Les halliers
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Les halliers
Les halliers
Ces railleries anciennes affublant les enfants
Les ruelles étroites avares de soleil
Que reste-t-il encore de ces Jeudis malingres
Une brise alanguie sur les sombres coteaux
Il y avait par derrière la splendeur des usines
De longues palissées encerclant les jardins
Où de vieux cheminots dormaient dans les cabanes
Assoupis de vins noirs volés dans les futailles
Nous étions les semailles de nos pères chiendents
Errants loin de l’école, sautillant sur les rails
Mauvaises graines d’enfants, sarclés par la vindicte
De noirs instituteurs s’en venant des grandes villes
Les rotondes sont mortes, histoires anéanties
N’y poussent que des halliers parcourus par les chats
Des hivers en été, les superbes silences
Atmosphères qui vacillent aux soleils durcis
Que faut-il donc attendre en toutes ces vieilles heures
Aux funestes ennuis qui peuplaient nos engeances
Accoudés aux rambardes perchées sur les murailles
Immobiles destins, inutiles latences.
Ces railleries anciennes affublant les enfants
Les ruelles étroites avares de soleil
Que reste-t-il encore de ces Jeudis malingres
Une brise alanguie sur les sombres coteaux
Il y avait par derrière la splendeur des usines
De longues palissées encerclant les jardins
Où de vieux cheminots dormaient dans les cabanes
Assoupis de vins noirs volés dans les futailles
Nous étions les semailles de nos pères chiendents
Errants loin de l’école, sautillant sur les rails
Mauvaises graines d’enfants, sarclés par la vindicte
De noirs instituteurs s’en venant des grandes villes
Les rotondes sont mortes, histoires anéanties
N’y poussent que des halliers parcourus par les chats
Des hivers en été, les superbes silences
Atmosphères qui vacillent aux soleils durcis
Que faut-il donc attendre en toutes ces vieilles heures
Aux funestes ennuis qui peuplaient nos engeances
Accoudés aux rambardes perchées sur les murailles
Immobiles destins, inutiles latences.
Re: Les halliers
Très évocateur. Tout de suite, on a ces photos de Cartier Bresson qui viennent en mémoire...
"grandes villes" -> je trouve que là, "grandes" ça fait un peu "cheville" (par contre le thème de la mauvaise herbe sarclée par les instits', j'adore, tout comme les "jeudis malingres" d'ailleurs)
"grandes villes" -> je trouve que là, "grandes" ça fait un peu "cheville" (par contre le thème de la mauvaise herbe sarclée par les instits', j'adore, tout comme les "jeudis malingres" d'ailleurs)
Invité- Invité
Re: Les halliers
Oui, la classe ! (Si j'ose dire.)
Procuste- Nombre de messages : 482
Age : 61
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – —
Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Les halliers
Je me suis aperçue en lisant que je en connaissais même pas la signification du mot "hallier".
Cela dit, bien sûr que le poème est excellent, tu as le don de faire revivre ces années-là, ce monde-là dans lequel je me retrouve toute. D'ailleurs, la strophe sur les jardins ouvriers sonne parfaitement juste, c'est celle que j'ai préférée, avec la dernière qui se termine sur une note plus songeuse que triste :
Accoudés aux rambardes perchées sur les murailles
Immobiles destins, inutiles latences.
Remarque : "ces jeudis". En français les noms de jours (comme les noms de mois) ne prennent pas de majuscule.
Cela dit, bien sûr que le poème est excellent, tu as le don de faire revivre ces années-là, ce monde-là dans lequel je me retrouve toute. D'ailleurs, la strophe sur les jardins ouvriers sonne parfaitement juste, c'est celle que j'ai préférée, avec la dernière qui se termine sur une note plus songeuse que triste :
Accoudés aux rambardes perchées sur les murailles
Immobiles destins, inutiles latences.
Remarque : "ces jeudis". En français les noms de jours (comme les noms de mois) ne prennent pas de majuscule.
