Tranches de Vie

[Reveuse de lune]

Paris, Il est 23 h 30
Le 27 Novembre 2010
C’est l’automne, pourtant déjà il neige et il fait froid.
Sarah, une jolie fille un peu paumée se promène dans son appartement. Un mausolée à souvenirs, ce deux pièces sordide. Bref, Sarah, fait, comme toutes les nuits et celles d’après, une insomnie. Elle regarde, par la fenêtre de sa chambre, les publicités qui défilent sous le néon en bas de sa rue. Toy’rus et compagnie….
Elle pense que les enfants de Mme DUVIVIER doivent attendre le père noël avec impatience, les sourires seront de la fête, moment béni.
Elle aimerait, un jour, avoir des marmots, bien à elle, des qu’on embrasse tout l’temps, pour donner ce qu’elle n’a pas reçu. Sa mère à elle les a tous retenus, les baisers.
Et Sarah se prends à rêver : un jour, je vais quitter ce clapier, je vais cesser d’être une funambule sur le fil de ma vie, toujours là à perdre l’équilibre. Un jour, moi aussi je vais aimer…
En attendant, Sarah tourne en rond et elle n’en peut plus. Et puis, sans réfléchir, elle enfile son manteau, mets son bonnet frugien sur la tête et quitte son appartement… Elle va faire un tour dehors…prendre le métro peut-être…et suivre son intuition.

Argenteuil, près de Paris, Il est 23 h 45
Le 27 Novembre 2010
Didier, jeune chien fou est au volant de sa Mégane tout confort. Il grille sa cigarette, sa drogue à haute tension. Sur la route, un brouillard à couper au couteau l’empêche d’aller vite, un sacrilège, lui qui aime la vitesse par-dessus tout.
Sa sœur adorée lui a encore dit tout à l’heure « Dédé, arrêtes de jouer avec la mort, elle va te tuer ».
Foutaise…Didier s’en fout, il aime la vitesse, un point c’est tout.
Ce soir, il a mis son plus beau pantalon, une belle chemise rose pale et une veste noire satinée.
Il sait qu’il n’a pas un physique avantageux alors faut compenser.
Ce soir, Didier rejoint des amis au Phoenix, boîte parisienne très à la mode en ce moment.
Il est heureux. La soirée va être du tonnerre, ça va péter des flammes. Comme dans la chanson de Johnny, son idole. Et puis, c’est l’occasion pour lui de quitter sa vie un peu monastique, dans sa banlieue blafarde.
Le voilà qui arrive lentement devant la boîte, se gare et sort de sa voiture.

Ce soir, Sarah et Didier vont se rencontrer, sous les lumières du Phoenix, quelque part dans Paris.
Ils vont faire l’amour et ne plus se quitter.
Mais ils ne le savent pas encore…
La vie est un hasard, il ne faut pas l’oublier….

[Lifewithwords]

Bonjour,

La vie est un hasard... pas d'accord :-)

Sinon sur le texte, j'ai trouvé le style assez lourd. Il se voulait plutôt verbal mais il me semble qu'il oscille en permanence entre deux formes et n'arrive pas à se trouver.
Sur le fond, un peu classique quoi...

[Invité]

Oui, c'est bourré de clichés de fond mais aussi dans l'expres​sion("une jolie fille un peu paumée" , "ce deux pièces sordide.", "jeune chien fou", etc.). Même le coup de l'insomnie à 23h30 ne me paraît pas crédible, c'est trop tôt pour parler d'insomnie.(et ce simple détail fait que le texte ne fonctionne pas d'entrée.)
L'ensemble est émaillé d'expressions comme mentionné ci-dessus, utilisées sans vraie réflexion sur le sens qu'elles véhiculent. En l'occurence, elles véhiculent peu parce que en plus le texte ne fait passer aucune émotion, il ne fait que raconter, aligner une série d'évènements. Cela dit, un plus pour la conclusion ; parti comme c'était je voyais arriver l'accident gros comme une maison. Sans être transcendante, la fin aura au moins eu l'heur de me surprendre... un peu.

[ubikmagic]

Je pense qu'il faudrait, sur ce genre de texte, relire en soulignant systématiquement tout ce qui fait lieu commun. Ensuite, créer une seconde version en changeant d'optique.
Il ne s'agit pas de dire, par exemple : "jeune chien fou". Il suffit de le montrer. Par ce que fait le personnage, ses gestes, propos, réactions, attitudes, etc. Donner à comprendre et non expliquer. Surtout, ne pas nommer. Laisser le lecteur induire ce qui n'est pas énoncé. Lui faire confiance.

C'est toute une approche, ça prend des années. La meilleure école est, pour moi, le roman noir. Hammet, Chandler et d'autres, mais aussi, plus près de chez nous, ce grand maître qu'était Manchette.

Surtout, ne pas commenter. Livrer les données brutes, évoquer l'intériorité des personnages par ce qu'ils montrent objectivement. C'est très difficile mais bougrement efficace.

Que dire de plus ? Bon courage sur ce long et difficile chemin. On s'y croisera peut-être encore ? A suivre...

Ubik.

[Reveuse de lune]

Merci, merci infiniment UBIKMAGIC. Vos commentaires vont me permettre d'avancer, de construire autrement ce texte et les futurs (si j'OSE renouveler l'expérience !!). J'avais besoin d'entendre un avis constructif et enrichissant. Heureuse de vous avoir lu.
Merci à Estear et Lifewithwords d'avoir lu mon texte et de l'avoir commenté avec sincérité.

[ubikmagic]

De rien, on est là pour ça...

Je ne saurai trop conseiller ce type de lectures. Il y a des gens qui excellent à créer un climat sans rien expliquer, juste en montrant les choses. Jean-Patrick Manchette a su utiliser ce langage percutant du Roman Noir, avec brio.

Seule exception, quand on utilise la première personne : là, il est plus ou moins incontournable que le narrateur livre peu ou prou ses interprétations et autres états d'âme, comme dirait Christophe André. Mais les autres, eux, doivent demeurer opaques. Bien sûr, le narrateur peut projeter sur eux, tenter d'induire, mais avec approximation, voire pertes. C'est même mieux qu'il se trompe. Il croit qu'untel est son allié, et d'un coup, le voilà trahi. Et le reste à l'avenant. On lui ment, il croit, la réalité est toute autre. Ou ailleurs, c'est selon.

Autre chose : ne pas livrer la suite. Dans l'exemple présent, il suffit de nommer deux fois le club en question. Le lecteur comprendra de lui-même que, puisque l'auteur prend parti de nommer l'endroit, c'est forcément un espace commun à ces deux personnages, qui vont sans doute se rencontrer. Mais on ne téléphone pas la suite, et puis ça permet d'imaginer ce qu'on veut. Certes ils vont entrer en présence. Mais qu'est-ce que ça donnera ? On reste ainsi libre de créer un grand amour style conte de fées, ou bien de faire en sorte que la crème anglaise tourne et que la pièce montée soit branlante.

Et j'en aurais à dire, dans le genre...

Mais c'est déjà pas mal.

Ubik.

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