Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

L'étêté

4 participants

Aller en bas

L'étêté Empty L'étêté

Message  M-arjolaine Mer 30 Juin 2010 - 9:41

Comment appelait-on un homme qui n'avait plus de tête ? La première idée qui me vint à l’esprit fut d’utiliser le terme d’« entêté » . Mais cela ne me convenait pas, je me doutais bien que ce n'était pas la bonne réponse : entêté signifiait que justement, il y avait une tête. La faute au préfixe. Non, ce devait être désentêté. Je trouvai cela un peu étrange, mais tout de même nettement plus convaincant. Puis, je réalisai que le mot juste était « décapité », et j’éclatai de rire tant je me sentis bête.

Comment vivrait-il, cet homme sans tête ? « Il serait mort », répondit spontanément la part logique de mon esprit. Oui, mais en supposant que sans avoir de tête, il aurait un cerveau ? Logé, pourquoi pas, dans un endroit ou il y aurait de la place, pas trop d’os, pas trop de muscle, juste une bonne étendue de graisse... mettons que son cerveau serait douillettement niché dans son postérieur. Bien sûr, il ne tiendrait pas le coup longtemps, parce qu'il ne pourrait pas s'alimenter, à moins qu'il ne soit hospitalisé, et relié à ces tubes bizarres qui sont censés nourrir par le bras (je n'ai jamais très bien compris ce système)... Bref, il est vivant, il peut contrôler son corps, ses bras, ses jambes, ses doigts, tout. Mais il n’a pas de tête. C’est tout de même embêtant. Car s’il n’a pas de tête, il ne voit pas. Alors comment savoir quel membre il pourra bouger, et dans quel but ? Il pourra éventuellement se toucher lui-même, et peut-être toucher ce qu’on lui mettra entre les mains, mais il ne saura qu’en faire, le brisera certainement, et ne s’en servira pas comme il le faut. A-t-on une vie amoureuse lorsqu'on n'a pas de tête ? Peut être une vie sexuelle, et encore, notre homme pourrait-il avoir une érection sans pouvoir distinguer la ravissante (ou dégoûtante) créature qui se proposerait à lui ? D'autant plus qu'il faudrait être sacrément dérangée pour avoir envie de coucher avec un type sans tête. Mais les fantasmes sont étranges, je ne pouvais me permettre d'en juger. Pour en revenir à notre étêté, il ne faudrait pas omettre le fait qu'il n’entend pas non plus ! On pourra bien se planter devant lui, et se moquer en chantant « il a pas d’tête, il a pas d’tête », ça lui sera égal, il ne réagira pas, il ne dira rien du tout, parce que de toute façon, il n’aura pas de bouche. Justement, on aurait tendance à en profiter. Je songeai que si j’avais l’occasion de croiser un homme sans tête, je me moquerais de lui en chantant juste pour le plaisir de pouvoir commettre un acte de méchanceté gratuite, sans risquer les moindres représailles. « Un homme sans bras, me disais-je, s’accommode de son handicap, et peut même mener une vie presque identique à celle du plus grand nombre. Il en va de même pour un homme sans jambes. Ou sans doigts, ou sans sexe, ou sourd, ou aveugle... on vit très bien sans tout. Mais on ne vit pas sans tête. »

Une fois décapité, de quoi avait-on l’air ? J’imaginais un corps surmonté d’un cou qui était recousu vers le haut, tout à fait naturellement. Je ne pensais pas cela sanglant, ni irrégulier. Ce devait seulement être curieux, une drôle de chose à voir. On chercherait la tête, en la pensant tellement minuscule que même le cou la recouvrait. Peut-être même chercherait-on des cheveux, avant de se rendre compte que vraiment, il n’y avait pas de tête. « Il a perdu la tête ! » s’écriraient-ils tous alors, et la rumeur courrait, « un homme a perdu la tête dans une petite ville du Nord », et à la fin, on penserait qu’un pauvre type était tout simplement devenu dérangé. C’était le commun des on-dit...

