Les tamaris

[loic]

La fumée des jardins, de ces herbes qu’on brûle
L’agonie d’un été, ma fourche qui emblave
Le silence d'une mine, aux quatre vents ouverte
Les slogans sur les murs, la rage qui s’efface

Et tous ces imbéciles à tondre leurs pelouses
Ils s’en iront plus tard au pays des hangars
Où convergent les routes faites pour les voitures
Les fières devantures, la rage de l’envie

Les tamaris rougeoient sur les friches austères
Le Gardon désormais charrie les souvenirs
Les sirènes d’usine, le flot des mobylettes
Âpretés cévenoles, ouvriers paysans.




pour l'image, un mineur en retraite, à la grand'combe, au fond de son jardin

[loic]

aux quatre vents

merci mentor si tu passes dans le coin...


< Fait >

[mitsouko]

drôle d'impression sur ce texte, il manque le liant habituel
les ingrédients sont là pourtant, mais comme une suite de mots et d'images qui veulent vivre leur vie chacun dans leur coin

mais très belle première strophe

salut à toi

[Invité]

"Le silence d'une mine aux quatre vents ouverte"
L'art de rappeler, très poétiquement, une déchirure, un drame social.
Ce poème peut illustrer aussi Decazeville où l'on emmène les visiteurs réfléchir devant "le trou noir" c'est-à-dire l'entrée de l'ancienne mine abandonnée. La rage est longue à s'effacer.

[Invité]

A mon avis, un texte qui se transpose à d'autres paysages. Même débâcle.

[loic]

rajouté une strophe



La fumée des jardins, de ces herbes qu’on brûle
L’agonie d’un été, ma fourche qui emblave
Le silence de l’usine au quatre vents ouverte
Les slogans sur les murs, la rage qui s’efface

Et tous ces imbéciles à tondre leurs pelouses
Ils s’en iront plus tard au pays des hangars
Où convergent les routes faites pour les voitures
Les fières devantures, la rage de l’envie

Les tamaris rougeoient sur les friches austères
Le Gardon désormais charrie les souvenirs
Les sirènes d’usine, le flot des mobylettes
Âpretés cévenoles, ouvriers paysans.

Et plus tard sans doute, avidités humaines
Belles pensées uniques, une langue abrutie
Poésie de mauviettes aux couleurs désaxées
Un art standardisé, poètes présidents.

[Invité]

pourquoi :
Le silence de l’usine au quatre vents ouverte
et après :
Les sirènes d’usine, le flot des mobylettes

je trouve parallélisme un peu faussé, déjà que pas fan des doublons (enfin si: des doublons parfaits)

[Invité]

Très beau ce jeu sur le contraste authentique-artificiel, ancien-nouveau.

J'ai l'impression de voir l'angélus de Millet dans ce poème.

[loic]

le sirènes de l"usine deux fois en fait

tu as raison pandaworks

je laisse cependant la répétition du mot usine, un peu comme un rappel aux choses tangibles

j'en profite pour remercier tous les commentateurs qui passent sur mes petits textes, cela me rend plus altruiste...



< Merci d'éviter de faire remonter votre texte en haut de page au détriment de ceux des autres.
La Modération >
.

[Annie]

Je n'ai pas aimé ce texte, bien que le thème (ancien mineur, de fond, au fond de son jardin) me touche sensiblement.

Le ton moralisateur d'abord (les imbéciles...) encore aggravé par la strophe supplémentaire.
Les poètes paysans ne valent guère mieux que les poètes présidents!

La forme qui n'arrive pas à s'installer: les deux premiers vers sont des alexandrins, mais les vers suivants sont presque tous des alexandrins ratés.
Il n'y a pas de rimes finales, mais quantité de rimes intérieures: plus tard au pays des hangars/ faites pour les voitures, les fières devantures..
Il me semble que si on choisit d'écrire en vers libres, il vaut mieux s'écarter plus franchement du modèle classique.

Encore une remarque: il est impossible qu'une fourche emblave .

Dommage, je déplore de voir les ouvriers et les mineurs dépossédés traités de manière si négligente.

[loic]

Annie je ne cherche pas à écrire des alexandrins, je ne risque pas de les rater

quand à traiter les mineurs retraités de manière négligente...

dans l'écriture poétique pourquoi une fourche ne pourrait emblaver, nous sommes dans le même chant (là aussi je pourrai écrire champ;) )lexical et ou technique

je t'avoue avoir été (un peu) agacé, par ce commentaire porté plus sur le fond que sur la forme

amicalement

loic


< Merci d'éviter de faire remonter votre texte en haut de page au détriment de ceux des autres.
La Modération >
.

[Annie]

Désolée camarade, je ne voudrais vexer personne.

Mais ....
Si vous ne voulez pas écrire des alexandrins, n'en écrivez pas!
Ce qui m'a semblé balourd c'est ce mélange instable entre des alexandrins pile-poil, et des alexandrins boiteux! La forme alexandrin est si présente dans la poésie française qu'il est à la fois difficile d'en faire (de bons! des flon-flon, des fla-fla, ça marche bien) et difficile de l'éviter. Donc mon conseil, tout amical, est de s'en tenir éloigné quand on ne les recherche pas.

