Chevrotine
+2
Calvin
milo
6 participants
Page 1 sur 1
Chevrotine
Généalogie brûlée, les arbres se courbent. Certaines nuits, je pense à des arcs-en-ciel noirs.
Les regrets sont carnassiers, ils se nourrissent du néant. Des existences amputées
Et des douleurs fantômes qui habitent la gorge des hommes ratés.
Terre de cris
Mon larynx abrite le violon de tous les fils-de-pute.
Angora, le ciel de Toulouse caressait l'intérieur de mes veines.
De vastes étendues, engoncées dans les petits tubes, pulsaient une musique grise
Mélancolique, quand j'y pense...
j'avais vingt ans, sans doutes plus, le torse plein des sensations que l'on éprouve lors d'un accident de voiture. Morsure ; avec le temps les parfums s'oxydent
Les souvenirs se défigurent et les hommes pauvres d'âme n'y traînent plus d'odeur. L'air qu'ils déplacent
Semble tomber.
Cicatrice au tesson dans ces rêves où l'on pleure, la lumière orange des lampadaires marque la peau. Il y a des nuits qui durent toujours.
Levé de lune sur ma vie, le béton défile, le dernier bus sent la sueur.
Crachat. De l'amour pour les enfants de chiens !
À la chaîne sur les serviettes, la queue sale des hommes massifs rentre le bruit et la syphilis dans le ventre des mamans.
Notre fils n'a pas de nom
Il est de ceux que l'on sifflent, de ces gosses fait par erreur dans la poussière des terrains vagues.
Amour bestial, perdu d'avance. Les corps-tampons enfantent des jouets. Des poupées à l'abandon, un peu cassées, qu'on ne veut plus.
Alors on part, je m'en souviens
Le soleil dans le dos
Le coeur comme un sac vide.
Des fois, je me demande s'il n'y aurait pas une place pour du plomb, dans ta tête. 12 mm, par exemple.
Tu ne mourrais qu'une fois.
D'autres, crèvent chaque jour parce qu'il leur manque ton amour, métal lourd dans la poitrine :
En partant, tu n'as laissée dans les miroirs qu'un petit corps seul et le souvenir d'une vieille gloire.
Si cette histoire avait une forme, je crois qu'elle ressemblerait à un bleu. Un hématome
Un dessin douloureux qui dans la chair porte un nom de couleur. ( ironique, non ? )
Impact sourd de l'os sur le visage d'un homme que l'on sait plus fort que soi. Se rappeler l'adrénaline. Parce qu'aujourd'hui plus rien n'existe que le gris du ciel, celui de la peau,
partagée entre le ciment et les grues. Structures dévastées. Toutes les teintes font mal. Et les bouts de bois plaqués aux façades des immeubles neufs, n'y changent rien.
Toute une ville en construction, alors qu'un enfant pleure...
Je crois que je ne te pardonnerai jamais.
Retour au nœud sous l'écorce, à l'essentiel : L'absence. Celle qui part le vide fait de nous des hommes ; ou des chiens
La frontière est si mince...
Un soir, dans l'impasse qui porte ton nom, j'ai accepté le fait de n'être qu'un animal.
De n'engendrer à l'infini que d'autres animaux, tous pendus à ton sein
comme l'œil à la plus proche étoile.
Chevrotine.
On ne tue pas les étoiles
Elles sont déjà mortes.
Les regrets sont carnassiers, ils se nourrissent du néant. Des existences amputées
Et des douleurs fantômes qui habitent la gorge des hommes ratés.
Terre de cris
Mon larynx abrite le violon de tous les fils-de-pute.
Angora, le ciel de Toulouse caressait l'intérieur de mes veines.
De vastes étendues, engoncées dans les petits tubes, pulsaient une musique grise
Mélancolique, quand j'y pense...
j'avais vingt ans, sans doutes plus, le torse plein des sensations que l'on éprouve lors d'un accident de voiture. Morsure ; avec le temps les parfums s'oxydent
Les souvenirs se défigurent et les hommes pauvres d'âme n'y traînent plus d'odeur. L'air qu'ils déplacent
Semble tomber.
Cicatrice au tesson dans ces rêves où l'on pleure, la lumière orange des lampadaires marque la peau. Il y a des nuits qui durent toujours.
Levé de lune sur ma vie, le béton défile, le dernier bus sent la sueur.
Crachat. De l'amour pour les enfants de chiens !
À la chaîne sur les serviettes, la queue sale des hommes massifs rentre le bruit et la syphilis dans le ventre des mamans.
Notre fils n'a pas de nom
Il est de ceux que l'on sifflent, de ces gosses fait par erreur dans la poussière des terrains vagues.
Amour bestial, perdu d'avance. Les corps-tampons enfantent des jouets. Des poupées à l'abandon, un peu cassées, qu'on ne veut plus.
Alors on part, je m'en souviens
Le soleil dans le dos
Le coeur comme un sac vide.
Des fois, je me demande s'il n'y aurait pas une place pour du plomb, dans ta tête. 12 mm, par exemple.
Tu ne mourrais qu'une fois.
D'autres, crèvent chaque jour parce qu'il leur manque ton amour, métal lourd dans la poitrine :
En partant, tu n'as laissée dans les miroirs qu'un petit corps seul et le souvenir d'une vieille gloire.
Si cette histoire avait une forme, je crois qu'elle ressemblerait à un bleu. Un hématome
Un dessin douloureux qui dans la chair porte un nom de couleur. ( ironique, non ? )
Impact sourd de l'os sur le visage d'un homme que l'on sait plus fort que soi. Se rappeler l'adrénaline. Parce qu'aujourd'hui plus rien n'existe que le gris du ciel, celui de la peau,
partagée entre le ciment et les grues. Structures dévastées. Toutes les teintes font mal. Et les bouts de bois plaqués aux façades des immeubles neufs, n'y changent rien.
