captive Jonathan davantage encore que la pubère, de par la plénitude de son corps, dont il ne se lasse pas d'admirer les courbes, et la broussaille affriolante de ses aisselles et son pubis, dont il imagine, dans un vertige tournoyant, les puissantes senteurs.
Jonathan, dans un affolement précipitatoire, le sang battant aux tempes, dans le sauve-qui-peut de celui qui se trouverait tout d'un coup seul devant la caisse ouverte d'une banque et saisirait compulsivement des liasses avant de fuir en courant, empoigne le livre admirable, et file à sa chambre. Il conçoit confusément le risque effrayant qu'il prend là, dans le cas où la Régente, dont c'est le chevet, vérifierait inopinément l'état de ses possessions livresques. Mais la tentation est trop forte, et ce battement sourd, cette gorge oppressée par le désir, ce tremblement des mains, cet état de transport, il ne les échangerait contre rien au monde.
La simple ouverture du livre, malle aux merveilles, où, passées les pages de mise en bouche, festonnées de dessins explicites, mais à vocation didactique, on entre, si l'on peut dire, dans le vif du sujet, encore que les dames requises pour l'exposition pédagogique de leurs charmes manifestent une pudeur tout à fait déplacée, comme en juge Jonathan, qui aimerait assez que se dévoilassent les intéressantes zones qu'elles tiennent celées entre leurs cuisses, avec une conviction à la fois frustrante et hors de propos, a un effet explosif sur l'inexpérimenté documenté, qui au bout de quelques pages, bouche sèche et langue sortie, voit un voile noir lui couvrir les yeux, se sent défaillir à s'en trouver mal, tandis que, sans la moindre sollicitation, son appendice jusque là d'un usage unique, dégorge inlassablement, comme s'il devait éteindre un sinistre. L'épuisement qui s'ensuit inquiète Jonathan, mais il se souvient opportunément de ce que les étalons, après avoir sailli, tombent parfois à terre, jambes flageolantes, et qu'il leur faut un grand moment de récupération.
Le crime heureux enhardit. Jonathan est passé maître dans la soustraction contemplatoire des merveilles éducatives, qu'il emprunte et ramène avec une aisance de pickpocket.
Le corps de l'ouvrage détaille et montre des positions de déduit, jouées à un seul protagoniste : seule la récipiendaire se prête au jeu, avec une extrême retenue, tout à son honneur certes, mais sans rien révéler d'irrésistible. Lève-t-elle la cuisse, dans un louable effort occidental d'appropriation de la maîtrise indienne, pour mimer l'éléphant languide ou le palanquin des plaisirs, que le photographe, vraisemblablement dépêché par l'Evêché, détourne pudiquement l'objectif, mitraille en plongée, et ne restitue qu'une assez banale mortelle, au corps délicieux certes, mais dont seul un friselis , vers le bas, signale le sex-appeal. La nouveauté produit quelque temps son effet, certes, mais comme tout en ce monde, connaît progressivement l'entropie : Jonathan, en odeur d'appétit, subodore qu'il doit se trouver caché quelque part, de plus substantielles munitions.
L'armoire. L'armoire, à l'évidence : Régente et Monseigneur la partagent, chacun son côté, le milieu formant penderie. En haut,sous les piles diverses des biens textiles de Monseigneur, la main rencontre, puis extrait un petit fascicule rose qui d'emblée laisse supposer d'autres friandises.
Une prescience quant au contenu serre les tempes de Jonathan, qui tremble d'excitation, avant même de voir. Le fascicule, d'assez médiocre facture, dans un méchant papier glacé, reproduit des dessins extraits d'ouvrages licencieux, tant européens qu'asiatiques. Un survol condensé de l'érotisme, quelque peu anarchique, et évidemment peu exhaustif : Rowlandson, dont les dessins à la fois talentueusement protestataires et nettement descriptifs, n'y figure qu'avec une assez banale reproduction qui ne rend même pas compte des couleurs, comparables aux images d'Épinal. D'autres jolis crayons, Deveria, Becat pour les modernes, exposent dans des situations acrobatiques ou risibles les diverses facettes du coïtus sempervirens. Les japonaiseries estampées révèlent à Jonathan, interloqué, des turgescences d'autant plus surprenantes qu'elles appartiennent à de tous petits bonshommes : Jonathan a côtoyé force Japonais, harnachés d'appareils à images et de boîtes à sons, puisqu'ils se considèrent comme les voyageurs de commerce de leur arrogant Empire, et a pu constaté la médiocrité de leur stature ordinaire. Les excroissances belliqueuses et triomphantes, en déduit-il, ne peuvent être que des représentations symboliques, avis conforté par des lectures vérificatoires.
Jonathan dispose d'une mémoire visuelle quasi photographique : on comprend par conséquent que malgré les joies infinies de la transgression – enfin, on touche là à l'indicible, il va de soi que ce genre de document, qui ne se peut obtenir que sous le manteau, de façon secrète car la France de ce temps est d'une levantine pudeur, s'il venait à la connaissance des chers frères, puisque Monseigneur est une figure éminente dans l'évangélique confrérie, provoquerait à tout le moins un raz-de-marée -, une certaine lassitude due à l'accoutumance se manifeste rapidement, comme dans toutes les addictions. Encore que l'exploration un peu plus méthodique des entrailles de la rigide armoire amène des pêches intéressantes et complémentaires, jeux de photos en noir et blanc où de jeunes femmes s'effeuillent consciencieusement avec des moues câlines, insistant longuement sur la dépose des bas, maintenus par des sortes de lanières, système dont l'esprit prospectif de Jonathan analyse immédiatement la faiblesse, puisqu'à l'évidence si peu de points d'attache amèneront nécessairment besoin de rajustement, de loin en loin, providence des vieux marcheurs.
Certes, le jeune sang tourne toujours vite, et du regard au désir l'étincelle court comme l'éclair ; la révélation vient cependant de la découverte d'un livre, enfoui comme les autres joyaux dans la panse sombre.
Mauvais livre au demeurant, pesant et poussif, qui raconte en l'étirant une histoire filandreuse ; mais tout ce brouet n'est que la garniture d'un propos autre, mal amené et piteusement exploité plus encore, où des scènes décrivant des nudités impudiques, évoquant des remugles puissants, des frondaisons luxuriantes, provoque chez Jonathan un tremblement infiniment supérieur à ce que la vision sans voile des mystères lui avait procuré. La musique des mots, l'évocation qu'ils amènent, aussi réelle et palpable que la vie vraie, et de surcroît remodelable à l'infini, car la situation peut mentalement se mettre en scène de mille manières, le transporte bien au-delà de ce qu'il avait connu jusque là.
Fort de cette découverte, Jonathan fouine, dans un champ plus étendu, et la tâche n'est pas aisée, car si les enfers existent fréquemment tant dans les librairies que dans les bibliothèques d'honnêtes gens, ils ne sont pas, évidemment, très accessibles. Sade ne plastronne pas en tête de gondole, les temps sont moralisateurs, Louys se lit sous le manteau, Calaferte est confidentiel, comme Hardellet. Apollinaire s'étudie au lycée certes, mais par pour les aventures de Mony Vibescu, qui ravissent Jonathan au-delà de toute mesure, car le texte, profondément évocateur, est en même temps jubilatoire dans son délire dépaysant.
Jonathan découvrirait-il le pouvoir étrange de l'imaginaire, et le souffle puissant du phantasme ?
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Message  Invité Jeu 24 Juin 2010 - 12:04