Invité- Invité
Re: Les halliers
Très beau.
Nos "pères chiendents" ne m'a pas convaincu, même si l'idée est belle et bien intégrée.
Nos "pères chiendents" ne m'a pas convaincu, même si l'idée est belle et bien intégrée.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Les halliers
Magnifiquement mélancolique, une atmosphère très évocatrice, de belles trouvailles ( à la différence de Zenobi, j'ai aimé ces pères chiendent !) chapeau bas, Loïc !
Invité- Invité
Les halliers
Excellente évocation du passé dépassé, trépassé.. qui nous poigne.
J'ai particulièrement aimé le chiendent paternel, avec un petit bémol pour le vocabulaire: pas de semaille pour le chiendent, qui se reproduit par émission de tiges issues des racines souterraines. Un mot tel que rejeton, drageon ou surgeon, est parfaitement approprié à cette image.
Et puis "errants et sautillant" pourquoi le premier est-il au singulier, le second au pluriel?
J'ai particulièrement aimé le chiendent paternel, avec un petit bémol pour le vocabulaire: pas de semaille pour le chiendent, qui se reproduit par émission de tiges issues des racines souterraines. Un mot tel que rejeton, drageon ou surgeon, est parfaitement approprié à cette image.
Et puis "errants et sautillant" pourquoi le premier est-il au singulier, le second au pluriel?
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Les halliers
Quelque chose de majestueux et d'ancien comme scandé dans cette évocation d'un temps lointain.
Borée- Nombre de messages : 6
Age : 60
Localisation : Les plaines arides
Date d'inscription : 08/12/2010
Re: Les halliers
Bonsoir,
moi itou j'ai du "dictionnariser" pour hallier (Raboliot, que tu es loin...). Voici ce que ça donne côté du Trésor informatisé de la Langue française (http://www.cnrtl.fr/definition/hallier ) - vite allez aux halliers comme aurait dit Jean Edern "le fou"...:
"Enchevêtrement de buissons serrés et touffus, d'un accès difficile. Synon. fourré."
Remarquez, il y a aussi des cheminots de l'Allier.
J'ai bien aimé et un peu de mélancolie ne nuit pas. Les paysages PLM ou SNCF à rail et traverses me plaisent, ils et elles sentent un temps encore là où dans les matins brumeux les "bleues" des cheminots pétaradaient sur la route pour se rendre au dépôt. Et ça sentait le boyard maïs...
J'ai bien aimé les noirs instituteurs (allusion à leur blouse année 40 / 60 sinon à leur arme fatidique : le tableau.. noir), sarclés ou les rotondes qui se sont tues.
En revanche je ne suis pas convaincu de choses comme "affublant les enfants" et d'ailleurs ce premier vers (à 13 syllabes) me semble inutile. Qu'il (me) serait beau de commencer plus in medias res et "regrets" du genre
" Ruelles étroites avares de soleil
Que reste-t-il encore de ces Jeudis malingres?" : je vois en "malingres" des jeudis -à l'époque ce n'était pas encre le mercredi- trop courts passés à jouer parmi les boulons et l'odeur de grésil et de poussier de fer des traverses et du ballast, à regarder les motrices tourner sur la rotonde. Et je vois aussi dans ce "malingres" des gosses à la Doisneau, encore chétifs des années 40-50 de privation et de Protection Maternelle et Infantile (PMI).
J'ai bien aimé "derrière la splendeur des usines" et vous avez remarqué, les usines il y a toujours quelque chose "derrière". Il y a une face cachée, un caché de la face (no contrepètrie), quelquechose qu'on nous cache (Marx a dit que c'était la plus value et la rémunération du travail non pas à la valeur de la valeur mais à la valeur de la reconstitution de la force... c'est manière de dire qu'il y a en usine un mystère, tout simplement celui de l'engendrement de l'argent).
