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Le Club des Fins Gourmets

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Yugoski
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Message  Yugoski Sam 28 Aoû 2010 - 13:59

Le Club des Fins Gourmets, une thérapie comme une autre


CHAPITRE 1 :

Aujourd’hui, le temps est vraiment merdique. Le vent soulève les jupes mais pas les consciences, le ciel ressemble à un cendrier plein. Le mois de Janvier est tout ce qu’il y a de pire dans le Pire: Non seulement il détient le record du mois le plus froid de l’année en plus d’être le plus triste. Pas de chance, on est en plein dedans. Le quatorze, plus précisément. Les fêtes ne sont pas encore assez loin pour qu’on cesse de les regretter.

Les cours ont reprit, mais les esprits sont ailleurs. Je le vois dans le regard des autres et je suis bien le seul. Même si les étudiants passent leur temps à rire et à se conter les exploits éthyliques du nouvel an, j’éprouve un sentiment bizarre. En fait, j’ai l’impression que personne n’est vraiment là. J’ai l’impression qu’ils ne font pas attention aux bonnes choses, qu’ils ne connaissent pas vraiment l’identité des gens qui boivent leurs anecdotes comme de l’urine thérapeutique. J’ai l’impression qu’ils font semblant, pour éviter le pire. J’ai l’impression qu’ils sont tous plus con les uns que les autres.

Mais il faut bien faire la part des choses ; moi non plus, je ne suis pas dans mes meilleurs jours. J’ai envie de changer d’air. Les publicités qui jonchent les murs me rassurent et me font oublier que je me noie encore un peu plus dans le jacuzzi du désespoir en cette fin de matinée glaciale. Le self propose des frites, comme tous les jours depuis la rentrée. Je soupçonne le directeur du Crous d’avoir pioché dans la caisse pour faire ses cadeaux de Noël. Mes mains sentent la frite, mes fringues sentent la frite si bien que j’ai moi-même l’impression d’être une putain de frite. C’est l’une des raisons qui me poussent à éviter cette infecte cantine la plupart du temps.

Pour les réunions de travail (qui ont lieu environ une fois par mois), je n’ai pas vraiment le choix. Étant de groupes différents, moi et les autres membres avons du mal à se concerter. La pause du déjeuner n’est pas le moment idéal, mais il est néanmoins le seul où l'on peut être tous au même endroit, à la même heure. Sauf que cette fois, j’ai l’impression d’être à l’écart. Ils ne cessent de se regarder, de plaisanter entre eux. A force, j’ai l’impression d’avoir remplacé Rémi au poste de lanterne rouge. Ces dernières semaines, Alberto m’esquive. On a fait pas mal de soirée ensemble, et quelques chansons aussi.

Guillaume, Alberto, Rémi, Aurélie et moi formions la relève du projet Fac TV. On devait prendre les commandes à la rentrée prochaine, après le départ des deuxièmes années. Notre objectif premier était de retranscrire la vie active de la fac (association, projet, soirées…) par l’intermédiaire du canal visuel. Je pensais qu’aujourd’hui on allait se répartir les rôles pour le dossier, ce qui dans notre jargon porte l’appellation « Q.F.Q », lettres initiales de l'expression Qui Fait Quoi. J’étais loin de mes pompes, comme d'habitude.

En début d’année, j’ai rencontré Alberto et on s’est tout de suite bien entendu. Très vite, on est passé du statut de pote de fac à celui de binôme. On a choisit ce projet ensemble. Peu après, Guillaume et Aurélie, que je ne connaissais que de vue à cette époque, se sont joints à nous. Aurélie était déjà stressé, j’avais déjà envie de la calmer. Guillaume adoptait l’attitude du cartésien désabusé, mais sa sauce ne prenait pas avec moi. Je riais à ses blagues pour lui faire plaisir. Quelques jours plus tard, un type passif nommé Rémi s’est greffé au projet, parce qu’il « n’a rien trouvé d’autre. ». Je n’éprouvais aucune sympathie pour ces gens-là.

Voilà pour la petite histoire.

Ma dernière scène se déroule entre midi et treize heures, après le déjeuner. J’ai le premier rôle, tragique, presque shakespearien. Elle prend place dans une salle de TP comprenant une dizaine de tables pouvant accueillir chacune trois ou quatre personnes, selon leurs corpulences, et une trentaine de chaises dont deux sont hors d’usage. Les peintures ne sont plus fraîches, les sols crasseux : Le service de propreté ne passe que très rarement.

Lorsque Guillaume ouvre la porte, un nuage de poussière s’élève dans la pièce. Alors que les autres installent une table au centre de la pièce et l’entourent de chaises, je m’empare de la plus confortable et prie pour qu’Aurélie choisisse l’une de celles que j’ai piégées avant d’aller bouffer. Je déteste Aurélie parce qu’elle est stressée en permanence, d’ailleurs je l’appelle « Prozac » et elle n’a pas l’air d’apprécier. Mais je m’en fous, ce n’est pas fait pour. Ses joues sont toujours rouges, elle pue toujours la clope et le café. Mon diagnostic ? Hypertension et cancer de la langue, si j’ai de la chance. Non, je suis méchant. Par les temps qui courent, il vaut mieux ça que le contraire.

Les autres ne sont pas très bavards quant aux répartitions des tâches. Ils n’ont plus l’air très motivé. Je m’installe en bout de table, pour avoir une vue d’ensemble. Ils font tous des gueules d’enterrement. Même Alberto, j’ai l’impression que c’est un inconnu. Il ne me regarde pas. Je lui fais signe, j’essaye d’attirer son attention, sans succès. Dans les couloirs, personne. Les Autres mangent encore. Le silence est de plomb, mon estomac aussi. Trop de ketchup, trop de mayonnaises. Je sature comme la graisse d’un gros burger halal de chez Quick. Les nuages aussi ont l’air plein à craquer. Un grondement qui semble venir des ténèbres se fait entendre.

Et la première goutte de pluie sur le carreau. Des traces de doigts.

« Yugoski, si on t’a fait venir, c’est pas vraiment pour parler du projet en fait. »

C’est Guillaume qui brise la glace. Il me regarde avec sa barbe de trois jours et son col de chemise mal foutu. Ses jambes sont croisées, ses coudes sont posés sur la table et ses deux mains viennent se joindre sous son menton. Le claquement rapide de ses semelles contre le carrelage propage un rythme de battement cardiaque dans la salle. Surprit, je jette un regard -un dernier- vers la vitre. Elle est inondée et on ne voit plus les traces de doigts. Je tente de sourire et l’interroge alors, la voix un peu vacillante.

« Qu’est-ce que tu veux dire ?
- On a plus envie de travailler avec toi. »

Un claquement dans l’atmosphère. Du bruit dans les couloirs. Deux filles, probablement perchées sur des talons, traversent le couloir en discutant fort. Je me rends compte que les autres membres du groupe me fixent, les dents serrées. J’ose croire à une grosse plaisanterie. J’appuie mon dos contre le dossier de chaise, croise mes mains derrière la tête et balance avec un sourire en coin.

« C’est quoi cette connerie ?
- C’est pas une connerie. »

Je me redresse aussitôt sur ma chaise, piqué par une joute mentale de 500 000 watts. J’ai de plus en plus mal au ventre.


« Mais c’est quoi cette histoire ? Dis-je sans m’énerver.
- On ne veut plus travailler avec toi, tu as trop un sale caractère, tu veux tout commander. Ajoute Aurélie en énumérant mes défauts sur ses doigts.
- Hé, Ho, c’est bon ! Toi aussi t’as un caractère de merde ! Tu ferais bien de fermer ta gueule de temps en temps !
- Tu vois, tu deviens déjà agressif. »

Je prends une bouffée d’air et desserre mes poings. Il est vrai que je suis impulsif par nature, un peu comme mon père et mon grand-père avant lui.

« Vous pouvez pas me faire ça les gars, on doit rendre le dossier dans une semaine !
- Pour nous, c’est clair : Tu ne fais plus partie du groupe. »

Cette fois, c’est trop. Je ne parviens même plus à avaler ma salive. Je dévisage Alberto, mon ami. Un des seuls type à qui je fais confiance. Il est Bolivien d’origine. Peau mat, sourire de moniteur de ski et chewing-gum. Un chewing-gum qui palpite dans sa bouche et muscle ses mâchoires.

« T’étais au courant ?
- Ben oui. Me répond-t-il sur un ton neutre.
- T’aurais pas pu m’en parler avant ?
- Hé, c’est pas que moi, c’est le groupe.
… »

Je reste sans voix et lance un regard mauvais à Rémi, qui n’a jamais été aussi invisible que maintenant. J’ai envie qu’il disparaisse. Qu’il s’évapore. Une boule de sang est entrain de naître dans mon corps, mon palais est sec comme une chatte frigide. Je préfère l’ignorer, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Je pivote légèrement vers la gauche pour faire face à Alberto, toujours aussi impassible.

