Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Mémé dans les bégonias

+11
Procuste
Sahkti
CROISIC
Louis
lol47
Rebecca
mentor
elea
M-arjolaine
Arielle
Ba
15 participants

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Mémé dans les bégonias

Message  Ba Sam 9 Oct 2010 - 15:22

Le premier corps fut découvert dans le hall de la résidence les « Bégonias » par Mme Vichnu.
Il devait être l’heure clairette de descendre la poubelle sélective : cartons, papier alu, bidons rincés, bouteilles recyclables en polaire et œuvre mamac ; l’autre poubelle : « verre et revers » se triant le soir pour le matin.
Donc, au moment où Germaine (prénom déclaré en souvenir de l’occupation allemande de 1870) Vichnu, chaussons délicats sur les marches de marbre, tâtait sa descente dans le petit matin frisquet des fins d’été pourries, le cadavre reposait déjà dans le renfoncement droit du couloir depuis quelques heures.
Pour quelle raison Germaine glissa-t-elle vers ce lieu, alors que rien ne l’y prédisposait ? Qu’elle était chargée jusqu’aux dents de ses deux sacs « recyclable pour le sourire de la nature » remplis à ras l’anse ? Les petites mains du sort, sans doute, pourraient répondre.
Mais la rencontre fut frontale ! Germaine buta sans détours dans le mou de la viande refroidie.
Le corps se déplaça sèchement dans la frêle lumière de l’ampoule plafonnée et se révéla sans pudeur aucune à une Germaine bouche bée les mains serrées sur les poignées de ses sacs. La vue d’une araignée pénélopienne ne l’aurait pas davantage tétanisée.
Elle ne put d’abord prendre toute la mesure de la situation extraordinaire qui la ferait entrer brutalement dans l’histoire de la résidence, elle manqua lâcher ses fardeaux pour tomber à côté de la forme, puis hésita entre tout laisser en plan, remonter fissa dans son « deux pièces cuisine traversant vue imprenable sur la station service » téléphoner à sa fille en instance de divorce récurrent et lui demander ce qu’elle comptait cuisiner ce midi-là gâché d’avance par la rencontre inattendue.
Elle ne fit rien de tout cela, simplement elle recula, demi-tour vers la porte d’entrée codée, appuyer sur la sonnerie ouverture de sas, traverser le parking bondé à cette heure matinale, ouvrir la porte du local poubelles, soulever le couvercle jaune et poisseux, glisser rapidement les décombres ordinaires de toutes les défaites emballées que vit un primate du XXIème siècle et remonter, en réajustant ses chaussons à chaque marche, dans sa tanière pour achever ses tâches indélébiles dans le plus grand silence stupéfait.
C’est monsieur Poulit qui alerta la police nationale grâce à son chihuahua, grand carnivore devant l’éternel, qui s’apprêtait à terminer joyeusement les restes du visage méconnaissable.
Bien entendu, deux inspecteurs stagiaires débarquèrent dans la résidence et mirent un sacré bordel, d’une part parce qu’ils n’étaient pas revêtus de l’imperméable colombophile et qu’on les confondit avec des huissiers, d’autre part parce qu’ils ne portaient pas le melon poirotien, ne fumaient pas la pipe maigriste et semblaient complètement dépassés par l’aventure.
C’est encore monsieur Poulit qui prit l’affaire en main, au point qu’il faillit conséquemment tant il montrait de bonne volonté à pister l’enquête, être suspecté, arrêté, et mis sous scellés provisoires pour diligence cadavérique.
Il conduisit Jeannot et Jeannot, surnom des inspecteurs, vers le lieu du crime et leur livra ses hypothèses : le cadavre devait être mort depuis la veille au soir après ou avant 22heures, heure à laquelle il sortait pour la dernière fois Folichon à son lampadaire pisseux. Comme il habitait au rez-de-chaussée, qu’il dormait profondément à partir de 22h30…Le reste de la supposition se perd dans des détails inutiles aux lecteurs en haleine.
Reste que cette morte était inconnue des résidents. Personne ne l’avait jamais vue ni entrer ni sortir d’un quelconque immeuble (Il y en avait trois, tout le monde connaissait tout le monde etc.).
Donc, cette morte venait d’ailleurs.
Jeannot et Jeannot essuyèrent leurs verres double foyer dans un mouchoir en papier douteux, opinèrent de leurs tempes déjà grisonnantes, se regardèrent en suant et rotèrent d’un commun accord qui en disait long sur leur relation extra professionnelle.
Bref.
L’enquête piétina les massifs de fleurs, les allées de gravier peignées au râteau.
Rien.
Le légiste, loin d’être un « expert », confirma l’heure : 20h45 pile au moment de la série sur Arte les « Tudor » qui le tenait éveillé passionnément, en particulier lors des décapitations, hélas reconstituées. La défunte avait entre 15 et 16 ans, il ne pouvait être plus précis dans la mesure où il ne connaissait ni sa date de naissance ni ses antécédents. Elle portait, le dernier jour de sa vie, une paire de caleçons de fille en viscose bon marché, un tee-shirt noir avec un « aigle » sur la poitrine serti de pierres, des tongs usées en similicuir et du vernis rose pétant aux doigts de pied.
Il manquait les deux gros orteils, les deux pouces et sa langue. Les yeux avaient été délicatement ôtés de leur orbite.
Les inspecteurs stagiaires, tous les résidents et la ville entière s’émurent de la jeunesse de la victime et de l’horrible crime commis sans mobile apparent. Était-ce l’œuvre d’un « serial killer » comme on en voit plein à la télévision numérique ? Ou bien un accident de la circulation maquillé en crime crapuleux sans crapule ? Ou alors un suicide déguisé, une prise d’otage ratée ?
Le pays se tortura la vox populi, et manqua crever de doute.
Car enfin, nom de dieu et des tibias, qui avait osé porter la main sur cette enfant ? Qui ?
Ne suffisait-il pas de l’enterrer dans un coin de jardin, un tiroir de congélateur famille nombreuse ? N’avait-on pas à sa disposition moult solutions de récupérations des restes ?
Était-il indispensable de venir la déposer telle une carte de visite sans raison sociale, dans ce quartier paisible qui interdisait tout « colportage, mendicité et représentant » ?
Autant de questions sans réponse.
Autant de réponses hasardeuses.
Jeannot et Jeannot firent chou blanc après avoir pédalé dans toutes sortes de plats consistants. Aucun indice pour éclairer leur réflexion dans les ténèbres. Monsieur Poulit lui-même s’avoua vaincu.
Le pays retenait le peu de souffle qui lui restait dans les bronches.
C’est alors que le deuxième corps fut trouvé, un soir de tri « bouteilles », par Mlle Millot…
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Sam 9 Oct 2010 - 16:05

Ah, je m'amuse ! Je vote pour le serial killer, si ça nous promet d'autres aventures comme celle-ci.