Je ne suis pas hors sujet : il y a dans "Loïc" toute une mémoire ouvrière qui se livre par bribes, qui n'est pas un discours, un traité, mais des fragments qui remontent, un affleurement de mémoire. Par exemple la rotonde et l'arrière des usines, les jardins ouvriers le long de la voie, les gamins qui s'égaient dans les herbes folles du talus. Je suis sûr qu'en une autre occasion il a dû poémer sur le ballast. Sinon, j'attends "La balade du ballast" moi (par contre, le hallier c'est le registre rural et ici il détonne, c'est mieux le chiendent (et ses rejets ? plutôt que rejetons ??).
Allez, je sens que je vais ennuyer, je clos non sans avoir remarqué que "le vin noir" c'est italien. Et pour quitter je ne peux résister à citer ça :
merci,
Marvejols
moi itou j'ai du "dictionnariser" pour hallier (Raboliot, que tu es loin...). Voici ce que ça donne côté du Trésor informatisé de la Langue française (http://www.cnrtl.fr/definition/hallier ) - vite allez aux halliers comme aurait dit Jean Edern "le fou"...:
"Enchevêtrement de buissons serrés et touffus, d'un accès difficile. Synon. fourré."
Remarquez, il y a aussi des cheminots de l'Allier.
J'ai bien aimé et un peu de mélancolie ne nuit pas. Les paysages PLM ou SNCF à rail et traverses me plaisent, ils et elles sentent un temps encore là où dans les matins brumeux les "bleues" des cheminots pétaradaient sur la route pour se rendre au dépôt. Et ça sentait le boyard maïs...
J'ai bien aimé les noirs instituteurs (allusion à leur blouse année 40 / 60 sinon à leur arme fatidique : le tableau.. noir), sarclés ou les rotondes qui se sont tues.
En revanche je ne suis pas convaincu de choses comme "affublant les enfants" et d'ailleurs ce premier vers (à 13 syllabes) me semble inutile. Qu'il (me) serait beau de commencer plus in medias res et "regrets" du genre
" Ruelles étroites avares de soleil
Que reste-t-il encore de ces Jeudis malingres?" : je vois en "malingres" des jeudis -à l'époque ce n'était pas encre le mercredi- trop courts passés à jouer parmi les boulons et l'odeur de grésil et de poussier de fer des traverses et du ballast, à regarder les motrices tourner sur la rotonde. Et je vois aussi dans ce "malingres" des gosses à la Doisneau, encore chétifs des années 40-50 de privation et de Protection Maternelle et Infantile (PMI).
J'ai bien aimé "derrière la splendeur des usines" et vous avez remarqué, les usines il y a toujours quelque chose "derrière". Il y a une face cachée, un caché de la face (no contrepètrie), quelquechose qu'on nous cache (Marx a dit que c'était la plus value et la rémunération du travail non pas à la valeur de la valeur mais à la valeur de la reconstitution de la force... c'est manière de dire qu'il y a en usine un mystère, tout simplement celui de l'engendrement de l'argent).
Je ne suis pas hors sujet : il y a dans "Loïc" toute une mémoire ouvrière qui se livre par bribes, qui n'est pas un discours, un traité, mais des fragments qui remontent, un affleurement de mémoire. Par exemple la rotonde et l'arrière des usines, les jardins ouvriers le long de la voie, les gamins qui s'égaient dans les herbes folles du talus. Je suis sûr qu'en une autre occasion il a dû poémer sur le ballast. Sinon, j'attends "La balade du ballast" moi (par contre, le hallier c'est le registre rural et ici il détonne, c'est mieux le chiendent (et ses rejets ? plutôt que rejetons ??).
Allez, je sens que je vais ennuyer, je clos non sans avoir remarqué que "le vin noir" c'est italien. Et pour quitter je ne peux résister à citer ça :
loic a écrit:
Les rotondes sont mortes
N’y poussent que des halliers parcourus par les chats
Des hivers en été, les superbes silences
...
