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Jonathan/L'argent

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Message  silene82 Mar 13 Juil 2010 - 13:21

Jonathan a très tôt été ébranlé par la conscience du pouvoir de l'argent, et les enjeux qui semblent en découler ; pour ce qui est de lui, souriceau satisfait de peu, sans aucun goût particulier pour des démonstrations de statut social, ou des signes visibles d'appartenance à une caste dominante, l'argent est une abstraction, et guère plus : il vit dans un monde utopique, peuplé de fournisseurs, nombreux, de clients, plus nombreux encore, et c'est heureux, et, s'il arrive de loin en loin que des transferts manuels d'espèces aient lieu sous ses yeux, le gros de la masse circulante transite par les instances élaborées à cet effet, de façon scripturaire : le chèque est roi, tout en n'étant qu'un bout de papier.
Ce qui ne veut pas dire que le souriceau n'ait pas de désirs : ses danseuses sont de papier, et il soupire à fendre l'âme quand il regarde le prix des Garnier Flammarion, qu'il affectionne pour la blancheur du papier et la lisibilité du corps. Jonathan, irréductible esthète, ne lirait jamais du Livre de Poche, au papier jauni, misérable, et à l'impression minable. Il lui semble qu'un beau texte est en quelque sorte profané d'être ainsi livré, sans un apparat qui le signale comme un des joyaux de l'humanité ; quelques volumes de la Pléiade ont déjà échu entre ses mains ravies, mais il considère, non sans quelque sagacité, que ce sont là ouvrages de bibliothèque, que l'on ne peut promener à sa guise et laisser ouvert retourné, et dont il est hors de question de corner les pages, sans parler d'annoter les marges. Tout le ravit dans cette édition, la finesse merveilleuse du papier, la sobre élégance du Garamond, la beauté d'un ouvrage d'imprimerie, où culmine un savoir-faire lentement acquis, depuis les maîtres-imprimeurs du 19ème, eux même héritiers des elzevirs.
Or l'acquisition de ces merveilles utilitaires, car lire est pour lui aussi vital que respirer ou boire, sans parler des prestigieux Gallimard, hors course car trop onéreux, passe, qu'on le veuille ou pas, par des espèces bruissantes, l'usage du trébuchet s'étant raréfié dans la France de ce temps. Et désintéressé à l'égard de toute autre chose, Jonathan se heurte brutalement à la réalité prosaïque qui énonce qu'acquisition passe par numéraire.
Lorsque la conscience de cette réalité prégnante envahit son être, il accourt vers la Régente

― Maman...
― Quoi, Jonathan ?
― Je veux arrêter l'école...
― Arrêter l'école ? A six ans ?
― Je sais déjà lire... ça suffit, non ? La Daube, et Honorine, ils ne savent pas lire, et ils ont vécu toute leur vie comme ça...
― Mais tu veux arrêter pourquoi ? Tes camarades ne sont pas gentils ?
― Je veux travailler... pour avoir de l'argent...
― Mais c'est très bien ce que tu veux, Jonathan ; tu n'as pas besoin d'arrêter l'école pour ça ; tu peux travailler en revenant de l'école... et pendant les vacances... mais pourquoi de l'argent ?
― Pour acheter des livres...
― Tu sais, le seul livre qui ait réellement un intérêt est gratuit... et en plus tu l'as déjà...
― Mais c'est pas un livre, c'est la Bible... Je l'ai déjà lue trois fois...
― Il faut la lire avec le cœur, Jonathan...

Coup dans l'eau. Jonathan ne sait qu'inventer. Certes, il commence à occuper toutes sortes de fonctions ancillaires, de la vaisselle pléthorique au ramassage des papiers épars dans le grand jardin aux allures de parc. Depuis toujours, il est préposé aux transports des impedimenta que les arrivants ont en nombre souvent conséquent, et cela rapporte presque toujours une pièce. Surtout quand on joint l'efficacité du portage à la manière de traînailler, comme pour s'assurer que tout est tip-top. Les plus oublieux recouvrent généralement de leur amnésie. Dans les cas tout à fait désespérés, Jonathan se plante hardiment devant le mal-comprenant, et lui tend la main avec un souhait jovial de bon séjour, ou quelque autre accroche, comme pour prendre congé, en la serrant. Si l'oublieux gratificateur ne met pas vivement la main à la poche, Jonathan se redresse de sa petite taille, et le toise en se retirant.
Avec un esprit remarquablement spéculatif, il alimente ses sœurs en denrées de choix, sucreries de pacotille et chewing-gums qu'il achète en partie, et vole également, suivant l'occasion ; les innocentes auraient bien trop peur d'agir de même, mais convoitent douloureusement ces merveilles carigènes. L'excellent Jonathan, hôte impeccable et fournisseur prodigue, leur fait parapher des billets à ordre, à des tarifs dignes de Shylock, au moins. Les innocentes signent tout ce qu'on veut, dans leur avidité enfantine de gamines désirantes : ce genre de marchandises n'entrent jamais sous le toit de la Régente, par la voie officielle, s'entend. La valise diplomatique, que Jonathan fait circuler sous les espèces de son cartable, en guise de malle des Indes, et sa trousse, pour plus de sureté, surexcite les petites, qui le persécutent tandis qu'il fait l'important et l'affairé. De loin en loin, il leur rappelle leurs dettes.

