Exo Peinture : En noir et blanc

[Arielle]

Je reformule ici ma proposition relevée par Ba :

Ce pourrait être une idée d'exo : choisir un peintre ou un tableau suffisamment connu(s) et leur consacrer quelques lignes en prose ou en vers, laissant aux lecteurs le soin de deviner de qui, de quoi il s'agit avec les indices relevés dans le texte.
Allez, je me lance à titre d'exemple

En noir et blanc
pas de couleurs

Sous l’œil cru de la lampe écarquillée d’horreur
l’agonie d’un cheval qui hurle sa terreur
et le cri d’une femme offrant son enfant mort
au bourreau impassible
au taureau sans remords

En noir et blanc
pas de couleurs

Ce soldat crucifié
infâme moissonneur
dont l’épée s’est brisée à force de fureur
et cette femme en transe embrassée par les flammes
dans une ultime danse
qui se tord et se pâme
vers l’impossible jour d’une lucarne étroite
où s’étouffe l’espoir comme au fond d’une boîte

En noir et blanc
pas de couleurs

Deux ou trois gris pour adoucir tant de douleur
et dans ce poing tendu au centre du tableau
un falot dérisoire balbutiant un sanglot

Qui voudrait croire encore
que l’avenir n’est pas cette fuite éperdue
courant à son trépas
ce charnier déchirant de l’humaine noirceur.

[Rebecca]

Ouf ! Ma culture picturale est si peu étendue qu'il y a peu de chances que je reconnaisse les tableaux évoqués au cours de cet exo.
Heureusement celui là est trés connu... ça m'a aidée... et ta description est lumineuse bien qu'évoquant l'humaine noirceur, Arielle .

[Invité]

Je n'ai pas vu de quelle œuvre il s'agissait (Guernica ? Je n'étais pas consciente que le tableau était en noir et blanc...) ; je suis notoirement peu cultivée en ce domaine.

Pour le texte en lui-même, je l'ai trouvé excessif, plutôt cliché (la femme qui se pâme dans les flammes, notamment, et la rime "mort"/"remords", trop facile, frappant l'imagination à bon marché, le sanglot balbutié), mais, pour ceux qui connaissent le tableau, c'est peut-être pile "ça".

[Ba]

Eh bien ! pour un coup d'essai je n'ai pas reconnu le maître...Ah, Picasso et Guernica ?

[Rebecca]

Oui ça m'a fait penser de suite à Guernica...

[Rebecca]

Bon allez tu me donnes envie d'essayer...
Mais en même temps on est obligé de choisir quelque chose de trés connu ...par ailleurs comment évoquer sans décrire carrément le tableau OU ALORS sans être trop abscons ?
Pas évident...

[Arielle]

J'avoue, socque, que ce vieux texte que j'ai repris, pour l'exemple, est loin d'être impérissable et développe quelques clichés dont je ne suis pas fière ... je m'accorderai une seconde chance si l'exercice obtient quelques participants qui jouent le jeu.

Spoiler:

[Invité]

Arielle, peux-tu ouvrir un fil pour cet exo ? Merci.

[Sahkti]

Ce texte dégage beaucoup de puissance, même si de ci de là, quelques images paraissent convenues. Toutefois, cette impression est largement atténuée par cette beauté dans la souffrance (ô cruel paraodoxe !) inhérente à ce tableau mythique. Tu restitues tout ceci avec pas mal de justesse et aussi une allure oscillant entre théâtre et classicisme qui me paraît bien menée.

[Invité]

Ce poème est superbe. Il reflète bien le tableau.

Je ne résiste pas au plaisir de citer quatre vers d'Henri Gougaud mis en musique par Jean Ferrat :
Picasso colombe au laurier
à Guernica sur une corne
posa la paix que rien ne borne
la nuit ne viendra plus jamais.

Il est catégorique, mais Ferrat, dans sa chanson est moins optimiste, plus prudent. Il émet un souhait :

Picasso colombe au laurier
fit Guernica la mort aux cornes
pour que dans ce monde sans bornes
la nuit ne vienne plus jamais.

(pardonnez-moi cette digression ne pouvant intéresser que les dingues de Ferrat, dont je fais partie !)

[Jip]

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