Ecume des nuits

[nini031]

L’aurore a gorgé de lueurs mes pensées
Qui flottaient doucement sous le vent de la nuit :
Echarpes bleues dansant aux doigts rêveurs, légers
Enlaçant du regard les obscures prairies…

Je sombrais sans sommeil dans la mélancolie,
Je buvais par gorgées le refrain des cigales
M’imprégnait du mystère, me recouvrant de voiles
Echappant doucement aux regards et aux bruits…

Mais qu’en est-il encore des beautés de ce monde,
Des arbres, des rosées, et des cieux flamboyants,
Qui s’éclipsent soudain au milieu de la ronde,
Au milieu du chaos et des rires bruyants !

Le monde est recouvert d’un sourire de glace,
Mais ce n’est ni l’hiver, ni la mort qui enlace,
C’est un désert humain fait de pantins d’argile
Par la désolation des plaisirs futiles.

Je m’étends épuisée sur les restes de cendres
D’un passé incendié à l’éphémère chaleur
Et je regarde encore mes rêves se fendre,
Dans un monde oublié qui languit et se meure…

Tantôt aveuglé ou à moitié conscient,
Mon esprit est drapé par l’écume des nuits,
Au goût de chimère tantôt évanescent
Et tantôt pétillant d’une pensée qui luit…







J’ai marché sur la lune et tenté sans efforts
De parcourir les dunes que m’offrent tes yeux morts
La lune reflétée crée des ruisseaux blancs
Dans tes yeux sablés où rien n’est plus vivant.

Tes sentiments précieux cachés dans un écrin
Où sont-ils enterrés dans ces pays lointains ?
Où le sable engloutit les plaisirs de la vie
Qui ne sont que débris de tes rêves meurtris

Où est passé la flamme qui jadis luisait
Éclairant les esprits d’une gaieté nouvelle ?
Où est passé le charme des jours envolés
Où passés ensemble on se cherchait querelle ?

Cet air que j’ai connu d’aventure et de doute
Et ces rimes lancées tout au long de ma route
Et ce froid glacial à chaque entrevue
Sont des cendres dansantes dans cet amour qui fût

Ces fragments te suivant dans ta marche éternelle
Vers un destin brumeux, inconnu de tous
Comme un train déjà loin et que rien ne rappelle
J’écoute la cadence, impitoyable source…

[Invité]

Nini031, il va falloir donner un titre à ton texte pour qu'il puisse être indexé au catalogue. Merci de l'indiquer ci-dessous. Et bienvenue ici bien sûr.

[Hellian]

il fleurit actuellement sur ce site des bouquets de jeunes poètes talentueux au nombre desquels vous êtes.

De vos deux textes, je préfère le premier d',une inspiration romantique plus maîtrisée que dans le second. Cela dit, il faut se méfier des alexandrins. D'une part, parce qu'ils ont parfois tendance à l'indiscipline. Ainsi, quelques-uns de vos vers souffrent d'amputation podique, comme :

Par la désolation des plaisirs futiles(11 pieds).

ou d'hypertrophie :

Sont des cendres dansantes dans cet amour qui fût
(13 pieds)

Cela n'est pas bien grave, car pour l'essentiel ils son tcorrectement bâtis, élégants et fluides.

D'autre part, parce que, si l'on n'y prend garde, ils ont vite fait de s'ouvrir à l'emphase.Vos deux premières strophes ont l'avantage d'une simplicité gracieuse. J'aime beaucoup par exemple :

Je buvais par gorgées le refrain des cigales

la troisième monte d'undemi- ton dans la grandiloquence, amorçant une lamentation un peu rengaine sur les beautés perdues d'un « passé incendié ».

C'est en cela que je qualifie votre inspiration présente de romantique. Il est probable qu'il faille passer par cette phase dans son cheminement poétique et ce qui est encourageant, c'est qu'en ce passage périlleux, votre démarche ne manque pas d'allure.

[nini031]

Merci Easter mais je ne suis pas nouvelle seulement inactive depuis longtemps! ^^
Pour le titre: Ecume des nuits faisant référence au premier poème.

Merci Hellian, je sais que ce n'est pas tout à fait régulier.

il fleurit actuellement sur ce site des bouquets de jeunes poètes talentueux au nombre desquels vous êtes.

Merci, c'est trop d'honneur ^^

Je constate que les commentaires sont toujours tout aussi constructifs sur ce site et très pertinents.

Je profite du commentaire pour poster un autre poème, il me semble qu'il est plus maladroit mais plus sincère, car on m'a souvent reproché le manque d'émotion dans mes poèmes.


J'aimerais quelquefois m'effacer de vos yeux,
N'être qu'une épave aux couleurs sans feux,
Une étincelle échouant sans bruit et en silence
Pour mourir seule et sans effervescence.

Car je suis cette larme éreintée et qui sourit,
Un clown insouciant choisissant l'agonie,
Je n'veux pas échapper à ma lourde tristesse,
Rester cette bougie aux lueurs de détresse.

Toujours chavirer sur le désespoir ambiant,
A l'abri de la danse au goût trop amer
Aux senteurs piquantes pour mon esprit d'hiver
Et rester dans la glace au milieu du néant

J'aimerais m'effacer de l'ardoise de vos vies
Et ne plus reconnaître en vous tous mes soucis
J'aimerais m'exiler au loin sur un nuage,
Vous regarder d'en haut tel de lointains rivages.

J'aimerais aujourd'hui sombrer dans un sommeil
Aux vertes prairies aux splendides merveilles,
Et j'aimerais sans bruit barbouiller vos visages
Océan de peinture aux relents de carnage.



< Il faut impérativement poster ce deuxième texte à part, toujours pour une question de catalogage.
Respectez également, svp, la contrainte - déjà ancienne - d'"un texte par semaine et par catégorie", merci.
La Modération >
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[Soliflore]

J'ai lu comme une assoiffée, à pleine gorge tant ces vers sont goulayants même si parfois quelques alexandrins donnent le hoquet, sans nuire à l'unité du propos finement élaboré.

Une belle fresque dans les tons gris perlés.

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