― Vous me saurez gré, mesdames, de ma bénévolence à votre égard : considérez que je suis bien bon...

Jonathan sort d'un livre sur le Grand Siècle, et en a gardé des vestiges par devers-lui, comme les copeaux qui festonnent la barbe de Joseph, dans les crèches provençales.

― Tu nous en donnes, dis ?...
― Apprenez, maraudes, que ce n'est pas là la manière de s'adresser à moi ; on dit, quand on veut se ménager quelque espoir de succès : « Votre Grâce nous fera-t-elle l'offrande de quelque friandise, dans sa magnanimité ?  Voilà ce qu'il faut pour tirer la chevillette... »
― Quelle chevillette ?
― Ben oui, Lisou, «  et la bobinette cherra... »
― Ah bon... je croyais toujours que c'était le nom du Petit Chaperon, comment sa mamie l'appelait. Chera, je croyait que c'était comme chérie, moi...

Les deux grands se gaussent de la petite, qui n'y voit pas malice. Il est vrai qu'ils n'appuient pas le trait outre mesure.

― Or ça, mesdames, il va falloir songer à mon petit mémoire...
― Quelle mémoire ? Moi, je sais très bien combien on a eu...
― Mais le compte, l'as-tu fait, coquine ? Sais-tu bien ce que tu me dois ?

Et Jonathan de produire un document indiscutable, qu'il a longuement peaufiné avec tendresse. D'une feuille épaisse de vieux papier prélevé dans un des cartons de sa grand-mère, il a fait un parchemin, ma foi, acceptable, en brûlant avec méthode et , pense-t-il, goût et à-propos, les bords qui en ont pris un aspect irrégulier. D'une écriture appliquée, contrefaisant celle des documents de marguilliers qu'il a parcourus pour un exposé, le document détaille impitoyablement les dates des livraisons, et les quantités fournies. Un connaissement indiscutable, et implacable.
L'aînée, plus aguerrie, fronce le sourcil

― Quinze francs le paquet de chewing-gums ? Et quoi encore ?
― Mais je vous avais prévenu, non... en plus, vous avez signé...
― Signé, signé, on a signé sans regarder...
― Je le déplore, écervelées donzelles ; mais il faudra payer...
― Mais nous ne pouvons pas... tu es fou... tu as vu combien tu nous demandes : plusieurs centaines de francs...
― Dame ! Que croyez vous, vous autres ; nous avons des frais...
― Nous ? Tu as des complices ?
― C'est le nous de majesté. Vous oubliez que je prends tous les risques...
― Ben tiens... les risques ; le seul risque, c'est de te faire choper quand tu lui en barbotes...
― Ces insinuations sont assez peu agréables ; je ne sais si je vais continuer mes livraisons... en tout cas, il faut me payer...
― Avec quoi ? Nous n'avons rien...
― Vous me demandez donc de financer votre incurie...
― Quelle écurie ?
― Votre insouciance, votre absence de sérieux... Payez, vous dis-je...
― Nous n'avons pas un sou ; efface la dette...
― Vous voulez me jeter sous les ponts, à ce qu'il paraît ; payez, filoutes, ou ça va mal se passer...
― A mon avis, surtout pour toi : je vais le dire à maman ; quand elle va voir à combien tu veux nous vendre les bonbons...
― Fort bien, oyez, guenons, ce que Jonathan le Bon et l'lAdmirable fait pour vous : je vous absous de vos dettes, et vous en donne quitus... Plaignez-vous, après ça....
― Tu parles, t'as eu peur pour tes fesses...

Le génie de financier de Jonathan, encore qu'embryonnaire, semble par cela amplement démontré : seules des circonstances contraires, et un coup du sort l'ont empêché de réussir cette brillante combinaison, qui eût égalé, si réussie, les profits les plus mythiques aux jeux d'argent. Et de toutes façons, seule la martingale l'intéresse, et monter une scène de théâtre, en d'autres occasions, il efface les ardoises, quand il a prêté aux incorrigibles convoiteuses de quoi s'acheter un collier de bonbons percés en leur centre et tenus par un fil.