J'ai adoré, sauf la partie à la première personne : dans un style si élaboré, elle passerait mieux, je pense, au passé, comme un retour de l'homme plus mûr sur ses émois juvéniles, mais comme stream of consciousness du godelureau dont le nez pisse encore le lait (hum), c'est trop artificiel pour moi, même sachant le degré de sophistication cognitive du bambin ; le sexe le tourneboule, quand même, que diantre !

Mes remarques :
« c'est des icônes »
« rechercher du coin de l'œil tout ce qui ressemble à du corps de femme »
« Le ton et le plaidoyer doivent être convaincants, car le sombre ensemble ne pipe mot. » : j’adore !
« - aboutissement parfait de la carrière - » : typographie, le trait d’union « - » ne suffit pas à encadrer une incise, il faut prévoir le quart ou semi-cadratin « – » ou « — »
« la mise en fonction de la caverne à bébés; » : typographie, une espace avant le point-virgule
« subodore qu'il doit se trouver caché quelque part, (pourquoi une virgule ici ?)(/b] de plus substantielles munitions »
« Rowlandson, dont les dessins à la fois talentueusement protestataires et nettement descriptifs, n'y figure qu'avec une assez banale reproduction » : Rowlandson n’y figure qu’avec la banale reproduction, mais les dessins protestataires et descriptifs, que font-ils ? Je pense qu’il manque un verbe à la relative
« et a pu constat[b]er
la médiocrité de leur stature ordinaire »
« provoquerait à tout le moins un raz-de-marée -, » : typographie, le trait d’union « - » ne suffit pas à fermer une incise, il faut prévoir le quart ou semi-cadratin « – » ou « — »
« où des scènes décrivant des nudités impudiques, évoquant des remugles puissants, des frondaisons luxuriantes, provoquent (les scènes) chez Jonathan un tremblement »
« bien au-delà de ce qu'il avait connu jusque-(trait d’union) » : assez maladroit, je trouve cet « au-delà (…) jusque-là »
« Louÿs se lit sous le manteau »
« mais par pour les aventures de Mony Vibescu »

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Message  Invité Jeu 24 Juin 2010 - 12:46

nécessairement

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Message  Invité Jeu 24 Juin 2010 - 12:50

C'est mignon. Quel est ton conseil pour trouver un point antérieur par où recommencer la lecture ? Ton écriture ne s'harmonise pas avec mes lectures habituelles et je vais profiter d'être dans un classique. Où Jonathan débute-il ? Autre part, j'entend, que dans les faveurs de sa mère.

