Renaissances

[Arielle]

De sable et d'eau
la mer
de sel et de courants
pétrit à bras le corps
criant dans les brisants
de pâles nouveau-nés
abrutis exténués au sortir des cloaques
où béton et bitume
exsudent l'amertume grasse des cités

Tout nus dans leurs émois
de blêmes enfançons
roulent en rougissant
de vagues en frissons
froissés par la marée au rebond des galets
sous un soleil poivré tétant le goémon

De sable et d'eau
la mer
s'étonne d'enfanter
entre ses draps rieurs
ces couvées de baigneurs
en caleçons à fleurs
et serviettes rayées
ces tendres avortons qui flairent ses aisselles
avec un air pâmé

[Rêvelin]

Je me suis laissé emporter par la marée

[Invité]

Excellent de bout en bout ! Les deux derniers vers, à tomber.

[mentor]

j'ai toujours aimé les classes de mer
;-)

[Invité]

sévère et juste ! De là à souhaiter un tsunami, il y a un pas que je ne franchis pas. Quand-même.

[mentor]

sévère et juste ! De là à souhaiter un tsunami, il y a un pas que je ne franchis pas. Quand-même.

toujours le mot pour pire
:-))

[Invité]

Les mots me manquent ; disons que j'ai aimé sans réserves.
Du très bon boulot, assurément.

[loic]

a défaut de champ d'algues, que voilà un beau champ lexical!

[CROISIC]

Je me joins avec bonheur à ce concert de louanges.
Bravo Arielle, encore de la belle ouvrage !

[Invité]

C'est finement observé. La pointe d'humour qui vient nuancer le regard sans complaisance.

[Ba]

Un climat mi-doux, mi-amer comme ces petites épaves jetées sur le sable par des villes trop grosses.
Leurs joies instantanées, les cris et les courses de mémoire.
Que de ramifications s'animent en lisant ce tableau.

[silene82]

Pas à dire, l'accouchement dans l'élément liquide, ya que ça de vrai, surtout si on peut noyer ensuite le têtard. En plus, dans le cas de la mer, c'est tellement indolore que c'est le camaïeu exquis des caleçons, sans doute, qui lui fait prendre conscience de sa gésine.
Encore un petit sketch drôlement bien foutu, cela dit, pardonne au béotien, mais les assonances sont voulues ? Oui évidemment, tu ne fais rien au hasard, moi, ça me gêne un peu, parce que c'est aléatoire.
Prions pour le tsunami.

[Arielle]

Merci à tous les marmots qui ont enfilé leur petit maillot à fleur pour cette fête des mer(e)s un peu particulière.

Aléatoire, Silène, vous avez dit aléatoire, mon ami ? Pouvez-vous dérouler un peu votre serviette et me faire une petite place dans le camaïeu de vos pensées ?

[silene82]

Certes oui madame, j'y cours, et vous me pardonnerez ma hardiesse ; lisant à voix haute, comme les chanoines et les orphelines des vieux de Daudet, mon oreille était ennuyée d'entendre des façons de rimes, qui n'en sont pas vraiment, et de ne rien trouver ensuite. L'aléatoire se rapportait à ça, et je conviens volontiers qu'il ne décrit pas correctement le phénomène, mais je n'avais rien de mieux sous la main.

[Tristan]

acide et acerbe, c'est bien sympathique. Le sujet pourrait âraître un peu léger au premier abord, mais en fait non

[Rebecca]

Pas mal du tout
cette vision de poupons comme des baigneurs

[Ba]

Ce texte m'a beaucoup inspirée, en plus sombre bien sûr.

[Arielle]

mon oreille était ennuyée d'entendre des façons de rimes, qui n'en sont pas vraiment

Hé, hé, gracieux fils de Pan, ton oreille n'entend pas la même petite musique que la mienne mais c'est ton droit le plus strict ! Des goûts et des caleçons à fleurs ... n'est-ce-pas !

Ba, je demande à voir tes caleçons à fleurs en plus sombre ;-)

[Ba]

Il est dans les " tuyaux" ce texte, mais je le peau fine car le thème est exigeant.

[Hellian]

Chère Arielle,

J'ai souvent une approche gastronomique de tes poèmes : je m'en pourlèche tout d'abord les babines, m'enivre un instant de leur parfum et déguste enfin par petites bouchées. Parfois, je pose ma fourchette, médite sur la recette, reprends une gorgée avant de terminer en sauçant goulûment mon assiette.

vient ensuite une agréable digestion enrichie de répliques rôteuses de qualité tant sont persistantes les fragrances.

Voilà pourquoi mes commentaires se font tardifs, à l'issue d'une sieste nourrie de rêves maritimes et balnéaires.

bien ogrement à toi.

[Arielle]

Planquez-vous sous les rochers, les marmots !

L'Ogrhellian arrive en caleçon à pois, la fourchette à la main, sa rondelle de citron sur l'oreille !

[Hellian]

d;0=)))

[Sahkti]

Ça tombe bien, la mer qui s'agite, j'y serai dans une semaine alors ça me parle (d'ailleurs à ce propos, il faudrait qu'on s'arrange... :-)

J'aime beaucoup ton texte, imagé, riche, mélange de force et de douceur. Il y a beaucoup de vie et d'évocation dans ces lignes, c'est bien mené et tu as trouvé un bon équilibre dans le choix des mots et du rythme.

[Invité]

Que dire après tous ces commentaires presqu'aussi riches que le texte ?
La baignade en mer, pour les gens de la ville une sorte de purification...
De la vraie, de la bonne, de l'excellente poésie, comme toujours avec Arielle. Un régal. Merci.

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