Jonathan sent, depuis tout petit, que des choses étranges se jouent autour de cet argent qu'il ne voit, pour ainsi dire, jamais. Certes, de hauts personnages le gratifient, de loin en loin, d'une belle pièce de cinq francs, qui garde quelque chose de la roue de derrière chère aux écrivains du 19ème. Lourde, large, elle éclate de la joie que procure le bel argent. Le trouvant studieusement plongé , avec sa tête de têtard hydrocéphale, dans un livre qui cache son visage, tandis qu'il garde, selon le terme consacré, donc assure la permanence téléphonique de l'entreprise, en plus de renseigner les quidams, il n'est pas rare que les soirs de Rotary, où tous les notables du cru confluent, Monseigneur en étant, et en tenant, de surcroît le siège, l'un ou l'autre, attendri, l'interroge avec bienveillance

― Et que lis-tu, Jonathan ?
― La vie d'Alexandre le Grand, monsieur Levy...
― Comment s'appelait sa femme ?
― Je n'en suis pas si loin, mais je la connais, elle s'appelait Campaspe, et c'est sa mère qui la lui avait amené... Il disait qu'elle lui plaisait presque autant qu'un garçon ; là, je ne sais pas ce qu'il veut dire : qu'elle jouait avec lui ou qu'elle montait à cheval ? Vous savez, vous, monsieur Levy ?
― Oui, mais tu auras bien le temps de comprendre, va ; tiens, prends ça pour renouveler ton stock...
― Oh monsieur Levy, mais c'est trop...
― Tu trouves les livres trop bon marché ?
― Non, mais...
― Tu vois bien...

A l'école, il est un fils de riche. Selon la taxinomie propre aux cours de récré, qui se fonde sur les signes fantasmés beaucoup plus que sur la réalité ontologique. Comme la société civile, en somme. Ce qui n'empêche pas certains petits pauvres de jouer avec lui, preuve qu'ils ne sont pas aussi sectaires que l'on dit. Mais d'argent, de ce fameux argent, il n'en voit point. Presque jamais. Un des grands personnages de la famille en a toujours de fortes liasses, un peu partout, dans son portefeuille, bien sur, crocodile noir fermé par une attache d'or, mais aussi, et Jonathan, avec l'imbécilité radieuse du petit Salomon des Valeureux, en a ri d'admiration, dans la poche du veston, et serrées avec une pince à billets sertie d'un Napoléon véritable, ouais mon vieux !
On voit bien que pour ce splendide notable, ce n'est guère qu'une monnaie d'échange, inventée essentiellement pour être effeuillée contre des choses désirables, et délicieuses. Comme Jonathan ne désire guère que le savoir, le plus large possible, dans tous les champs de la connaissance humaine, et qu'il n'est pas privé de livres, ce qui serait pour lui la torture la plus atroce, à laquelle il ne peut même pas penser sans effroi, n'ayant jamais pu s'endormir sans avoir lu quelques pages, ces grands morceaux de papier colorié l'intéressent certes, mais davantage pour les effigies prestigieuses et la beauté des couleurs que pour ce qu'elles représentent en terme de pouvoir.
L'aïeule, ou grand-mère, a une position désinvolte vis-à-vis de l'argent ; elle tient tout, même si elle fera rapidement don à son fils, Monseigneur, de tous ses biens. Mais pour le temps, elle collecte diverses petites rentes provenant de bâtiments loués, ainsi que ce que lui verse vraisemblablement Monseigneur, gérant de l'affaire. Veuve quasiment depuis la naissance de Jonathan, elle vit fort bien en ses meubles, comme il est fréquent, et n'a pas de grands rêves ; ses menus plaisirs existent, et comprennent l'opéra et le théâtre, outre les agapes consistantes, qu'elle improvise et organise en temps et hors de temps.
Elle semble donc avoir une position toute médicale vis-à-vis d'une hoirie conséquente : primum non nocere, profiter de la vie certes, mais sans altérer le capital. Elle maintient un standard de respectabilité provinciale en continuant à recourir aux services d'une modiste, ce que la Régente a manifestement du mal à admettre, et plus encore de n'en pouvoir rien dire, puisqu'elle n'est, en somme, qu'une Cendrillon, de surcroît étrangère.
Il transparaît toujours, dans la vision du monde de la Régente, et plus encore dans les récits mal contextualisés qu'elle fait de son enfance, que sa relation à l'argent a toujours été compliquée et frustrante, puisqu'elle a choisi sottement de venir au monde lors d'un krach tel que la mémoire collective l'a conservé comme un cataclysme bouleversant et dévastateur. Grapes of wrath. Ses parents n'ont peut-être pas vu leur maisonnette broyée par un bulldozer, et encore, on ne sait, mais ils l'ont bel et bien perdue, irrémédiablement, comme des millions de gens à la même époque, errant sans emploi, sans aides d'aucune sorte, sinon à travers la charité confessionnelle, qui s'essouffle tout de même quand c'est un peuple entier qui dévisse. Elle raconte parfois à mi-voix , regard tourné vers l'intérieur, des histoires incompréhensibles de chenilles tabacovores, amenant des infections cutanées, ramassées par boîtes de conserves, une à une, et payées quelques cents la boîte par les planteurs. D'un quotidien exténuant, où les biens de consommation sont un luxe inaccessible. Elle a manifestement gardé quelque chose de cette angoisse du manque et n'accepte que l'argent soit dépensé que pour investir ; la vie ordinaire est sacrifiée, la table ne manque de rien, mais pour tout ce qui touche à l'apparat visible, c'est un sévère embargo.
Il va sans dire que la doctrine minimaliste qui prévaut chez les baptistes alimente cela, et abonde en exhortations à la modestie, voire à la pauvreté, ce qui conforte puissamment cette vision du monde. Et qu'elle en déteint nécessairement sur Monseigneur.

