Le premier jour du printemps
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Arielle
bertrand-môgendre
Rebecca
milo
8 participants
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Le premier jour du printemps
Aujourd'hui, c'est le premier jour du printemps.
Il a suffit de quelques mots tombant en postillons sur mon visage, cognant la chair comme de gros poings, pour que les couleurs s'affadissent.
Et peu à peu les rimes moururent, les tournesols fanèrent. Seuls quelques cailloux poussaient encore, dans ma moelle épinière.
Dans les chairs labourées, où ne bourgeonnent que les grimaces, la salive des gens aimants est l'eau qui fait fleurir les kystes.
Mes petites fleurs vénéneuses ressemblent à des soucis. Je suis un champ jaune.
Hôpital Gui de Chauliac, troisième étage, chambre 41.
C'est un jour comme un autre : juste un amoncellement de secondes mortes dans le blanc d'une chambre saine. Tic...Tac...Tic...Tac...
Aujourd'hui, il me semble évident qu'il est naïf de croire au caractère éternel des plus belles choses.
La cambrure du corps dans la douleur n'a rien d'esthétique. Elle n'avoue qu'une infime partie de la solitude qui habite la viande. Personne ne peut vraiment comprendre.
On ne comprend pas les tumeurs, on les portes. Et on vit, une meute de chien enterrée dans le corps.
Je voudrais que tu partes, mon amour ; je me suis fait caca dessus.
Et n'essaie pas de me faire croire, avec les jolis noms que tu me donnes, que dans tes yeux je suis encore l'homme fort que je fus.
La maladie prend tout, l'espoir, les mouvements et la dignité.
Aujourd'hui c'est le premier jour du printemps.
Et les papillons se clouent dans mon œil.
Il a suffit de quelques mots tombant en postillons sur mon visage, cognant la chair comme de gros poings, pour que les couleurs s'affadissent.
Et peu à peu les rimes moururent, les tournesols fanèrent. Seuls quelques cailloux poussaient encore, dans ma moelle épinière.
Dans les chairs labourées, où ne bourgeonnent que les grimaces, la salive des gens aimants est l'eau qui fait fleurir les kystes.
Mes petites fleurs vénéneuses ressemblent à des soucis. Je suis un champ jaune.
Hôpital Gui de Chauliac, troisième étage, chambre 41.
C'est un jour comme un autre : juste un amoncellement de secondes mortes dans le blanc d'une chambre saine. Tic...Tac...Tic...Tac...
Aujourd'hui, il me semble évident qu'il est naïf de croire au caractère éternel des plus belles choses.
La cambrure du corps dans la douleur n'a rien d'esthétique. Elle n'avoue qu'une infime partie de la solitude qui habite la viande. Personne ne peut vraiment comprendre.
On ne comprend pas les tumeurs, on les portes. Et on vit, une meute de chien enterrée dans le corps.
Je voudrais que tu partes, mon amour ; je me suis fait caca dessus.
Et n'essaie pas de me faire croire, avec les jolis noms que tu me donnes, que dans tes yeux je suis encore l'homme fort que je fus.
La maladie prend tout, l'espoir, les mouvements et la dignité.
Aujourd'hui c'est le premier jour du printemps.
Et les papillons se clouent dans mon œil.
Re: Le premier jour du printemps
Très fort. Rien à ajouter.
Mes remarques :
« Il a suffi (et non « suffit) de quelques mots »
« On ne comprend pas les tumeurs, on les porte (et non « portes ») »
« une meute de chiens enterrée dans le corps »
Mes remarques :
« Il a suffi (et non « suffit) de quelques mots »
« On ne comprend pas les tumeurs, on les porte (et non « portes ») »
« une meute de chiens enterrée dans le corps »
Invité- Invité
Re: Le premier jour du printemps
socque
Encore une fois, Merci pour vos remarques et votre regard. Vous êtes précieuse.
***
Ici, je tiens à préciser que le texte n'est pas autobiographique.
Encore une fois, Merci pour vos remarques et votre regard. Vous êtes précieuse.
***
Ici, je tiens à préciser que le texte n'est pas autobiographique.
Re: Le premier jour du printemps
Texte qui cogne. Là où ça peut faire mal. Un texte fort...comme socque, je n'ai rien à ajouter.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Le premier jour du printemps
Aujourd'hui, c'est le premier jour du printemps.
Il a suffit de quelques mots tombant en postillons sur mon visage, cognant la chair comme de gros poings, pour que les couleurs s'affadissent.
Et peu à peu les rimes moururent, les tournesols fanèrent...
C'est idiot, j'ai associé ses fleurs au printemps alors qu'elles ne sont pas encore sorties de terre. Est-ce voulu ?
Il a suffit de quelques mots tombant en postillons sur mon visage, cognant la chair comme de gros poings, pour que les couleurs s'affadissent.
Et peu à peu les rimes moururent, les tournesols fanèrent...
C'est idiot, j'ai associé ses fleurs au printemps alors qu'elles ne sont pas encore sorties de terre. Est-ce voulu ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Le premier jour du printemps
Cette meute de chiens ... je crois bien que j'en ai ressenti tous les crocs plantés dans mes os à la lecture de ton texte Milo !
Re: Le premier jour du printemps
Une légère réserve sur l'accumulation de métaphores au début, mais c'est histoire de dire parce que... juste parce que. Tu sais bien.
Invité- Invité
Re: Le premier jour du printemps
J'ai la même légère réserve que Easter sur le premier paragraphe. Le reste est déchirant de vérité. Et je sais de quoi je parle.
Invité- Invité
Re: Le premier jour du printemps
Ça va pas aider beaucoup..........putain!
Jérémie- Nombre de messages : 412
Age : 46
Localisation : Sixfeetunder
Date d'inscription : 27/03/2010
Re: Le premier jour du printemps
Mon avis est mitigé. J'aime la façon dont le thème est abordé, avec quelques envolés lyriques qui ont leur charme, une émotion poignante, mais du coup, le vocabulaire employé de temps à autre m'a semblé en décalage total avec le reste du récit "me suis fait caca dessus".
Sencre- Nombre de messages : 24
Age : 32
Date d'inscription : 15/06/2010
Re: Le premier jour du printemps
La douleur qui se dégage des lignes, elle fait mal jusqu'ici. Beau, et dur, et la dernière phrase aussi.
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