Le vocabulaire poétique permet en effet des rencontre inattendues, pourtant l'emploi de mots techniques tels que fourche et emblave, qui appartiennent au même registre, me semble devoir être rigoureux. Ecrivez que votre "fourche crève les nuages" ou "fait éclater les mensonges comme des baudruches", je dirai amen (ah! ah!), mais que la fourche soit utilisée à un travail agricole autre que le transport du fumier me heurte.

Maintenant, ce que j'en dis... vous en faites ce que vous voulez, y compris le jeter aux poubelles de l'histoire.
Bien que je n'écrive pas à la légère, qu'au contraire je prenne ce travail d'écriture et de critique au sérieux, je n'en souffrirai pas. C'est la règle du jeu!

Bien amicalement Annie

[Arielle]

J'ai été, moi aussi, un peu arrêtée par cette fourche qui emblave. Je ne parviens pas à saisir l'image pas plus que celle du pays des hangars qui n'évoque rien de précis. Les hangars n'étant l'apanage ni de la ville ni de la campagne où on les retrouve tout autant.
Le ton aigre, à la limite du mépris place le narrateur dans une position de donneur de leçons devant cette pauvre humanité. Je t'ai déjà lu manifestant plus de compassion. Pas cette fois, pour moi, Loïc !

[loic]

je vais quand même me fendre d'une petite explication de texte qui a mon sens à été mal perçu

il ne s'agit pas ici de m'ériger en donneur de leçons, j'avais plutôt l'image en tête de la vie d'aujourd'hui basée sur la consommation et l'envie :on tond la pelouse de son pavillon endetté pour 20 ans, on prend sa voiture et l'on file passer ses samedis après midi dans ces zones de hangars (enlevez les publicités Kiabi, la halle au chaussures, jouet land etc..., vous verrez)

il faut faire vite et consommer, ceci mis en perspective avec ce type dans son jardin qui revoit la simplicité des choses d'autrefois, une vie austère cependant peuplée d'usine et de mobylettes

quand à la qualité de l'écrit, je concède assurément que ce n'est pas mon meilleur

:-)

je n'éprouve pas vraiment il est vrai de compassion pour cette société qui ne vit que dans l'apparence, je fais avec cependant...je vais dans les hangars cet après midi

:-)))

[Annie]

et moi ct'aprèm, je vais manifester! (pas pour moi, je suis déjà retraitée)

Saluti

[abstract]

Je ne sais pas pourquoi mais il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le poème. J’ai l’impression d’être prise au milieu de plusieurs idées sans pouvoir m’installer dans l’ambiance.
Il y a quand même de très bons passages comme :

Le silence de l’usine au quatre vents ouverte
Les slogans sur les murs, la rage qui s’efface

Peut-être à réutiliser dans un autre texte.

[Mélusine]

Toujours cette évocation d'un temps révolu que je lis avec le même plaisir
(Je préfère ce texte sans la 4é strophe rajoutée après coup)

Pour emblave je regarderai dans le dictionnaire, demain, peut-être ...

[Rebecca]

Ton commentaire est bienvenu dans le sens qu'il m'éclaire sur ces hangars dont je ne voyais pas ce qu'ils pouvaient représenter. Par contre, ces hangars au contraire de toi me font dire que cette société se fout des apparences et non pas qu'elle ne vit que pour elles...puisqu'elle tolère des mochetés pareilles. Dans ce cas et dans d'autres j'aimerais moi que les apparences ne comptent pas pour du beurre . A l'endroit où nous sommes censés vivre, la beauté est une forme de la bonté et la laideur une marque d'irrespect. Bon je m'égare moi...

Ce poème est trop elliptique pour que le poids des mots, le choc des images fonctionnent dans le sens que tu aurais voulu je crois.
Et pas assez pour qu'il nous fasse rêver comme d'hab.
Et oui, il est donneur de leçons ...ce qui n'est en rien un défaut si la leçon est bien menée...là avec ces "imbéciles" elle est un peu assenée il me semble

[Sahkti]

En lisant la première version, je me suis dit qu'il manquait une strophe, puis je me rends compte qu'une seconde version propose un texte plus long. Cette strophe manquante sans doute, perçue par d'autres et par l'auteur, sauf qu'en la lisant, je trouve qu'elle n'apporte rien et aurait même tendance à déforcer complètement le poème, usant d'une image facile, bateau, déplacée tout ce qu'on voudra avec des poètes présidents qui n'ont rien à faire là.
Dommage car le reste est bon, même si il paraît (à mes yeux) un brin trop rapide, pas assez esquissé non plus.
Bref, un truc ne fonctionne pas dans les termes choisis pour dépeindre ces images qui te tiennent à coeur (et ça se sent, c'est bien, ça donne de la force au propos).

[Contenu sponsorisé]