Monseigneur se débat entre des aspirations, et peut-être des pulsions, contradictoires. Il est évident que la Régente, comme son titre le laisse entendre, tire les ficelles, avec d'autant plus d'efficacité qu'elle joue les effacées, et les modestes. La Maintenon, comme on sait, fut la vraie décideresse de la politique religieuse de Louis XIV vieillissant, notamment à l'égard des huguenots. Il est manifeste que Monseigneur, papiste déguisé en parpaillot par la vertu d'une paraît-il conversion, se fait tout petit non devant une poupée, mais devant une pastoresse, puisque sa moitié en a les compétences attestées par un diplôme de théologie : les anglo-saxons, et WASP de surcroît, font cela à merveille, à la différence des latins brouillons qui sautent comme des cabris en agitant les mains, roulant les yeux, et répétant extatiquement « la grâce ! La grâce ! » Il sait fort bien qu'herméneutique et pneumologie ne sont pour lui que des mots, que l'exégèse rigoureuse des textes est une discipline spécifique, et qu'on se demande enfin pourquoi il faut outre-Atlantique un cycle universitaire de 3 ans pour être diplômé si ce n'est pour dépasser quelque peu les évidences que tout un chacun peut voir dans les textes révélés.
D'autant que sa lecture desdits textes le désarçonne : peinant à saisir le principe essentiel de redistribution, de remise des dettes, d'offrandes et de libéralités continuelles que le socle de la Thorah, plus modestement renommée Ancien Testament dans l'obédience, déroule clairement, constatant que la réalité visible fonctionne selon un schéma autre, il bat l'air de ses mains, courtes et fortes, naviguant à l'instinct sur un torrent tumultueux. Il ne sait pas, en général, et, sondant la lettre, s'efforce d'en pénétrer l'esprit, lors que seule l'illumination de la foi pourrait dissiper les brumes qui l'interloquent. La pensée provençale, sourdant d'un peuple mille fois traversé, dont les paysages riants et les beauté des filles ont toujours attisé toutes les convoitises, se campe dans le terreau grec d'où elle provient, de quelque façon. Elle résiste, fait le dos rond, absorbe et convertit. Elle ne guerroie point, elle charme. Elle reprend à sa mode les délices de Capoue. Mais elle sait ses fondamentaux. Qui a réserves tient. Qui trop montre provoque.
L'argent s'y mesure en bâtiments, en biens meubles et immeubles. Les panetières des vieilles familles luisent comme des sous neufs : on n'a jamais manqué de servantes.
On fait montre d'une élégance surannée, et presque corse. Costumes fil-à-fil, chemises éclatantes. Ce budget-là, qui n'est pas négligeable, la Régente l'a sabré : Monseigneur va attifé de bric et de broc, dans une pétulante débauche d'acryliques piteux certes, mais modestes. Jonathan vit d'un marcel et de quelques hardes disparates. Ses sœurs, accoutrées comme les pauvresses que vêtait l'Armée du Salut, ne portent guère plus haut l'oriflamme du clan. D'évidence, Monseigneur a trahi : celui qui tient son rang sort vêtu. Chaussure lustrée, providence des petits métiers de l'Italie voisine, et sœur ; costume du bon faiseur.
Jonathan, grand utilisateur de temps inutile, s'est amusé à calculer, ébloui, le rendement de l'affaire, sur la base d'indices probants ; certes, il n'a qu'une idée très vague des coûts d'exploitation. Mais il voit bien, par sa propre expérience, que la masse salariale pèse peu. Force petites mains travaillent de ci de là, payées en numéraire. Le jardinier de la ville fait un détour dans le parc, et est gratifié ensuite. Les sommes engrangées sont rondelettes, et Monseigneur, opiniâtrement, enjolive son jouet, le flanquant un jour d'un escalier, d'une piscine un peu plus tard. Pas d'année sans plombiers, qui dans le dédale des tuyaux en cours d'assemblage, modifient, optimisent, renforcent. Une volonté de qualité solide et probe.
A l'opposé absolu d'une autre facette de l'âme provençale, qu'incarnent Parrain et Tatie. Qui vivent joyeusement de l'usufruit de leur bien, affaire similaire, fraudant avec une alacrité joviale, les livres comptables consistant en fragments de papier hâtivement arrachés à ce qu'on a sous la main, poinçonnés, dans l'idéal, à une tige effilée accueillant force autres documents de tous ordres. Notes de blanchisserie. Mémoire du boulanger. Récapitulatif de la soirée de victoire des Belges. 9 contre 1. Champagne. A flots.
Parrain va comme un milord. Il sait son rang. Vieille origine. Profil de médaille, nez fort de condottière. Une prestance de sévillan, dans un corps massif puissant. Il a le charisme des vieux aristocrates vénitiens, capables de rétorquer aux gondoliers une verdeur dans leur dialecte : il parle superbement la variante locale du provençal, et déplore souvent l'indigence du français dans tout ce qui parle de la terre, de l'arbre, du fruit, de l'eau. Sans préjudice de l'état de la mer, de l'humeur du poisson, de la couleur des collines quand le crépuscule tombe frais, en octobre, des habitudes du lièvre et de la perdrix.
L'argent file entre ses doigts avec une prestesse d'escamoteur ; oui, mais jamais pour rien. Parties fines et gueuletons. Armes de prix. Affûtiaux halieutiques. Voyages d'ambassadeur. Dons éblouissants à ceux qu'il veut distinguer.
Il se chuchote monseigneurégentesquement qu'il est aisé, lorqu'on est né coiffé, de distribuer comme la belle dame du Larousse. A tout vent.