« Je croyais qu’on était… ami ?
- L’amitié et le travail, ça n’a rien à voir. »

C’est une phrase choc, c’est l’impact. Le missile a touché sa cible.

« Enculeur de poule ! »

Mon cœur bat à toute vitesse. De mon bras tremblant, j’attrape mon sac de sport et ma veste Harrington. Je me dirige vers la porte, prêt à exploser. Mais je me retourne une dernière fois, devant quatre regards blêmes et intransigeants. Je vise Rémi.

« Et toi, tu dis jamais rien, comme d’habitude !
- Ben non… dit-il, les bras ballants
- Enculeur de poules… je répète. »

Dans les couloirs, il y a du monde. J’ai l’impression d’être dans une autre dimension, un endroit ou je peux « voir » sans « interagir ». Ce n’est qu’une impression. Une fille me bouscule, elle est dans ma promo. On a déjà échangé quelques mots, mais elle préfère ne pas me reconnaître. Quand elle voit mon visage, ses traits se déforment. Je presse le pas et m’affale dans un coin ou il n’y a personne. Ne trouvant pas d'autres solutions plausibles, je décide d’appeler ma copine.

« Allo ?
- Oui ?
- Je me suis fait virer de mon groupe de travail.
- Quoi ?
- Les autres membres du groupe, ils m’ont viré ;
- J’entends rien, je suis dehors là. Tchao. »

Ma copine, c’est une pure connasse. Je la vois rarement. On s’évite. Pourquoi rester ensemble alors ? Trouver une stabilité affective, c’est important pour deux êtres fragiles, d’autant plus que ça n’arrive pas à tout le monde. On a besoin d’être aimé, de savoir qu’on n’est pas vraiment seul, c’est humain. Notre seul point commun, c’est d’être humain. Pour mon anniversaire, elle m’a acheté un Hamster. Sympa non ? Moi, je lui ai offert la cage et le logement. Sa mère ne supportant pas les rongeurs, c'est dans ma chambre -sur mon appui de fenêtre- qu’il a échoué. Il tourne dans sa roue. La nuit. Toute la nuit. Il m’énerve.

Je décide de ne pas aller en cour, j’ai peur de péter un plomb. Je préfère aller chez Mark. J’achète un pack de vingt-quatre bières à la supérette du coin (il y a une promo) puis je prends le bus. Le trajet est long donc je dégoupille une bière. En sortant, j’allume une clope. Je n’ai pas appelé Mark, mais je sais qu’il est chez lui. Il est toujours chez lui. Trois coups. Il passe un œil par le judas, entre-ouvre la porte et m'attrape par le poignet puis me pousse à l'intérieur de son appartement. Je vous explique : Depuis ses seize ans, après que son père l'ait définitivement renié (« Tu n'es pas mon fils petit merdeux, je n'ai pas de fils ! »), il carbure à l'héroïne et ça ne l'arrange pas. Aujourd'hui, ses joues sont creuses, ses yeux sont vides et ses manches beaucoup trop grandes. Pourtant, une immense gentillesse émane de sa personne. Il me fait penser à un petit enfant triste avec un nounours abîmé, qui cherche désespérément sa mère parmi les millions de silhouettes du centre commercial. Son salon est un foutoir sans nom, on risque d'attraper une maladie à chaque nouvelle enjambée. Des seringues et des bouts d'aluminium chiffonnés jonchent la moquette.

La moquette, justement, parlons-en : Au moment où je m'installe sur le canapé (après avoir tout vérifié), je me demande combien de tribus d'acariens peuvent bien se livrer bataille au sein de ses petites fibres microbiques.

Mark relève sa manche, mettant à jour un milliard de petites pointes rouges sur son avant-bras, le rouge à lèvres du vice. Attrape un lacet de chaussures et le serre autour des ses plaies tuméfiées.

"Tu veux essayer ?"

Mark ne me veut aucun mal. Il veut juste être moins seul. Il sait que je n'essaierais pas, que je suis moins con que lui. J'ouvre une bière.

"J'arrête les cours.
- Tu vas faire quoi ?
- J'en sais rien. Vendre ?"

Concentré, il chauffe le mélange dans une petite cuillère et attrape une seringue au hasard, déjà utilisée.

" Vendre quoi ?
- Bah... Tu sais.
- Attend, tu veux me vendre mon héro ?
- Ben... Tu te ferais moins arnaquer... Tu pourrais être sur de la qualité du produit.
- Tu sais, Yugoski, je rêve d'attraper le type qui m'a foutu dans cette merde, et de lui enfoncer mon poing dans le cul ! Dealer, c'est vraiment un truc d'enfoiré. Tu es un enfoirés ?"

Si j'en crois mon ancien groupe de travail, oui, je suis un bel enfoiré. Je rentre chez moi vers quatre heure, après avoir descendu le pack.

Yugoski

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Message  Invité Sam 28 Aoû 2010 - 15:33

J'avais peur, au début, d'un enième balade dans les états d'âme chiants d'un étudiant, mais le fait que le narrateur soit aussi peu sympathique me plaît bien ! J'apprécie cette atmosphère sordide de rien-à-foutre et attends la suite.

Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !

Mes remarques :
« de pire dans le Pire: non seulement il détient le record du mois le plus froid de l’année en plus d’être le plus triste. » : l’expression n’est pas complète, manque un pendant à « non seulement » ; en outre, selon les conventions typographiques françaises, il faut une espace avant les deux points
« Les cours ont repris »
« moi et les autres membres avons du mal à nous concerter »
« On a fait pas mal de soirées ensemble »
« On a choisi (et non « choisit ») ce projet ensemble »
« les sols crasseux : le service de propreté »
« un nuage de poussière s’élève dans la pièce. Alors que les autres installent une table au centre de la pièce » : la répétition se voit, je trouve
« Les Autres mangent encore » : pourquoi cette majuscule à « Autres » ?
Surpris, je jette un regard -un dernier- vers la vitre
-sur mon appui de fenêtre- : selon les conventions typographiques françaises, le trait d’union « - » ne suffit pas à encadrer une incise, il faut prévoir le tiret demi-cadratin « – » ou le format au-dessus, « — », caractère lui-même isolé par une espace de chaque côté
- On a plus envie (…)
- C’est pas une connerie (…)
- On ne veut plus travailler avec toi (…)
- Hé, Ho, c’est bon (…)
- Tu vois (…)
- Pour nous, c’est clair : tu ne fais plus partie (…)
- Ben oui. Me répond-il (et non « répond-t-il ») sur un ton neutre.
- T’aurais pas pu m’en parler avant ?
- Hé, c’est pas que moi (…)
- L’amitié et le travail (…)
- Ben non… dit-il, les bras ballants (manque un sigen de ponctuation ici)
- Enculeur de poules (…)
- Oui ?
- Je me suis fait virer de mon groupe de travail.
- Quoi ?
- Les autres membres du groupe, ils m’ont viré ; (on ne termine pas une réplique par un simple point-virgule)
- J’entends rien (…)
- Tu vas faire quoi ?
- J'en sais rien (…)
- Bah... Tu sais.
- Attends, tu veux me vendre mon héro ?
- Ben... (…)Tu pourrais être sûr de la qualité du produit.
- Tu sais, Yugoski (…) Tu es un enfoirés (et non « enfoirés ») : selon les conventions typographiques françaises, le trait d’union « - » ne suffit pas à ouvrir une réplique de dialogue, il faut prévoir le tiret demi-cadratin « – » ou le format au-dessus, « — », caractère lui-même isolé par une espace de chaque côté
« une joute mentale de 500 000 watts » : pourquoi une « joute » électrique ? le mot me paraît peu approprié
« Un des seuls types à qui »
« Peau mate, sourire de moniteur »
« Je croyais qu’on était… amis »
« Enculeur de poules »
« elle m’a acheté un hamster »
« Je décide de ne pas aller en cours »
« entrouvre (et non « entre-ouvre ») la porte »
« Je vous explique : depuis ses seize ans, après que son père l'a (et non « l’ait », « après que » est suivi de l’indicatif et non du subjonctif) définitivement renié »
« parlons-en : au moment où je m'installe »
« Il sait que je n'essaierai (et non « n’essaierais », le futur s’impose ici et non le conditionnel) pas »
« Je rentre chez moi vers quatre heures »

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Message  Rebecca Sam 28 Aoû 2010 - 17:07

Ce n'est pas désagréable à lire, c'est vif, enlevé. J'attends de voir où ça va.
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Message  Yugoski Sam 28 Aoû 2010 - 18:07

Merci beaucoup pour toutes ces corrections !

et Rebecca, merci pour ton commentaire. Pour éclairer ta lanterne : En gros, pour faire court, c'est une sorte de descente aux enfers. Ce premier chapitre est inspiré de fait réel. En effet, j'ai également vécu une telle éviction.

