Lésions matinales
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Lésions matinales
Le temps dit, il faut compter ses saisons. Parce qu'il y a ces choses qui viennent s'ancrer les plaies intérieures. Des bouts de café qui flottent – sur nos têtes nues de sel, tombées des clochers ronds comme le souvenir. J’ai une petite marque amère au bout du doigt, elle s’appelait Sylvie, et les cigarettes mordent la peau du jour pour la dérouler sur mes os : en de grands monceaux de joie. Et il faut compter. Petits petits serpents, le long de mon palais, dansez, vous dansez. Vous êtes les langues du baiser. Et les réminiscences émergent comme les pommes pourrissent. C’est tout un grand bout de nuit dont il faut se défaire, parce qu’elle a le corps de poix qui agrippe et qui tâche.
J’avais tenu mon corps à bout de bras, mais ma tête n’est plus solide. C’est édifice fragile qui au matin lâche. Anne avait deux bouts de soleil pour se réchauffer les mains, son rire est une cascade. Quand je marchai dans les bocages auroraux mes pieds s’enfonçaient dans le sol, alors la pluie tombe ; et l’herbe devint terre, qui devint ocre, qui devint boue – et je m’y enfonçait jusqu’au genoux. De là j’ai compté mes regrets, mes distances. J’ai fixé la courbe de mon souvenir le long de mon palais. Il en est né une étoile d’émeraude étrange. Je l’ai agrippée comme la nuit saisi le corps des étoiles, et je l’ai frottée contre ma peau comme un bout de savon. Rose. Le savon. Alors il pleut. Et tandis que je m’enfonçais les pas d’Anne avaient un bruit de baiser. Enfonçais, je m’enfonçais. Enfonçais enfonçais. Le petit bout de savon palpite sous mes doigts, comme un muscle tumescent, comme une rivière, bat mes veines comme un fleuve qui se dédouble à rebours. Mais les pas d’Anne font un bruit de baisers. Je sens l’odeur du café, j’ai la boue jusqu’a la taille, jusqu'à la poitrine, jusqu’au cou. Le faîte des hêtres ne figure plus l’horizon. Et je m’enfonçais, enfonçais. Alors il pleut. Et le bruit de baisers… ces petits formes fixes et serpentines, ces salamandres colorées. Chaudes, et humides. Il pleut. Je suis submergé jusqu’au yeux ; bientôt ma tête devient un parterre de mousse tiède, de mon crâne émerge des pousses de laurier. Et les pas d’Anne font un bruit de baisers.
Alors commencèrent les fantasmagories.
J’avais tenu mon corps à bout de bras, mais ma tête n’est plus solide. C’est édifice fragile qui au matin lâche. Anne avait deux bouts de soleil pour se réchauffer les mains, son rire est une cascade. Quand je marchai dans les bocages auroraux mes pieds s’enfonçaient dans le sol, alors la pluie tombe ; et l’herbe devint terre, qui devint ocre, qui devint boue – et je m’y enfonçait jusqu’au genoux. De là j’ai compté mes regrets, mes distances. J’ai fixé la courbe de mon souvenir le long de mon palais. Il en est né une étoile d’émeraude étrange. Je l’ai agrippée comme la nuit saisi le corps des étoiles, et je l’ai frottée contre ma peau comme un bout de savon. Rose. Le savon. Alors il pleut. Et tandis que je m’enfonçais les pas d’Anne avaient un bruit de baiser. Enfonçais, je m’enfonçais. Enfonçais enfonçais. Le petit bout de savon palpite sous mes doigts, comme un muscle tumescent, comme une rivière, bat mes veines comme un fleuve qui se dédouble à rebours. Mais les pas d’Anne font un bruit de baisers. Je sens l’odeur du café, j’ai la boue jusqu’a la taille, jusqu'à la poitrine, jusqu’au cou. Le faîte des hêtres ne figure plus l’horizon. Et je m’enfonçais, enfonçais. Alors il pleut. Et le bruit de baisers… ces petits formes fixes et serpentines, ces salamandres colorées. Chaudes, et humides. Il pleut. Je suis submergé jusqu’au yeux ; bientôt ma tête devient un parterre de mousse tiède, de mon crâne émerge des pousses de laurier. Et les pas d’Anne font un bruit de baisers.
Alors commencèrent les fantasmagories.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Lésions matinales
Une ambiance envoûtante, mais je pense que le texte a souffert d'un manque de relecture. Je ne parle pas de l'orthographe, mais de la construction... c'est trop amorphe à mon goût, manque de structure.
