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La la la la la la la

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Procuste
Calvin
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Message  Calvin Mar 30 Nov 2010 - 13:58

J'ai besoin d'être ivre pour me sentir chez moi. Allons, messieurs, ce n'est pas moi, je vous l'ai déjà dit, allons messieurs, ce n'est pas moi, c'est vous. C'est vous, c'est vous. Vous vous vous. Vous vous dispersez en suivant les quatre directions de l'espace. Vous conversez avec les marais ou les dés à coudre. Vous vous sentez seuls, vous pensez à ces amours qu'on vous a spoliés, ces espoirs mutualisés, ces lèvres rompues, aux mollets qui tiedissent sous l'air bleu du soir. La carte où vous vous tenez se confond avec l'ombre de vous-même, ces bougies chinoises qu'un enfant a perdu sur la chevelure d'un parc, les entendez-vous diaprer les lucioles ? Il nous faut tous un manteau pour la nuit. Tous. Toi aussi, connard. On m'a menti, on m'a menti. Sort le couteau de ton sac et n'arrange rien : c'est là où commencent les épines.
Au reste suivant les yeux des sphinx vous vous êtes perdus dans quelque falaise que votre désir cul-de-jatte prolonge. Ah comme ils sont doux ces gouffres, quand on marche le long de leur lèvres, avec l'air imbécile des crabes du désenchantement, comme ils sont doux. Je n'attends plus de rien ni de nul part. Je n'attends au reste. Rien. Voilà. Dites-le encore. Dites à maman que je l'embrasse.

Maman, maman. Il règne une odeur de merde ici. Où m'as-tu mené ? Je ne sais plus. J'ai suivi ton conseil, j'ai tout quitté. J'ai rien choisi. Aux flammes. Aux grands vents. Ils m'ont peigné les cheveux avec leurs mains putrides. Des vers volants, voilà. Faut-il dire les choses. Des vers. Ah comme j'aimerais qu'on embrasse mon corps de papier jauni. Qu'on change mon coeur cette lanterne. Mais fais attention à toi, on m'a dit, fais attention, mon coeur trébuche souvent sur les rosiers, fais attention, les ronces ont des faims plein la bouche, ça vous rempli un homme, ne suit que le vol des cygnes, je suis comme eux, jusqu'à tes lèvres, il y a les arbres il y a leur troncs, fais attention.
Oh, Lou, tu me fais vibrer. Comme je voulais te l'entendre dire, Bobby. Je t'aime, Lou. Je t'aime aussi, Bobby. En voiture.

Un enfant va naître. Aimons-le, Lou. Oui, Bobby, aimons-le. Je vous aimerais tous les deux, Lou, je vous aimerais, je marcherais longtemps longtemps sur le ciel ça fera de petits plis et je le mettrais dans ma bouche Lou, comme une obole à l'enfance, comme un prince pour payer le temps perdu, comme Marcel, le temps perdu, le temps perdu, j'en ai plein les poches moi je suis très pauvre. J'éviterais les marécages, tu sais, ils mordent. J'éviterais. Au reste. J'éviterais. Ah embrasse-moi et n'en parlons plus, idiote.
Bobby.
Oui, Lou ?
J'ai peur.
Moi aussi, Lou, j'ai peur, j'ai peur. Je ne voudrais pas buter contre les parois de ma coquille. Pas maintenant. C'est trop tôt putain c'est trop tôt. J'ai pris de l'ivresse, ça donne plus d'élan, j'ai pris de l'ivresse, plein les poches. Arrête, Bobby... Tu me fais peur merde il y a des, il y a des pièges tu sais, il y a des... je... merde.
Lou regarde. Connasse. Regarde dans. Regarde dans mes. Regarde dans mes. Encore. Plus profond.
Lou regarde dans mes yeux sans langage.

"Bobby. Bobby... Je t'aime. Embrasse moi en me caressant. J'ai envie d'être au chaud contre toi."

Menteuse.
Regarde regarde je suis un clown regarde regarde je suis un je suis un je suis un clown et je danse et je danse je fais la sarabande je peux valser aussi mes pieds sont tous bleus ils se perdent dans des flaques mes pieds sont tous bleus mes pieds sont deux rires et derrière le public applaudit à tout rompre.

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Message  Procuste Mar 30 Nov 2010 - 14:28

Une belle énergie, pour sûr ! De la vigueur, une ambiance prenante, une force poétique... Un peu décousu à mon goût, cela dit.