Je posterais la suite demain, et d'ici là j'aurais déjà donné mon avis ça et là :-)



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Message  Yugoski Lun 30 Aoû 2010 - 10:17

CHAPITRE 2 :

Quand je recroise Jacquot au coin de la rue de Béthune après cette après-midi mousseuse, je le trouve vachement bien changé depuis le collège. Il me prend environ deux têtes et tient une femme magnifique genre eurasienne par les épaules. Moi je titube un peu à cause de la Kronenbourg. Autant dire que pour des retrouvailles, je fais pâle figure. Enfin, c’est bizarre à dire, mais je suis presque content de le revoir. Pourtant, on se fréquentait vite fait à l’époque. La plupart du temps, nos conversations se limitaient aux formules de politesse. Il portait un appareil dentaire, il avait l’air beaucoup moins athlétique. Impressionnant

« Tiens Jacquot, t'as poussés toi, dis-moi ! »

Jacquot n'a pas de mal à me reconnaître non plus. Il écarte soigneusement sa petite amie au regard de feu et s'approche de moi pour me faire la bise comme un jet-setteux. Il sent l’aftershave, mais il a une peau d’imberbe.

« Alors Yugoski ! Quoi de neuf depuis le temps? »

On se raconte notre vie pendant une demi-heure entre deux boutiques de fringues aux volets tagués, j’ai la tête ailleurs. La bombe sexuelle caresse laconiquement sa fourrure de vison tout en tirant sur une longue cigarette. Mon regard ne cesse de dévier, elle possède une force d’attraction impressionnante. Mon radar à chatte s’affole, elle est trop brûlante.

« Elle te plaît ? Elle s'appelle Shoshanna.
- Elle à l’air sympa. Dis-je, un peu gêné. C’est ta copine.
- Non, pas vraiment. Il rit. Dans mon Club, elles sont toutes plus belle les unes que les autres. »

C'est là qu'il commence à me parler de son Club, le « Club des Fins Gourmets ». Il m’apprend que c’est comme un atelier de cuisine amélioré, où l’on disserte tranquillement sur la société dans une ambiance bon enfant tout à fait propice aux échanges en tout genre. Je me demande alors si Jacquot n'est pas en train de me convier dans une boîte à partouze, ce qui en outre ne me dérange pas plus que ça. Jacquot à toujours aimer le sexe. A l’époque, il ne parlait que de ça. Et de son argent, aussi.

Pour finir cette conversation, il gribouille une adresse sur ma main et me salue fort chaleureusement. Shoshanna, qui ne m'a pas déclaré un seul regard depuis tout à l’heure, s'approche et me colle un baiser sur chaque joue. Elle m'explique que les réunions se déroulaient toujours le premier vendredi du mois, à dix-huit heures pétantes. Demain. Elle sent bon. Elle sent le sexe à plein nez.

Ma décision n’est pas difficile à prendre. Je saisis une pièce d'un euro :

« pile j'y vais, face j'y vais pas »

Finalement ça tombe sur Face mais j’entreprends d’y aller quand même, parce que je suis le genre de type à dire des choses fausses pour me rassurer. Je me suis sapé avec les seules fringues disponible dans ma garde-robe : Un polo blanc dont le col est traversé par deux lignes bordeaux (c’est un Fred Perry), un pull marron assez fin (c’est un monoprix), un jean clair et des chaussures de ville plutôt classe habituellement réservées aux entretiens d’embauches.

Comprenez bien ma démarche : J'ai dix-neuf ans et je viens de plaquer définitivement mes études, il faut bien que je me change les idées. Après être rentré chez moi hier, je n’ai rien fait d’autre que de balader sur des sites pornos bizarre en écoutant du hip-hop à fond dans mon casque. La bière-party ne m’a pas autant réconforté que je l’espérais, Franck me fait de plus en plus flipper, j’ai peur qu’il finisse en asile psychiatrique, ou qu’il meurt prochainement.

Vêtu d’une grosse écharpe, capuche sur le crâne, je grimpe dans le bus 36 direction le coin le plus dégueulasse de toute la métropole, alias Porte de Valencienne. La nuit tombe rapidement et lorsque j'arrive sur place, je découvre un endroit terriblement sordide. L’avenue principale est en phase avec sa génération ; complètement perdue, abandonné. Des seringues gisent dans le caniveau, les aiguilles suintent de sangs. Deux mendiants se disputent une parcelle de trottoir, leur langage n'existe pas ailleurs. En restant sur mes gardes, je m’approche pour leur demander des indications concernant l'adresse du Club des Fins Gourmets.

« Mh, Rue d'Deltaplane ? Un peu plus loin m'sieur, suivez la crasse.
- D'accord, merci beaucoup.
- Z'auriez forcément une 'tite pièce. »

J'attrape une poignée de mitrailles dans la poche de mon jean.
« Et essaye de pas t'acheter du vin.
- Pas d’inquiétude m'sieur, j'bois que d'la bière moué. »


Je frappe à la porte et Shoshanna vient m'ouvrir, saucissonnée dans une robe léopard hyper sexy. Elle me débarrasse et m'invite à pénétrer dans la pièce principale, d'où émanent rires et exclamations joviales. Quand je franchis le seuil de la porte, tout les regards se posent sur mon corps maigre, je n'aime pas vraiment ça. Les tapisseries sont neuves, les lumières tamisées et il flotte dans cette grande salle une odeur d'encens qui masque celle de la peinture fraîche. La déco est assez moderne, épuré, noir, blanc, plutôt stylé quoi. Et ça me fait drôle, moi qui suis plutôt habitué au capharnaüm de mon pote Francky ou à l’appartement d’Alberto, avant sa trahison.

Cependant, Jacquot ne tarde pas à me remettre à mon aise.

« Mais qui voilà ! Yugoski ! Si tu savais comme je suis content de te voir. »

Les autres personnes se tiennent debout autour d’une immense table noire en forme de losange. Ils ont -pour la plupart- la vingtaine bien entamée. Ils reprennent en chœur, façon alcoolique anonyme :

« Bonjour Yugoski ! Nous sommes tous très content de te voir ! »

Dans un élan de timidité modeste, je salue l'assemblé d'un sourire plein d'humilité avant de rejoindre Jacquot, et par voie de fait le siège que l'on m'a poliment réservé. Tous les individus, garçon ou fille, m'imitent, et bientôt nous nous retrouvons installés autour d'une table improbable. Je ne suis pas du genre à m'engager dans des groupes/sectes ou autres associations caritatives pour faire avancer les choses, et déjà que j'ai du mal à avancer moi-même, je me surprends à regretter ma venue dans ce Club de nouveaux riches en quête de reconnaissance.

Encore heureux qu'il y a de la gonzesse, toutes aussi bien foutues que Shoshanna, qui devient soudain très obsolète à mes yeux. Jacquot me lance une grande tape amicale, pleine d'entrain.

« C'est la concurrence, le capitalisme. Au début on avait des grands-mères de quatre-vingt ans, mais il faut bien adapter l'offre à la demande, n'est-ce pas ?
Ouais. c'est comme marcher sur la lune avec des échasses : On se lasse vite. »

L'agitation bat son plein, on s'enthousiasme partout autour de moi, j'ai du mal à comprendre. Comme si ma venue au Club des Fins Gourmets, 28 rue du Deltaplane, Porte de Valencienne, était un évènement notoire que l'on se doit de célébrer. Quand Jacquot tape sur la table avec sa fourchette, on entend plus une mouche péter. Une blonde incendiaire aux lèvres pulpeuses s'approche de moi. Elle est serveuse au lieu de faire la pute sur les plateaux télés, et pour cela je la respecte énormément. Sa voix, d'une douceur totalement féérique, m'invite à commander un apéritif. Mais avant que j'ai pu répondre, Jacquot s'interpose.

« Mettez lui notre meilleur whisky. Pour moi aussi. »

Et les consommations arrivent aussitôt. Je trempe mes lèvres pour découvrir un nectar d'une onctuosité incroyable cependant que Jacquot entame un discours tellement chiant que lui-même ne doit pas connaître la fin. J'ai le temps de me masturber par dessus le pantalon et de boire environ quatre whiskies. Et c'est au bout du quatrième, justement, que mon nouvel ami me pose une question.