Juste ceci : Le corps se déplaça sèchement dans la frêle lumière de l’ampoule plafonnée
que je ne comprends pas, la faute à l'adverbe.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Arielle Sam 9 Oct 2010 - 16:30

Germaine buta sans détours dans le mou de la viande refroidie

Voilà, ça y est, je suis accro !
Et vive le serial killer des "Bégognias" c'est quand même autre chose que les Tudor

Arielle

Nombre de messages : 5605
Age : 77
Localisation : sous le soleil breton
Date d'inscription : 02/01/2008

http://perso.orange.fr/poesie.herbierdesmots/

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  M-arjolaine Sam 9 Oct 2010 - 17:05

Pour l'instant, j'aime, et j'attends la suite. J'ai été surprise devant la forme du texte en l'ouvrant, je m'attendais à un énième dialogue, et finalement changer un peu est assez agréable :-) !
Une remarque, juste :
puis hésita entre tout laisser en plan, remonter fissa dans son « deux pièces cuisine traversant vue imprenable sur la station service » téléphoner à sa fille en instance de divorce récurrent et lui demander ce qu’elle comptait cuisiner ce midi-là gâché d’avance par la rencontre inattendue.
Elle hésita entre ça et... quoi ? Il manque quelque chose ici me semble-t-il.
Sinon, c'est toujours aussi bon à lire ! :-)
M-arjolaine
M-arjolaine

Nombre de messages : 285
Age : 31
Localisation : Ardèche
Date d'inscription : 07/06/2009

http://Coquelicot-Cotier.skyrock.com

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Sam 9 Oct 2010 - 17:53

Contente de lire un texte de vous que je comprends, Ba ! Le côté primesautier de votre écriture me gêne toujours, mais c'est moi, hein. Vous voulez raconter ainsi et vous le faites bien.

Une remarque :
« qu’il dormait profondément à partir de 22h30…Le reste de la supposition » : typographie, une espace après les points de suspensio

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  elea Sam 9 Oct 2010 - 18:58

Lectrice en haleine qui réclame la suite.
j'adore !

elea

Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  mentor Sam 9 Oct 2010 - 21:18

J'aime ce style et ce début d'histoire à mourir énucléé
moi aussi, je veux la suite, sinon... gaffe à tes pouces et tes orteils

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Dim 10 Oct 2010 - 19:00

Je trouve que ce style affecté, volontairement léger, conviendrait à des satires sociales, à des histoires burlesques, mais pas à ce genre de sujet. J'ai lu sur ce site des histoires morbides beaucoup plus saisissantes, grâce à un style direct, plus simple et mieux approprié.
C'est toutefois très bien écrit. L'auteur a dû s'amuser en rédigeant son texte, moi pas en le lisant. Désolée pour cette fois.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Dim 10 Oct 2010 - 20:45

dubitatif sur l'énumération à l'infinitif, juste après le passé simple et après une ponctuation simple aussi. Ce n'est pas laid mais furieusement étrange :

Elle ne fit rien de tout cela, simplement elle recula, demi-tour vers la porte d’entrée codée, appuyer sur la sonnerie ouverture de sas, traverser le parking bondé à cette heure matinale, ouvrir la porte du local poubelles, soulever le couvercle jaune et poisseux, glisser rapidement les décombres ordinaires de toutes les défaites emballées que vit un primate du XXIème siècle et remonter, en réajustant ses chaussons à chaque marche, dans sa tanière pour achever ses tâches indélébiles dans le plus grand silence stupéfait.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Rebecca Lun 11 Oct 2010 - 17:30

C'est ben vrai ça , un vrai problème de société: que faire de ses ordures ménagères de moins de 50 ans ?
Un thriller baroque.
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  lol47 Lun 11 Oct 2010 - 19:19

Germaine buta sans détours dans le mou de la viande refroidie.

On entre dans le dur.

Très, très sélectif...

Nicolas Saccharose ( ex-dissident ).
lol47
lol47

Nombre de messages : 1047
Age : 61
Localisation : si tu n'aimes pas ton prochain aime au moins le suivant
Date d'inscription : 07/01/2008

http://demondelol.blogspot.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Louis Mar 12 Oct 2010 - 17:23

Un polar de plus, avec Serial Killer, et serial poncif ?
Non, pas vraiment. On n’assiste pas à des meurtres banals, mais à l’assassinat de la banalité.
C’est le quotidien, dans sa trivialité, dans ses corvées répétitives qui en prend un coup, mais un coup d’arrêt. Survient, en effet, l’inattendu, l’inhabituel, en rupture avec la mécanique des gestes courants ; un désordre vient briser l’ordinaire. Quoi de plus banal et de plus prosaïque que descendre ses ordures au bas de sa résidence dans les sacs appropriés au tri sélectif ! C’est au coin de cette banalité que surgit d’abord l’inaccoutumé.
Un matin comme tous les autres se fait la rencontre avec ce qui met fin à tout nouveau matin, avec la mort. Elle est là, proche des poubelles, près du cimetière sélectif des ordures ordinaires. La mort, c’est banal aussi. Mais ici, elle surgit sous une forme violente, et dans la proximité des poubelles qui assimile le cadavre à une chose que l’on met au rebut, la mort recyclable, recyclée ? Elle ne surgit pas là où on l’attend, en son temps, son lieu et sa place ; elle apporte alors le trouble et l’horreur. La mort est méconnaissable, comme ce visage du cadavre ; elle survient crûment dans toute son absurdité, sans aucun sens, sans raison. Le cadavre n’a plus de langue, la mort est silencieuse, elle est l’indicible.
Le cadavre n’a plus ses grosses extrémités, aux mains comme aux pieds. On pourra toujours faire des pieds et des mains, on ne pourra l’arrêter. Pas de stop à la mort.
Germaine Vichnu, parfaite blanche aryenne, comme ses nom et prénom l’indiquent, rencontre soudainement la noirceur au sein des journées blanches et monotones. Devant l’événement trop perturbant, trop soudain et violent, elle se réfugie très vite dans la mécanique des tâches habituelles, dans l’impersonnel des gestes de chaque jour rendu par la série des verbes à l’infinitif, appuyer, traverser, ouvrir, soulever, glisser, remonter, achever.
Dérisoire, toute tentative d’arrêter la mort à l’œuvre, à l‘image des Dupont et Dupond, Jeannot et Jeannot, comme lapins qui se prennent pour fins limiers, croyant toujours lever des lièvres, mais se confondent en chasseurs ne se sachant pas chassés.
Malheureusement, ce n’est pas la vie qui chasse hors du quotidien, qui arrête les gestes ronronnant la non-vie, c’est la mort qui met fin à la vie qui n’est plus une vie.
Un style dans ce texte, un ton, une ironie grinçante.


