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Arrivée en Nouvelle-France (1)

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Message  Marie-Catherine Sam 13 Nov 2010 - 16:16

Voici le tout début (la scène d'introduction) d'une nouvelle historique de 35 000 signes.
Merci beaucoup pour vos commentaires.



Arrivée en Nouvelle-France

10 juin 1667, La Constance, commandée par le capitaine André Pasquier, dit Pasquinet, accoste à Québec. Elle arrive de La Rochelle via Gaspé (28 mai) et Tadoussac (7 juin). En débarque une douzaine de Filles du roi. Ces jeunes femmes célibataires, pauvres et bien élevées sont les premières à être envoyées, au frais de la couronne, se marier et prospérer en Nouvelle-France.

Quelques jours auparavant, le navire remontait le Saint-Laurent sous un fort vent d’est et espérait atteindre Tadoussac dans la soirée du lendemain...




Madeleine, dite Neineine, s’ennuie. L’entrepont est trop calme. Tout le monde dort. Les grincements berceurs en provenance du tillac et de la mâture couvrent les gémissements des malades. À l’étage inférieur, sous le plancher mal ajusté, les cochons grommellent à peine et aucun bruit ne provient des moutons. La lumière de la mi-journée est trop pluvieuse pour se frayer un chemin des sabords jusqu’au cadre de toile dévolu à Neineine et m’man. Même le roulis par mauvais temps du fleuve Saint-Laurent n’a pas la sauvagerie de celui de l’océan. Comparé à bien des jours de grain passés dans le ventre obscur et ballotant de La Constance, le moment est plein de quiétude. La petite fille sait qu’elle devrait en remercier Dieu plutôt que de s’en exaspérer. Mais depuis l’escale à Gaspé, elle n’arrive plus à se plonger dans la somnolence brouillardeuse qui lui a permis de supporter l’inactivité des trois mois de la grande traversée. Plus que quelques jours et m’man et elle seront rendues à Québec. Plus que quelques jours ? Une éternité pour une gamine qui n’a pas sommeil.
Elle s’assied en tailleur sur la paillasse crasseuse. Le rythme de la respiration de m’man ne change pas. Neineine en profite pour se gratter vigoureusement la tête. C’est interdit parce que ça finit par arracher les belles boucles d’or et que la vermine se multiplie d’autant plus qu’on est égratigné. Mais, là, il n’y a personne pour talocher la fillette. Sauf que plus elle frotte, plus elle a envie de continuer malgré la douleur, et que ça va la rendre folle comme la Jeanne Paquet qui en a pleuré pendant des jours. Pour s’empêcher de poursuivre, Neineine prend sa coiffe, petite tache blanchâtre sur le coin du coffre à bagage. Elle la met et attache bien serré le cordon sous son menton.
Ensuite, elle essaie de retrouver le goût des pommes que la soeur Marie qui a hébergé les Filles du roi à Gaspé a donné à m’man. Des pommes. Alors qu’on est en juin ! Le Nouveau Monde est tellement abondant qu’il reste des fruits sur les claies acadiennes bien au-delà de l’hiver. M’man n’a pas pu mangé la sienne : ses dents branlent à cause du scorbut et elle ne veut pas avoir un trou dans son sourire. Elle a peur de ne pas trouver de mari. Elle dit qu’à cause de Neineine, il sera déjà assez dur comme ça de dégoter un fiancé. Pourtant, personne ne sait que Neineine est la fille de m’man.
Tout le monde croit que la jeune femme s’appelle Catherine Duval et que l’enfant est sa soeur. Mais m’man pense qu’une femme avec une soeur est quand même plus difficile à caser que si elle était seule. Et puis elle a très peur que Neineine vende la mèche. La fillette sait bien qu’elle n’ira jamais raconter qu’elles ont de faux papiers. Elle se remémore la vraie Catherine Duval : une grande jeune femme au regard bleu vif et au menton décidé. Son chaperon, une gouvernante bien en chair aux yeux rusés, l’accompagnait jusqu’à La Rochelle pour qu’elle aille chercher mari et terres à Québec. Les deux femmes attendaient l’embarquement à l’auberge de Madame Leveneur, maîtresse de m’man et Neineine. L’enfant a vite compris que quelque chose à propos de Catherine et du bel ouvrier cordonnier de la rue du Cuir rendait m’man à la fois fébrile et joyeuse. Puis elle a été mise dans la confidence : sa mère et elle émigreraient en Nouvelle-France, à la place de la Fille du roi. Les économies de m’man ont pu payé les papiers à Catherine. En revanche, le silence de la gouvernante était bien trop cher pour une fille d’auberge comme m’man. C’est madame Leveneur qui s’en est occupé, et aussi de faire rajouter Neineine sur les papiers comme soeur de Fille de roi par un officier du port. La maîtresse a répété plusieurs fois qu’elle faisait ça « pour l’avenir de la petite ». C’est donc aussi grâce à la fillette, que m’man n’est plus mère célibataire et a désormais quelques chances de trouver un mari. Bien sûr que Neineine ne racontera rien ! Sauf qu’elle a bien du mal à dire « Catherine » plutôt que « m’man ». C’est pourquoi elle évite de parler. Pas facile.
Mais elle peut chanter.
« À la claire fontaine, m’en allant promener », chuchote Neineine.
M’man ne bouge pas.
« J’ai trouvé l’eau si belle, que je m’y suis baigné », murmure plus fort l’enfant.
M’man pousse un grand soupir, grogne puis se retourne.
Ouf, elle ne s’est pas réveillée ! Elle aussi a souvent du mal à dormir depuis que la grande traversée est terminée. Du coup, elle s’énerve facilement et c’est Neineine qui prend.
N’empêche, ils deviennent étouffants tous ces gens qui dorment. La fillette a envie d’air frais. Elle a besoin d’air frais. Puisque le capitaine Pasquinet n’a pas fait fermer l’écoutille principale, les passagers peuvent monter sur le pont. M’man va crier si elle apprend que Neineine est allée dehors sans sa permission. Mais elle ne le saura peut-être pas, alors que si sa fille la réveille pour le lui demander, c’est sûr, elle criera et refusera sous prétexte qu’il pleut et que ça tangue un peu.
La gamine se lève. Elle décroche à tâtons sa cape de la patère qui lui est allouée. Dans l’épaisse pénombre qu’elle connaît par coeur, elle se faufile entre les tables de l’espace central laissées dressées pour la journée. Malgré le roulis, elle évite habilement les paillasses serrées l’une contre l’autre des passagers masculins, se glisse sous les hamacs des marins qui se balancent au-dessus. Elle atteint l’escalier et grimpe en se drapant dans son manteau.
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Message  Procuste Sam 13 Nov 2010 - 17:29