― Ce n'est siourement pas comme ça que doivent marcher les enfants de lioumière, n'est-ce pas ?
― Mais le puits a l'air sans fond, hasarde Jonathan, curieux
― Pardi ! Ça n'existe nulle part, sauf au royaume de monsieur Jonathan, qui rêve de distribuer l'argent qu'il n'a pas...

Monseigneur sacre intempestivement, car il ne sait trop ce que le sudiste pardi signifie.

― Peut-être que quand on gagne beaucoup, on peut dépenser en rapport, relance Jonathan
― Il faut savoir ce que l'on veut. Parrain ne met pas un sou dans son affaire depuis qu'elle existe...
― Mais c'est drôlement beau, pourtant...
― Les lits sont à faire peur et le salles de bains encore pire...
― Mais il y a toujours des gens qui reviennent, ils ont plein d'habitués...objecte le petit argumenteur
― Chacun fait à son idée. La notre, c'est d'investir.

Il n'en demeure pas moins qu'il semble que demeure quelque chose du faste latin à des éclairs munificents de Monseigneur. Une vendeuse subtile – et accorte - lui fait-elle l'article, il achète un objet sans autre valeur que celle qu'il lui attribue, sur la foi du témoignage de la guelteuse. Providence des démarcheurs en objets inutiles et ruineux, outre leur valeur hautement fantaisiste, il est maître en l'art d'acheter des livres de bibliophiles garantis – par l'éditeur, bien entendu – d'une valeur de revente infiniment supérieure aux quelques mois de salaire ouvrier qu'ils coûtent, lors du démarchage. Jonathan plisse le nez, puisque les prétendus incunables sont interdits de toucher. C'est dans la garantie.

― Quand même, c'est pas très malin, des livres qu'on ne peut pas lire...
― C'est un placement... ils doivent être intacts... si on veut les revendre...
― Et l'éditeur s'engage à les racheter à leur prix ?
― Hé hé, bien sûr : c'est pour ça que c'est un placement...
― Mais un placement, ça rapporte, d'habitude ; en plus, il suffit que le bonhomme, tu veux qu'il te le reprenne, il ausculte tout le livre, il te dit «  ah, désolé monsieur, il y a une tache là, voyez vous même ; je suis obligé de vous baisser le prix ». Comme tu n'as même pas ouvert le livre, tu n'en sais rien...
― Monsieur Jonathan se prend pour un conseiller en patrimoine...

Il n'y a jamais d'argent visible, aisé, distribué avec libéralité, irriguant tous les canaux, même les plus ténus, celui qui crée une circulation joyeuse d'échanges. Pourtant, son efficace transparait indiscutablement, puisque rituellement, Monseigneur et Régente partent matrimonialement pour de longs et lointains voyages lors de congés de fin de saison, d'où ils ramènent une foule de babioles généralement insignifiantes, ou carrément hideuses. Jonathan a une fois ou deux la main heureuse, avec un objet plaisant, qu'il expose avec faste dans son carré. La progéniture est remise aux bons soins de sa grand-mère, qui la couvre de tout ce que les réconforts gustatifs terrestres peuvent amener de plaisir.

Tout ce qui est de l'ordre du plaisir personnel doit s'acheter : le mérite est bien en-deça, sentence la Régente, jamais à court d'histoires édifiantes d'enfants marchant pieds nus dans la neige pour soulager la charge de leurs géniteurs. Des hagiographies splendides, tissées comme une toile habile, d'où il ressort que, de même que dans toute Cour, l'étiquette est subtile. Tout est cas individuel, et la Régente excelle en casuistique.

Le logos implicite qui prévaut à la Cour laisse entendre qu'à la différence des petits miséreux, les rejetons, qui n'ont cependant aucune conscience de leur lignage, rien ne le signalant extérieurement, et l'habit moins encore, jouissent de l'extravagant privilège de pouvoir comprendre la valeur de l'argent.

