Mal de mer
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loic
eva1609
mitsouko
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Mal de mer
Vos églises en granit aux murs suintant de sel
Ces cierges que l’on brûle pour le corps d’un marin
Vos charrois de nuages qui écrasent la plaine
Ces femmes qui attendent que la mer vous dégueule
Frêles doigts tailladés, engourdis par le froid
Ces poissons qu’on éventre à la conserverie
Cette odeur de marée quand les chats vous reniflent
Nos corps qui s’ensommeillent dans des draps trop humides
Comme une meurtrissure à la chair de l’épaule
La morsure du bois du cercueil d’un frangin
Vingt berges abandonnés aux algues pourrissantes
Et ces mouettes qui gueulent par dessus mon chagrin
Nos bocks de bière dressés comme des sémaphores
Qu’on allume la nuit au comptoir de nos peines
Leurs chansons marines qui parlent de naufrages
Et de voiles gonflées vers des îles lointaines
Ta beauté qui s’étiole dans la rade de Brest
Béance de ton ventre où se vautrent leurs peurs
Ils crachent leur venin et leur tendresse en rut
Tous ces rêves d’amour qui croupissent en mer
Ces vieilles qui bigotent clopinant sur leur canne
Entre leurs seins flétris quelque croix vacillante
Elles trempent leurs doigts gourds dans l’eau des bénitiers
Jetant un regard noir à ton corps triomphant
Sous la pluie où se noie le rimmel de tes yeux
N’écoute pas le fiel des femmes qui t’insultent
J’en connais d’honorables qui écartent leurs cuisses
Pour la dot d’un notaire avec montre à gousset
Viens je t’emmènerai aux chaleurs ibériques
Je faucherai les mots de poètes oubliés
Et j’en ferai des gerbes de tendresse bleutée
Que tu piétineras de ta beauté sauvage
Ecoute bien le chant de ces hommes perdus
Souquant sur des rafiots disloqués par le vent
Entend le cri de rage des fusillés de l’aube
Et dont les yeux bandés dévisagent la mort
Souviens toi de ces croix aux murs de nos cellules
La nuque dégagée des matins guillotine
Les petits pas de clerc du curé grelottant
Qui absout nos péchés à l’ombre du pouvoir
Je t’aime, je t’aime, je t’aime comme un outrage
Avec pour seule offrande mes pognes d’assassin
Arrachons à la mer les lambeaux de nos vies
Au feu de ta jeunesse mon regard s’éteindra
Ces cierges que l’on brûle pour le corps d’un marin
Vos charrois de nuages qui écrasent la plaine
Ces femmes qui attendent que la mer vous dégueule
Frêles doigts tailladés, engourdis par le froid
Ces poissons qu’on éventre à la conserverie
Cette odeur de marée quand les chats vous reniflent
Nos corps qui s’ensommeillent dans des draps trop humides
Comme une meurtrissure à la chair de l’épaule
La morsure du bois du cercueil d’un frangin
Vingt berges abandonnés aux algues pourrissantes
Et ces mouettes qui gueulent par dessus mon chagrin
Nos bocks de bière dressés comme des sémaphores
Qu’on allume la nuit au comptoir de nos peines
Leurs chansons marines qui parlent de naufrages
Et de voiles gonflées vers des îles lointaines
Ta beauté qui s’étiole dans la rade de Brest
Béance de ton ventre où se vautrent leurs peurs
Ils crachent leur venin et leur tendresse en rut
Tous ces rêves d’amour qui croupissent en mer
Ces vieilles qui bigotent clopinant sur leur canne
Entre leurs seins flétris quelque croix vacillante
Elles trempent leurs doigts gourds dans l’eau des bénitiers
Jetant un regard noir à ton corps triomphant
Sous la pluie où se noie le rimmel de tes yeux
N’écoute pas le fiel des femmes qui t’insultent
J’en connais d’honorables qui écartent leurs cuisses
Pour la dot d’un notaire avec montre à gousset
Viens je t’emmènerai aux chaleurs ibériques
Je faucherai les mots de poètes oubliés
Et j’en ferai des gerbes de tendresse bleutée
Que tu piétineras de ta beauté sauvage
Ecoute bien le chant de ces hommes perdus
Souquant sur des rafiots disloqués par le vent
Entend le cri de rage des fusillés de l’aube
Et dont les yeux bandés dévisagent la mort
Souviens toi de ces croix aux murs de nos cellules
La nuque dégagée des matins guillotine
Les petits pas de clerc du curé grelottant
Qui absout nos péchés à l’ombre du pouvoir
Je t’aime, je t’aime, je t’aime comme un outrage
Avec pour seule offrande mes pognes d’assassin
Arrachons à la mer les lambeaux de nos vies
Au feu de ta jeunesse mon regard s’éteindra
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Mal de mer
Je devrais être habituée, depuis que je te lis, mais je suis encore une fois saisie par la force de tes mots, de tes images, que tu nous lances avec des vers ressemblant tous à des débuts de phrases non terminées. C'est...puissant. Je regrette le manque d'étoffe de mon commentaire. Je reviendrai lire encore.