J'aime beaucoup que le texte n'idéalise pas l'époque, que la gamine soit couverte de vermine et que sa mère ait le scorbut ! Un début solide, qui pose tout de suite le décor et appelle une suite !

Je crois que c'est le premier texte de vous que je commente ; bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !

Quelques remarques :
« le goût des pommes que la sœur Marie qui a hébergé les Filles du roi à Gaspé » : je trouve lourde cette construction, avec deux relatives imbriquées
« M’man n’a pas pu manger la sienne »
« et que l’enfant est sa sœur »
« m’man pense qu’une femme avec une sœur est quand même plus difficile à caser »
« Les économies de m’man ont pu payer les papiers »
« faire rajouter Neineine sur les papiers comme sœur de Fille de roi »
« m’man n’est plus mère célibataire » : l’expression n’est-elle pas anachronique ?
« Dans l’épaisse pénombre qu’elle connaît par cœur »
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Message  Rebecca Sam 13 Nov 2010 - 17:36

Un récit intéressant et prenant. Une langue claire, fluide et agréable.
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Message  Ba Sam 13 Nov 2010 - 21:58

Il n'est pas évident de naviguer à l'ancienne, quel travail !
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Message  abstract Sam 13 Nov 2010 - 22:46

Le récit s’annonce intéressant, je ne suis pas une grande fan des récits historiques, mais j’en admire toujours la construction et la documentation.
J’ai deux remarques à faire
pourquoi ne pas avoir fourni la nouvelle dans son entièreté, est-elle en cours d’écriture ou est-ce par choix ?
J’ai trouvé le texte un peu trop dense dans la foule d’informations que le lecteur doit avaler directement. J’aimerais bien prendre un peu plus le temps d’entrer dans l’ambiance et de me créer mentalement le décor.