― Tu es donc Juive en plus de baptiste, alors, maman ?
― Juive ? Et pourquoi, je te prie ?
― C'est dans l'Ancienne Alliance que tout se monnaye, durement, dans la souffrance... que le journalier tire la langue ; Jésus, lui, il fait couler le robinet...
― Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Couler le robinet ?
― Ben oui, il dit de payer à ceux de la dernière heure pareil que ceux qui ont commencé à l'aube...
― Mais ça n'a rien à voir... c'est une parabole...
― Enfin, on voit bien que Jésus, il dit de ne se préoccuper de rien... de distribuer gratuitement...
― Il est dit aussi « va vers la fourmi, paresseux... »
― Ah non, pas du tout : là, c'est l'Ancien ; et même dans l'Ancien, il n'arrête pas de distribuer : et l'année sabbatique, et les jubilés, et les cadeaux pour les serviteurs... alors avec Jésus, imagine...
― La Bible nous demande d'être sages et économes...
― Moi, j'avais compris le contraire : « jette ton pain à la surface de l'eau... », tu le comprends comment, toi ?
― Si on commence comme ça, on finit sous les ponts...
― Ah bon, alors Dieu dit de faire quelque chose pour que ceux qui obéissent se retrouvent clochards ?
― Ouh, Jonathan, tu me rends chèvre... ça n'a rien à voir...
― Vous donnez combien au temple, le dimanche ?
― Enfin, Jonathan, ce ne sont pas des questions... on donne ce qu'on a décidé de donner...
― Mais c'est pas ça qui est dit : soit on est Juif, et c'est la dîme, plus les offrandes à côté, soit on est chrétien, et on donne avec joie et libéralité. En plus, c'est écrit sur les troncs...
― Eh bien, nous, nous donnons avec joie ce que nous avons décidé...

Jonathan, fin renifleur des vents porteurs, et plus encore des infimes variations dans la mécanique des courants, sait toujours quand déposer un placet aux pieds de Monseigneur. Les circonstances favorables sont d'évidence, liées à la détente digestive d'un repas soigné, parfois, ou à un moment d'échange privilégié. Lors des prolégomènes à l'achat de son premier engin motorisé, on s'est cru à la Cour de Chine : requête pour l'obtention d'un micro-crédit permettant l'achat – donc la jouissance – immédiat. Monseigneur n'y voit aucun inconvénient : le souriceau est travailleur, nulle défection n'est à craindre.
La Régente trouve que c'est une bien mauvaise manière d'apprendre « le valeur de l'argent », et qu'en tout état de cause, les choses longuement désirées prennent saveur de miel. Jonathan, inquiet de ce nuage, travaille au corps Monseigneur à qui il fait miroiter les services que le pétaradant engin rendra à l'entreprise, en allant chercher, à l'autre bout de la ville, une commande urgente.
Il emporte le bout.
Contre l'avis régentesque, qui plissera le nez quelques jours, jusqu'à ce qu'un joyeux zéphyr paraclété lui rende la merveilleuse bonté rayonnante qui fait sa renommée.
Jonathan se dit que ce n'est pas l'argent qui pose problème, mais le rapport que les gens ont avec lui.
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Message  Invité Mar 13 Juil 2010 - 14:23

Ouf ! Qee d'efforts pour en arriver à une conclusion somme toute bateau... Désolée de te le dire, Phiphi, mais, pour le coup, les aventures de Jonathan émoustillent beaucoup moins que celles de son premier éjaculat. Le sujet est assez austère, et tu le déclines avec lenteur et solennité, trop selon moi. Par ailleurs, jamais tu ne me feras croire que Jonathan a l'audace d'annoncer dès l'âge de six ans qu'il veut abandonner l'école, écrasé qu'on le croyait par la férule maternelle ! Je pense que tu pourrais retarder cette conversation-ci de trois ou quatre ans.

Mes remarques :
« ouvrages de bibliothèque, que l'on ne peut promener à sa guise et laisser ouvert retourné (ouverts retournés, non, puisqu’il s’agit des ouvrages de bibliothèque ?) »
« il accourt vers la Régente » : manque la ponctuation à la fin
« ce genre de marchandises n'entrent (n’entre, à mon avis : le genre) jamais sous le toit de la Régente »
« sa trousse, pour plus de sûreté »
« en brûlant avec méthode et , pense-t-il » : typographie, pas d’espace avant la virgule
« L'aînée, plus aguerrie, fronce le sourcil » : manque la ponctuation à la fin
« Mais je vous avais prévenues »
« Que croyez-vous (trat d’union) »
« Jonathan le Bon et l'lAdmirable »
« l'un ou l'autre, attendri, l'interroge avec bienveillance » : manque la ponctuation à la fin
« dans son portefeuille, bien sûr »
« avec l'imbécillité radieuse du petit Salomon des Valeureux »
« Elle raconte parfois à mi-voix , regard tourné vers l'intérieur » : typographie, pas d’espace avant la virgule
« qui (je pense qu’une virgule ici se rait de belle venue) dans le dédale des tuyaux en cours d'assemblage, modifient, optimisent »
« Mais le puits a l'air sans fond, hasarde Jonathan, curieux » : manque la ponctuation à la fin
« on peut dépenser en rapport, relance Jonathan » : manque la ponctuation à la fin
« ils ont plein d'habitués...objecte le petit argumenteur » : manque la ponctuation à la fin, et une espace après les points de suspension
« La nôtre, c'est d'investir »
« Une vendeuse subtile – et accorte - lui fait-elle l'article » : typographie, le trait d’union « - » ne suffit pas à fermer l’incise, il faut prévoir ici le même caractère que pour l’ouvrir, « – »
« il te dit « (une espace de trop) ah, désolé monsieur, il y a une tache là, voyez vous-même (trait d’union) »
« puisque rituellement, Monseigneur et Régente partent matrimonialement pour de longs et lointains voyages » : les deux adverbes pèsent lourd dans la phrase, je trouve
« le mérite est bien en-deçà »
« Les circonstances favorables sont d'évidence, (si tu tiens à la virgule ici, je pense qu’il faudrait en ajouter une autre avant « d’évidence », pour compléter l’incise) liées à la détente digestive »