« Alors, Yugowski, qu'en penses-tu ?
- Je sais pas, j'ai pas trop écouté et...
- Il n'a pas écouté, on peut l'applaudir très fort ! »

Et ils applaudissent. C'est à ni rien comprendre.

« Nous parlions du plan de rénovation pour le quartier, car il est grand temps de faire quelques choses, tu ne penses pas ?
- Si, si. Fis-je, sans être concerné. C'est une ruine, ce coin. C'est quoi, le plan ?
- Une grande manifestation, à base de cocktail molotov. Qu'en penses-tu ?
- Ca me semble être une bonne idée. »

Mon sang chauffe sous ma peau. Il vaut mieux que je la ramène pas trop en disant un truc comme :

«  ton idée c'est de la merde en boîte, pour toucher l'opinion c'est plus efficace de chier au milieu de l'autoroute que de manifester son mécontentement. »

Pensant à cela, je fais un signe à la jolie hôtesse et lui demande de laisser la bouteille dans un périmètre proche du mien. Elle s'exécute sans broncher. Jacquot administre un nouveau coup de fourchette, déclarant qu'il est temps de passer aux choses sérieuses. Et à ce moment, je ne sais pas si l'alcool me fait des blagues ou si les visages des convives sont vraiment devenus grave tout d'un coup.

« Angélicana, crie Jacquot en direction de la jolie serveuse, va préparer le plat de résistance, pendant que je parle à Yugoski. »

Il m'invite alors à me lever, afin d'avoir une discussion en aparté. La salle est assez vaste et par conséquent l'on peut discuter tranquillement sans éveiller les curiosités des autres. Jacquot pose sa main sur mon épaule, et me regarde avec une infinie gentillesse.

« Alors, tu es content ? Tu te sens comme chez toi, j'espère.
- Faudrait que j'enlève mes pompes et que je pisse dans les fleurs, pour ça.
- Écoute, tu as passés le premier test avec succès, et je pense que tu es prêt pour le second, qui est d'un tout autre genre, il faut bien l'avouer.
- Pas dans le genre boire et faire semblant de t'écouter ?
- Non non, vraiment pas dans ce genre là. J'ai juste un conseil : Canalise tes émotions. »

Des cris de douleurs se font entendre. Angélicana apparaît par les portes battantes du fond de la salle, tenant la crinière d'une fillette nue dans sa main manucurée. Je m'enfile une nouvelle rasade pour dire de réaliser l'ampleur de la chose. Jacquot, toujours aussi souriant, me propose une palette d'instruments de tortures divers et variés, allant du couteau basique à la tronçonneuse électrique. C'est pousser trop loin la farce que de vouloir me faire devenir cinglé.

« Bon on arrête là, j'ai raté le test, c'est bon, c'est fini, je m'en remettrai, il est hors de question que je fasse du mal à cette fillette. »

Comme un seul homme, les membres du club tapent du poing sur la table, tout en répétant mécaniquement la même phrase.

« Coupe ! Coupe la ! »

Je tente de me lever ou de me débattre sans y parvenir vraiment. Les yeux de Shoshanna m'en empêchaient. Jacquot voit bien que ça m'emmerde, mais il continue de sourire bêtement pour masquer son malaise. Et il se met à applaudir, de plus en plus fort, pour que les autres tarés le suivent, dans le but de m'encourager, sans aucun doute. Fidèle à moi-même, j'agrippe la bouteille, dernière relique pour me séparer de cette folie latente. Lorsque je la porte à ma bouche, c'est un drame : Elle est vide, vide comme les cerveaux des Fins Gourmets. Les yeux de la petite fille, verts avec un cercle noir autour de l'iris, implorent ma pitié tandis que la servante en jupe courte pose une scie manuelle sur mes cuisses flageolantes. Je rapproche mon visage de cette fillette en porcelaine pour lui murmurer au coin de l'oreille :

« Comment tu t'appelles ?
- Elle, c'est Lise, elle a neuf ans et elle est au CM1 »

Jacquot parle trop à la place des gens concernés. Ca me prend doucement la tête comme une chanson des Boyzone.

« Écoute, Lise, moi je ne te veux aucun mal. Je ne suis pas méchant et il ne t'arrivera rien, tout ça n'est qu'une grosse blague.. »

Je prends un temps avant de comprendre que l'on a bâillonné la gamine avec des serviettes hygiéniques. Elle me regarde, sans être capable de pleurer devant l'absurdité sadique de ces malades mentaux. Suite à cela, Jacquot se lève, imposant comme le mur de Berlin dans ses grands moments.

« Bon, je crains fort que notre invité d'honneur aie raté le second test...fait-il, avec une pointe de déception. Alors nous allons devoir nous occuper nous-mêmes de la jolie Lise ! »

Et là, personne n'a l'air déçu, bien au contraire : C'est une véritable tornade humaine qui s'abat sur la fillette en sucre, dont les cris deviennent rapidement indicible. En quelques secondes seulement, le salon du Club des Fins Gourmets retrouve son calme apparent. Angélicana dépose le corps raide de Lucie au centre de la table ronde. Dans les yeux luisants des membres , je discerne une excitation incontrôlable et cela m'horrifie au plus haut point. Mais bon, Jacquot a l'air si franc dans sa démarche amicale envers moi que je n'ose pas me faire la malle en renversant mes couverts et en criant au scandale, comme j'en ai pourtant l'habitude. Le type à côté de moi, un mec dont la moitié du visage est recouvert par une plaque métallique et un oeil artificiel, saisit un couteau dans laa mallette et l'enfonce en plein dans la poitrine encore inexistante de la fillette. Une fois que la lame atteint une certaine profondeur, Il touille avec ardeur et se retire d'un coup sec, plein de rage. Le sang jaillit comme le pétrole d'un geyser, et les autres se ruent pour s'en délecter tandis que je manque de gerber : Au bout du couteau luisant gît un bout de viande vibrant encore au tempo des pulsations d'une vie éteinte. Les gens autour de la table s'émerveillent. Ils sont tous sapés en tenue de soirée, avec des paillettes et des diamants aux oreilles pour les filles et ça me file d'autant plus le bourdon. Le mec à l'oeil mécanique enfourne le pavé gluant dans sa bouche et le mord de tout son appétit. Je reçois une giclée dans l'œil et serre la mâchoire pour que les flots ne submergent pas le barrage d'ivoire. Bienveillant, Jacquot a pensé à mon confort. C'est ainsi qu'une belle bouteille de Jack Daniels apparaît devant mes yeux, comme le dernier mirage du désespoir. J'en déguste une bonne moitié cependant que la tronche de métal cannibale continue de mâcher, non sans mal il faut l'avouer. Je sursaute. Une main froide s'est posée sur mon genoux cagneux. Celle de Jacquot.

« Alors, ça te plait ?
- C'est convivial. »

Ouais, c'est super convivial. Après le type, tous les autres se jetent sur les viscères de cette pauvre enfant. Ça sent pas la rose, mais je suis le seul à le remarquer. Autorisée a participer au festin, Shoshanna fabrique un collier avec l'intestin grêle du cadavre juvénile. Jacquot rit, il jouit devant le spectacle alors que moi, épave attendrissante, je bave pour mieux bloquer les relents de mon âme. J'assiste à une boucherie, une foutue soirée cannibale, un épouvantable Dîner de Con réservé aux carnivores déglingués. Tels des hyènes, ils se nourrissaient d'une charogne fraîche. Ce n'est pas un rite, non, c'est pire que ça. C'est une obligation pour eux, ils dépendent de la Chair. Les yeux brillent, les bouches luisent, je perds pieds. Le visage de Lise- après sa mort par piétinement- n'a pas perdu l'expression de désarroi et j'en viens à espérer qu'elle n'assiste pas à sa propre dégustation depuis les cieux. L'odeur du sang mêlée à celle de l'alcool fort me fait perdre le monopole de mes entrailles. Attentionné au possible, Jacquot me tend une bassine visiblement prévue à cet effet. Et je largue les amarres, lâche du lest. Enfin je respire, mais ce n'est qu'un vague espoir avant la noyade totale. Jacquot m'arrache le récipient, et le dépose sur la table, pas loin du corps en charpie de cette pauvre Lise. Ma vue est brouillée par des parasites, je ne distingue pas les composantes de ma gerbe, elle a décidément une drôle d'allure.

« Les amis, c'est l'heure du dessert ! »

Oh mon dieu. Les voraces se désintéressent de l'innocente fillette qui n'est plus désormais qu'un vulgaire tas d'os. Leurs visages ruissèlent de sang humain et je ne peux plus reconnaître Angélicana à travers cette débâcle sanguinolente. Jacquot leur donne l'ordre de retrouver leurs places initiales, ce qu'ils firent avec une docilité dérangeante mais toutefois logique : On ne mène pas une révolte le ventre plein. Il devrait organiser un banquet hebdomadaire à la SNCF.

