Sur les routes grises

[Allover]

Sur une route grise,
Où vont des tombeaux roulants,
J’eus la joie exquise,
De vous voir vêtue de blanc.

Au gré d’une brise,
Votre chevelure tissant
Les lueurs d’une lune grise
Aux reflets d’argent,

Vous vous êtes assise
Près de ma vie s’effilochant,
Vos mains indécises
Et votre regard caressant

Firent, de mes jours
S’assombrissant,
Une flambée d’amour
S’évanouissant.

Sur cette route grise, où je pris mon élan,
Vous voici conquise un temps,
Indécise, en contemplant
Ma chemise rougissant.

Et, par l’entremise
D’un suave onguent,
Vous prîtes à votre guise
Mon sang.

Sur un doute, une méprise,
Mes bras ballants,
Vous vîtes comme acquise
Ma vie s’en allant.

Vous et votre complice,
Votre amant,
Me servirent vos délices,
Cytise et chiendent.

Lui me vit mourant,
Et vous me crûtes soupirant,
La nuit concourant
A l’assise de votre bilan.


Sur les routes grises
Vont des tombeaux roulants,
J’y fis la sottise
De dormir un instant.

[Marvejols]

Aime bien. Demi-rêve d'amour pour une infirmière aux beaux cheveux et doux sourire lors d'une prise de sang sur une aire de repos? Ou je n'y suis pas du tout ?

En tout cas je reste charmé par le doux mystère.

Seuls un peu obscurs les vers
"La nuit concourant
A l’assise de votre bilan. " même en essayant un sens coquin à l'assise.

Marvejols

[eva1609]

J'ai beaucoup aimé. Je n'y voyais pas une infirmière, mais une incarnation féminine de la Mort, je dois m'égarer... Juste une petite gêne au niveau de l'imparfait du subjonctif employé deux fois dans une même strophe. Un thème original, et bien troussé.

[Marvejols]

Prîtes, vîtes et crûtes sont de simples prétérits juste un peu compliqués. Si cela peut ôter votre gêne...

amicalement,

Marvejols

[Procuste]

J'aime bien, y compris les ruptures de rythme qui apportent un flottement agréable au poème, mais aurais préféré, je crois, un texte un peu plus court vu la simplicité du thème (rien de péjoratif en soi dans le terme "simplicité", au contraire ! Mais là, prévoyant plus ou moins l'histoire, j'avoue que j'ai d'abord survolé la fin du texte : l'expression plaisante mais un peu languissante n'a pas retenu ma lecture jusqu'au bout la première fois, j'ai dû y revenir).

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