Louis

Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Ba Sam 16 Oct 2010 - 7:49

(suite)


Mlle Millot détestait en vrac : les boulistes de « l’amicale de la joyeuse testostérone » qui terminaient invariablement leur partie sous son balcon, les enfants qui déchiraient le silence à coups de hurlements incompréhensibles tous les mercredis après-midi, les jeunes du samedi soir épuisant leur « chichon » sous ses fenêtres, exprès, pour la voir surgir à sa croisée, bigoudis en rang d’oignons, chemise de nuit bouclée sous le menton en galoche, chicots tremblants sur ces mots terribles « C’est pas fini de réveiller les gens à cette heure nocturne ? » , l’apostrophe déclenchant illico la réplique cinglante : « Eh, la vioque, va te faire… » Le reste classé à jamais dans le claquement sec du volet. De même qu’elle détestait les chiens et leurs crottes sur son paillasson, les chats et leurs chaleurs violentes dans les nuits trop calmes, et les voisins du dessous qui n’arrêtaient pas de recevoir tous les week-ends leur famille décomposée, recomposée, surcomposée, qu’on ne savait plus qui couchait avec qui et de qui sortait cette marmaille gluante dans le rez- de- jardin exigu. Jardins, entre parenthèses, fiertés des résidents et belle promotion : « A vendre, superbe trois pièces exposé plein sud avec son jardin privatif au calme ».
Lettre sur lettre au syndic n’oblitérait nullement la montée crescendo des vies partagées dans un esprit fraternel et sur « gazons tondus » dont Honorine Millot était totalement dépourvu, d’esprit humaniste, bien sûr.
Le fameux soir de la découverte, Honorine, contrairement à ses habitudes réglées comme un papier tue-mouches, décida de trier ses pots de conserves bios et surtout de les jeter. Elle ne sortait jamais en pantoufles, pas comme cette « Germaine Vichnu » fille de boche, préférant en coquette qu’elle était restée dans les chevilles, sa jolie paire de ballerines noires, souvenir de cours de danse assidus et stériles à la salle municipale. Les ballerines, discrètes dans l’ascenseur, feutraient le fracas des pots heurtés sans pour autant en atténuer le désagréable contact sur le fémur.
Elle ne rencontra pas le tronc à la sortie de l’ascenseur, mais près du container « papiers journaux sauf courrier et annuaires ». Il avait été déposé discrètement sous l’affichette du gardien : « Merci de respecter la propreté de ces lieux ». Tout d’abord elle crut que c’était une de ces négligences propres à Mr Poulit, la « ficanasse » de la résidence, qui avait trop tendance à laisser ses ordures là où il pouvait. Mais ce n’était pas son genre d’oublier ce type d…
On ne peut pas dire qu’elle manqua s’évanouir, bien trop coriace pour ça, elle en resta simplement sur le cul ! Qui avait osé déposer une telle horreur dans son local poubelle ? Et pourquoi le corps était-il amputé de ses membres ? Elle n’alla pas plus loin dans le questionnement et préféra remonter « biche et cheval fouettés » écrire un courrier bien senti au syndic.
Ce ne fut pas Mr Poulit qui alerta la police, échaudé par la première affaire il avait préféré prendre sa retraite dans ses appartements, ne plus sortir Folichon à des heures indues et fermer les écoutilles sur un monde décidément trop agité pour lui.
Non, ce fut Mme Geneviève Épinard qui prit la patate froide en main en appelant les secours, la police et le voisinage.
On revit par les allées frissonnantes Jeannot et Jeannot égarés dans les témoignages vides, les supputations rocambolesques, et les menaces déguisées des résidents exaspérés par l’impuissance des forces de l’ordre.
Le légiste confirma, entre deux séries télévisuelles que le tronc avait été façonné entre 20h30 et 21heures moment sensible qui ouvrait la soirée sur une formidable enquête : « Que devenues sont nos belles années ? » soirée durant laquelle on attendait volée de SMS et coups de fil surfacturés pour recueillir des témoignages historiques, émus et authentiques de vieillards grelottants dans de « mornes » plaids.
Il ne pouvait préciser si la personne, dont l’âge oscillait entre 16 et 17 ans, était vêtue d’un pantalon, d’une robe ou de quelque chose d’approchant, si les doigts avaient été vernis ou non, tout ce qu’il pouvait noter c’est qu’elle portait un chemisier marron en polyester sans étiquette, un ras du cou avec un petit cœur imitation or traversé d’une flèche tordue sans doute quand elle s’était débattue lors de l’assaut fatal. Pas de langue et les orbites vides.
Une fois de plus les résidents jurèrent qu’ils ne l’avaient jamais vue ni entrer ni sortir d’un appartement ou d’un garage, encore moins d’une cave. Que tout le monde, sans se fréquenter, se connaissait de loin. Que le peu de jeunes qui habitaient ici étaient présents à ce jour. On venait de les compter et de les recompter dans les familles inquiètes qui leur interdirent désormais de sortir la nuit après 19h00 en arrière-saison.
Les journaux s’emparèrent de l’affaire qu’ils titrèrent « Macabres découvertes dans les Bégonias » ce qui déplut profondément aux résidents des « Magnolias » et des « Palétuviers » qui en avaient par-dessus la tête que les « Bégonias » prennent toute la place au journal régional.
Pour la première fois depuis 1960, date de l’érection des résidences, on vit apparaître un individu spécialisé dans ce genre d’affaires « ténébreuses » : le mentaliste.
Mlle Millot affirma qu’elle connaissait cette profession puisqu’elle suivait la série éponyme sur une chaîne privée que nous n’avons pas le droit de citer ici. Qu’elle n’était pas du tout impressionnée par ce type d’individu qui était loin de valoir Derrick !
Mme Vichnu préféra appeler sa fille pour lui narrer l’incroyable rencontre.
Mr Poulit dut contrôler son chien qui menaçait d’attaquer les mollets du spécialiste.
Quant à Jeannot et Jeannot ils s’essuyèrent le front, soulagés d’être enfin secondés par un tel personnage doté d’une aura incontestable outre-Atlantique.
L’ennui c’est que le mentaliste ne parlait pas un mot de français, venu directement de Californie rendre visite à sa tante Mildred qui logeait au cinquième dans la résidence les « Magnolias », il avait sonné dans l’ignorance du code, dérangé le gardien suspicieux qui avait demandé « C’est qui ? » dans l’interphone grésillant avant d’appuyer sur l’ouverture après avoir entendu comme réponse : « I’am going to my aunt Mildred who live at Magnolias » qu’il traduisit aussitôt par : « Je suis le mentaliste envoyé par le quai des Orfèvres ».
La nouvelle se propagea à la vitesse d’un « cheval au galop à marée haute » déborda des allées, se répandit par ondes courtes jusqu’au commissariat, à la mairie et dans les cabinets feutrés de la sous-préfecture.
En moins de deux heures les résidences étaient envahies par les officiels, les officieux, les curieux et la chaîne locale sur les dents. Tous voulaient voir et interviewer Patrick Jane.
De fil en anguille l’affaire se corsa. La nuit la plus épaisse posa son manteau sans étoiles cirées sur les protagonistes qui erraient de confusions en malentendus dans le labyrinthe particulier du meurtre anonyme, étrange et saisissant de mystère.
Les enquêteurs s’emmêlèrent les arceaux, brouillèrent les indices, usèrent des mouchoirs en vain. Sous les fronts moites le silence souriait.
On n’y comprenait rien, on n’y voyait goutte, et Patrick Jane en déçut plus d’un par l’air niais qu’il prenait à chaque question que lui posait un habitué du meurtre à sang froid.
On attendait que le gouvernement prenne le traineau et les rennes en main.
C’est à ce moment-là que Mme Robert, infirmière de nuit proche de la retraite, en rentrant au petit matin de son denier service de la semaine, buta dans quelque chose qu’elle prit tout d’abord…
.
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Sam 16 Oct 2010 - 7:59