Toute une ville en construction, alors qu'un enfant pleure...
Je crois que je ne te pardonnerai jamais.
Retour au nœud sous l'écorce, à l'essentiel : L'absence. Celle qui part le vide fait de nous des hommes ; ou des chiens
La frontière est si mince...
Un soir, dans l'impasse qui porte ton nom, j'ai accepté le fait de n'être qu'un animal.
De n'engendrer à l'infini que d'autres animaux, tous pendus à ton sein
comme l'œil à la plus proche étoile.
Chevrotine.
On ne tue pas les étoiles
Elles sont déjà mortes.
Re: Chevrotine
La toute fin, pour moi, est admirable ! Avant, je suis partagée, je trouve qu'il y a de belles choses, mais comme diluées dans ce que je perçois comme de l'esbroufe.
« D'autres, crèvent chaque jour parce qu'il leur manque ton amour » : oui, j’aime ! classique mais toujours bien venu
Mes remarques :
« Il est de ceux que l'on sifflent, de ces gosses faits par erreur »
« Le cœur comme un sac vide »
« tu n'as laissé (et non « laissée ») dans les miroirs »
« Et les bouts de bois plaqués aux façades des immeubles neufs, (pourquoi une virgule ici ?) n'y changent rien »
« D'autres, crèvent chaque jour parce qu'il leur manque ton amour » : oui, j’aime ! classique mais toujours bien venu
Mes remarques :
« Il est de ceux que l'on sifflent, de ces gosses faits par erreur »
« Le cœur comme un sac vide »
« tu n'as laissé (et non « laissée ») dans les miroirs »
« Et les bouts de bois plaqués aux façades des immeubles neufs, (pourquoi une virgule ici ?) n'y changent rien »
Invité- Invité
Re: Chevrotine
De vrais beaux passages, et quelques platitudes (du trop-faire comme on l'a déjà dit, mais une poésie qui parfois échoue à faire surgir l'image aussi...) mais c'est dans l'ensemble très, très bien. Un rythme grisant.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Chevrotine
Non, je ne crois pas que l'on puisse parler d’esbroufe. Ce texte est convulsif et sanguinolent comme un animal sauvage atteint en pleine course, Or, l'agonie ne va pas sans un soupçon d'exhibitionnisme. Pour moi, nous avons là un texte superbe, dont la beauté est à l'aune de l'inconfort qu'il génère.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Chevrotine
J'avais vingt ans, sans doutes plus, le torse plein des sensations que l'on éprouve lors d'un accident de voiture. Morsure ; avec le temps les parfums s'oxydent
Les souvenirs se défigurent et les hommes pauvres d'âme n'y traînent plus d'odeur. L'air qu'ils déplacent
Semble tomber.
J'aime beaucoup, beaucoup ce passage.
Les souvenirs se défigurent et les hommes pauvres d'âme n'y traînent plus d'odeur. L'air qu'ils déplacent
Semble tomber.
J'aime beaucoup, beaucoup ce passage.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Chevrotine
Je suis un peu submergée par la multiplicité des images, je crois que j'aurais préféré quelque chose de moins riche, plus dépouillé. Un poème amer, déchiré, à lire et relire sûrement, pour y découvrir chaque fois un nouveau détail précédemment survolé.
Invité- Invité
Re: Chevrotine
les cris ne s'encombrent pas de syntaxe
des images à la volée, des jets de poignards dans le coeur des souvenirs
mais la dernière strophe...si belle
des images à la volée, des jets de poignards dans le coeur des souvenirs
mais la dernière strophe...si belle
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Chevrotine
Une cicatrice au tesson qui est tout sauf au pluriel.
J'aime beaucoup, ce n'est ni dispersé , ni dissipé.
J'aime beaucoup, ce n'est ni dispersé , ni dissipé.
Invité- Invité
Re: Chevrotine
si je devais me trouver une raison (il y en à plein) d'être venu ici, la lecture de ce texte en serai incontestablement une
merci d'offrir cette écriture
loic
merci d'offrir cette écriture
loic
Re: Chevrotine
J'ai trouvé ça trop abscons, ça a gêné ma compréhensio. pour tout vous dire, quand j'ai vu pour la première fois "fils de pute" je me suis dit "hein?" et réalisé que je n'avais rien compris.
J'ai continué ma lecture, et je trouvais qu'il y avait de très belles images, mais je ne comprenais toujours pas. J'ai fini le texte et je suis perplexe.
Je me pose la question: "faut-il comprendre en poésie?". Moi qui suis un béotien, oui, mais peut-être d'autres... En tout cas je ne nierai pas le talent que vous avez
J'ai continué ma lecture, et je trouvais qu'il y avait de très belles images, mais je ne comprenais toujours pas. J'ai fini le texte et je suis perplexe.
Je me pose la question: "faut-il comprendre en poésie?". Moi qui suis un béotien, oui, mais peut-être d'autres... En tout cas je ne nierai pas le talent que vous avez
Invité- Invité
Re: Chevrotine
C'est tout simplement superbe !
Je suis conquise par le mélange entre cet amour-haine qui se déclame, la chaleur et l'élégance de la langue confrontées à la froideur du geste à commettre. Il y a là un bel équilibre entre ces antagonismes et ça en ferait presque froid dans le dos. De beauté et de cruauté.
Je suis conquise par le mélange entre cet amour-haine qui se déclame, la chaleur et l'élégance de la langue confrontées à la froideur du geste à commettre. Il y a là un bel équilibre entre ces antagonismes et ça en ferait presque froid dans le dos. De beauté et de cruauté.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|