Si la suite vient, je la lirai avec plaisir.
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Message  elea Sam 13 Nov 2010 - 23:14

Un début qui installe bien le décor, l’ambiance, l’époque. Agréable à lire, coulant, invitation au voyage. J’attends la suite des aventures de Neineine même si la seule chose qui a gêné ma lecture est justement ce nom.

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Message  Marie-Catherine Dim 14 Nov 2010 - 9:13

Merci beaucoup de vos retours !
Je suis très contente... et soulagée de l'accueil que vous faites à Neineine. :-)

J'ai corrigé les fautes (dommage qu'on ne puisse pas éditer le texte).
Si d'autres qu'Elea n'apprécie pas le surnom "Neineine", je suis prête à le modifier. J'aimerais toutefois conserver un surnom très enfantin.

Je suis très contente que la réalité de l'époque transparaisse, du moins que l'histoire intègre ce qu'on peut imaginer à son propos. Effectivement, n'ayant au départ à mon actif que quelques lectures de fiction se déroulant au XVIIe, j'ai dû effectuer pas mal de recherches. D'adorables spécialistes des bateaux anciens m'ont ainsi énormément aidé en ce qui concerne La Constance. J'ai trouvé ce bateau, son capitaine, son arrivée à Québec le 10 juin 1667 avec des Filles du roi, dans une synthèse d'archives faite par des généalogistes québécois. Entrelacer la vraie Histoire à mon récit imaginaire m'a beaucoup fait battre le coeur (c'est ma première nouvelle historique).

Je suis très sensible à l'argument "infos trop denses". A l'origine ce texte était destiné à un éditeur québécois et donc à des lecteurs familiarisés avec l'Histoire de la Nouvelle-France : j'avais donc mis moins d'infos et escompté qu'il s'agirait plus de "rappels" que de nouveautés. Mais l'appel à texte a été annulé et j'ai essayé d'adapter la nouvelle à un public plus large. Peut-être pas assez ? Ou peut-être la suite étant moins dense atténue-t-elle/fait-elle oublier cette impression d'en prendre plein la tête ? Je suppose que je vais couper la poire en deux : délayer mais moins que s'il ne s'agissait pas de la scène introductive. Je réfléchis et suis preneuse de tout commentaire à ce sujet.

Le 1er jet de cette nouvelle est terminé et le re-travail est en cours. J'en suis à avoir besoin de regards extérieurs pour la finalisation.
Si je ne la publie pas ici en entier, c'est pour deux raisons : un texte de 35 000 signes (15 pages) peut faire fuir beaucoup de lecteurs et comme c'est surtout la première scène qui me pose problème j'ai préféré ne mettre que celle-ci.
De plus ce forum est public et le texte destiné à l'édition. Certes je ne sais plus pour l'instant où le présenter mais je veux conserver le fait qu'il soit "inédit".
En revanche, si quelqu'un d'entre vous a l'envie et le courage de faire un retour sur l'histoire complète, qu'il me donne son e-mail par mp, je lui enverrai le fichier.

Mais je peux tout de même vous proposer la suite et la fin de la première partie :





Arrivée en Nouvelle-France (suite et fin de la 1ère partie)