Que faut-il donc attendre "
merci,
Marvejols
Re: Les halliers
Venez, vous dont l’œil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d’Alanje, où s’entassent
Les collines et les halliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
VICTOR HUGO
Je suis un peu guitariste à mes heures et j’aime particulièrement fredonner cette chanson
pour les cheminots de l’Allier, fouillez un peu dans le catalogue , vous y trouverez :
- Margerides
- Signaux
- Jours de vogue
- Livradois
- Sur les banquettes moleskine
- Inoubliables étés
- Cévennes
- Margerides (2) je n’avais pas remarqué qu’il existe 2 textes avec le même titre…
- Triages
- cronces
Ca ferait presque un recueil ….
Bien que dans Tamaris j’i fais allusion (aux mobylettes, Motobécanes je crois avec les sacoches du même métal)
Excellent c’est exactement mon ressenti, mais dites moi Marvejols, il y passe bien encore des 8600 qui vont se perdre vers saint Chély d’Apcher…
Dessinent au long des voies ferrées
Leurs étendues démocratiques
Là bas de petits hommes ployés
Sarclent à l'ombre des noisetiers
Et des poteaux télégraphiques
Dans l'ombre doucereuse des courtils
Un long train lentement fait claquer les éclisses
Et sur l'horizon des ballasts
L'air en mirages vacille aux torpeurs estivales
merci Marvejols et les autres, c'est vrai que rejetons semble plus indiqué...
mes amitiés à tous
loic
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d’Alanje, où s’entassent
Les collines et les halliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
VICTOR HUGO
Je suis un peu guitariste à mes heures et j’aime particulièrement fredonner cette chanson
pour les cheminots de l’Allier, fouillez un peu dans le catalogue , vous y trouverez :
- Margerides
- Signaux
- Jours de vogue
- Livradois
- Sur les banquettes moleskine
- Inoubliables étés
- Cévennes
- Margerides (2) je n’avais pas remarqué qu’il existe 2 textes avec le même titre…
- Triages
- cronces
Ca ferait presque un recueil ….
Ca ca risque de m’inspirer…J'ai bien aimé et un peu de mélancolie ne nuit pas. Les paysages PLM ou SNCF à rail et traverses me plaisent, ils et elles sentent un temps encore là où dans les matins brumeux les "bleues" des cheminots pétaradaient sur la route pour se rendre au dépôt. Et ça sentait le boyard maïs...
Bien que dans Tamaris j’i fais allusion (aux mobylettes, Motobécanes je crois avec les sacoches du même métal)
Affublés de railleries, parce que l’on aimait pas les enfants de la rue, « qui ne travaillaient pas à l’école et qui de toutes façons finiraient mal… »J'ai bien aimé les noirs instituteurs (allusion à leur blouse année 40 / 60 sinon à leur arme fatidique : le tableau.. noir), sarclés ou les rotondes qui se sont tues.
En revanche je ne suis pas convaincu de choses comme "affublant les enfants" et d'ailleurs ce premier vers (à 13 syllabes) me semble inutile. Qu'il (me) serait beau de commencer plus in medias res et "regrets" du genre
je vois en "malingres" des jeudis -à l'époque ce n'était pas encre le mercredi- trop courts passés à jouer parmi les boulons et l'odeur de grésil et de poussier de fer des traverses et du ballast, à regarder les motrices tourner sur la rotonde. Et je vois aussi dans ce "malingres" des gosses à la Doisneau, encore chétifs des années 40-50 de privation et de Protection Maternelle et Infantile (PMI).
Excellent c’est exactement mon ressenti, mais dites moi Marvejols, il y passe bien encore des 8600 qui vont se perdre vers saint Chély d’Apcher…
En été les jardins ouvriersJ'ai bien aimé "derrière la splendeur des usines" et vous avez remarqué, les usines il y a toujours quelque chose "derrière". ./. Je suis sûr qu'en une autre occasion il a dû poémer sur le ballast.