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Message  Arielle Jeu 24 Juin 2010 - 13:20

Chouette, un Jonathan !
Lu les deux premières lignes avec gourmandise, pas le temps pour l'instant pour le reste ... me le garde en dessert !

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Message  silene82 Jeu 24 Juin 2010 - 13:35

@socque
Je vois l'objection sur le hard'nd deep fist fucked stream of consciousness, mais comme tu le dis, le petit singe a plus d'un mot dans sa giberne, et une déformation dans l'expression qui vient de ses lectures, et le rend parfaitement puant. Ce n'est pas un morveux ordinaire, c'est un petit d'homme tellement agaçant avec ses références à la mord-moi-le-nœud et ses citations que les individus normalement constitués de son âge n'ont qu'une envie, c'est de lui fermer son clapet.
@Panda
Deux solutions, soit aller au catalogue en démarrant avec Noël joie du monde en suivant à partir de là, celui ci étant le 17ème, soit, si tu veux, me filer une adresse mail pour que je t'envoie le PDF.
@Arielle
Houlà, attends de lire avant de t'extasier...
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Jonathan/De natura mentularum Empty Savante marqueterie.

Message  ubikmagic Jeu 24 Juin 2010 - 13:39

Un magnifique travail, rempli de retenu et de gourmandise, et qui a d'autant plus de valeur qu'il est cette fois-ci pleinement accessible, sans qu'il soit besoin de revenir en arrière pour savoir où les phrases ont commencé et combien de relatives elles contiennent. La simplicité te va bien, elle ne nuit en rien à la classe de ce bel ouvrage de marqueterie savante, digne des meilleurs compagnons de France. Bravo.

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Message  Invité Jeu 24 Juin 2010 - 18:42

A quoi rêvent les jeunes hommes, hein ?! Moi aussi j'ai trouvé que tu avais réfréné tes ardeurs écrivantes et que ça t'allait plutôt bien. Encore un peu de ce régime et tu devrais arriver à éliminer tous les bouts de gras superflus. Je dis ça mais je suis quand même drôlement bluffée, épatée, charmée par ton vocabulaire...

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Message  Arielle Ven 25 Juin 2010 - 10:45

Jonathan travaillé par ses glandes éprouve plus de fierté et en tire habilement plus de plaisir que n'a su le faire ma vraie jeune fille empêtrée dans sa honte et les détails sordides de son nouvel état.
La puberté était tout naturellement associée à la découverte de la jouissance pour un garçon tandis que la fillette de ces époques antédiluviennes ne voyait fondre sur ses frèles épaules que la menace de la reproduction à laquelle la vouait son nouvel état.

Je trouve tout à fait crédible cette quête de ton jeune olibrius qui ne doute pas un instant de trouver dans l'armoire parentale de quoi alimenter ses fantasmes ... Un peu comme si la Régente le lui avait soufflé elle-même en parlant de dessins explicatifs trop heureuse de se débarrasser de toute explication verbale ...

Bon, parce-qu'il faut bien pinailler un peu, je trouve que si ton style s'allège dans cet épisode ( ne va pas t'envoler, quand même, on ne te reconnaîtrait plus !) il ya encore beaucoup de gourmandise pour les adverbes quelquefois un peu indigestes comme ici :

Elle trône massivement dans la chambre nuptiale, flanquée superbement de l'assortiment complet
curieusement il appert fréquemment que la porte qui garde l'alcôve soit ouverte
Le passage en italique est un peu tarte à la crême et ne me paraît pas vraiment indispensable.

