Arsenaux

[loic]

Arsenaux

En congés d’arsenal, ouvriers du dimanche
Revenus de Lorient trainer dans les villages

Sur le pas des bistrots nos rires égrillards
Courageux d’insolences, payés de républiques
Piquettent le troupeau que mènent les soutanes

La procession s’ébranle, bombardes en bataille
Y trottinent nos mères, cantiques assonants
Aux brises finistère, sous leurs coiffes en planant

C’est qu’en des arsenaux peinturlurés de rouge
Aux noms de paradis inaccessibles aux saints
Nous vénérons Staline et lisons le Français.

Embrigadant les filles en de folles promesses
Abattant les coutumes comme on tranche les chênes
Pour étarquer les voiles de nefs chargées de peines

Les voilà donc vos fils !

Nous deviendrons ces gens, délivrés des guenilles de vos vieilles croyances.

[Invité]

A te lire je sens la lourdeur des traditions, car il s'agit plus de coutumes, de traditions que de foi réelle, du moins aux yeux de ces jeunes ouvriers anticléricaux qui deviendront "ces gens, délivrés des guenilles de vos vieilles croyances."
Bien vu le choc des générations, le constat d'une évolution, mais j'aurais préféré un autre titre. Et toujours en quelques mots, comme en quelques coups de pinceau, une peinture précise, vivante, de cette humanité qui nous entoure. Merci Loïc.

[Invité]

Pour étarquer ou nous étarquons, non ?
Belle peinture un rien chagrine.

[Invité]

Je lis toujours ces évocations d'une ambiance, d'un ailleurs avec intérêt, le tableau est saisissant. Je relève ce vers, sa force, sa violence :

Abattant les coutumes comme on tranche les chênes

[loic]

pourtant il est bien précisé de relire les textes avant de les publier

étarquer "er" évidemment

merci à vous

loic

[lol47]

Ambiance garantie.
Tes textes sont toujours d'un naturalisme très pointu.

[Carmen P.]

Un film défile devant mes yeux lorsque je lis ce poème. L'ambiance des lieux, le poids de la tradition, les aspirations des jeunes...tout y est !

[Sahkti]

Très beau rythme Loïc, une musicalité qui égrène ces destins au visage sombre en leur apportant non seulement de l'élégance mais aussi de la dignité, dans tout ce que la misère peut avoir d'humain et l'espoir d'utopique.
Il me semble que ton écriture a non seulement gagné en qualité évocatrice mais aussi en sobriété et j'apprécie beaucoup cela.

[zenobi]

1) Je ne comprends pas la ponctuation. Ne faudrait-il pas, puisque tu mets des virgules, que tu mettes aussi des points. Ou alors rien ?
2) Tu choisis l’élision en 6, c’est une facilité moderne que je le conçois fort bien, mais coiffes en = coiff’en et inaccesibl au… , est-on encore dans un registre écrit ou a-t-on basculé vers l’oralité et la chanson (ce qui n’est pas honteux !).
3) Le français.
4) Sinon, j’aime bien.

[Invité]

ah oui!

En quelques lignes, le cheval d'orgueil a défilé à ma mémoire ! Du grand art

[mitsouko]

je partage l'avis de Coline ; je préfère "nous étarquons"

si un jour tu publies un recueil, je le verrai bien illustré de photos de Raymond Depardon, vos univers se croisent

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