Je suis, c'est intéressant.

Une remarque :
« le rez-de-jardin (et non « rez- de- jardin ») »

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Sam 16 Oct 2010 - 8:08

Des observations très pointues, l'art et la manière d'en rendre compte. Vivement le prochain épisode !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Rebecca Sam 16 Oct 2010 - 9:14

Je suis un peu fatiguée en ce moment et n'ai pas vraiment la frite pour lire et commenter. Mais ici, je dévore, me régale et ça me détend. Merci Ba.
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Arielle Sam 16 Oct 2010 - 10:11

Comme Rebecca, je me réjouis et me régale dans la viande froide sans frites assaisonnée à la sauce Ba...

- Une pointe de ketchup entre les orteils peut-être ?
- Oh pardon, ils sont absents !

Ah les « mornes » plaids des vieillards grelottants une friandise !

Arielle

Nombre de messages : 5605
Age : 77
Localisation : sous le soleil breton
Date d'inscription : 02/01/2008

http://perso.orange.fr/poesie.herbierdesmots/

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  CROISIC Sam 16 Oct 2010 - 15:08

Ce feuilleton arrive fort à propos pour égayer mon weekend. Du Ba pur jus, comme j'aime et accessible de surcroît.
Faut pas pousser Mémé dans les bégonias, mais c'est quand même réjouissant. (j'avais oublié cette expression très utilisée dans mon enfance)
CROISIC
CROISIC

Nombre de messages : 2671
Age : 69
Localisation : COGNAC
Date d'inscription : 29/06/2009

http://plumedapolline.canalblog.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  elea Dim 17 Oct 2010 - 9:52

Jolie galerie de personnages. Et pendant ce temps l'enquête piètine et les meutres se poursuivent pour le plus grand plaisir du suspens et de la lecture.

elea

Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Sahkti Dim 17 Oct 2010 - 11:38

Haaa je me régale déjà et attends la suite avec impatience ! Les références sont truculentes: Dupont-Dupond, Poirot, Colombo et j'en passe... tout est là.
J'aime la fluidité dans l'écriture qui se prête bien à cette histoire faussement légère pleine de petits détails croustillants.
Cela me fait penser à deux films, Mon petit doigt m'a dit et Le crime est notre affaire, avec Catherine Frot et André Dussolier, des enquêtes d'Agatha Christie. Je retrouve ici le côté grinçant et ironique qui m'a plu dans ces comédies.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Sahkti Dim 17 Oct 2010 - 11:39

Héé, la suite est là en fait :-)
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Sahkti Dim 17 Oct 2010 - 11:47

Elle me plaît bien cette Melle Millot ! :-)

Et ça, j'adore: Qui avait osé déposer une telle horreur dans son local poubelle ? et puis comme récation, écrire un courrier bien senti au syndic... hahaha !
Et voilà que se pointe le mentaliste :-)) (celui de la télé est d'un craquant...)

C'est tout simplement génial, Ba, je suis conquise.
Vivement la suite !
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Ba Sam 23 Oct 2010 - 8:59

(resuite)