Sinon, j'attends "La balade du ballast" moi (par contre, le hallier c'est le registre rural et ici il détonne, c'est mieux le chiendent (et ses rejets ? plutôt que rejetons ??).
Dessinent au long des voies ferrées
Leurs étendues démocratiques
Là bas de petits hommes ployés
Sarclent à l'ombre des noisetiers
Et des poteaux télégraphiques
Dans l'ombre doucereuse des courtils
Un long train lentement fait claquer les éclisses
Et sur l'horizon des ballasts
L'air en mirages vacille aux torpeurs estivales
merci Marvejols et les autres, c'est vrai que rejetons semble plus indiqué...
mes amitiés à tous
loic
Re: Les halliers
Nous étions les semailles de nos pères chiendents
Errants loin de l’école, sautillant sur les rails
Mauvaises graines d’enfants, sarclés par la vindicte
De noirs instituteurs s’en venant des grandes villes
Les images sont là qui amènent d'autres images, sans rails, sans usines, mais où la mauvaise graine sautillant de même était aussi sarclée par la vindicte de blancs instituteurs s'en venant des grandes villes.
J'aime bien semailles, même si cela ne reflète pas une réalité biologique par rapport au chiendent. Un peu comme si les pères résistaient en semant une autre graine que celle des écoles, de la société bien-pensante qui marche au pas, plutôt que de sautiller et qui ne sait pas, n'a jamais su, jouer sur des rails oubliés derrière des usines noircies par la fumée des locomotives de jadis.
En été les jardins ouvriers
Dessinent au long des voies ferrées
Leurs étendues démocratiques
La terre noire en hiver
nourrie de houille et de sueur
attend que revienne l'heure
d'être sarclée par l'ouvrier
le chien-dent n'y est pas à l'honneur
J'ai toujours aimé les jardins ouvriers. Bien rangés, bien alignés, bien cultivés.
mir0ir0bscur- Nombre de messages : 91
Age : 58
Date d'inscription : 05/11/2010
Re: Les halliers
Paroles : Romain Bouteille
Trop lourd pour leurs pauvres guiboles boles
Plus morts que vivants
Mes enfants s’en vont à l’école cole
Du gouvernement.
Par décision du ministère tère
De l’enseignement
Ils prennent la couleur austère tère
Des enterrements.
Mes petits morts entre deux rives
D’hôpitaux blafards
Apprennent dans le poids des livres livres
Le cours du cafard.
L’instituteur ignare et terne terne
À mes petits morts
Enseignera ce qui concerne cerne
Le respect de l’or.
Ils vont multiplier les poires poires
Par le prix du lard,
Combien de sang dans la baignoire noire
Pour faire un dollar.
Mes petits morts vont à l’école cole
Triste infiniment
S’incliner devant l’auréole ole
Du gouvernement.
Plus tard la peur les fera taire taire
Ou mordre, selon
Qu’on rectifiera leur salaire laire
À leur gré ou non.
Ils vont recevoir pour algèbre gèbre
Le mépris d’abord.
Pour devise : « Écraser le faible faible,
Caresser le fort. »
Mes petits morts vont à l’école cole
Sans étonnement
Célébrer l’amour du pétrole trole
Du gouvernement.
Dans leurs jeux de mort se déchaîne chaîne
En fait d’exutoire
La gaîté des boeufs qu’on traîne traîne
Pour les abattoirs.
Je frémis quand je considère dère
Qu’un avortement
Aurait privé d’un militaire taire
Le gouvernement.
Sur leurs jambes devenues molles molles
Incurablement
Mes enfants s’en vont à l’école cole
Du gouvernement.
Trop lourd pour leurs pauvres guiboles boles
Plus morts que vivants
Mes enfants s’en vont à l’école cole
Du gouvernement.
Par décision du ministère tère
De l’enseignement
Ils prennent la couleur austère tère
Des enterrements.
Mes petits morts entre deux rives
D’hôpitaux blafards
Apprennent dans le poids des livres livres
Le cours du cafard.