Mes remarques :
« le corps de poix qui agrippe et qui tache (Je m’efforce, je tâche, d’effacer ces immondes taches) »
« et je m’y enfonçais jusqu’au genoux »
« Je l’ai agrippée comme la nuit saisit le corps des étoiles »
« battent mes veines comme un fleuve qui se dédouble à rebours »
« de mon crâne émergent des pousses de laurier »
Mes remarques :
« le corps de poix qui agrippe et qui tache (Je m’efforce, je tâche, d’effacer ces immondes taches) »
« et je m’y enfonçais jusqu’au genoux »
« Je l’ai agrippée comme la nuit saisit le corps des étoiles »
« battent mes veines comme un fleuve qui se dédouble à rebours »
« de mon crâne émergent des pousses de laurier »
Procuste- Nombre de messages : 482
Age : 61
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – —
Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Lésions matinales
Un peu foutraque et bordélique, comme d'habitude ;-) mais une belle nostalgie que je qualifierais de lumineuse.
Gaffe quand même aux fautes d'orthographe et aux accords fantaisistes des verbes, ça indispose à l'égard du texte.
Gaffe quand même aux fautes d'orthographe et aux accords fantaisistes des verbes, ça indispose à l'égard du texte.
Re: Lésions matinales
oui, de très belles images et une ambiance particulièrement eréussie. C'est vrai que le texte mériterait d'être retravaillé, allégé pour gagner en gravité. Mais l'essentiel y est car au bout de quelques lignes, très rapidement, l'émotion surgit.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Lésions matinales
Je reste quasi muette. Epoustouflée par cette logorrhée poétique. Par la beauté et l'originalité de certaines images (même si l'on en retrouve une ou deux dans d'autres de tes compositions), par le charme de ce fouillis très productif :
J’ai une petite marque amère au bout du doigt, elle s’appelait Sylvie,
Anne avait deux bouts de soleil pour se réchauffer les mains, son rire est une cascade.
J’ai fixé la courbe de mon souvenir le long de mon palais. Il en est né une étoile d’émeraude étrange. Je l’ai agrippée comme la nuit saisi le corps des étoiles, et je l’ai frottée contre ma peau comme un bout de savon. Rose. Le savon.
Bien vu le changement de temps qui vient faire diversion, surprendre. Je crois que c'est une de tes spécialités :
Alors il pleut.
Et bien la dernière phrase alléchante, je me dis qu'on n'a encore rien vu ! :
Alors commencèrent les fantasmagories.
Sinon, je pense qu'il manque une préposition ici : Parce qu'il y a ces choses qui viennent s'ancrer les plaies intérieures.
J’ai une petite marque amère au bout du doigt, elle s’appelait Sylvie,
Anne avait deux bouts de soleil pour se réchauffer les mains, son rire est une cascade.
J’ai fixé la courbe de mon souvenir le long de mon palais. Il en est né une étoile d’émeraude étrange. Je l’ai agrippée comme la nuit saisi le corps des étoiles, et je l’ai frottée contre ma peau comme un bout de savon. Rose. Le savon.
Bien vu le changement de temps qui vient faire diversion, surprendre. Je crois que c'est une de tes spécialités :
Alors il pleut.
Et bien la dernière phrase alléchante, je me dis qu'on n'a encore rien vu ! :
Alors commencèrent les fantasmagories.
Sinon, je pense qu'il manque une préposition ici : Parce qu'il y a ces choses qui viennent s'ancrer les plaies intérieures.
Invité- Invité
Re: Lésions matinales
J'ai bien aimé cette profusion, moi aussi !
Je relève ceci, orthographiquement parlant :
Je suis submergé jusqu’aux yeux
Je relève ceci, orthographiquement parlant :
Je suis submergé jusqu’aux yeux
Invité- Invité
Re: Lésions matinales
Comme d'habitude: de très très belles envolées lyriques, des idées magnifiques, et à côté de ça, ça part un peu dans tous les sens.
Ton projet de récit structuré va, à mon avis, te permettre de canaliser cette écriture débordante (ps: vaut mieux déborder qu'être complètement sec, hein!)
Ton projet de récit structuré va, à mon avis, te permettre de canaliser cette écriture débordante (ps: vaut mieux déborder qu'être complètement sec, hein!)
Invité- Invité
poésie :: Lésions matinales
On dirait un récit de rêve, mais je trouve aussi que les artifices tels que les répétitions ne sont pas suffisants pour assurer une composition.
Remarque d'orthographe: aux genoux, ou bien au genou.
Et de vocabulaire les pas d'Anne, me font sursauter: padann, padann, padann..
Remarque d'orthographe: aux genoux, ou bien au genou.
Et de vocabulaire les pas d'Anne, me font sursauter: padann, padann, padann..
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Lésions matinales
Le temps égrène un peu les heures
Comme un chapelet entre ses doigts
Et c'est long long long
Cet équivoque
Qui traine un manteau
Ou une hermine de roi.