Mes remarques :
« vous pensez à ces amours dont on vous a spolié (et non « spoliés », le verbe étant transitif indirect) »
« ces bougies chinoises qu'un enfant a perdues (les bougies) »
« Sors le couteau de ton sac »
« Je n'attends plus de rien ni de nulle part »
« Qu'on change mon cœur cette lanterne »
« mon cœur trébuche souvent sur les rosiers » : attention, je trouve l’image au bord du burlesque, avec ce cœur qui trébuche en laissant son aorte traîner derrière lui…
« ça vous remplit un homme, ne suis que le vol des cygnes »
« Je vous aimerai (et non « aimerais », le futur s’impose ici et non le conditionnel) tous les deux, Lou, je vous aimerai (et non « aimerais », le futur s’impose ici et non le conditionnel), je marcherai (et non « marcherais », le futur s’impose ici et non le conditionnel) longtemps longtemps sur le ciel ça fera de petits plis et je le mettrai (et non « mettrais », le futur s’impose ici et non le conditionnel) dans ma bouche Lou, comme une obole à l'enfance, comme un prince pour payer le temps perdu, comme Marcel, le temps perdu, le temps perdu, j'en ai plein les poches moi je suis très pauvre. J'éviterai (le conditionnel « J’éviterais » serait possible ici, avec une nuance de sens, mais le futur me paraît davantage dans le fil du texte) les marécages, tu sais, ils mordent. J'éviterai (le conditionnel « J’éviterais » serait possible ici, avec une nuance de sens, mais le futur me paraît davantage dans le fil du texte). Au reste. J'éviterai (le conditionnel « J’éviterais » serait possible ici, avec une nuance de sens, mais le futur me paraît davantage dans le fil du texte) »
« Embrasse-moi (trait d’union) en me caressant »
« mes pieds sont tous bleus ils se perdent dans des flaques mes pieds sont tous bleus » : ils sont tout bleus, les pieds (complètement bleus), ou tous bleus (bleus tous les deux) ?
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Message  Invité Mar 30 Nov 2010 - 18:18

Quelque chose de tourbillonnant, comme l'énergie du désespoir, surtout vers la fin. Je ne sais pas, ça me fait penser à d'anciens films comme La Strada, avec des personnages fragiles et attendrissants. Une drôle d'impression. J'aime ceci, notamment : fais attention, les ronces ont des faims plein la bouche

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Message  elea Mar 30 Nov 2010 - 21:35

Un concentré de vie, d’émotions, de rythme éperdu, de sentiments. C’est un texte tourbillon qui emporte dans son sillon, un mélange de tripes et de poésie. C'est fort et le fait que ça parte un peu dans tous les sens accentue cette force.
L'équilibre est fragile je pense entre le brut et le sens, mais il est préservé ici pour moi. J'aime bien les textes qui me provoquent des émotions, merci.

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Message  Aire__Azul Mar 30 Nov 2010 - 22:29

Une bien étrange ivresse, en vérité. Un tourbillon de voix qui ne veulent, ne peuvent se taire. Beaucoup de désespoirs qui éclosent et retombent. Parfois, j'ai été un peu perdue. Mais c'est parfois bon de se perdre un peu.
Merci.
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Message  Mano Jeu 2 Déc 2010 - 9:57

"Marcel, le temps perdu, le temps perdu, j'en ai plein les poches moi je suis très pauvre."

Celle là est tellement référentielle que ça ma éjecté du texte à grands coups de pompes.
Dommage, j'étais bien parti dans l'impro.

Que l'on coupe la tête à Marcel !

Et comme dis Le chanteur de country:

If you got the money, honey,
I got the time...

"Si tu as l'argent, chéri,
J'ai le temps..."
(pour ceux que l'anglais irrite).
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Message  Calvin Lun 6 Déc 2010 - 15:04

Ça y est, nous pouvons quitter les villes, les villes emplissent ma bouche, mon corps, les villes me piétinent, les passants me sont néfastes, leurs talons me broient le cœur en un murmure infidèle. Ça y est, je quitte les villes, je pars loin d’ici. Loin. D’ici. Qu’importe où je vais, si ce n’est là. Car je voudrais bien qu’on m’oublie, enfin, et partir je ne sais où, une destination propice aux longs étirements du rêve. Je ne sais pas ce que je veux, ni ce que je suis, je sais simplement que je ne suis pas comme vous, hommes, mais qu’avez-vous enfin, à sourire béatement, à écarter les soucis d’un revers de main, comme on a une toux, à nier les ombres du dépérir ? Étranges créatures, alors vos pieds sont d’oubli.