Et alors que mes pensées glissent dangereusement sur les rails du coma intellectuel, j'observe les invités qui chacun leur tour mènent à leurs lèvres le sceau de vomi. Avec le sourire., en plus. Les réactions varient d'un palais à l'autre, mais la plupart trouvent mon compte rendu délicieux, voire excellent pour Jacquot qui me congratule chaleureusement et intime aux autres de l'imiter. C'est alors que Shoshanna se manifeste : Elle arrache son corset moulant, grimpe sur la table et ondule ses courbes vertigineuses cependant que les membres la badigeonnent de mon dépôt dégoûtant. Sa poitrine est gonflée, ferme et ses tétons sont marrons. Et son cul, comment puis-je décrire son cul à des mortels non-initiés ? Jouant sur la subjectivité de son corps, elle prend la parole.

« Alors Jacquot, ton invité va-t-il avoir droit à un traitement de faveur ? »

L'intéressé rétorque, un peu vexé :

« Écoute Angelicana, je suis l'Héritier et je pense avoir le droit légitime de faire quelques entorses au règlement, de temps en temps.
- Tu ne l'as pas fait pour mon fils. Déclare la métisse aux fesses bombées.
- Ni pour ma mère ! » Fait une voix anonyme. 

Il y a un bruit de fond, vague mouvement de protestations mené par les anthropophages. Cela ne plait vraiment pas à Jacquot qui dévore Shoshanna du regard jusqu'à ce que l'agitation ne se dissipe. Quand le calme raisonne à nouveau, l'Héritier du club des fins gourmets s'adresse à moi sur un ton qui force l'obéissance.

« Claque lui donc la bouteille sur le coin de la tronche, elle comprendra son erreur.
- T'es sérieux Jacquot ?
- Fais moi confiance, et tu partiras d'ici en un seul morceau. »

Je vais vous dire un truc : Je ne pense plus qu'à rentrer chez moi pour caresser mon chien et bouffer un truc sain. Shoshanna me plait beaucoup, elle me file même une trique d'enfer mais je ne représente pas l'idéal masculin de l'idéal féminin. J'empoigne le goulot du Jack et fracasse son visage d'un coup sec. Elle tombe immédiatement, comme une mouche claquée entre deux mains. Je suis content. J' assomme quelqu'un pour la première fois de ma vie. Sitôt que sa face défoncée se met à juter, Jacquot m'ordonne de le suivre dehors. Il conduit un 4X4 avec toit panoramique, je peux ainsi apprécier l'éclat de la pleine lune qui transperce les arbres sur la route vers chez moi.

« J'aurais aimé que tu te joignes à nous...m'avoue-t-il.
- J'étais super content de te revoir.
- Moi aussi, l'enfance me manque beaucoup. Mais c'est vraiment pas mon truc.
- Je comprends, c'est pas dans les normes sociétales actuelle
Désolé...
- Oh, ne t'excuses pas, ça m'a fait pareil avec Francis.
- T'as revus Francis ? Il fait quoi maintenant, ce gros porc ?
- Fac de médecine, deuxième année.
- Il cartonne.
- Tu l'as dis. »

Lorsque nous arrivons dans mon lotissement, je lui serre la pince et rentre mon numéro dans son portable. Il promet de me rappeler dans la semaine pour une soirée plus normale. Mes parents dorment, je fais donc le moins de bruit possible. J'ai faim. Dans le frigo il traîne bien un reste de blanc de poulet, mais ça ne me dit rien. J'ai envie d'une bonne viande.

Bien saignante.

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Message  conselia Lun 30 Aoû 2010 - 10:31

Nauséeux, nauséabond peut-être. Sans moi en tout cas et c’est dommage (pour moi s’entend) parce qu’une plume au service de si peu, cela sent un brin le gâchis.
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Message  Invité Lun 30 Aoû 2010 - 10:52

Ah oui, j'aime bien le gore, et la conclusion est vraiment sympa ! Une bonne histoire, pour moi, gâchée par le manque de soin que vous lui avez donnée : beaucoup d'erreurs de langue et de ponctuation qui ont arrêté ma lecture et qu'un peu d'attention aurait sans doute évitées.

Pour introduire une réplique de dialogue, les conventions typographiques françaises ne se contentent pas du trait d'union "-", il faut prévoir le demi-cadratin "–" ou le format au-dessus "—".

Sinon, mes remarques :
« Impressionnant » : manque un signe de ponctuation en fin de phrase
« t'as poussé (et non « poussés ») toi »
« Elle a l’air sympa »
« elles sont toutes plus belles »
« Jacquot a toujours aimé le sexe »
« Elle m'explique que les réunions se déroulent (et non « déroulaient », que vient foutre cet imparfait ici ?) toujours le premier vendredi du mois »
« « pile j'y vais, face j'y vais pas » : manquent la majuscule en début de phrase et le signe de ponctuation de fin de phrase
« les seules fringues disponibles dans ma garde-robe »
« des chaussures de ville plutôt classe (j’écrirais « classes », ici, mais ça se discute) habituellement réservées aux entretiens d’embauche (et non « d’embauches ») »
« Comprenez bien ma démarche : j'ai dix-neuf ans »
« je n’ai rien fait d’autre que de (me) balader sur des sites pornos bizarres »
« ou qu’il meure prochainement »
« complètement perdue, abandonnée »
« La déco est assez moderne, épurée »
-pour la plupart-
Lise- après sa mort par piétinement- : selon les conventions typographiques françaises, le trait d’union « - » ne suffit pas à encadrer une incise, il faut prévoir le tiret demi cadratin « ¬– » ou le format au-dessus, « — », eux-mêmes isolés chacun par une espace
« Nous sommes tous très contents »
« des grands-mères de quatre-vingts ans »
« Comme si ma venue au Club des Fins Gourmets, 28 rue du Deltaplane, Porte de Valencienne, était un évènement notoire que l'on se devait (concordance des temps) de célébrer »
« d'une douceur totalement féerique »
« Mais avant que j'aie (« avant que » est suivi du subjonctif) pu répondre »
« Mettez-lui (trait d’union) notre meilleur whisky »
« Alors, Yugoski (et non « Yugowski ») »
« C'est à n’y rien comprendre »
« il est grand temps de faire quelque chose (et non « quelques choses ») »
« Fais-je, sans être concerné »
« Ça me semble être une bonne idée »
« Ton idée c'est de la merde en boîte »
« si les visages des convives sont vraiment devenus graves »
« tu as passé (et non « passés ») le premier test »
« J'ai juste un conseil : canalise tes émotions »
« Coupe-la (trait d’union) »
« Les yeux de Shoshanna m'en empêchent (et non « empêchaient ») »
« c'est un drame : elle est vide »
« elle a neuf ans et elle est au CM1 » : manque un signe de ponctuation en fin de phrase
« Ça me prend doucement la tête »
« tout ça n'est qu'une grosse blague.. » : un point en fin de phrase, ou trois, mais pas deux
« bien au contraire : c'est une véritable tornade »
« dont les cris deviennent rapidement indicibles »
« une plaque métallique et un œil artificiel, saisit un couteau dans laa mallette »
« la lame atteint une certaine profondeur, il touille »
« Le mec à l'œil mécanique enfourne le pavé »
« sur mon genou (et non « genoux ») cagneux »
« je perds pied (et non « pieds ») »
« Leurs visages ruissellent de sang humain »
« Jacquot leur donne l'ordre de retrouver leurs places initiales, ce qu'ils font avec une docilité dérangeante mais toutefois logique : on ne mène pas une révolte »
« Avec le sourire., en plus »
« Shoshanna se manifeste : elle arrache son corset moulant »
« ses tétons sont marron (et non « marrons » : quand on utilise un nom commun comme adjectif de couleur, il ne s’accorde pas avec le substantif qualifié, sauf pour fauve, rose, écarlate, mauve, indigo, pourpre) »
« jusqu'à ce que l'agitation ne se dissipe » : je trouve que le « ne » explétif, ici, embrouille le sens
« Claque-lui (trait d’union) donc la bouteille »
« Fais-moi (trait d’union) confiance »
« Je vais vous dire un truc : je ne pense plus qu'à rentrer »
« J’assomme (et non « J' assomme ») quelqu'un »
« tu te joignes à nous...m'avoue-t-il » : les conventions typographiques françaises demandent une espace après les points de suspension
« c'est pas dans les normes sociétales actuelles » : manque un signe de ponctuation en fin de phrase
« ne t'excuse (et non « t’excuses ») pas »
« T'as revu (et non « revus ») Francis »
« Tu l'as dit »

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Message  Yugoski Lun 30 Aoû 2010 - 11:32

Concelia je comprends bien ton avis et te remercie de l'avoir donné. Mais rassure-toi, ma plume ne se limite pas à cette débauche de gore. C'est, comme l'indique le titre, une thérapie. Une sorte d'exutoire pour passer mes nerfs. Merci d'avoir lu (si tu as réussis à lire jusqu'au bout sans vomir ^^)


Merci encore Socque, j'ai corrigé tout le chapitre. Prochain morceau demain !

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Message  elea Jeu 2 Sep 2010 - 19:41

J’apprécie l’écriture qui m’emmène assez facilement dans l’histoire, les personnages bien campés. Le gore ne me gêne pas mais ici je l’ai trouvé un peu gratuit et exagéré, à mon sens il aurait mérité un traitement moins appuyé qui pour moi l’aurait rendu plus fort, plus impactant, alors que là je l’ai pris pour une grosse farce (avariée !).
Bienvenue !

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Message  Yugoski Ven 3 Sep 2010 - 11:47

CHAPITRE 3 :

Il s'est écoulé une semaine et je ne suis pas allé en cours. Le jour j'erre, et la nuit je me lance dans des discussions sans interêt sur des forums spécialisés dans n'importe quel domaine. Accepter ce restaurant avec Jacquot, c'est comme une bouffée d'air frais.

"Mettons de côté les trois mille morts du onze Septembre. dit Jacquot, dégustant ses coquille st-jacques à la crème de marron persillée. Ben Laden reste la personnalité la plus célèbre du monde entier. Prenons l'exemple de sa dernière cassette, dans laquelle il nargue une fois de plus les Etat-Unis : Toutes les chaînes du monde l'ont diffusé. Et pourquoi, à ton avis ?
- J'en sais rien.
- Le charisme. Tout simplement le cha-risme. Cet homme barbu et enturbanné, brandissant sa kalashnikov tel un étendard anticapitaliste, c'est...c'est beau !"

Il a les larmes aux yeux, il croit à ses propres mots. J'ai eu tort d'accepter cette seconde invitation, mais je n'avais rien de mieux à faire. Un restaurant, celui de son père, ou l'on mange avec des couverts en or, ça ne se refuse pas. Pour ne pas m'intimider, il a prit du poisson et il a sourit quand j'ai commandé un pavé de biche saignant au foi gras confit. Les yeux rivés dans mon assiette, je m'abstiens de répondre, priant pour qu'il change de sujet.

" Plus qu'un terroriste, Oussama est un personnage médiatique, historique. Il a réalisé le rêve inconscient d'une grande partie de la population terrestre. J'ai eu l'idée qu'on lui dédie une étoile sur hoolywood boulevard, ou un jour ferié à son nom. Les deux tours et les avions, c'est un bowling grandeur nature. C'est un concept, une révolution."

Le pire c'est qu'il n'a pas tort, dans le fond.

"La nourriture te plaît ?
- Oui, merci beaucoup ! Quand tu m'as dis resto, je pensais plutôt à un Quick, ou un truc dans le genre.
- Attends, tu rigoles j'espère ! ? s'offusque-t-il à voix haute.
- Quoi, c'est le Halal qui te dérange ?
- Non, absolument pas. Je t'explique ; Avant, disons dans ma « jeunesse », j’adorais le Quick, j’y allais deux à trois fois pour semaine. Et puis un beau jour, après une commande à emporter, c’est le drame. Réaction en chaîne. Je croque, je bloque, je cours vers la poubelle, je crache. Depuis cette histoire, je voue une haine sans précédent au Quick, au profit de Mcdo qui lui s’améliorent d’année en année. En plus, Ronald, il est sympa. J’y retourne parfois, rarement, qu’il n’y ait aucune autres solutions envisageables. C’est ce qui est arrivé un midi. A un moment ou je n'avais pas énormément d'argent pour manger, trois fast-food s'offraient à moi : Subway, KFC et Quick. J’avais testé les deux premiers récemment, sans problème. Donc c’est en traînant les pieds vers l’enseigne belge que je me suis rendu compte à quel point leur magasin pue. Sérieusement, j’ai eu l’impression de mettre les pieds dans une friteuse géante. Il va de soi que le coup marketing du « resto halal » brasse un max de musulmans. Et quelques chinois, aussi. J'aime bien les chinois. Donc, je commande deux hamburgers, une frite, sans boisson. Le prix est exorbitant. Avec ses coups de pub et sa politique de prix à laisser crever une famille de radins au dos courbé, le boss de la chaîne doit se la couler douce à l’heure qu’il est. Je m’installe. Au bout de la premier bouchée de ce sandwich immonde dont je n’ai même pas retenu le nom, je me suis dis ceci : « Quick est peut-être Halal, mais ses sandwichs sont toujours aussi abominable » Au final, c'est beaucoup de bruit pour rien. On devait plutôt faire une polémique sur la toxicité de ces burgers. »

J'ai du mal à réagir. Il a dit tout ça d'une traite, comme une récitation. Pendant un moment, on entend plus que le bruit des couverts dans l'assiette. Et les discussions du couple de la table de côté. Le type, c'est le genre à se balader avec une pochette à dessin. Il est moustachu et ses cheveux sont longs. Il explique sa théorie sur l'expressionisme des tableaux de Van Gogh. Elle, le coude sur la table, la paume de la main en guise d'appui-tête, elle ne dissimule même pas son ennui. Ils doivent être ensemble depuis six mois, pas plus. Elle commande une vodka tandis qu'Il retrousse les manches de sa chemise à carreaux, prêt à s'étendre sur une interprétation psychiatrique et moderne des troubles comportementaux de l'artiste peintre, et le fait qu'il n'ait vendu qu'un seul tableau de son vivant.

" Et le club des fins gourmets, ça se passe bien en ce moment ?
- On recrute toujours. me lance-t-il sur un ton de défi. On recherche une certaine légitimité dans nos actes. Une approche plus spirituelle, vois-tu.
- Mais tu crois pas que bouffer des êtres humains c'est...
- inhumain ?
- Voilà, c'est ça !
- Non Yugoski, tu n'y es pas du tout."

La viande fond dans ma bouche, je n'ai pas besoin de mâcher. Les papilles émoustillées, je commence à me dire que Jacquot a de bonnes raisons, même si aux yeux de la justice son comportement relève de la folie furieuse. Partout dans le monde, les cannibales sont considérés comme des criminels mais il est évident que Jacquot se situe plutôt du côté des érudis. Du bout de ma fourchette, je pique une tagliatelle fraîche, l'enveloppe autours des cinq dents et la porte à ma bouche. Accompagnée de celles-ci, le foi gras confit et sa confiture d'oignon sont du plus bel effet. Bienveillant, Jacquot m'offre le dernier verre de vin blanc, mon verre est remplit à ras bord. Je bois une gorgée et essuie délicatement mes lèvres avec la serviette en soie.

"Excellent ! dis-je, espérant qu'il change de conversation.
- Ce qu'il faut que tu comprennes, reprend-t-il sur un ton ferme, c'est que les hommes se bouffent entre eux, dans tous les domaines. Tu es d'accords, n'est-ce pas ? me questionne-t-il, en posant ses couverts à côté de son assiette triangulaire.
- Ouais, c'est vrai. Avoue-je. Rien que la semaine dernière, je me suis fait poignarder dans le dos par un type que je croyais être mon ami.
- Alors pourquoi ne pas le bouffer au sens littéral ?" lance-t-il, croyant que je suis rentré dans son jeu plus facilement que prévu.

Cette perspective me met l'eau à la bouche. A la place de la biche, j'imagine un bout du traître. Fondant, tendre et moelleux à la fois. En assaisonnement, de la chapelure à la ciboulette et une pincée de sel de guérande. Mes lèvres suintent du liquide de l'envie.

"J'ai travaillé dans un fast-food, avant de fonder le Club. Mon manager, Tony, c'était la pire des ordures. Au même moment, ma mère est tombée malade, un sale cancer, et ce boulot à la con était bien la seul façon de m'en sortir. Au bout de deux semaines, Nicolas m'a viré, sans autre forme de procès. Pourtant, je me donnais à fond ! Un mois plus tard, ma mère est décédée. Mon père, qui dirigeait alors le Club, m'a proposé de reprendre le flambeau, par manque de temps. Mais pour ça, j'ai dû faire mes preuve. Donc j'ai invité mon manager, chez moi.
- T'as bouffés Tony ? demande-je, amusé.
- Je t'explique : Un autre employé du fast-food m'avait confié que Tony et lui entretenaient une liaison. Ils s'étaient rencontrés sur un site de rencontre, entreman.com. Après mon éviction, j'ai crée un compte sur ce site, copiant mot à mot mon profil sur le sien.
- Il a marché ?
- Pas qu'un peu. Et en plus d'être con, il était imprudent : Sans même exiger une photo, il a accepté le rendez-vous. J'ai laissé la porte de mon appartement entre-ouverte, tracé un chemin de saucisse de Strasbourg...
- Un chemin de saucisses de Strasbourg ?"

Il esquisse un sourire complice, et forme une boule de nourriture contre sa joue gauche.

" Je sais, je sais, c'est moins glamour que les cailloux du petit poucet mais bon, j'avais que ça sous la main. Bref, il entre dans la chambre. Je l'accueille, nu et masqué, puis l'invite à accrocher une paire de menottes à ses poignets. Il s'exécute docilement, l'excitation prend le dessus. "

Jacquot, en dépit de sa folie, n'en demeure pas moins un excellent conteur. Il a profité de mon interruption pour utiliser le présent de narration. Ainsi, je suis bien plus captivé par son récit. Pensant à cela, j'oublie de l'écouter :

"... Avec l'autre main, il s'est pincé le bras pour s'assurer qu'il n'était pas en train d'halluciner. "Mais ? comment ??" bafouillait-il, alors que je jouissais de plaisir."

Visiblement perturbé par le fait que j'ai été plongé quelques instants dans une réflexion personnelle, il s'est de nouveau offert au passé, sans même résister une seconde. Cela prouve au passage la fragilité de sa force de persuasion. Je lui propose du champagne. De toute façon, c'est pas moi qui paye.

"Garçon ? Une bouteille de Veuve-Cliquot, s'il vous plait."

Le jeune serveur à la chemise boutonné jusqu'à la gorge me fait signe de la tête, alors que j'ai déjà détourné mon regard du sien, pour bien lui faire comprendre qu'il n'est qu'un esclave de merde. De son côté, Jacquot grimace discrètement. Son désir de me voir intégrer le Club semble plus forte que ce à quoi je m'attendais.

" Tu veux la suite, ou je t'emmerde là ?
- Non non, vas-y continue, c'est excellent ! J'adore écouter les gens parler.
- Bon. (Il s'éclaircit la gorge.) Après avoir joué avec ses nerfs quelques instants, je lui lui enroule la gueule avec du scotch double-face pour ne pas qu'il hurle quand le fer à repasser chaud rencontre son crâne. Ses cheveux fument, ça sent le cochon grillé. Ses yeux sont deux fleuves larmoyants. Je coupe l'un de ses majeur et lui enfile comme un suppositoire. Un reflèxe naturel fait qu'il le rejette, enrobé d'excrément. Alors je l'enfonce à nouveau, plus profond cette fois, et utilise à nouveau le double-face pour former une sorte de barrière anale."

Heureusement que j'ai fini mon plat. Comme à mon habitude, je prend de la mie de pain, la roule en boule et récolte le sang de biche dans mon assiette rectangulaire. La bouteille de champagne arrive, bien fraîche comme il faut. Je la dégoupille et verse le nectar dans une flûte prévue à cet effet. La mousse dégouline en dehors du récipient et adopte les contours du pied, formant une auréole brune sur la nappe en soie.

"Merci. Il lève son verre. Au club des Fins Gourmets !"

Je répète cette même phrase, et on trinque dans les yeux. Après une gorgée, il recommence avec son histoire qui me barbe de plus en plus.

"Le moignon saignait abondamment. Mais prévoyant comme je suis, tu te doutes bien que j'avais prévus du films protecteur. Toute ma chambre en était tapissé. Après, j'ai découpé sa main avec la scie, je commençais à avoir une dalle de carnivore, une sensation délicieuse, un trou sidéral. Alors, quand il était enfin calmé, après dix coups de fer à repasser. J'ai plongé du riz thaïlandais dans l'eau bouillante..."

Le garçon vient ramasser nos assiettes, la mienne est plus propre qu'après un lavage. Cela ne dérange pas Jacquot, qui continue de parler sans se soucier des oreilles baladeuses. Lorsque le Garçon pose ses deux assiettes en équilibre sur son bras droit, je pousse un hurlement qui le surprend. Les assiettes en porcelaine dégringolent sur le parquet fin, s'éclatent en mille morceaux. Tous les clients se retournent, c'est la honte de sa vie. Le patron, stylo calé sur l'oreille, front suant, débarque pour frapper son employé avec un journal, tout en l'insultant ouvertement. Nous pinçons nos lèvres, pour ne pas rire.

" Alors, sa main, elle avait quelle goût ?
- Indescriptible. Je l'ai fait revenir dans une poèle avec un filet d'huile d'holive, de la coriandre et une goutte de safran. Inimitable. Tu sais pourquoi on interdit le cannibalisme ?
- Parce qu'on a pas le droit d'assassiner son prochain, peut-être ?
- Faux. Une fois de plus, tu as tort Yugoski. Mais tu es sur la bonne voie. On interdit le cannibalisme pour mieux l'autoriser quand on voudra mettre un terme à l'Humanité.
- C'est aussi bon que ça ?
- Tu aimerais savoir ?"

Poser une question en réponse à une autre question est le meilleur moyen de découvrir les réponses aux deux questions posées.

"Ouais..." fais-je timidement.

Jacquot demande un thé au gingembre chinois et moi un whisky sans glaçon que j'avale d'une traite. Après avoir finit le Veuve-Cliquot, Jacquot tire un billet rose de sa veste en tweed et la colle sur le front humide du jeune serviteur.

Sur la route du retour, il me parle un peu de sa vie et de ses aspirations tandis que je suis toujours aussi fasciné par son toit panoramique. Il travaille dans un magasin de fringues branchées, ce qui explique son style un peu trop avant-gardiste, sa coiffure figée et tout le reste. Il n'a aucun diplôme et pratique la boxe dès qu'il en à l'occasion. Ca me fait une belle jambe.

"Tu la trouve comment, Shoshanna ?
- Magnifique. Comme tout le monde, je pense.
- Elle, elle aime bien ton style.
- Ah.
- Tu fais du sport ?
- Plus depuis un bon moment.
- Que dirais-tu d'un petit entraînement, demain après-midi, dans le bois ?
- Bonne idée." dis-je en pensant exactement le contraire.

Je rentre chez moi, à pas de loup. Je chope un yaourt dans le frigo, puis me faufile dans mon lit. Ne trouvant pas le sommeil, je décide de me masturber sur un film pornographique trouvé au hasard sur le net. Ce soir, je tombe sur une version moderne d'un grand classique de la littérature. L'héroïne, tiraillée entre deux hommes, se lancent dans un monologue, affalée sur la tombe de son mari disparu :

« Ca fait bien trois semaines que je n’ai pas tirer un coup, cela me manque tellement ! J’ai l’impression d’avoir un bouchon de pus à l’intérieur du vagin ! Que Faire? Dois-je me faire troncher en secret, comme je sais si bien le faire, ou dois-je réellement épouser ce gros porc de Pyrrhus ? J’ai juste besoin d’un coup, rien de plus. Juste un… Diantre, cette mascarade a assez duré. Je vais me mettre sur le trottoir, juste un soir. Est-ce raisonnable ? Je ne sais pas. Je ne sais plus ! Je vais demander à l’ébéniste qu’il me fabrique un objet de forme phallique, ainsi je pourrais me satisfaire seule. A moins que… Non, je ne peux pas faire ça, il va vite comprendre et demain tout le monde sera au courant. Dieu, que je suis impulsive ! Pourquoi faire une chose pareille quand on peut se satisfaire avec ses propres doigts ? Mais c’est tellement mieux avec un homme, c’est tellement plus fascinant. Les mouvements du bassin, l’odeur du sexe masculin en rute… Que faire ? Rentrer, boire un peu d’absinthe et rêver pour oublier ? Ce n’est pas la solution. C’est juste stupide. Et si j’épouse Pyrrhus. En plus, il en a une toute petite. Flûte alors. Je vais aller voir Marcus, le grand noir qui garde les lions de l’arène, il saura sans doute me conseiller… »

Je tiens mon sexe mou dans la main droite, du papier toilette dans l'autre. Ce remake pornographique ne m'emballe pas plus que ça, sûrement à cause du jeu très approximatif de l'actrice principale ou des costumes d'époque. J'éteins la télévision, décidé à laisser libre cour à mon imagination. Comme je m'y attendais, c'est bien Shoshanna qui occupe la majeur partie de mon imagination. Après mon petit rituel, les soucis reviennent. Quand vais-je annoncer à ma mère que je n'ai plus l'intention d'aller en cours ? Je ne sais pas. Tout ce dont je suis sur, c'est que le sparring-partner prévu pour demain après-midi sera toujours plus constructive qu'une journée entouré.

Finalement je décide de boire du sirop pour la toux en regardant "Photocopior" un navet sud-corréens réalisé par des bonzes sous acide pour trois plaquettes de buvards psychédélique. Je ne trouverais la douceur de Morphée qu'après avoir erré entre les songes et la réalité pendant des heures.

Je ne sais pas encore si je vais me réveiller demain.

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Message  Invité Ven 3 Sep 2010 - 12:16

Je ne crois pas que vous vous rendiez compte à quel point votre indifférence apparente concernant les erreurs de langue dessert votre histoire. Sincèrement, je l'aime bien, mais ma lecture est constamment arrêtée par des impropriétés qu'un minimum de lecture permettrait d'éviter...

Mes remarques :
Le trait d’union « - » ne convient pas pour introduire des répliques de dialogue, il fauit prévoir un tiret demi cadratin « – » ou le format au-dessus, « — »
« des discussions sans intérêt »
« trois mille morts du onze Septembre. dit Jacquot »
« On recrute toujours. me lance-t-il » : , dit Jacquot, ou . Dit Jacquot ; , me lance-t-il, ou . Me lance-t-il
« ses coquilles st-jacques à la crème de marron »
« il nargue une fois de plus les Etats-Unis : toutes les chaînes »
« c'est...c'est beau » : les conventions typographiques françaises veulent une espace après les points de suspension
« Un restaurant, celui de son père, où l'on mange avec des couverts en or »
« il a pris du poisson et il a souri (et non « sourit ») quand j'ai commandé un pavé de biche saignant au foie gras confit »
« une étoile sur Hollywood Boulevard, ou un jour férié »
« Je t'explique ; avant »
« j’y allais deux à trois fois par semaine »
« au profit de Mcdo qui lui s’améliore (et non « s’améliorent », c’est la firme McDo qui s’améliore) »
« qu’il n’y ait aucune autre solution envisageable (et non « autres solutions envisageables ») »
« A un moment où je n'avais pas énormément d'argent »
« quelques Chinois, aussi. J'aime bien les Chinois »
« Au bout de la première bouchée de ce sandwich »
« ses sandwichs sont toujours aussi abominables »
« On devrait (et non « devait », le conditionnel s’impose ici et non l’imparfait) plutôt faire une polémique »
« sa théorie sur l'expressionnisme des tableaux »
« Inhumain »
« Jacquot se situe plutôt du côté des érudits »
« l'enveloppe autour (et non « autours ») des cinq dents »
« le foie gras confit et sa confiture d'oignons »
« mon verre est rempli (et non « remplit ») à ras bord »
« Tu es d'accord (et non « d’accords »), n'est-ce pas »
« Avoué-je »
« une pincée de sel de Guérande »
« ce boulot à la con était bien la seule façon de m'en sortir »
« j'ai dû faire mes preuves »
« T'as bouffé (et non « bouffés ») Tony ? demandé-je »
« Je t'explique : un autre employé »
« j'ai créé un compte sur ce site »
« il était imprudent : sans même exiger une photo »
« tracé un chemin de saucisses de Strasbourg »
« les cailloux du Petit Poucet »
« Le jeune serveur à la chemise boutonnée jusqu'à la gorge »
« Je coupe l'un de ses majeurs »
« Un reflexe naturel fait qu'il le rejette »
« je prends de la mie de pain »
« tu te doutes bien que j'avais prévu (et non « prévus ») du film (et non « films ») protecteur »
« Lorsque le Garçon (pourquoi une majuscule ici ?) pose ses deux assiettes en équilibre »
« Après avoir fini (et non « finit ») le Veuve-Cliquot »
« Jacquot tire un billet rose de sa veste en tweed et le (il colle le billet, pas sa veste) colle »
« Ça me fait une belle jambe »
« Bonne idée." Dis-je en pensant exactement »
« Ça fait bien trois semaines que je n’ai pas tiré un coup »
« Que Faire? » : une espace avant le point d’interrogation
« ainsi je pourrai (et non « pourrais », le futur s’impose ici et non le conditionnel) me satisfaire seule »
« l’odeur du sexe masculin en rut (et non « rute ») »
« décidé à laisser libre cours à mon imagination »
« Shoshanna qui occupe la majeure partie »
« Tout ce dont je suis sûr, c'est que le sparring-partner prévu pour demain après-midi sera toujours plus constructif »
« un navet sud-coréen (et non « sud-corréens ») réalisé par des bonzes sous acide pour trois plaquettes de buvards psychédéliques. Je ne trouverai (et non « trouverais », le futur s’impose ici et non le conditionnel) la douceur de Morphée »

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Message  Yugoski Ven 3 Sep 2010 - 12:54

Crois moi Socque ce n'est qu'une apparence. merci de me faire progresser :-)

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Message  Invité Ven 3 Sep 2010 - 14:54

Bon, si ça peut vous être utile tant mieux. Vous aurez remarqué que je vous vouvoie, merci de faire de même.

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Message  L'homme Ven 3 Sep 2010 - 23:25

J'avais déjà bien aimé les deux premiers chapitres, mais je ne sais pas exactement pourquoi j'avais pas réussi à être franchement embarqué par l'histoire. Avec ce troisième c'est fait, j'aime bien la tournure que ça prend.

Petit bémol, je trouve que t'en fait parfois un peu trop, je pense au monologue de la femme dans le porno par exemple. Il me semble qu'il aurait gagné à être plus concis. Je ne trouve pas qu'il apporte grand chose au texte si ce n'est un sourire au lecteur mais qui – pour ma part – est retombé avant la fin, puisqu'on visualise déjà ce dont tu veux parler.

Sinon comme Elea – là aussi c'est une appréciation très personnelle – je préfère quand le gore est suggéré plutôt que décrit crument. Je pense surtout au banquet dans le chapitre 2, j'aurais sans doute préféré que tu t'attaches à un son représentatif ou à une image totalement décalée mais parlante pour décrire la scène, je ne sais pas si je suis très clair. Cela dit c'est un choix que tu fais de présenter les choses ainsi et je le respecte, d'ailleurs ça ne me déplait pas non plus.

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Message  lemon a Sam 4 Sep 2010 - 15:24

Personnellement je ne suis pas allé plus loin que 2 ou 3 premiers paragraphes du chapitre 1.
J'explique pourquoi : dès la première phrase (le temps merdique), coup d'oeil à gauche, 20 ans, impression confirmée :
une écriture aussi formellement revendicative devient presque systématique chez les étudiants.

Les phrases suivantes sont inutilement démonstratives et appuyées à mon goût. Toujours sur la forme. Tu en fais trop. Certaines formules comme "urine thérapeutique" me paraissent même totalement gratuites. C'est à dire qu'elle ne rendent pas compte d' une émotion, elles n'expliquent pas une situation, elles ne renvoient pas à une image métaphorique claire, elles ne sont pas pertinentes pour faire avancer l'histoire ou affiner une description, mais elles sont justes là par appétit de formule, par recherche d'originalité, parce qu'elles te plaisent et que tu les trouvent percutantes/corrosives. C'est de l'effet de manche et de l'auto suffisance dont il faut se départir pour trouver son style et ce mettre au service de la trame et du lecteur. Quand on lit, on doit se dire "aha bien vu, fin, intelligent" et pas avoir l'impression de se farcir une sous-couche de prétention littéraire mal dégrossie. L'envie c'est bien, le potentiel aussi mais il faut dépasser ça et se mettre à considérer les choses sérieusement et sans arrière pensées.



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Message  Yugoski Sam 4 Sep 2010 - 18:41

Pourquoi le vouvoiement est-il de mise Socque ? Qui plus est sur un forum, lieu qui se doit d'être convivial ? Pas pour énerver hein, mais bon je peux comprendre que certaine personne préfère être vouvoyé.

Merci pour vos indications, vos conseils et critiques. Je comprends que ce texte puisse passer pour un gros délire auto-suffisant et de plus maladroit du fait de mon inexpérience. N'est pas Easton Ellis qui veut. Cependant j'avais indiqué au début de mon premier post la particularité de ce texte : C'est une thérapie personnelle, donc forcément un peu auto-centrée.

La suite demain, merci à tous.

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Message  Invité Sam 4 Sep 2010 - 20:04

Pourquoi ? Ben parce que... le tutoiement systématique me met mal à l'aise ; par défaut, je vouvoie et demande la réciproque. Pour le "lieu qui se doit d'être convivial", ça me fait penser à "tenue décontractée de rigueur", quoi.

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Message  lillith Sam 4 Sep 2010 - 20:25

J'aime bien cette histoire, qui a un petit côté DEXTER... Du bon gore, qui défoule!
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