« Pour le foutu ballon de ces crétins de gosses du quatrième ! Et allez, manque encore me casser la seringue à six plombes, tous les matins c’est la même histoire, nom de nom de nom de… » C’est en tâtonnant à la recherche de la minuterie qu’elle enfonça ses doigts épais parfumés à l’éther dans ce qui lui sembla être une peau de balle. Enfin, pas vraiment.
Le néon l’aveugla.
La surprise fit tomber sa mâchoire inférieure, côté bridge, lâcher la tête parfaitement nettoyée qu’elle avait saisie entre le pouce droit et l’index près du garage de la famille Derby, laquelle tête roula sous la carrosserie du fiat customisé de Mr Mlet dans un bruit qui n’était pas sans rappeler la « danse macabre » de Saint Saëns. (Les mélomanes pourront se faire une idée en écoutant la version « New age » qui est bien loin de valoir l’originale).
Mr Poulit, tout en retenant un Folichon surexcité, découvrit la malheureuse infirmière, hagarde sous le saule miteux de l’allée qui menait aux « Palétuviers ». Quelqu’un entrebâilla son volet et lança à tout hasard « Vos gueules ! » en direction d’un Victor Poulit compatissant, qui tentait vainement d’arracher quelques mots à Mme Robert en état de sidération avancée.
On y serait encore si Mme Epinard, forte de sa première expérience n’avait, encore une fois, pris « L’affaire » en gant de fer.
Ce ne furent pas Jeannot et Jeannot qui débarquèrent- ils venaient d’être mutés à Cholet- mais l’inspecteur chef Anthelme Closerie, homme de terrain, féru de crimes louches et de meurtres à la petite cuillère. Il était secondé par un jeune stagiaire en « situation » Honoré Lilas, myope comme un hibou, susceptible comme un loup depuis que sa vocation vétérinaire avait échoué d’un demi-point. Le tandem fonctionnait tant bien que mal à l’aveuglette et sur la pointe des pieds dans le marigot de « L’Affaire ».
Chacun entama son couplet « Non, on ne connaissait pas cette tête » laquelle ayant roulée dans le cambouis et la poussière, avait perdu tout l’éclat de ses os blanchis soigneusement par des mains expertes. « Oui, on en avait marre de voir tout ce monde dans la résidence, cela finirait par attirer la poisse, cette morveuse du malheur » « Non, il n’y avait pas de cimetière à proximité qui expliquerait cette avalanche de macchabées ».
Dans le concert des résidents, Mlle Millot criait le plus fort « On allait voir ce qu’on allait voir en haut lieu », Mme Robert, définitivement sous le choc, déménagea du jour au lendemain sans un mot. Ce fut le premier départ d’une longue série.
Le médecin légiste, à qui nous devons de rendre son identité : Gontran Larriza, conclut avant de filer voir « Les morts et les vivants » sur une chaine publique à vocation pédagogique : « C’est le crane d’une adolescente entre 17 et 18 ans, curé vers 22h00 à moins que ce ne soit plus tôt, mais pas avant la série américaine , c’est tout ce que je peux dire à l’heure où je vous parle en direct des Bégonias ».
Tout le monde se perdit en conjectures caramélisées : « Quelle pouvait bien être la série américaine sus dite ? ».
Le quotidien local envoya son pigiste, tandis que le Barbier (hebdomadaire national fort lu par les ménagères et les hommes au foyer) dépêchait un reporter de guerre afin de photographier la « chose ».
Mais, le crane avait disparu.
Personne ne put remettre la main dessus.
Ce fut l’éblouissement.
La stupeur incrédule.
Un coup de foudre dans les couloirs.
En dernier recours on prit une tête de veau que le photographe mitrailla sous toutes les coutures en murmurant « C’est bon ça, c’est bon, vas-y ma poule, vas-y ». Néanmoins, en arrière plan, il ne se rappelait pas qu’un crane humain eut cette forme-là, mais qui verrait la différence avec Photoshop éléments 8 ?
Anthelme Closerie eut beau fouiller la résidence de fond en comble il ne retrouva jamais la tête.
Le petit Honoré Lilas en fut malade pendant huit jours. Pensez une tête de veau trafiquée !
Les enfants du quatrième se virent définitivement privés de parking où de fait le « jeu de ballon était interdit ».
Cette fois-ci les choses se compliquaient bougrement. Le ministre de l’Intérieur, en déplacement à l’étranger depuis le début de « L’Affaire », fut rappelé d’urgence. Le chef suprême de la police nationale, convoqué sans délai.
Il était temps de résoudre l’énigme et de reconstituer les corps perdus.
Le préfet déclencha un couvre-feu sur les résidences qui prirent l’allure de blocs fantômes errants en zone troublée.
Les « Bégonias » tremblaient dans la crainte de découvrir une nouvelle mauvaise surprise.
Plus personne ne descendit ses poubelles triées entre 18h00 et 7 heures du matin.
Les plus âgés s’enterrèrent dans leur appartement.
Les plus jeunes s’épuisèrent à « chatter » en verlan au cas où...
Quant aux derniers actifs ils rentraient égarés, se garer à l’extérieur, se ruaient dans les ascenseurs en suivant leurs pieds étonnés d’être encore accrochés à la rame.
Mlle Millot acheta une machine à écrire électrique ce qui lui permit d’être plus opérationnelle dans le combat olympien du courrier envoyé à « qui de droit » dont elle n’obtint jamais de réponse.
Mr Poulit, à bout de force, fit piquer Folichon qui crevait de vieillesse et de neurasthénie en l’absence de son réverbère.
Et Mme Vichnu ? Elle renonça définitivement au petit verre de schnaps qu’elle s’offrait tous les soirs et se vit interdite de téléphone tant la note était salée ; sans compter que sa fille, lassée des cadavres à répétition de sa mère et de ses divorces ruineux, se mit sur liste rouge.
Mais.
C’est oublier que les Parques, qui nous font toujours filer un mauvais coton quelle que soit l’aiguille dans le mort de foin que l’on cherche, aiment à nous engluer dans leur pelote de haine.
C’est pourquoi la veuve du troisième, Mme Augustin Fernande née Guillaumette, partie aux courses de 9h00 à la supérette avant la cohue, manqua glisser en sortant dans l’allée B avec sa poussette de marché à roulettes huilées sur…
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Procuste Sam 23 Oct 2010 - 9:42

Bon, ben les habitants ne sont pas les seuls, moi aussi cette accumulation de cadavres me lasse... l'histoire patine par trop à mon goût.

Mes remarques :
qui débarquèrent- ils venaient d’être mutés à Cholet- mais l’inspecteur chef : typographie, le trait d’union « - » ne suffit pas à délimiter une incise, il faut prévoir le tiret demi cadratin « – » ou le format au-dessus, « — » ; par ailleurs, chacun de ces caractères délimiteurs est lui-même isolé par une espace de chaque côté
« laquelle ayant roulé (et non « roulée ») dans le cambouis et la poussière, avait perdu tout l’éclat de ses os blanchis » : une virgule avant « ayant » serait peut-être intéressante pour délimiter complètement l’incise
« C’est le crâne d’une adolescente »
à l’heure où je vous parle en direct des Bégonias ».
c’est bon, vas-y ma poule, vas-y ». : typographie, le signe de ponctuation de fin de phrase est avant les guillemets quand il fait partie de la réplique, comme c’est le cas ici
« Mais, (pourquoi une virgule ici ?) le crâne avait disparu. »
« en arrière-plan (trait d’union), il ne se rappelait pas qu’un crâne humain eût cette forme-là »
Procuste
Procuste

Nombre de messages : 482
Age : 61
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – —
Date d'inscription : 16/10/2010

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Sam 23 Oct 2010 - 13:23

Un petit coup de lubrifiant pour la suite ? Je ne sais pas si c'est la faute au phénomène d'usure (déjà ?) ou inhérent à cet épisode, mais j'ai trouvé beaucoup moins de charme, de grâce à ce passage, peut être moins travaillé que les précédents ? Moins enlevé, c'est sûr.
Ma curiosité de faiblit toutefois pas, la suite des péripéties est attendue, plus que jamais même.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Reginelle Sam 23 Oct 2010 - 17:08

j'appréhende le "sur..."

lol...
Reginelle
Reginelle

Nombre de messages : 1753
Age : 73
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  elea Sam 23 Oct 2010 - 18:24