Il me semble que l’on se tue comme on rêve. Quels sont ces rois orgueilleux, dont la main ferme administre mes pensée, ces rois qu’un rien énerve, dont l’humeur se fait aussi changeante que le vent, inlassablement insatisfaits, toujours déçus ? Ces monarques fébriles, dont la poigne gantée d’hermine, laisse entrevoir sous l’or les parures de vraie boue. Il me semble, je dis bien : il me semble, que l’on se tue comme on rêve. Car enfin, ils viennent d’ici. Ils pourraient venir d’ailleurs, ça n’aurait aucune d’importance. Nous sommes nombreux, là bas, a vouloir mourir, plus que vous ne croyez sans doute. Nous sommes nombreux, et nous rêvons. A l’heure où vous dormez, tranquilles, nous nous peignons des couleuvres le long du corps, pour sentir l’illusion d’une présence somnifère. Il y a de la pisse chaude sur notre nuque, nous prenons l’habitude de nous repaitre de nos déjections, défections, paroles, promesses, crachats, toutes les baves et rejets d’un corps possible. Oui, nous aimons la merde : nous le proclamons. Il me semble que l'on se tue comme on rêve ; il règne dans mon corps une puissance de songe.

Car enfin, on pourrait fermer les yeux, et pleurer, ou les ouvrir, et embrasser, et tous les degrés annexes, rire, jouir, penser, hurler, qu’est ce qu’un cri s’il n’est pas chant de loup ? Nous marchions sur un fil tendu, sur un nerf électrique, et nos corps malhabiles trébuchaient contre l’ombre. Nous n’avions plus faim, nous ne mangions plus. Quoi de plus nourrissant que le dégout de soi-même ? Nous n’avions pas vingt ans, nous étions déjà repus.

Oui, nous sommes encore loin du compte. Joignez vous à nous, tant qu’il est l’heure, et que le lierre épouse l’aiguille où sur le cadran de l’horloge se fond et défont les nids de moineaux. Au temps où l’été achève de défaire ses robes, et que ses voiles tombent sur les plaines en un murmure d’incendie, nous tordons la paille sèche sous nos doigts comme un regret que nous gardons de l’hiver. Ce regret, nous ne l’avourons pas. Car on a qu’une vie, on a donc qu’une mort, il ne faut pas la gâcher. Alors on la repousse, plus loin, toujours plus loin, cette mort que rien ne peut fixer, cette volonté que rien ne décide, mais que rien ne peut corrompre, tant est si bien qu’elle afflue à nos yeux et nous compose un regard si franc qu’il en devient vulgaire, puisque nous bandons pour l’horizon. O vieux soir, désirs tombés, comme une figure de proue, tu es l’instant où nos pensées se ramènent. Tout est si idiot dans l’obscurité que ta seule vision nous décide. Taisons-nous, taisons-nous : ne goutons plus qu’un breuvage qui emporte la bouche en un charmant goût de mort.

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Message  Procuste Lun 6 Déc 2010 - 15:35

Le dernier paragraphe me paraît un ton en-dessous, je serais bien en peine de dire pourquoi... Ceci, peut-être, trop facile à mon goût et qui contamine le reste :
"Car on a qu’une vie, on a donc qu’une mort, il ne faut pas la gâcher"
Et puis "ne goutons plus qu’un breuvage qui emporte la bouche en un charmant goût de mort" : goûter le goût, mouais.

Le reste, impec pour moi !

Mes remarques :
« Joignez-vous (trait d’union) à nous, tant qu’il est l’heure »
« sur le cadran de l’horloge se font et défont les nids de moineaux »
« Ce regret, nous ne l’avouerons pas »
« tant et (et non « est ») si bien qu’elle afflue à nos yeux »
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Message  Sahkti Ven 24 Déc 2010 - 15:56

La première partie me semble plus vivante, plus déchirée, plus désespérée aussi que cette suite qui lui est apportée et s'apparente davantage à un monologue contemplatif, avec recul, qu'à un véritable cri de douleur comme on peut le ressentir dans la frénésie du premier texte.
Il n'est pas impossible que l'un suive l'autre, bien sûr, mais entre les deux, j'aime à croire qu'il s'est produit quelque chose qui ne nous est pas conté et qui justifie cette distance éprouvée. Et ça me plaît ça, inventer justement la partie manquante sans rien en dire.
J'ai aimé cette approche, cette proximité marquée toutefois de distance pour mettre à nu un tourbillon d'émotion et d'errance. Les répétitions et retours en arrière apportent beaucoup de corps à ce désespoir et humanisent énormément la narration.
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