Dehors, le vent charrie des odeurs délicieuses. Dehors, il n’y a pas de seaux emplis de diarrhée, pas de cochons, pas de moutons, pas de gens qui dorment. Dehors, on n’étouffe pas. En plus, il ne pleut presque plus.
Les marins sont tous très occupés avec les voiles et les cordes. Seul, Bertrand, le quartier-maître, fait les gros yeux à la fillette depuis le château arrière. Il désigne l’écoutille d’un doigt impératif. Il se détourne aussitôt, certainement appelé par le barreur qu’elle ne voit pas de là où elle se trouve.
Neineine hésite à obéir. Finalement elle hausse les épaules : si Bertand la dénonce, elle aura droit à autant de taloches que si elle se promène un peu avant de redescendre. Autant profiter de l’occasion pour explorer le château avant sur lequel seuls les passagers masculins ont le droit d’aller. C’est interdit aux femmes à cause de la fameuse poulaine dont les hommes parlent quelquefois avec un gros rire dans la voix. Rien de tel pour susciter la curiosité de la fillette. Surtout, Neineine désire se rendre à la proue pour réaliser une promesse qu’elle pensait ne pas pouvoir tenir. Elle veut remercier de vive voix Sainte Constance qui a sauvé le navire des colères de la mer durant toute la grande traversée. L’enfant est persuadée que la figure de proue, malgré sa poitrine à l’air, est une statue de la patronne du bateau. Elle l’a priée avec ferveur bien des fois. Mais elle n’a pu l’admirer que de la chaloupe d’embarquement et pas de suffisamment près à son goût.
Sauvagesse en bas de laine, ombre parmi les ombres, en deux bonds elle atteint l’escalier qui monte sur le château avant. Agile comme un matelot, elle escalade les marches raides puis court, pliée en deux, se réfugier dans l’ombre de la rambarde du navire. Il lui suffit de baisser la tête pour ne pas dépasser le garde-corps. Elle le longe en se faufilant sous les gueules de bronze des canons qui surveillent bâbord avant.
La voilà arrivée au bord de la façade du château. Elle surplombe d’une bonne toise l’ultime encorbellement de La Constance, son bec d’oiseau trois-mâts, la « guibre » dit l’équipage. Chance ! le mât de beaupré qui s’élance de la proue est désert : aucun marin ne s’occupe de ses voiles. Neineine baisse les yeux et découvre la poulaine.
Elle rit. C’est tout bêtement un siège percé, une latrine ! Ça doit faire un drôle d’effet de se soulager à ciel ouvert, devant tous ceux qui passent. La gamine glousse encore.
Elle descend dans la guibre par l’échelle de cordes et de planches prévue à cet effet.
Elle s’estime enfin à l’abri des regards et prend son temps pour admirer le paysage par-dessus la rambarde. Tel un cygne qui se hâte, La Constance fend les flots. Alternativement, son bec et Neineine chutent vivement vers le ciel puis plongent à toute allure vers le fleuve-mer. L’enfant adore. Elle ferme les yeux pour mieux profiter de la grande balançoire et du vent pluvieux qui fouette sans faire mal son visage.
Quand elle les rouvre, son regard tombe sur la barre de falaises sombres et embrumées de la côte. Brusquement, la perspective change et Neineine se rend compte qu’il ne s’agit pas de lointaines murailles. Elle sait pourtant que le bateau remonte le Saint-Laurent depuis plusieurs jours mais, jusqu’à présent, elle n’a pas vu de différences entre le fleuve et la mer, si ce n’est des vagues plus courtes et une côte à l’horizon. Mais là, entre les voiles de brouillard et de pluie, elle reconnaît des bois. Elle distingue des éperons rocheux, des plages de galets, des criques. La rive est à moins de trois cents toises.
Un mouvement sur l’eau, proche de la terre et en arrière de La Constance, attire son attention. Un canot de Sauvage ! Il y a le même sur une gravure à l’auberge de Madame Leveneur. Deux silhouettes sont à bord. Celle de l’avant agite les bras pour dire bonjour. Le cœur de Neineine en est tout emballé. Elle ne pense même pas à retourner le salut. La petite embarcation disparaît derrière une avancée rocheuse.
La fillette est toute excitée. Elle a vu des Indiens, elle a vu des Indiens ! En plus, il s’agit de gentils Sauvages puisqu’ils lui ont souhaité la bienvenue, de ceux qu’elle veut rencontrer pour apprendre à trapper le castor et devenir riche ! Ne dit-on pas qu’en Nouvelle-France, les femmes sont si peu nombreuses que les hommes savent effectuer toutes les tâches féminines ? Il serait donc normal que, à leur tour, les femmes de Nouvelle-France fassent tout ce que font les hommes, non ?
Neineine rêve en aspirant à plein poumons le parfum des épinettes.
La pluie qui s’accentue finit par la décrocher de l’agréable songe.
Il est temps de saluer la Dame.
Pour voir la figure de proue, il faut se mettre sur le côté et se pencher par-dessus bord. Neineine est trop petite pour ça. Elle hésite à se hisser sur la rambarde : elle est mouillée et ça bouge beaucoup tout de même. Il lui vient une idée moins dangereuse.
L’enfant grimpe sur le siège de la poulaine. Elle campe ses pieds de part et d’autre du trou d’évacuation. Les planches, polies par l’usage, sont assez glissantes, mais elle agrippe bien le garde-corps qui sert de dossier.
La petite fille se penche hors du bateau. Les boucles de bois doré, l’oreille et la douce joue blanches de Sainte Constance apparaissent. À portée de caresse. Neineine tend la main, avance un peu plus son buste pour voir aussi l’œil tendre et le demi-sourire mystérieux.
Les voiles du beaupré faseyent brutalement, La Constance sursaute et prend la vague à mi-travers. Le barreur vient de rectifier un peu le cap.
Mais Neineine est tombée à l’eau. Et elle ne sait pas nager.
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Message  Procuste Dim 14 Nov 2010 - 10:45