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Message  silene82 Ven 25 Juin 2010 - 12:08

Très chère Arielle, il est évident que les conditions des petits monstres et des petites menstruées n'ont aucun point commun : on exalte l'éjaculat premier, et on s'en enorgueillit, alors que le signe de la fécondité chez la jeune primate supérieure n'est qu'assez peu mis en valeur, et en tout cas, quand il l'est, avec des pincements de nez. Si l'on célèbre des fêtes, c'est en Inde ou en Afrique, où il est de mise de louer publiquement la capacité à être engrossée, pour perpétuer l'espèce, et enterrer les vieux selon les rites. Tout se résumant à peu près à ça.
Pour les lourdeurs, que veux-tu, c'est moi.
Pour Jonathan s'interwiouvant lui-même, dans son stream of consciousness, je comprends l'objection, mais j'en ferais difficilement l'économie, car pour moi il porte du sens.
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Message  CROISIC Ven 25 Juin 2010 - 19:48

Tu m'as bluffé M'sieur Silène ! Tu vas quand même pas te glisser dans mon créneau minimaliste ? Sans rire, ton Jonathan nous promet de belles veillées avec ou sans chaumières. Son bâton fouisseur va lui donner sans conteste un certain élan dans la vie. La curiosité ne suffisant pas les hormones doivent suivre. Je n'ai pas d'inquiétude... A la semaine prochaine alors ?
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Message  Rebecca Dim 27 Juin 2010 - 8:32

Ecriture jouissive, l'acte textuel au plus haut degré de raffinement. Voilà ce que j'appelle savoir écrire et décrire. Un travail de précision , d'ajustement impeccable des mots pour faire jaillir des images et traduire des sentiments fiévreux et exaltés.
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Message  Louis Mer 30 Juin 2010 - 16:24

Jonathan ne doute pas de trouver ce qu’il cherche dans la chambre de ses parents. L’objet de ses désirs se trouve là, dans les tréfonds de cette chambre.
Les meubles qui l’occupent doivent receler ce qui est tenu secret, ce qui ne se montre pas. Les meubles manifestent pourtant ce qu’ils ne laissent pas paraître. En effet, ils ont la parole, ils sont des signes. Et que disent-ils ? Quelques mensonges. Ils tiennent d’abord un discours trompeur. Nous sommes Empire, prétendent-ils, pareils à ceux qui occupent Malmaison. Jonathan, qui a la culture du mobilier, comme celle de toutes choses, ne s’en laisse pas conter. Meubles hypocrites, vous ne tromperez pas Jonathan !
Leurs voix pourtant lui parlent à un autre niveau, plus profond, moins conscient. Ils se disent Empire, dans le domaine des parents ; ils signifient ainsi l’empire que la Régente et Monseigneur cherchent à exercer dans la maison. Une mauvaise maison, Malmaison, disent-ils encore. Mâle maison, laissent-ils entendre aussi, pour lui, jeune mâle en quête de découverte féminine. Les meubles ne mentent pas, dans ce discours-là. Et font signes vers leur intériorité, leur intimité destinée aux mâles en mal de corps féminins, tout dénudés, et susceptibles d’exciter leur virilité. Les meubles, comme des personnes, présentent une façade extérieure et dissimulent une intériorité inapparente. Un meuble a ses entrailles. Le meuble a une âme.
Son apparence austère, à l’image des parents auxquels ils renvoient, armoire ou table de chevet dans la chambre impériale, cache les plaisirs défendus, sur papier. Derrière la sévérité de surface, se cache toujours au fond le désir. Dans les meublent habitent les livres. Au milieu du beau linge. Entre le linge qui habille, se tient le livre des images ou celui des écrits déshabillés. Cohabitation de ce qui vêt et de ce qui dénude, de ce qui couvre et se découvre. Où donc mieux faire une découverte ?
Jonathan sans cesse tend à découvrir ce qui se cache sous les apparences, c’est un trait de son caractère, intellectuel et pulsionnel. La réalité est pour lui de nature féminine.
Le livre qu’il trouve, du côté de sa mère, est trop initiatique. Il ne va pas au fond des choses, il ne dévoile pas suffisamment, mais Jonathan découvre l’érotisme dans le jeu de ce qui se dévoile pour se voiler et inversement, dans l’entrebâillement qui laisse place à l’imaginaire du fantasme.
Du côté féminin, il trouve surtout des images ; du côté de son père, le côté masculin, il découvre l’écrit. L’écrit à la puissance plus suggestive encore et plus excitante que l’image.
Ainsi Jonathan a pris ce que l’on ne lui a pas donné ; il dérobe, mieux il dé-robe ce que l’on voile, ce que l’on habille de secrets intimes. A la dérobée, il prend et apprend la jouissance.
Le style serre le propos, pas trop fort, sans l’étrangler…
Bravo Silène.



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Message  bertrand-môgendre Ven 2 Juil 2010 - 6:15

Ah ! Un texte jouissif ! Quelle belle approche descriptive tout en retenue, en finesse.
Cette découverte de Jonathan n'a pourtant pas passé le stade analytique de la chose. Quand donc la poésie se révèlera-t-elle à lui ?
Le travail de recherche des bons mots transpire dans le récit à tel point qu'il lui donne la saveur des pièces de collection.
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