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Message  Rebecca Mar 13 Juil 2010 - 18:20

Jonathan avec ses six ans n'est pas trés crédible avec ses lectures et toutes ses considérations sur les livres, la façon dont ils sont édités et l'argent. Sa façon de parler Grand siècle ne me convainc guère ( "je vous absous de vos dettes et vous en donne quitus")Même si c'est une sorte de petit génie.
Du coup ce passage me semble moins vivant que d'autres et un peu ennuyeux.
Trés bien écrit certes comme d'habitude mais un peu trop apprêté ,trop descriptif , trop exhaustif , sur la façon dont chacun dans la famille conçoit son rapport avec l'argent . Peut-être trop d'informations à digérer ce qui me submerge un peu en tant que lectrice .
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Message  Invité Mar 13 Juil 2010 - 19:30

Le péché mignon de silene : ça bouillonne à gros bouillons, ça s'éparpille, un peu par-ci un peu par-là, tu fais feu de toute idée, c'est touffu, la faconde intarissable, peut-être pas pour le plus grand confort du lecteur qui se raccroche tant bien que mal au fil directeur tant il a l'impression de débrouiller une pelote prodigue.
N'empêche, une écriture qui a les qualités de ses défauts, fond et forme.

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Message  silene82 Mar 13 Juil 2010 - 20:56

Merci infiniment aux commentatrices, qui pointent, comme toujours, ce par quoi le travail pèche. Ce qui est d'une indiscutable utilité.
Jonathan a bien 6 ans quand il fait son étonnante offre, mais rien ne dit qu'il ait 6 ans pour toujours, dans l'économie du texte : il s'agit plus d'une fresque qui enjamberait les années avec assez de désinvolture, pour dégager des situations archétypiques, qui peuvent s'être passées à d'autres âges de Jonathan.
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Message  Arascaskaracallas Ven 16 Juil 2010 - 10:31

"Jonathan a très tôt été ébranlé par la conscience du pouvoir de l'argent"
"Lorsque la conscience de cette réalité prégnante envahit son être"


Je trouve ces deux phrases d'une lourdeur injustifiée ; une proposition réduite au plus simple aurait parfaitement convenu dans les deux cas :

"Jonathan a très tôt pris conscience du pouvoir de l'argent"
"Une fois conscient de cette réalité prégnante"


Je reproche à votre texte un emploi abusif de détours langagiers qui se veulent raffinés mais transforment votre écrit en un inventaire poussif de votre propre vocabulaire.
Quant à "que les arrivants ont en nombre souvent conséquent" je n'arrive pas à le digérer.
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Message  silene82 Ven 16 Juil 2010 - 12:18

@Arascaskaracallas
Merci de votre commentaire, encore que je ne saisisse pas bien en quoi le "conscience naninanère" qui semble vous gêner pose problème dès lors qu'il est très distant du premier apparu.
Pour le reste, que voulez vous que je vous dise ? J'utilise dans ce type de récits un style qui est ce qu'il est, amphigourique et ampoulé pour certains ; que des lourdeurs demeurent, certes, je ne retravaille pas beaucoup les textes, mais le ton correspond bien à ce que je veux dire dans ce champ précis.
Vous constaterez d'ailleurs une évidente cohérence entre tous les Jonathan, dont celui-ci est le 18ème.
J'ai bien pris note de ce qu'il plaît moins que d'autres, mais cela ne me paraît guère surprenant : le sujet est pesant, et j'avais envie d'écrire en rapport.
"Détours langagiers qui se veulent raffinés..." d'abord, je n'ai pas idée de ce que le raffinement peut être en écriture ; le petit doigt en l'air lors de la rédaction, peut-être ? En tout cas, je ne cherche aucun raffinement particulier, c'est comme ça que j'ai envie de raconter, voilà tout.
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Message  Arascaskaracallas Ven 16 Juil 2010 - 12:27

Le "conscience..." ne me gêne pas dans sa répétition (et je suis heureux que vous teniez compte de ce défaut que je tiens en horreur) mais dans la synthaxe de la phrase à laquelle il appartient, c'est à dire "ébranlé par la conscience" une tournure que je trouve disgracieuse car maladroite.
Tout écrivain (ou même scribouillard) qui se respecte est en quête de ce que j'appelle raffinement mais que vous pouvez nommer comme bon vous semble : élégance, finesse, plume, intelligence verbale, don du ciel...
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Message  silene82 Ven 16 Juil 2010 - 12:58