De toute manière, la question ne se posait pas. Je n’avais pas le cerveau dans les fesses, ni dans les orteils, ni où que ce soit sinon blotti à l’intérieur de mon crâne. J’étais idiot d’avoir imaginé de tels scénarios. Immobilisé, distinguant vaguement sur le sol l'ombre de la hache qui allait s'abattre sur ma nuque, je m'étonnai du nombre d'idées farfelues qui m'étaient passées par la tête en moins de temps qu'il n'en fallait pour qu'on ne me la coupe.
M-arjolaine
M-arjolaine

Nombre de messages : 285
Age : 31
Localisation : Ardèche
Date d'inscription : 07/06/2009

http://Coquelicot-Cotier.skyrock.com

Revenir en haut Aller en bas

L'étêté Empty Re: L'étêté

Message  Invité Mer 30 Juin 2010 - 9:46

Une chute sympa, qui remet bien les choses à leur place ! Avant, je dois dire, je n'ai pas retrouvé votre grâce si plaisante, le délire m'a paru laborieux...

Une remarque :
« Peut-être (trait d’union) une vie sexuelle »

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

L'étêté Empty Re: L'étêté

Message  Rebecca Mer 30 Juin 2010 - 17:37

La chute trés inattendue m'a rendu le sourire. Cependant, je pense que le texte mériterait d'être retravaillé...Je ne sais pas expliquer...Manque de légèreté...de finesse...trop tiré par les cheveux si j'ose dire...Trop bavard...J'ai eu le temps de m'ennuyer en fait. Même si la fin m'a saisie.
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

L'étêté Empty Re: L'étêté

Message  Invité Mer 30 Juin 2010 - 19:20

Pareil ! Le texte m'a ennuyé de long en large, mais sa fin le sauve à mes yeux. Très inattendue, et cependant si logique. Difficile de rendre des élucubrations intéressantes, remarque ; c'était un peu "casse-gueule" comme sujet. Et difficile de me toucher avec des élucubrations dont je savais d'avance qu'elles n'avaient pas de réalité ou d'enjeu propres.

Il y a aussi le terme "acéphale" pour dire "sans tête".
Ton texte m'a d'ailleurs fait penser aux saints céphalophores qui tiennent leur tête entre leurs mains. Et au néologisme "céphalophorisation" astucieux, qui désigne aussi dans un sens plus métaphorique, selon le linguiste Bernard Cerquiglini, le processus de prolifération de la technique, qui en vient en fin de compte à supplanter nos têtes. Chacun, en effet, emporte sa tête avec soi... grâce à des agendas électroniques ou des ordinateurs portables. Voilà, je ferme la parenthèse ! Comme quoi ce texte incite au vagabondage des pensées !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

L'étêté Empty Re: L'étêté

Message  bertrand-môgendre Ven 2 Juil 2010 - 5:41

Au début j'ai pensé aux quatre sans cou de Desnos, au début du titre seulement car je suis vite retombé sur terre. Il me semblait avoir lu de M-arjolaine des textes mieux travaillés.
bertrand-môgendre
bertrand-môgendre

Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

L'étêté Empty Re: L'étêté

Message  Invité Ven 2 Juil 2010 - 10:21

Bien aimé le début, la réflexion sur le mot-même. Bien aimé la chute évidemment. Entre les deux, ça a du mal à décoller, ça amorce sans poursuivre, ça tourne en rond pas mal ; il me semble qu'avec ton imagination tu aurais pu exploiter l'idée plus à fond, te lâcher et varier les plaisirs. Plus de délié, plus de fantaisie. Quand je pense à toutes les variations sur le mot "tête", toutes les expressions qui l'incluent, il y aurait de quoi s'en donner à cœur joie...

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

L'étêté Empty Re: L'étêté

Message  CROISIC Ven 2 Juil 2010 - 12:59

J'ai particulièrement aimé la fin de votre texte. J'imagine, connaissant maintenant vos qualités d'écriture, que vous pouvez retravailler l'ensemble ?
CROISIC
CROISIC

Nombre de messages : 2671
Age : 69
Localisation : COGNAC
Date d'inscription : 29/06/2009

http://plumedapolline.canalblog.com/

Revenir en haut Aller en bas

L'étêté Empty Re: L'étêté

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum