EXO de l'été : Nâwab

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Nâwab

Ma colère est verte comme la peau foncée de la nuit.

De mon lit, j’écoute les bruits de la rue, essayant de reconnaître celui de ton moteur, comme un chien guetterait son maître. Des pas sur le trottoir, un rire qui affleure, une portière qui claque.

Le halo phosphorescent du réveil-matin aligne les bâtonnets de temps en une géométrie abstraite.
Dans cette diachronie logique danse l’absence de ton corps sur les murs de la chambre.

L’ombre des draps me susurre les mots que tu ne m’as pas dits. La chanson douce du mensonge qui berce d’amour les premiers temps. Quand tu jouissais du son de tes doigts remontant mes bas jusqu’à la chair nue je me noyais dans le miel sucré de l’illusion.

Je voulais te lécher, te goûter jusqu’à me saouler la langue et les lèvres de ta saveur. Il n’y avait pas de promesses, la sueur dans tes boucles, juste tes caresses sur ma peau.

Tes silences se faisaient serments, sûre que la passion jouait à cache-cache derrière la pudeur. Je t’inventais un univers où tu régnais en mahârâja. Comme dans un film le vent gonflait des voilages orangés qui ne dissimulaient rien.

Abimée dans mon mirage j’ai maintenant honte de ce rêve de midinette, ce désir acidulé qui m’a enivrée.

Au point du jour je sais que le sommeil m’emportera.
Je ne te hais pas, je ne t’attends plus.


Contraintes : colère - vert fluo - accroche de ma main calleuse sur tes bas de soie

[Invité]

Hum. Je ne suis pas convaincue, désolée. Le début m'a beaucoup plu, on entre direct dans le vif du sujet, mais à partir de
« Le halo phosphorescent du réveil-matin aligne les bâtonnets de temps en une géométrie abstraite.
Dans cette diachronie logique danse l’absence de ton corps sur les murs de la chambre. »,
pour moi très affecté, maniéré, ça s'est nettement gâté ! L'ombre des draps qui susurre des mots, c'est dur aussi ; très midinette, oui... Mon allergie au romantisme donne à plein, et vraiment j'ai un rejet pour l'ensemble, du coup.

[Invité]

Pas trop accroché non plus parce que je sens trop de recherche dans l'expression, ce qui lui confère une certaine préciosité (en particulier : "Quand tu jouissais du son de tes doigts remontant mes bas jusqu’à la chair nue je me noyais dans le miel sucré de l’illusion.) ; en même temps qu'une une certaine désinvolture dans la composition, peut-être suscitée par un manque d'inspiration. A moins que tu ne te sois essayée à quelque chose de nouveau... Et puis peut-être est-ce tout simplement trop court pour qu'on puisse vraiment s'impliquer dans le texte, dans le ton du texte...

[Rebecca]

Une des contraintes de l'exo de l'été d'ailleurs était d'écrire une nouvelle d'environ 10 000 caractères.
Sinon je trouve qu'on sent le manque mais pas la colère.

[abstract]

Oui c’était une réelle volonté de faire d’autre chose, je cherche beaucoup pour le moment et les exo sont faits pour ça. Visiblement l’essai n’est pas concluant, ce n’est pas grave.
En ce qui concerne les contraintes, je m’assieds dessus, pour moi elles ne sont qu’un élément déclencheur à l’imagination, ça fait longtemps que j’ai abandonné la course aux bons points.
Ceci dit, je désirais absolument éviter le format de la nouvelle, certainement dans son acceptation courante de nouvelle avec une chute. Je ne sais pas pourquoi mais pour le moment je n’arrive plus à en lire, une sorte d’overdose ou de dégoût d’un procédé que je trouve trop systématique, trop évident.

[Lyra will]

Suis d'accord sur le point que les exos permettent de se sortir de nos sentiers battus, et c'est forcément porteur! Terrains inconnus et minés :0)

En fait, j'aime bien la période d'attente, où la narratrice guette les bruits. J'aime aussi l'expression "peau foncée" de la nuit. Le reste me convainc moins. L'expression frôle parfois le lieu commun, dommage, et me manque un peu soit de colère, soit de désespoir, en même temps la résignation est un choix aussi, c'est sûr... d'où les deux dernières lignes qui sont alors cohérentes avec le reste.

Sinon j'ai souri à l'évocation des bâtonnets de temps, écrivais un texte cette semaine sur les barres des radios réveil lumineux :0)

[Halicante]

Un très beau texte, très poétique, de belles images sensuelles à souhait. S’il n’y avait les contraintes, je dirais que c’est une réussite, mais je n’ai pas du tout senti la colère ici. Finalement, tu aurais pu poster ton texte hors exo, puisque, justement, tu n'a pas tenu compte des contraintes, si ce n'est pour démarrer (et tant mieux !), mais du coup à quoi bon les noter en bas du texte ?

[elea]

En faisant abstraction de l’exercice c’est un texte touchant, émouvant, plein de poésie et de belles images.
Les mots et expressions sont recherchés ce qui ne me gêne pas du tout, j’y vois le parti pris d’une jolie enveloppe pour un thème banal qui du coup ne l’est plus.

[Invité]

J'ai beaucoup aimé la première phrase, mais cette colère verte s'est dissoute trop rapidement, dommage...
Les expressions travaillées sont bien passées pour moi, collant à la perfection avec le thème : quand on a une déception amoureuse , il y a une toujours un bout de midinette qui s'éveille en nous, non ?

[Yali]

dubitatif…

[Sahkti]

J'ai trouvé ceci plutôt chargé, quelque peu laborieux également. Si j'apprécie la froideur de certains passages, il me semble tout de même que d'autres sont un brin tarabiscotés ou lourds, en raison de l'utilisation excessive de précisions diverses.
Finalement, ce serait presque trop poétique, dans son traitement, par rapport à ta façon de développer ce thème; quelque chose ne fonctionne pas bien à mes yeux sur ce point. Mais il y a de l'idée, sans doute quelque chose d'autre à expérimenter.
Il me semble que ce texte vivrait bien mieux expurgé du cadre « exercice » dans lequel il est enfermé, parce qu’il a quelque chose à dire, on le sent.

[Kilis]

Il y a de belles choses, une ébauche de. Et, comme l’impression que la manière et le propos respiraient mal dans ce format trop étriqué.

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