L’instituteur ignare et terne terne
À mes petits morts
Enseignera ce qui concerne cerne
Le respect de l’or.
Ils vont multiplier les poires poires
Par le prix du lard,
Combien de sang dans la baignoire noire
Pour faire un dollar.
Mes petits morts vont à l’école cole
Triste infiniment
S’incliner devant l’auréole ole
Du gouvernement.
Plus tard la peur les fera taire taire
Ou mordre, selon
Qu’on rectifiera leur salaire laire
À leur gré ou non.
Ils vont recevoir pour algèbre gèbre
Le mépris d’abord.
Pour devise : « Écraser le faible faible,
Caresser le fort. »
Mes petits morts vont à l’école cole
Sans étonnement
Célébrer l’amour du pétrole trole
Du gouvernement.
Dans leurs jeux de mort se déchaîne chaîne
En fait d’exutoire
La gaîté des boeufs qu’on traîne traîne
Pour les abattoirs.
Je frémis quand je considère dère
Qu’un avortement
Aurait privé d’un militaire taire
Le gouvernement.
Sur leurs jambes devenues molles molles
Incurablement
Mes enfants s’en vont à l’école cole
Du gouvernement.
Les halliers
Je redis mon admiration pour le texte de Loic, et pour sa parole en ce que j'ai pu lire jusqu'ici.
Je dis bravo à Marvejols qui a pris la peine d'expliciter en détails ce que ce texte nous donne à ressentir et donc à penser.
Par contre (comme dirait Emilie) je ne suis pas d'accord avec le texte de la chanson qui est bien trop monolithique (ni faux, ni menteur). Loic vous êtes capable de nuancer, de nous présenter un sujet qui soit plus qu'un slogan. Je n'ai pas envie de lancer une polémique qui risquerait d''être stérile sur les bienfaits de l'école publique (ça vous rappelle quelque chose?) mais au moins vous avez appris à lire et à écrire à l'école, ce grâce à quoi nous nous rencontrons aujourd'hui.
Salut et fraternité (comme dirait Raoul)(ah, non! zut il est mort!)
Je dis bravo à Marvejols qui a pris la peine d'expliciter en détails ce que ce texte nous donne à ressentir et donc à penser.
Par contre (comme dirait Emilie) je ne suis pas d'accord avec le texte de la chanson qui est bien trop monolithique (ni faux, ni menteur). Loic vous êtes capable de nuancer, de nous présenter un sujet qui soit plus qu'un slogan. Je n'ai pas envie de lancer une polémique qui risquerait d''être stérile sur les bienfaits de l'école publique (ça vous rappelle quelque chose?) mais au moins vous avez appris à lire et à écrire à l'école, ce grâce à quoi nous nous rencontrons aujourd'hui.
Salut et fraternité (comme dirait Raoul)(ah, non! zut il est mort!)
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Les halliers
Je partage l'avis d'Annie.
La beauté de vos textes, Loic, amène des souvenirs qui peuvent être à la fois commun à tous, mais ont une couleur bien particulière pour chacun. Rien à voir avec ce texte de Romain Bouteille.
Certains instituteurs, d'ailleurs, aimaient à faire sautiller le verbe et la grammaire, à faire danser les mots qui aujourd'hui font naître la poésie.
Aurions-nous pu écrire si nous n'avions pas délaissé les halliers pour suivre les enfants sages ?
La beauté de vos textes, Loic, amène des souvenirs qui peuvent être à la fois commun à tous, mais ont une couleur bien particulière pour chacun. Rien à voir avec ce texte de Romain Bouteille.
Certains instituteurs, d'ailleurs, aimaient à faire sautiller le verbe et la grammaire, à faire danser les mots qui aujourd'hui font naître la poésie.
