Voyageurs

[Calvin]

Les
Bateaux sont
Des prisons aux
Dent serrés

Leurs pieds sont des lèvres

Tantôt morsures tantôt baisers
mais mon torse que marque une colombe
me fait léger.
Sous la peau des nuits
Un mot m'allonge le long des morts

Chaque pas sur la Terre est ainsi.

Les
Pyramides s'effondrent
et comptent leurs pas :
dansez
Sous le sphinx au nez de lune
Qu'un œil allume
Comme un diamant
Sur l'hémisphère

Leur cendres amères
Tapissent nos lèvres.

Je file tes dents
Comme un collier à donner aux morts
Je l'accroche sur une église vide un toit gris
Une ardoise ou une cloche
Pour que tintent tous les rires

Je vis

Mes bras s'étendent.

La géographie de mon corps n'est plus à lire
Ni a apprendre.
J'ai vendu tous les corps
Et les bijoux
Comme une obole

(Nous avons des dettes à la pauvreté)

Mes doigts sur tes lèvres
Connaissent ce sol.

Brille !

Quand j'ouvre tes mains
L'or brûle en elle comme un soleil
Qui ne devait pas être là.
Quand je les ouvre, tout bas
Bustes de bronze et statues s'entrouvrent.
Dedans, le laurier et le
lilas.

Je regarde mes mains
des tombes.
Aux cadavres qui cliquètent.
Chargées de boue
A laquelle tu fais corps
Car tu es boue
Qui devient or
Qui devient or

Entre mes doigts
.

[Procuste]

J'aime beaucoup
"Les
Bateaux sont
Des prisons aux
Dent serrées"
et
"J'ai vendu tous les corps
Et les bijoux
Comme une obole

(Nous avons des dettes à la pauvreté)

Mes doigts sur tes lèvres
Connaissent ce sol."
et
"Je regarde mes mains
des tombes.
Aux cadavres qui cliquètent.
Chargées de boue
A laquelle tu fais corps
Car tu es boue
Qui devient or
Qui devient or

Entre mes doigts"
Le reste m'a paru bavard, inutilement verbeux.

(On a retrouvé dans des fragments de Baudelaire le vers "Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or." Y avez-vous pensé en écrivant ?)

[Lifewithwords]

J'ai bien aimé ce poème, au fond intéressant.

Au niveau de la forme, je trouve le rythme bon, sauf pour ces strophes :

"Les
Bateaux sont
Des prisons aux
Dent serrés"

=> j'aurais fait :
"les bateaux sont
des prisons
aux dents serrées"

"Les
Pyramides s'effondrent
et comptent leurs pas :"

j'aurais raccroché le "les" aux wagons suivants.

Voilà, sinon, lecture plaisante !

[Calvin]

Je suis d'accord sur le côté largement perfectible de l'ensemble. J'essaie des trucs.
Pour Baudelaire, oui, ça vient de là.

[Invité]

J'aime beaucoup à partir de "brille", parce qu'à partir de là, ça a une belle unité, une thématique. En lisant les commentaires, j'ai compris d'où ça venait, la boue et l'or, et je trouve que ce fil conducteur est vraiment bon et bien mené.

Avant, j'ai bien aimé certaines images (les pieds des bateaux, désolé mais je pense trop à "maman les p'tits bateaux", je sais c'est idiot, mais je ne peux pas m'en empêcher, et je crois que je ne serai pas le seul), mais je me suis demandé où ça allait.

[Calvin]

Merci à ceux qui ont commenté. Ci-dessous, une deuxième version, vous pouvez éventuellement m'indiquer celle que vous préférez.


Les
Pyramides s'effondrent
et comptent leurs pas :
dansez
Sous le sphinx au nez de lune
Qu'un œil allume
Comme un diamant

Leur cendres amères des hémisphères
Tapissent nos lèvres.
Je file tes dents
Comme un collier à donner aux morts
Je l'accroche sur une église vide un toit gris
Un ciel d'ardoise ou une cloche
Pour que tintent tous les rires

Je vis

Mes bras s'étendent.

La géographie de mon corps n'est plus à lire
Ni à apprendre.
J'ai vendu tous les corps
Et les bijoux
Comme une obole

(Nous avons des dettes à la pauvreté)

Mes doigts sur tes lèvres
Connaissent ce sol.

Brille !

Quand j'ouvre tes mains
L'or brûle en elle comme un soleil qui ne devrait pas
éclore. Quand je les ouvre, tout bas
Bustes de bronze et statues s'émeuvent.
Dedans, le laurier et le
lilas.

Mon sang bouillonne quand les astres se meuvent
j'y fais une croix.
Mes bras s'étendent
Ma voix comporte
Un message que nul ne peut comprendre
Derrière eux
Je vais
Franchir les portes et les marais
trainer mes yeux sans langage

[Invité]

La première version sans hésiter, parce que plus spontanée il me semble, moins visiblement "travaillée". Et puis s'émeuvent/meuvent, bof... De toute façon j'aimais bien cette transmutation de la boue en or, fût-elle inspirée de Baudelaire.
Maintenant, pour nuancer mon propos, disons que je préfère que l'on démarre d'entrée avec les Pyramides, ce qui précède dans la première version me paraissant superflu.
Et pour finir, j'adore, vraiment j'adore le collier de dents sonore.

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