Oui, vraiment vous tenez quelque chose ! J'aime beaucoup votre écriture claire, expressive sans chichi.

Une remarque :
« Tel un cygne qui se hâte » : je trouve ce bout de phrase un peu lourd, la relative ne me paraît pas utile ici
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Message  Invité Dim 14 Nov 2010 - 23:39

Je viens de lire votre premier texte, je lirai la suite une autre fois parce que ça m'a beaucoup plu. L'ambiance est très bien plantée, historiquement ça tient tout à fait la route. Au fait, le surnom "Neinenne" moi j'aime beaucoup, parce que ça fait très vieille France, et notamment Ouest de la France (on imagine des diphtongues en le prononçant). Sinon, beaucoup apprécié les détails tels les cochons, le scorbut, qui sont énoncés sans pathos, comme quelque chose de naturel. Le passage aussi de la chanson, qui donne du rythme et du réalisme à la scène, quasiment cinématographique. Quant au style, il passe tout seul, simple mais efficace.

Un détail toutefois, et aussi une question :

-Le détail : je me demande si vous ne pourriez pas supprimer plusieurs "Neinenne" et "m'man", je trouve que ça fait beaucoup de répétitions (en fait, c'est peut-être aussi une basse vengeance, puisque je poste ici un roman historique où m'a dit que j'abusais de la répétition du prénom de mon personnage principal. ^^)

-La question : le court texte en italique, au tout début, fait partie de la nouvelle ou c'est pour nous situer ?

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Message  Marie-Catherine Lun 15 Nov 2010 - 5:12

Je suis toute contente de vos réactions. Merci, merci.

Le cygne a de grandes chances de ne plus se hâter. Dommage pour le mouvement du cou, mais vrai que la tournure est un peu "too much".

Je vais voir à (encore) retirer quelques "Neineine" et "m'man" (la prochaine fois, je prends un fils et sa mère, comme ça il y aura "il" et "elle" pour les différencier. ;-) ). Et pour l'instant, je continue de garder "Neineine" comme surnom (2 voix pour, 1 voix contre :-)) même si je continue aussi de chercher autre chose (Madelon, Louison, Jehannette ne sonnent pas assez "enfantin", "Mado", "Loulou" font trop actuels selon moi et je suppose que "Nénette" est du même ordre que "Neineine".).

Oui, le texte en italique au tout début fait partie du texte et est là pour donner l'année, situer Tadoussac relativement à Québec ainsi que pour définir "Fille de roi" (par chez moi, à la Réunion, les "Filles de roi" ont une forte connotation de repris de justice qui avaient le choix entre la prison et la colonisation. Mais ce n'était pas du tout le cas pour celles de la Nouvelle-France). Si cet "incipit" ne plaît pas à un éventuel anthologiste, il ne sera pas difficile de le couper.
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Message  Reginelle Mar 16 Nov 2010 - 11:11

Oui, l'histoire tient bien la route (ou la mer)
J'aime beaucoup. Moins aussi Neineine mais je crois qu'on pourra s'y faire (rires)

Juste un petit point de détail : (si cela peut vous être utile)

Les marins sont tous très occupés avec les voiles et les cordes. : Sauf erreur de ma part, (et merci si un spécialiste passe par ici) il me semble que, dans la marine, on utilise essentiellement le mot cordages. Pour ce qui est de "corde", il parait que ce terme n'est utilisé que pour désigner "la corde de la cloche". Tout le reste est "cordages" (et pour chaque "bout", un nom bien spécifique : écoute, drisse, etc.) Maintenant on peut considérer que c'est l'enfant qui pense, qui décrit. Et que, même après une longue traversée, elle persiste à employer ce terme de "terrien".