Aurions-nous pu écrire si nous n'avions pas délaissé les halliers pour suivre les enfants sages ?
mir0ir0bscur- Nombre de messages : 91
Age : 58
Date d'inscription : 05/11/2010
Re: Les halliers
Excellent poème
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Les halliers
un type qui cite Romain Bouteille a tout mon respect............cela ne m'étonne pas de toi
le ver : "mauvaise graine ....", j'ai du mal à la sonorité
le reste......ben de la beauté loicienne
quand les Leica ...écrivent des mots.............................touché en plein coeur
le ver : "mauvaise graine ....", j'ai du mal à la sonorité
le reste......ben de la beauté loicienne
quand les Leica ...écrivent des mots.............................touché en plein coeur
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Les halliers
Les halliers
Ces railleries anciennes affublant les enfants
Les ruelles étroites avares de soleil
Que reste-t-il encore de ces Jeudis malingres
Une brise alanguie sur les sombres coteaux
Il y avait par derrière la splendeur des usines
De longues palissées encerclant les jardins
Où de vieux cheminots dormaient dans les cabanes
Assoupis de vins noirs volés dans les futailles
Nous étions les semailles de nos pères chiendents
Errants loin de l’école, sautillant sur les rails
Mauvaises graines d’enfants, sarclés par la vindicte
De noirs instituteurs s’en venant des grandes villes
Les rotondes sont mortes, histoires anéanties
N’y poussent que des halliers parcourus par les chats
Des hivers en été, les superbes silences
Atmosphères qui vacillent aux soleils durcis
Que faut-il donc attendre en toutes ces vieilles heures
Aux funestes ennuis qui peuplaient nos engeances
Accoudés aux rambardes perchées sur les murailles
Immobiles destins, inutiles latences.
Les vins noirs et les noirs instituteurs... pour plagier : noir, c'est noir.
Tout de même un fond de tendresse mal dissimulée. Les temps auraient-ils pu être pires , sans doute. C'est l'adulte qui éprouve ce mélange de nostalgie "de not' temps" et de désillusion suffisante pour railler ce dans l'temps .
Une écriture qui écorche la peau.
Ces railleries anciennes affublant les enfants
Les ruelles étroites avares de soleil
Que reste-t-il encore de ces Jeudis malingres
Une brise alanguie sur les sombres coteaux
Il y avait par derrière la splendeur des usines
De longues palissées encerclant les jardins
Où de vieux cheminots dormaient dans les cabanes
Assoupis de vins noirs volés dans les futailles
Nous étions les semailles de nos pères chiendents
Errants loin de l’école, sautillant sur les rails
Mauvaises graines d’enfants, sarclés par la vindicte
De noirs instituteurs s’en venant des grandes villes
Les rotondes sont mortes, histoires anéanties
N’y poussent que des halliers parcourus par les chats
Des hivers en été, les superbes silences
Atmosphères qui vacillent aux soleils durcis
Que faut-il donc attendre en toutes ces vieilles heures
Aux funestes ennuis qui peuplaient nos engeances
Accoudés aux rambardes perchées sur les murailles
Immobiles destins, inutiles latences.
Les vins noirs et les noirs instituteurs... pour plagier : noir, c'est noir.
Tout de même un fond de tendresse mal dissimulée. Les temps auraient-ils pu être pires , sans doute. C'est l'adulte qui éprouve ce mélange de nostalgie "de not' temps" et de désillusion suffisante pour railler ce dans l'temps .
Une écriture qui écorche la peau.
Soliflore- Nombre de messages : 380
Age : 71
Date d'inscription : 17/02/2009
Re: Les halliers
(tout a été dit, je crois)
bravo aussi pour ce texte-ci !
beauté formelle et évocation d'une campagne à la ville,
oui pourquoi pas des photos en noir et blanc d'un grand (Doisneau ou Cartier-Bresson en effet)
avec une dimension humaine, sociale
bravo aussi pour ce texte-ci !
beauté formelle et évocation d'une campagne à la ville,
oui pourquoi pas des photos en noir et blanc d'un grand (Doisneau ou Cartier-Bresson en effet)
avec une dimension humaine, sociale
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 51
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
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