Arascaskaracallas a écrit:Tout écrivain (ou même scribouillard) qui se respecte est en quête de ce que j'appelle raffinement mais que vous pouvez nommer comme bon vous semble : élégance, finesse, plume, intelligence verbale, don du ciel...
Nous avons bien de la chance d'avoir une telle sommité sur VE ; tout écrivain... qui se respecte est en quête...gnagnagna. J'en déduis par conséquent qu'une oeuvre brouillonne, baroque, décousue, outrée, picaresque et baroque, bourrée de renvois, de raccourcis, de coqs-à-l'âne, n'a pas la moindre chance d'être tenue pour littéraire, ce qui me semble exclure pas mal de jolies choses dont je me régale fréquemment.
C'est un peu comme dans la chanson : le raffin'ment fait rien à l'affaire, quand on est bon...
Rajoutons-y cette pensée de l'Ecclésiaste, dont vous ne minorerez pas la haute volée : il y a un temps pour tout, un temps pour être raffiné, un temps pour être brutal et rustaud, un temps pour énumérer les charmes d'une belle, un temps pour les moissonner à la faux...
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Message  Arascaskaracallas Ven 16 Juil 2010 - 13:03

"brouillonne, baroque, décousue, outrée, picaresque et baroque"

Je rajouterais "et baroque".
Vous oubliez que l'art, c'est l'incarnation du raffinement.
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Message  Invité Ven 16 Juil 2010 - 13:07

Votre définition de l'art est bien péremptoire ! Pour ma part, j'ai mes idées dessus, mais ne me risquerais pas à dire que l'art est ci ou ça.

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Message  Arascaskaracallas Ven 16 Juil 2010 - 13:09

La votre est périmée.
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Message  Invité Ven 16 Juil 2010 - 13:14

Je n'étais pas consciente de l'avoir donnée, mais, il est vrai, vous avez pu la déduire de ce que j'écrivais.

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Message  silene82 Ven 16 Juil 2010 - 13:25

Arascaskaracallas a écrit:"brouillonne, baroque, décousue, outrée, picaresque et baroque"

Je rajouterais "et baroque".
Vous oubliez que l'art, c'est l'incarnation du raffinement.
Ce qu'il y a de bien, avec quelqu'un qui jouit - si l'on peut ainsi s'exprimer - d'une orthographe aussi erratique, c'est l'exquis raffinement de ses persiflages.
Ah bon ? L'art brut n'en est donc pas ? L'art me semble pouvoir résider en bien d'autres contrées que votre raffinement bien réducteur.
Je suggère, si la discussion intéresse, qu'elle se continue sur un fil de conversation, ce qui semble plus adapté.
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Message  Invité Ven 16 Juil 2010 - 16:25

Bon , tout ceci est bien gentil , mais j'ai été satisfait de ton explication sur "l'entité" Jonathan car c'est exactement celle que je commençais à entrevoir.

silene82 a écrit:Jonathan a bien 6 ans quand il fait son étonnante offre, mais rien ne dit qu'il ait 6 ans pour toujours, dans l'économie du texte : il s'agit plus d'une fresque qui enjamberait les années avec assez de désinvolture, pour dégager des situations archétypiques, qui peuvent s'être passées à d'autres âges de Jonathan.
2 remarques :

Il y a un doublon étymologique au début qui nuit : transite, transfert.
J'ai trouvé surprenant que tu nous précise une nouvelle fois en deuxième partie le manque de rapport à l'argent physique de Jonas. L'exposé de la première partie était suffisante, à mon sens.

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Message  CROISIC Sam 17 Juil 2010 - 19:47

― Eh bien, nous, nous donnons avec joie ce que nous avons décidé...

Je me délecte de cette phrase... c'est terriblement Charentais !

Jonathan ne grandit pas vite, mais tes extrapolations ne me gênent pas.
Je "prends" chacun de tes textes comme un objet fini qui voyage dans le temps au niveau de la réflexion sur le sujet choisi : là c'est l'argent.
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Message  Mure Sam 17 Juil 2010 - 21:16

J'ai tout lu !
Ça paraît pas comme ça mais, c'est du boulot ! :-)))
J'ai vraiment adoré le début.
Vif, plein de malice, souriant... oui, vraiment, ce petit bonhomme donne envie de le suivre.
Et je le suivais bien d'ailleurs, jusqu'à :
silene82 a écrit:L'aïeule, ou grand-mère, a une position désinvolte vis-à-vis de l'argent ;
Tout ce qui suit m'a profondément ennuyée et j'ai peiné pour arriver à la fin, espérant retrouver Jonathan mais, hélas, jamais je ne le revis.

Alors, je garde en tête ce garçonnet qui vit et s'exprime tel un personnage, un héros :
silene82 a écrit:Jonathan sort d'un livre sur le Grand Siècle, et en a gardé des vestiges par devers-lui, comme les copeaux qui festonnent la barbe de Joseph, dans les crèches provençales.
Et puis je me régale encore un peu avec :
silene82 a écrit:― Ah bon... je croyais toujours que c'était le nom du Petit Chaperon, comment sa mamie l'appelait. Chera, je croyait que c'était comme chérie, moi...

Merci M'sieur ! ;-)
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