Le suspens est intenable !
Je me surprends à relire chaque habitant en le soupçonnant, il faut abréger mes souffrances de curieuse Ba et me livrer le coupable !
(Pas trop vite non plus puisque je me délecte de la galerie de personnages).

elea

Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Ba Dim 24 Oct 2010 - 13:00

corrigé :
Une version expurgée peut-être plus concise :

« Pour le foutu ballon de ces crétins de gosses du quatrième ! Manque encore me casser la seringue à six plombes, tous les matins c’est la même histoire, nom de nom de nom de… » C’est en tâtonnant à la recherche de la minuterie qu’elle enfonça ses doigts épais parfumés à l’éther dans ce qui lui sembla être une peau de balle. Enfin, pas vraiment.
Le néon l’aveugla.
La surprise fit tomber sa mâchoire inférieure, côté bridge, et lâcher la tête parfaitement nettoyée qu’elle avait saisie entre le pouce droit et l’index près du garage de la famille Derby. Mr Poulit, tout en retenant un Folichon surexcité, découvrit la malheureuse, hagarde sous le saule miteux de l’allée qui menait aux « Palétuviers ». Quelqu’un entrebâilla son volet et lança à tout hasard « Vos gueules ! » dans leur direction.
On y serait encore si Mme Epinard, forte de sa première expérience n’avait, encore une fois, pris « L’affaire » en gant de fer.
Ce ne furent pas Jeannot et Jeannot qui débarquèrent, ils venaient d’être mutés à Cholet, mais l’inspecteur chef Anthelme Closerie, homme de terrain féru de crimes louches et de meurtres à la petite cuillère, secondé par un jeune stagiaire en « situation » Honoré Lilas, qui venait de rater son concours de vétérinaire.
Chacun répéta son antienne « Non, on ne connaissait pas cette tête »
« Oui, on en avait marre de voir tout ce monde dans la résidence, cela finirait par attirer la poisse, cette morveuse du malheur »
« Non, il n’y avait pas de cimetière à proximité qui expliquerait cette avalanche de macchabées ».
Le médecin légiste conclut à une ou deux heures près, que la mort se situait entre…et… Le crâne semblait celui d’une adolescente entre…enfin rien de neuf.
Le quotidien local envoya son pigiste, tandis que le Barbier dépêchait un reporter de guerre afin de photographier la « chose ».
Mais, le crâne avait disparu.
Personne ne put remettre la main dessus.
Une stupeur incrédule se glissa dans l’ombre des résidents.
Anthelme Closerie eut beau fouiller la résidence de fond en comble il ne retrouva pas la tête.
Les enfants du quatrième se virent définitivement privés de parking où de fait le « jeu de ballon était interdit ».
Cette fois-ci les choses se compliquaient bougrement.
Le préfet déclencha un couvre-feu sur les résidences qui prirent l’allure de blocs fantômes dans une zone vague et troublante.
Plus personne ne descendit ses poubelles triées entre 18h00 et 7 heures du matin.
Les plus âgés s’enterrèrent dans leur appartement.
Mlle Millot acheta une machine à écrire électrique ce qui lui permit d’être plus opérationnelle dans le combat olympien du courrier envoyé à « qui de droit » dont elle n’obtint jamais de réponse.
Mr Poulit, à bout de force, fit piquer Folichon qui crevait de neurasthénie en l’absence de son réverbère.
Quant à Mme Vichnu, elle ne put jamais raconter la troisième affaire à sa fille, le fournisseur d’accès venait de lui couper la ligne en raison d’abonnement non payé.
Mais.
C’est oublier que les Parques, qui nous font toujours filer un mauvais coton quelle que soit l’aiguille dans le mort de foin que l’on cherche, aiment à nous engluer dans leur pelote de haine.
C’est pourquoi elles choisirent la veuve du troisième, Mme Augustin Fernande née Guillaumette, pour relancer « L’affaire » qui menaçait de ralentir le « buzz ».
En effet,
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Sahkti Mar 26 Oct 2010 - 20:30

Quelqu’un entrebâilla son volet et lança à tout hasard « Vos gueules !
Ha ha, c'est avec de telles phrases que se crée la proximité et y a pas à dire, ça fonctionne une fois de plus très bien !
Ces personnages sont décidément à croquer.
Mais il me semble que tu emballes le tout un peu vite (je parle ici de la première partie de la dernière suite) et, même si ça ne se mélange pas vraiment, il est moins aisé de suivre le tout sans perdre le fil. Peut-être y a-t-il trop d'éléments dans ce passage ? A voir.

Je lis donc la version "expurgée" et je trouve qu'elle ne fonctionne pas forcément mieux; cela va toujours aussi vite et tu as supprimé des détails qui participaient à la création de cette atmosphère spéciale.
Pas simple de trouver le juste milieu, j'imagine, mais il conviendrait de conserver l'absurdité du début tout en passant à autre chose dans l'histoire, un tournant.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  bertrand-môgendre Ven 29 Oct 2010 - 5:05

Quel travail !
J'imagine le temps de rédaction nécessaire à l'auteur pour continuer de camper ses personnages dans les vies qu'elle leur invente.
Et l'histoire que dire de l'histoire qui doit titiller le lecteur au point de ne pas lâcher sa feuille avant de connaitre la vérité. En cela, je trouve que c'est un vrai métier.
bertrand-môgendre
bertrand-môgendre

Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Ba Sam 30 Oct 2010 - 8:37

la presque fin


Mme Augustin Fernande avait pour habitude de faire ses courses tous les matins à 9h00 à la supérette du quartier afin d’éviter l’oppression grégaire des artères confites aux caisses.
Elle sortait du bloc 232 réglée comme un métronome détraqué, quand il lui sembla reconnaître, devant le massif de bégonias, la balle perdue de son petit-fils Nestor.
Sa préférée qu’il avait réclamée deux mercredis durant, avec force larmes, cris, mouvements désordonnés des bras et des jambes, menaces de sauter par-dessus la balustrade sécurisée si on ne la lui retrouvait pas sur le champ. Mme Augustin, désarmée, et il faut bien l’avouer, totalement impuissante, se confia à Mme Cendres, sa plus proche voisine qui conseilla bonus malus de flanquer une bonne paire de claques à ces « merdeux qui vous empoisonnent le peu d’oxygène qui nous reste ».
C’est donc, dans un immense soupir de soulagement que la vieille dame se pencha pour ramasser l’objet. Elle ne comprit pas tout de suite. Il fallut un temps certain à ses yeux usés pour envoyer l’information adéquate « Fernande, ce que tu tiens dans ta main gauche n’est pas la balle de Nestor, c’est un œil crevé ! »
Nestor serait très déçu quand il viendrait.
Il faudrait encore trouver une parade en achetant la « compensation transitoire de la résilience » sans doute une voiture ou une armée de « warmers » hideux.
En attendant que faire ?
Elle préféra déposer sa découverte sur le rebord de la fenêtre du gardien qui la fit rouler dans l’herbe en ouvrant ses persiennes.
Il aurait été perdu à jamais, si Mr Poulit n’était descendu chercher dans le massif de bégonias, ses jumelles qui venaient de choir à l’instant même où il s’apprêtait à observer Mlle Fremont, sa voisine des « Palétuviers ». C’était le dernier passe-temps qu’il volait à la vie sans Folichon. Dire qu’il tenait à ses jumelles comme à la prunelle de ses yeux et bien facile. Mais elles l’aidaient vaillamment à garder le cap.
Tandis que Victor fouillait les tubéreux, Mlle Millot chuintait en ballerines dans le hall d’entrée tout affairée au postage de son dernier courrier « à qui de droit » ; les rencontres farceuses les firent se percuter. Comme ni l’un ni l’autre ne s’appréciait ils reculèrent tous deux dans un bel élan dégoûté. Bien entendu c’est Honorine qui trouva « l’œil » ; elle en profita pour faire remarquer à Mr Poulit l’imprudent :
- Monsieur Poulit, bien que nous soyons heureux que vous ayez fait piquer votre cabot insupportable, nous déplorons une fois encore votre négligence, merci de fermer votre poubelle, et de trier vos déchets car enfin que fait cette « chose » dans les plantes ? »
Victor Poulit ne sut que répondre à la vieille garce qui le harcelait depuis bientôt vingt ans. Au début il avait pris ses remarques pour des avances qui le faisaient reculer, mais au fur et à mesure que s’ouvrait démesurément sa lucidité il avait dû se rendre à l’évidence Mlle Millot le méprisait.
- Madame…
- Mademoiselle !
- Madame, cet « œil » ne m’appartient pas.
Allons bon, voilà que l’incroyable revenait à la charge alors que la cité somnolait depuis deux jours.
C’en est trop grogna Honorine en serrant les caries. Elle siffla entre ses lèvres, poussa le pauvre Victor dans le weingartia, et remonta chez elle ajouter post scripta et nota bene incendiaires.
L’œil posé sur le gravier semblait narguer le monde.
Victor, désemparé avait abandonné ses recherches dans l’inextricable Poncirus trifoliata où dormiraient désormais ses chères jumelles.
Il en était là de son deuil optique, quand il aperçut, traversant la pelouse interdite aux piétons, Anthelme Closerie qui le saluait de loin d’un petit geste amical.
Seul.
Honoré Lilas, pas complètement remis de la « tête perdue », avait pris un congé sans solde.
Anthelme semblait de bonne humeur, il était sur une piste.
Il faillit écraser « l’œil » sous ses mocassins en cuir beige.
Peu surpris par la trouvaille.
A vrai dire il s’y attendait.
Tout s’inscrivait dans un ordre logique :
Le corps.
Le tronc.
La tête.
L’œil.
Ah !
Pendant qu’il faisait part de ses supputations éclairées à Poulit au bout du rouleau, Mme Epinard vint aux nouvelles et sonna le tocsin médiatique en peu de temps.
Les résidents retrouvèrent le petit monde, devenu familier, des touristes du macabre et des croque morts de la sensation forte. On déroula les circonvolutions causales, consécutives, butées et sourdes.
Certains y perdirent leur latin, d’autres leur cyrillique.
C’était Babel.
Anthelme naviguait accroché à son sourire public de bon aloi qui semblait en dire long.
- Je suis sur une piste
- Je vais trouver
- Je sens que ça vient
Chacun le félicitait pour son flegme, son élégance de lieutenant urbain, ce raffinement dans les supputations et les hypothèses verticales.
On hasarda Poirot sans la moustache.
On osa même Holmes.
Les plus hardis lui demandèrent un « orthographe ».
Mais le « bouc à mystère » prenait de l’ampleur mystique.
Pas l’ombre d’une solution.
Un voisin des « Palétuviers » en vint même à penser qu’il s’agissait d’un œil de bœuf déposé pour conjurer le mauvais sort. A quoi une voisine des « Magnolias » soutint qu’il s’agissait d’un œil de vers comme dans la pantoufle de Cendrillon.
Bref.
On faisait chou blanc, on pédalait sur une mer de sarcasmes.
Le parquet s’impatientait et le ministre de l’Intérieur grillait son forfait en vain.
Le Barbier, qui suivait la « découpe » depuis le début, interviewa le légiste perdu « L’œil était vidé de sa sclérotique et le cristallin muet, il semblait que le meurtrier s’était acharné sur l’iris en utilisant un couteau Suisse dont il ne pouvait citer la marque ».
Ce n’est pas Honorine, encore moins Germaine Epinard qui dénouèrent « l’Affaire », c’est le pur hasard malicieux…
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Psychopompos Sam 30 Oct 2010 - 9:02

Toujours aussi bon.
Juste un bémol. La sclérotique est l'enveloppe de l'œil, donc "L’œil était vidé de sa sclérotique" est une absurdité : sans sclérotique il n'y a qu'une sorte de gelée quasiment liquide dans laquelle surnagent quelques morceaux solides.
Psychopompos
Psychopompos

Nombre de messages : 19
Age : 38
Date d'inscription : 20/10/2010

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Sahkti Sam 30 Oct 2010 - 9:08

Hahaha, je retrouve cette verve que j'aime bien. La réflexion de Mme Cendres sur la rouste à filer m'a fait éclater de rire, parce que ça sent bon le vrai, celui qu'on dit ou entend souvent.

« Fernande, ce que tu tiens dans ta main gauche n’est pas la balle de Nestor, c’est un œil crevé ! »
Nestor serait très déçu quand il viendrait.

Et ça, c'est tout bonnement excellent !!

- Madame, cet « œil » ne m’appartient pas.et blam ! :-))


Je me suis régalée Ba, il n'y a pas d'autre mot et je n'ai pas envie que ça se termine trop vite. Tu as retrouvé ici ce ton malicieux et drôle que tu avais au début de l'histoire, c'est vraiment bien !
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Rebecca Sam 30 Oct 2010 - 10:45

Merveilleuse confiserie du week-end !
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  CROISIC Sam 30 Oct 2010 - 13:08

I am et je suis. merci !
CROISIC
CROISIC

Nombre de messages : 2671
Age : 69
Localisation : COGNAC
Date d'inscription : 29/06/2009

http://plumedapolline.canalblog.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  CROISIC Sam 30 Oct 2010 - 13:10

Etant amateur d'anguilles, j'aime particulièrement la mer de sarcasmes !
CROISIC
CROISIC

Nombre de messages : 2671
Age : 69
Localisation : COGNAC
Date d'inscription : 29/06/2009

http://plumedapolline.canalblog.com/

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Sam 30 Oct 2010 - 16:41

C'est glauque mais drôle. Ce que j'ai préféré : les jeux de mots :

Les plus hardis lui demandèrent un « orthographe ».
on pédalait sur une mer de sarcasmes.