Invité- Invité
Re: Mal de mer
J'ai beaucoup aimé.
eva1609- Nombre de messages : 89
Age : 53
Date d'inscription : 23/10/2010
Re: Mal de mer
l'autre jour quelqu'un hésitait sur un texte que j'avais édité sous le pseudonyme jon doe (+ en 2010 )pour savoir si c'était du loic ou du mitsouko, je fus fier de la comparaison...
ce texte se tient d'un bout à l'autre et ça il faut le faire
ce serait de la musique, même un non initié sentirait la mesure de ce requiem
ce texte se tient d'un bout à l'autre et ça il faut le faire
ce serait de la musique, même un non initié sentirait la mesure de ce requiem
Re: Mal de mer
je souris quand tu dis cela, car l'autre jour sur mon texte "les causeuses", Socque a trouvé des accents loiciens
si un jour tu repasses à paris cela me ferait plaisir de te revoir
amitiés
si un jour tu repasses à paris cela me ferait plaisir de te revoir
amitiés
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Mal de mer
Si ce n'est pas Loïc c'est donc Mitsouko...
Très belle déclaration, images fortes et superbe profession de foi ; je dois pourtant avouer une première lecture déroutée, partie que j'étais des marins et des ex-votos bretons pour arriver en Ibérie en passant par les bigotes de la bourgeoisie de province. Je l'avais un peu perdue de vue, elle. A la deuxième lecture, le fil conducteur est bien là ("elle" ou "toi"), très subtil et pourtant évident, avec ces vers pivots :
Ta beauté qui s’étiole dans la rade de Brest
Béance de ton ventre où se vautrent leurs peurs
C'est bien, c'est beau.
Petite réserve : beaucoup de démonstratifs dans les deux premières strophes ; à l'oreille ça fait quand même bizarre.
Enfin, ceci, surtout ceci, qui vaut son pesant de mots, des mots qui retournent les tripes ...
Je t’aime, je t’aime, je t’aime comme un outrage
Avec pour seule offrande mes pognes d’assassin
Très belle déclaration, images fortes et superbe profession de foi ; je dois pourtant avouer une première lecture déroutée, partie que j'étais des marins et des ex-votos bretons pour arriver en Ibérie en passant par les bigotes de la bourgeoisie de province. Je l'avais un peu perdue de vue, elle. A la deuxième lecture, le fil conducteur est bien là ("elle" ou "toi"), très subtil et pourtant évident, avec ces vers pivots :
Ta beauté qui s’étiole dans la rade de Brest
Béance de ton ventre où se vautrent leurs peurs
C'est bien, c'est beau.
Petite réserve : beaucoup de démonstratifs dans les deux premières strophes ; à l'oreille ça fait quand même bizarre.
Enfin, ceci, surtout ceci, qui vaut son pesant de mots, des mots qui retournent les tripes ...
Je t’aime, je t’aime, je t’aime comme un outrage
Avec pour seule offrande mes pognes d’assassin
Invité- Invité
Re: Mal de mer
J'ai adoré
Moi ce mal de mer me donne le mal d'écrire.
Des textes comme ça, aussi forts, aussi beaux ça rend pensif!
En tout cas ça donne un bon coup puissance et de solidité dans la poèsie.
Je suis éblouie.
Moi ce mal de mer me donne le mal d'écrire.
Des textes comme ça, aussi forts, aussi beaux ça rend pensif!
En tout cas ça donne un bon coup puissance et de solidité dans la poèsie.
Je suis éblouie.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Mal de mer
Je n'ai pas aimé dans le premier quatrain l'alternance de "vos" "ces" en début de phrase. mais beaucoup d' images très belles et un rythme très musical alliés à la tendresse qui te caractérise, Mitsouko
Invité- Invité
Re: Mal de mer
J'ai trouvé trop de passages convenus, déjà entendus. En revanche, ça balance, y'a d'la vie, du rythme ce qui est sympa...
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Mal de mer
gloups.
Il est vraiment magnifique ce texte. Il fout la chair de poule.
Je sais, ce n'est pas très cérébral ni enrichissant comme commentaire, mais sur un texte comme ça, je n'ai pas envie d'aller te décortiquer la moindre virgule. C'est beau et point à la ligne.
Il est vraiment magnifique ce texte. Il fout la chair de poule.
Je sais, ce n'est pas très cérébral ni enrichissant comme commentaire, mais sur un texte comme ça, je n'ai pas envie d'aller te décortiquer la moindre virgule. C'est beau et point à la ligne.
Invité- Invité
Re: Mal de mer
J'ai en mémoire un très beau poème « réaliste » que tu nous avais livré il y a quelques mois sur le thème de la jalousie. Celui-ci est à ranger (j'espère que tu me pardonneras ce mot à propos d' un texte dérangeant) dans ce registre où manifestement tu es excellent (et pas que dans ce registre d'ailleurs). J'aime beaucoup ces peintures au couteau qui ont la particularité de se présenter un peu comme des mini romans populaire (au bon sens du terme). Il y a là un art consommé de l'intrigue, tout un scénario avec une chute forte et violente. Oui, c'est vrai, ça balance pas mal, chez Mitsouko…
Juste une toute petite suggestion : je me rallie à l'observation de coline dé : dans la version définitive, il faudra que tu choisisses entre le « vous » et le « ces » incompatible entre eux, me semble-t-il.
Juste une toute petite suggestion : je me rallie à l'observation de coline dé : dans la version définitive, il faudra que tu choisisses entre le « vous » et le « ces » incompatible entre eux, me semble-t-il.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Mal de mer
Dis moi, je relis ton poème et je m'interroge sur le premier vers : es-tu bien certain que ce soit "suitant" et non "suintant" qu'il faille lire ?
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Mal de mer
Hellian a écrit:Dis moi, je relis ton poème et je m'interroge sur le premier vers : es-tu bien certain que ce soit "suitant" et non "suintant" qu'il faille lire ?
bien sûr "SUINTANT"
mais le clavier ne tape que ce l'hominidé commande..............donc COUPABLE
merci de ta vigilance
Voilà : "suintant", c'est mieux comme ça.
La Modération
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Mal de mer
En espérant ne pas trop te décevoir, voici donc, comme promis, la version vocale :
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Mal de mer
Et voilà, je pense à Brel maintenant. Surtout après la version audio .
Merci pour ce texte fort .
Merci pour ce texte fort .
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Mal de mer
Hellian a écrit:En espérant ne pas trop te décevoir, voici donc, comme promis, la version vocale :
Hellian tu m'as fait un cadeau merveilleux, ta voix transcende les mots, je l'écoute presque en oubliant parfois que c'est mon texte
je ne te remercierai jamais assez
le talent et la générosité.......voilà c'est toi
amitiés
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Page 1 sur 1
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