J'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture, facile, fluide. Tout s'enchaîne bien.

Et maintenant... Neineine ? Elle s'en sort comment ? Emportée par le courant vers la berge du fleuve ? Repéchée par les "sauvages" ?

Oui : je suis curieuse !

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Message  Reginelle Mar 16 Nov 2010 - 11:13

au fait... tu/vous, c'est pareil (lol)
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Message  elea Mar 16 Nov 2010 - 18:58

Nénette ou Neineine, effectivement c’est pareil pour moi, c’est la répétition de la syllabe que je n’aime pas, la trouvant puérile et infantilisante mais c’est très personnel et n’enlève rien à la qualité du texte. Le style est toujours aussi agréable, une toute petite remarque sur le vocabulaire "voilier ou bateau", foisonnant, difficile de faire autrement je pense mais c’est peut-être un peu pointu pour les béotiens comme moi.
La suite promettait de me plaire avec cet "homme à la mer", dommage.

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Message  grieg Mer 17 Nov 2010 - 8:39

Le roman historique ne m’a jamais vraiment intéressé parce que je n’ai pas rencontré d’ouvrage qui transgresse les règles du genre et s’aventure au-delà de l’histoire (avec grand et petit h), pour faire de la littérature.
Ta nouvelle est dans la lignée. C’est bien fait, bien conté, intéressant. Je pourrais passer quelques temps avec neineine sans m’ennuyer, mais sans vraiment vibrer non plus.
Cependant, j'admets que tu sais conter, et bien.

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Message  eva1609 Jeu 18 Nov 2010 - 1:42

Je dois avouer que le titre ne m'avait pas attirée car je n'ai pas vraiment de goût pour les romans historiques (à tort, je le concède). Mais votre récit est vivant, et j'oserais même dire moderne dans sa narration, bien que l'époque soit très bien posée. C'est très encourageant pour la suite !
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Message  Jano Jeu 18 Nov 2010 - 9:40

On sent qu'il y a un souci d'authenticité historique qui rend le texte intéressant, voire instructif. Vous avez dû faire des recherches en amont.
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Message  Invité Sam 20 Nov 2010 - 10:07

Lu le texte d'après.

C'est très vivant, le style est agréable, certains détails font sourire, j'imagine que d'autres seront plus grinçants, donc le ton est parfait.

Par contre, il y a une chose qui m'a un peu dérangé : c'est, de temps en temps, un style un peu "enfantin" qui pourrait se comprendre puisqu'il retranscrit les pensée de la gamine, mais qui contraste avec le style du narrateur, plus recherché. Surtout au début du récit d'ailleurs

Exemples :

En plus, il ne pleut presque plus.
Les marins sont tous très occupés (...).
Bertrand, fait les gros yeux.

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Message  Marie-Catherine Sam 20 Nov 2010 - 10:49

Merci d'avoir lu, Jano !

Contente que ça continue de te plaire Vincent !

Je suis très sensible à ton com' car mon premier lecteur m'a déjà fait remarquer ce changement de style et la version présente est censée en avoir tenu compte (par contre mon choix est plutôt d'accentuer la facette "enfant" du point de vue et non la facette "omnisciente"). Pas assez je vois.
Je retrousse mes manches et je m'y remets. Merci de ton aide.
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Message  batardesques Sam 20 Nov 2010 - 11:51

Texte très agréable à lire, bien écrit. J'ai bien aimé.
Continue comme ça, je te relierai

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Message  Invité Dim 21 Nov 2010 - 22:34

Je n'en suis pas encore à la reliure, mais j'aime cette (apparente) facilité dans l'écriture qui crée une proximité immédiate...
Cela dit, je ne raffole pas des romans historiques parce que trop souvent l'aspect historique n'est que matériel : jamais je n'ai lu un roman historique où la façon de penser des personnages m'aurait apporté une surprise, quelque chose comme un exotisme (temporel et non plus géographique)
C'est également le reproche que je fais à la science fiction: pas la peine d'inventer des distances faramineuses, si c'est pour s'étriper pour les mêmes raisons qu'ici maintenant !

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