Encore une de ces nouvelles qu'il sera bon de relire d'un seul tenant, plutôt que découpée en épisodes.
J'espère que la révélation sera à la hauteur de l'élévation, du suspense.


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Ba Sam 6 Nov 2010 - 9:06

- Je ne sais pas si tu vas pouvoir continuer sur douze pages ma vieille, l’intrigue fiche le camp, le décor dégouline et…
- Et ?
- Écoute, il y a moment où il faut savoir s’arrêter, tu devrais…
Comme les pires choses ont une fin ma voisine sonna.
- Honorine ?
- Elle-même ! Je ne vous conseille pas de poursuivre cette piste là madame, vous faites fausse route si vous comptez me coller les meurtres sur le dos, je n’ai pas le profil, je suis un écrivain public moi !
- Vous trouvez ? Vous auriez-été « patente » dans le rôle d’assassine de jeunes filles, très suspecte depuis le début, un caractère de loutre acide, un célibat douteux.
- Ma petite, sachez que je vis avec mes propres phantasmes sans avoir besoin d’endosser les vôtres trop larges!
- Alors Victor Poulit ?
- Non mais dis donc ! Je suis un vieux peinard, moi, déjà que tu m’as fait piquer Folichon, perdre mes jumelles dans les orties, affronter la vieille bique et tenir la chandelle dans cette aventure obscure, faut pas pousser.
- Je ne peux tout de même pas charger Mme Épinard... Et si on compromettait la Cendres ?
- Non, non et non ! Je ne tue que les gosses entre 10 et 12 ans, et encore, au mieux de ma forme, ce qui n’est pas le cas en ce moment où je broie du bronze.
- Alors Fernande ?
- Je vous arrête la couveuse de cadavres, vous ne trouvez pas que je porte assez pour l’hiver avec cet imbécile de petit-fils que vous me collez tous les mercredis suintants à chercher une balle fugueuse ?
- Je ne peux tout de même pas impliquer Anthelme ni les Jeannot-Jeannot ?
- Et le légiste ?
- Trop connu
- Le mentaliste alors ?
- Sait pas tuer en français et puis il est reparti en Californie la semaine dernière.
- Ben alors il ne reste plus que toi !
- Vous croyez que c’est plausible ?
Un long silence me répond, j’ai réussi à caser tous les résidents des « Bégonias » dans le salon et je dois dire qu’ils tiennent peu de place comparés aux restes de membres que je conserve dans un sac de congélation bien étiqueté : « deux doigts de la petite des « Résédas » qui m’a cassé les pieds l’été durant avec sa musique break house à fond dans mon sonotone », « le nez de la sœur du vaurien qui n’ont pas arrêté de hurler au bout de la rue en jetant des pierres sur les pigeons », ah, j’avais oublié « la main gauche » de cette idiote d’Amélie qui a passé trois jours à la maison au nom de la famille éloignée qui se rappelle pendant les vacances. Celle-là, j’ai bien fait de la déposer derrière chez elle, avant qu’ils la retrouvent dans leurs toilettes sèches…
Pas mal le coup de la tête dans le garage quand j’y pense. Elle était tellement laide cette pauvre enfant.
Et puis je garde soigneusement l’autre « œil » dans une boîte de réglisse en métal. Mieux réussi que le premier que j’ai crevé bêtement en évacuant la sclérotique, heureusement qu’un lecteur au fait de la question m’a rappelé mon erreur, promis, je ne recommencerai pas avec le prochain sur la liste.
J’ai bien aimé découper la petite Opel, ça faisait un moment qu’elle me tricotait le haricot avec ses demandes idiotes : « T’aurais pas de la caillasse pour m’acheter des clopes ? Oh ! La vieille, t’es sourde ou t’es mongole ? » Je lui en filerai du tabac à priser ! A présent, peut toujours courir derrière ses poumons, je les ai donnés à mon Zinzelin. Avec les « dons d’organe », nous avons de quoi tenir un siège. Quand je pense que l’inspecteur urbain cherche encore, il est peut-être séduisant, mais totalement inopérant. Qui pourrait penser qu’une vieille dame sur le retour aime tant la charcuterie ?
Et puisque je deviens experte en la « matière » si je puis dire, je me demande si je ne vais pas continuer, ça fait un moment que le petit Victor me casse le fémur avec sa balle, je ferai d’une pierre deux coups, la Fernande peinarde le mercredi et son porte-monnaie au repos. Mais il faudra que je sois plus prudente, celui-là est jeune et nerveux, pas fini certes, mais dégourdi, c’est autre chose que des « belettes » crédules.
A creuser.
Eh, eh, vers Noël par exemple.
Entre les guirlandes et la scie sur le gâteau.
- Qu’en dites-vous les « Bégonias » ?
- Oh non, pas le jour de Noël ! Tu vas encore nous foirer le réveillon comme l’année dernière avec les gosses de la cité voisine, fais un effort quand même, pense à nous ; à ce propos tu ne pourrais pas déposer tes « restes » ailleurs, aux « Magnolias » par exemple ?
Vous plaisantez j’espère, je me suis habituée à vous et je ne suis pas prête de vous lâcher.
Sur ce, je m’en vais réfléchir à la question, d’autant qu’avec tous les problèmes de voisinage que rencontrent mes camarades du virtuel j’ai de quoi m’occuper jusqu’à la fin de mon bail…
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Rebecca Sam 6 Nov 2010 - 11:08

Ah ah beabark débarque et nous embarque au plus près de sa vérité d'épileptique !

Ba euh berk avoue enfin ses bégoniaticides et nous révèle ainsi que son baygon insecticide n'a pas fini d'empoisonner les fourmis laborieuses, les cafards fardés et peu ragoutants , les cloportes colporteurs de ragots derrière les portes, en cette cité radieuse, dont les dieux sont des rats et les souris les victimes d'une odieuse Miss tics déguisée en fausse sceptique !
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Invité Sam 6 Nov 2010 - 12:03

Très habile cette fin en pied de nez. Je reste sur la promesse d'un cadeau de Noël.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Mémé dans les bégonias Empty Re: Mémé dans les bégonias

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum