Tante est si bien

[Ba]

- Vous reprendrez bien une petite mirabelle ?
- Volontiers… mademoiselle ?
- Augustine
- Augustine, par les temps wifigiens voilà un curieux prénom
- Hélas madame, on ne choisit pas son orphelinat
- Pauvre enfant, à qui devez-vous cette étiquette ?
- A sœur Sébastienne de la trinité fourbue, dernière en date
- J’ai connu autrefois une Sébastienne, serait-ce la même ?
- Qui peut le dire madame, celle-ci est morte il y a deux cents ans
- Effectivement, la mienne est plus jeune…Et vous êtes chez-moi pour ?
- Vous offrir un peu de vie madame, enfin un dernier coup à boire
- Comme vous y allez ! Il me reste deux prunes et quatre portos en cave, sans compter les petits blancs et les rosés au garage. Héritage de feu mon époux allergique au tonneau.
- Je crains madame que vous n’ayez droit qu’à la petite mirabelle de « derrière les ragots »
- Vous êtes sûre ? (un temps) Mais enfin qui vous envoie de la sorte décider de mes verres à liqueur ? (le ton monte dans le râtelier)
- Mon tuteur de stage madame, monsieur Nocher
- Le directeur des pompes funestes ?
- Précisément
- Ce sac à vin ?
- J’ignore quel sac il porte, mais il m’a recommandé de bien faire attention au vôtre qui se vide au gré de vos humeurs.
- Eh bien, voilà une réputation que je n’ai pas volée ! En avez-vous glissé deux mots à ma nièce Artémise ?
- Précisément madame, elle confirme les dires de M. Nocher himself.
- (à part soucieuse) Ça sent le complot à l’héritage tout ceci, on voudra me souler à la queue de cerise afin de ramasser le gâteau (gratte, gratte la tête) ce doit être le nouveau virus importé des îles : « la tataguente ». Comment sortir de cette guêpière quand on croupit dans un fauteuil électrique ? (fort) Mademoiselle Augustine ?
- Madame ?
- Auriez-vous la bonté de bien vouloir quérir mon châle sur la desserte afin que je le repassasse?
- Madame a de la périphrase !
- Il faut bien remplir son sac de nœuds mon enfant… (sourire sur dents du fond)
- Je descends
- Faites donc, et n’oubliez pas le fer au passage, dans le placard à balais, à droite, sous l’escalier à vis
- (voix lointaine) J’y cours
- (ton sombre) Cours donc gourgandine ; saperlipopette, ils vont voir de quel bois je les chauffe ces appariteurs de testaments ! Mangeurs de vieux ! Suceurs de betterave fripée ! Les salauds…
Elle se lève lentement, comme dépliée d’une mauvaise page, un sourire jaune étire cette bouche particulière aux vieillards, déchirée aux coins ou mal recousue, se dirige en glissant vers un tiroir quelconque, l’ouvre et s’y installe en boule – les spécialistes disent en « position fœtale » encore faut-il pourvoir caser ces os de plâtre sans les émietter – on dirait un feuille parmi d’autres, un peu écornée, pliée au centre, une feuille avant la poussière, sur laquelle mille caractères se mêlent au point d’en être illisibles.
En post-scriptum, quelques lettres scintillent dans un sourire taquin « Tante est si bien » nouvelle sans queue de mirabelle ni tête de quetsche…

[Invité]

En tout cas, c'est pas des queues de cerise cette nouvelle !
Tante est si bien, moi aussi, j'ai le sourire. Sacrée Ba ! Féroce qui le cultive !

[CROISIC]

Suceurs de betteraves fripées...
Pour vous dire que j'ai aimé boire un coup en votre compagnie ma chère Ba... je suis prête à descendre à la cave, m'en enfiler un dernier de derrière les ragots.

[Rebecca]

Merci Ba de nous ouvrir tes fonds de tiroir, ils ne manquent pas de caractères certes ni de caractère. J'aime bien soeur Sébastienne de la Trinité Fourbue, quand à Madame elle peut repasser tant qu'elle veut, je n'en serais pas froissée !

[Arielle]

Férocement foutraque, un régal cette liqueur-maison, Ba !

Elle se lève lentement, comme dépliée d’une mauvaise page, un sourire jaune étire cette bouche particulière aux vieillards, déchirée aux coins ou mal recousue, se dirige en glissant vers un tiroir quelconque, l’ouvre et s’y installe en boule-les spécialistes disent en « position fœtale » encore faut-il pourvoir caser ces os de plâtre sans les émietter-on dirait un feuille parmi d’autres, un peu écornée, pliée au centre, une feuille avant la poussière, sur laquelle mille caractères se mêlent au point d’en être illisibles.

La justesse de l'image, transforme mon sourire en citron vert et me colle des frissons ... vite, une petite prune pour me remettre !

[Invité]

C'est calva bien, cette diablesse !

[Polixène]

Le tout est de savoir si la tante accule...

Amarante, celle là, elle a un petit grain

[Lunatik]

Les dialogues, c'est mon point faible.
Je m'instruis, je prends des notes.

(et j'en profite pour signaler qu'il manque un petit e , par là : on dirait un feuille parmi d’autres)

[Ba]

J'en profite que la " tante " est sur le bureau pour saluer les visiteurs de ce petit cellier, merci à Lunatik pour le " e " qui manquait à la feuille ;-)

[mentor]

j'aime beaucoup cette ambiance et ce "ton" désuets.
Et ton écriture
et le fond
et la forme
et le titre
tout
encore !

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