On fait des petits trous au ciel
Pour que la fumée s'en échappe
Et habille habille le vent
De larmes d'alcool blanchies par les Papes
Il faisait déjà si beau en moi
Quand les alcools, et les liqueurs
Épousèrent ta main liquide
C'est long c'est long ici ou là
Le temps égrène égrène un peu les heures
Il y a des paroles dont
On ne se sépare pas ;
Elles viennent d'ici (ou d'ailleurs)
Je demeure près des tables jonchées de repas
Qu'on avale.
Le soleil a bu les draps
Tu peux tout manger je ne finirais pas
Laisse moi juste une aiguille
Que j'avalerai comme une pêche de couteaux et d'étoiles.
Comme un chapelet entre ses doigts
Et c'est long long long
Cet équivoque
Qui traine un manteau
Ou une hermine de roi.
On fait des petits trous au ciel
Pour que la fumée s'en échappe
Et habille habille le vent
De larmes d'alcool blanchies par les Papes
Il faisait déjà si beau en moi
Quand les alcools, et les liqueurs
Épousèrent ta main liquide
C'est long c'est long ici ou là
Le temps égrène égrène un peu les heures
Il y a des paroles dont
On ne se sépare pas ;
Elles viennent d'ici (ou d'ailleurs)
Je demeure près des tables jonchées de repas
Qu'on avale.
Le soleil a bu les draps
Tu peux tout manger je ne finirais pas
Laisse moi juste une aiguille
Que j'avalerai comme une pêche de couteaux et d'étoiles.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Lésions matinales
Je préfère le 2e. Le premier est trop fouillis, on y perd un peu les belles images. Mais cette veine poétique qui ne te laisse jamais exsangue, quel plaisir !
Invité- Invité
Re: Lésions matinales
A propos du second: j'en ai apprécié la lecture, les images qui se troublent et échappent, comme le sens, sans pour autant se dissoudre dans le rien.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Lésions matinales
Je n'ai pas lu le 1er texte (de loin il m'a paru kouglof )
J'ai lu le 2ème texte :
la dernière strophe : quelle allure !!! j'en redemande
J'ai lu le 2ème texte :
la dernière strophe : quelle allure !!! j'en redemande
Mélusine- Nombre de messages : 185
Age : 63
Localisation : sous l'ondée
Date d'inscription : 13/03/2009
Re: Lésions matinales
Deuxième poème magistral.
Le premier envoûtant.
Le premier envoûtant.
eva1609- Nombre de messages : 89
Age : 53
Date d'inscription : 23/10/2010
Re: Lésions matinales
le 2 est il est vrai, très bon
le premier est une espèce de filon ou le minerai n'aurai pas été extrait...
le premier est une espèce de filon ou le minerai n'aurai pas été extrait...
Re: Lésions matinales
Le deuxième : il y a quelque chose. Ce quelque chose sur quoi je ne mets qu'un doigt confus mais qui invariablement me charme. Parfois je me dis : c'est forcé, c'est artificiel. Mais non, non non... Toujours j'ai de l'émotion à lire les images détournées que tu nous livres, à entrer dans ton univers si particulier.
Invité- Invité
Re: Lésions matinales
J’avais beaucoup aimé le premier, plus brut. Du coup le deuxième passe plus difficilement. Je bloque surtout sur :
Je le trouve surtout plus inégal, alors que le premier se lisait presque en une seule respiration, dans le deuxième il y a des vers qui me plaisent énormément, mais mon plaisir est à chaque fois coupé par une image peut-être un peu plus forcée qui vient. J’ai une impression de saccadé. Pas certaine de m’être fait comprendre, je ne suis pas une très bonne commentatrice.Le temps égrène un peu les heures
Comme un chapelet entre ses doigts
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 54
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: Lésions matinales
J'aime beaucoup
Beucoup
Cela laisse une drôle d'impression que j'aime.
Beucoup
Cela laisse une drôle d'impression que j'aime.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Lésions matinales
Peu de choses à dire, Louis, tant je trouve ce premier texte réussi, carrément envoûtant tant il est beau, mystérieux, sobre et lyrique à la fois. Le rythme me plaît, le choix des mots, la manière de structurer l'ensemble autour de ce thème qui se déroule et s'enroule.
Si le second texte me paraît également réussi, j'avoue une nette préférence pour le premier en raison justement de sa particularité narrative, de ce souffle saccadé qui semble s'arrêter pour mieux reprendre sa course.
Si le second texte me paraît également réussi, j'avoue une nette préférence pour le premier en raison justement de sa particularité narrative, de ce souffle saccadé qui semble s'arrêter pour mieux reprendre sa course.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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