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Les tunnels

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Message  Nicheeta Mar 14 Déc 2010 - 23:06

Bonjour, voici le premier jet du roman que je suis en train d'écrire. J'aimerais beaucoup savoir ce que vous en pensez alors n'hésitez pas à donnez votre avis!



Ils devaient être près d'une vingtaine, entassés dans une minuscule cellule éclairée faiblement par un rayon de lune qu'une toute petite fenêtre laissait passer. Quelques un étaient assis sur les deux couchettes miteuses et inconfortables, d'autres étaient appuyés contre le mur humide et couvert de moisissures, certains étaient même assis à même le sol froid et poussiéreux. Un jeune homme était accroupi devant l'épaisse porte de bois et avait l'air d'écouter à la serrure. Tous étaient silencieux et fixaient un grand garçon châtain, debout au centre de la pièce qui fixait lui-même la minuscule fenêtre. Il semblait anxieux et sortait régulièrement une vieille montre à gousset de la poche de son vieux pantalon défraichi et rapiécé à de nombreux endroits. Une voix bisa alors le silence, en faisant sursauter plus d'un.

-Connor... Chuchota alors timidement une petite fille menue assise sur un des lits. Connor? Répéta-t-elle un peu plus fort, elle a au dessus d'une heure de retard tu ne penses pas que...
-Non. Elle viendra. Elle vient toujours, répondit le grand garçon sans cesser de fixer la fenêtre.
-Elle a peut-être eue un empèchement Connor, tu te souviens, la dernière fois, elle a dit avoir de plus en plus de difficulté à atteindre le mirroir sans être vue, dit alors un jeune homme assis par terre.
-Ou alors ils ont finit par la tuer, enchaina un grand gaillard nonchalamment accoté contre le mur.

Connor se retourna vivement vers son petit frère et le toisa avec colère. Tous deux étaient grands et bâtis, avaient les cheveux châtains et étaient couvert de cicatrices. Jézabel soutint le regard de son frère avec insolence et un mince sourire se dessina sur ses lèvres qui étaient fendues par une large cicatrice qui allait jusqu'a son œil. Les yeux de Connor étincelèrent de rage et il fit inconsciemment un pas vers Jézabel qui, ravie de la confrontation, avança lui aussi d'un pas. Mais alors que Connor ouvrait la bouche pour parler, la cellule fut éclairée par une douce lueur bleuté qui semblait venir de la fenêtre. La lumière devint de plus en plus vive, tellement que plusieurs durent se cacher les yeux. Connor reporta alors son attention vers cette lumière qu'il regardait, lui, sans ciller.

-Je savais qu'elle viendrait, chuchota-t-il alors pour lui-même.

La forme d'une femme se découpa alors dans la lumière. Elle apparaissait de plus en plus nettement au fur et à mesure que l'intensité de la lueur bleutée diminuait. Bientôt, il ne resta plus qu'un pâle reflet argenté qui faisait briller sa silhouette svelte d'une étrange manière. Yaël paraissait inquiète, elle regarda furtivement derrière elle avant de lancer un faible sourire à Connor, puis au reste du groupe.

-Pardonnez mon retard, ils se doutent de quelque chose, je suis sous étroite surveillance depuis quelque temps, dit elle après un court moment de silence.
-Ce n'est rien Yaël, lui répondit Connor, comment va ton père?

Un voile de tristesse passa sur le visage de Yaël, depuis près d'un an, son père, ainsi que tous les membres du conseil de l'archipel où il siègait, étaient tombés dans un espèce de coma d'où aucun ne s'étaient encore éveillé.

-Aucun changement. Ils ont fait venir un shaman d'une île lointaine dont je ne me rappelle plus le nom aujourd'hui. Il pense que ce peut être une forme de mutation de la Maladie. C'est parfaitement absurde si tu veux mon avis.

Jézabel approuva d'un signe de tête. Les symptômes de la Maladie étaient toujours les mêmes, la langue du malade devenait noire, puis elle commençait à pourrir. Après la langue, c'étaient les entrailles qui y passaient. C'était très douloureux disait-on et il n'y avait aucun remède. Ce mal semblait frapper au hasard et, une fois qu'une famille l'avait, les adultes l'attrapait généralement tous. Mais toute l'étrangeté de la chose se trouvait dans le fait qu'elle ne touchait jamais aucun enfant et qu'elle ne semblait pas être transmissible de foyer en foyer. Ses parents en était mort il y avait à peu près dix mois.

-En parlant de la Maladie Connor, continua Yaël, j'ai remarquée un fait intéressant. As tu remarqué que la famille de tous ceux qu'ils ont enfermé dans cette section-ci de la forteresse en sont morts? Ils vont vous envoyer la jeune Bethanie Stewarts dont le père est mort aujourd'hui.

Un murmure de mécontentement passa dans la salle. Les Stewarts étaient une des plus riches familles de l'archipel, ils étaient réputés pour leur attitude hautaine et dédaigneuse. Ils possédaient plusieurs terres agricoles ainsi que des usines de bière. Le père Stewarts traitait ses employés comme des chiens tout en ayant la bénédiction du conseil : au moins eux créaient de l'emploi.

-Yaël, cela n'a rien de bien étrange, nous sommes dans leur orphelinat, répondit soudainement un garçon assis par terre.
-Non Ethan, lui répondit-elle, leur orphelinat est près du phare, vous êtes vraiment dans une prison. Je les ai entendu en parler aujourd'hui, je n'ai malheureusement pas réussi à savoir pourquoi.

Il eut un hoquet de surprise dans la salle. En effet, on leur avait dit qu'ils avaient été emmené dans la vieille forteresse au centre de l'île à la mort de leur parent pour être pris en charge par l'État. En échange cependant, ils devaient servir dans leur armée à leur majorité. La plupart des orphelins acceptaient cette réalité sans problème, après tout, ils étaient logés, nourris et avaient la chance de pouvoir travailler à leur majorité. Mais la vingtaine de jeunes qui étaient dans cette cellule en ce moment n'avaient aucune intention de servir leur armé.

-Ça ne change pas grand chose, de toute façon, bientôt, nous ne serons plus ici, affirma Connor avec certitude.

Ces paroles ont eue l'effet d'apaiser la plupart des orphelins. Ils avaient un plan, ils s'affairaient depuis bien longtemps à creuser un tunnel qui relierait cette même cellule à la maison d'Ethan qui donnait sur la mer. Ils pourront ensuite quitter l'île et refaire leur vie ailleurs. Jézabel ricana doucement, toutes les têtes se tournèrent vers lui.

-Ouais pour ça, il faudrait peut-être que nous finissions de creuser le tunnel, dit-il.
-Non Jézabel ne recommence pas avec sa s'il te plait, nous avons grandement avancé se mois-ci nous devrions avoir finit pour l'hiver!
-Connor nous ne sommes pas assez! Ils nous aurons déjà tous enrôlés avant qu'on ait finit!!
-Oui et je t'ai dit que c'était trop risqué d'en parler à plus de personne, si quelqu'un parle, ils vont nous tuer!
-Mais au moins on sera libre!
Les deux frères étaient à présent un en face de l'autre, Jézabel le regard menaçant, Connor les poings crispés. Connor haussa alors le ton.
-Si tu n'es pas satisfait de la rapidité des opérations mon frère tu peux toujours...
-Taisez-vous, on vient! Chuchota alors le jeune homme accroupi près de la serrure.

Ils se levèrent tous vivement, et se faufilèrent dans les deux trappes en dessous des lits qui menaient vers le réseau de tunnels qu'ils avaient eux-mêmes creusés pour rejoindre les différentes cellules. Jézabel sortit en dernier, après avoir lancé un regard lourd de reproches à son frère. La lueur bleutée se faisait de plus en plus forte: Yaël s'en allait.

-Je serais là la semaine prochaine, dit-elle à Connor d'une voix qui semblait déjà distante avant de disparaitre, le laissant seul dans la pièce. Il referma les deux trappes et eut juste le temps de se glisser dans sa couchette et de feindre le sommeil avant que la porte ne s'ouvre. Deux pirates escortèrent une jeune fille à l'intérieur, elle portait une somptueuse robe et transportait une valise qui semblait peser une tonne.
-Comme tu te parlais encore tout seul on a décidé de t'emmener de la compagnie, dit l'un des deux pirates plutôt petit mais très baraqué d'une voix moqueuse tandis que l'autre, très grand et incroyablement mince éclata de rire.
-Vous n'allez quand même pas m'installer avec ce minable? Lança alors Bethanie Stewarts, catastrophée à la vue de Connor. Elle s'avança alors dans la cellule qu'elle regarda avec dégout. Elle commença par voir les trous dans les murs et la moisissure verdâtre qui s'y accumulait, puis le plafond qui d'où quelques goûtes d'un liquide brunâtre et pestilentiel s'écoulait doucement. Ses yeux rencontrèrent alors une araignée gigantesque qui descendait vers le lit qui serait apparemment le sien. Ce fut la goûte qui fit déborder le vase.
- Vous n'allez tout de même pas m'installer ici? Poursuivra-t-elle plus faiblement avec effroi.
-Oh très certainement ma jolie, lui répondit le grand pirate d'un ton joyeux. Tu as de la chance, tu aurais pu tomber sur une chambre sans fenêtre!

Sur ce, ils refermèrent la porte et la barrèrent à double tour. Bethanie se jeta sur son lit en sanglotant, elle ne comprenait pas pourquoi tous ces malheurs lui tombaient soudainement dessus. Son père lui avait toujours dit que son statut social la mettrait à l'abri de la misère qui s'acharnait sur tous les habitants de l'archipel depuis la Grande Crue. Ces inondations ont fait lever le niveau de l'eau à un tel point que toutes les rues des grandes villes sont devenues des voix navigables. Par chance, les terres que sa famille possédait, étant surtout en montagne, furent épargnés. La perte des récoltes inondées causa une grande famine qui décima plusieurs milliers de vies. On pense que l'insalubrité causée par les eaux a entrainé l'apparition de la Maladie, qui fut encore plus destructrice que la famine mais, là encore, son père la persuada que cela ne toucherai jamais sa famille, c'était disait-il, un problème de pauvres qui n'avaient pas accès aux mesures d'hygiène. Vint ensuite l'invasion des pirates. Ils étaient apparus de nulle part, sans raison apparente pour piller, détruire une bonne partie de la ville et renverser le conseil. Enfin, le conseil s'était en quelque sorte renversé tout seul puisque tous ses membres sont mystérieusement tombés dans un profond sommeil d'où il est apparemment impossible de les réveiller. Ce changement de régime affecta cependant très peu Bethanie qui s'était dit que le respect accordé à son nom avait due tenir les pirates à l'écart. Du moins, cela les avait tenus à l'écart jusqu'à aujourd'hui, alors que sont père mourut des suites de la Maladie.
En effet, son père c'était trompé sur la corrélation entre les mesures d'hygiène et la Maladie. Les deux bains quotidiens qu'il imposait à tout son entourage n'avaient pas suffit à l'empêcher de le toucher ni sa femme, qui en était morte il y a deux mois, ni lui. Il avait passé les deux derniers mois de son existence à faire des arrangements concernant le futur de Bethanie. Il voulait qu'elle aye vivre dans l'entourage immédiat du grand mage qui présidait au conseil de l'archipel. Il avait été convaincu du succès de ses démarches jusqu'à sa mort, d'ailleurs, sa fille était allée choisir sa chambre au palais la semaine précédente. Hélas, dès que son médecin prononça son décès, deux pirates demandèrent à Béthanie de les suivre à l'orphelinat, malgré les protestations de sa gouvernante et du docteur.
C'est donc incroyablement insultée que Bethanie, forcée de transporter elle-même sa malle extraordinairement lourde, fut escortée dans la vieille forteresse et enfermée dans une minuscule cellule avec un forcené qui, apparemment, se parlait tout seul.
Si Bethanie était au cœur du désespoir, Connor lui, était sur le bord de la panique. Le succès des opérations qu'il menait reposait en grande partie sur le fait qu'il était seul dans sa chambre. Les pirates n'y passaient jamais après le couvre-feu, ils devaient surement penser que son isolement l'empêcherait de planifier un mauvais coup. Yaël et ses amis pouvaient donc y venir à leur guise, du moment que quelqu'un surveillait la porte. Pire encore, Stewarts devait être une sympathisante du régime, du genre à reporter tout ce qu'elle croyait anormal. Les pirates semblaient d'ailleurs se douter de quelque chose puisqu'ils les interrogeaient tous un à un, les torturaient pour savoir "ce qu'ils savaient'". Ils ne l'avaient pas encore interrogé lui, mais il savait que Camélia McGehben, qui ne manquait jamais de réunion, c'était encore fait porté pâle ce soir suite à son interrogatoire. Elle n'aidait plus à l'avancement du tunnel non plus. Jézabel, un des seuls qu'elle a accepté de voir depuis, lui a confirmé que ses deux jambes étaient incroyablement enflées et qu'elles avaient pris une horrible teinte violacée. « ILS LUI ONT CASSÉS LES DEUX JAMBES LES SALOPARDS SI JAMAIS ILS ME PRÈNNENT ILS VONT VOIR CE QU'ILS VONT VOIR!!! » Avait-il hurlé avant de donner un furieux coup de pied à un pied de son lit qui est bancal depuis.
Il leur faudrait définitivement trouver une nouvelle cellule où se réunir, ce qui impliquait de creuser de nouveaux tunnels à l'intérieur de la forteresse. À chaque nouveau tunnel qu'ils creusaient à l'intérieur des murs, Connor craignait de voir la forteresse s'effondrer, elle datait du temps des premiers colons et la pierre corrodée dans laquelle elle était construite menaçait de s'effrité à chaque coup de pioche.
En entendant Bethanie pleurer toutes les larmes de son corps, il souri en pensant à l'ironie de la chose, il partageait une cellule crasseuse avec une ex-riche héritière, et elle n'avait pas finit d'en baver.

***

Plus tard dans la nuit, quelques portes plus loin, un hurlement tira brusquement Owen du sommeil. Inquiet, il s'assit sur son lit et regarda l'heure, 4h30. Le son provenait de la minuscule pièce à côté de sa cellule, là où on avait enfermé Camélia depuis ce que les pirates ont appelés son « accident ».

-S'ils la touchent encore... dit Jézabel en se levant précipitamment. Il se rua vers une ouverture dans le mur qu'une vieille armoire moisie cachait. Owen, encore tout endormi sortit en trombe de son lit et se faufila dans le trou derrière Jézabel.

Il pénétra en titubant dans le tunnel sombre et s'arrêta à coté de son ami qui s'était accroupi devant l'ouverture voisine à la leur qu'une vieille tapisserie cachait. Owen allait demander la suite des événements à Jézabel mais celui-ci plaqua vivement sa main sur sa bouche avant qu'un son n'ait pu en sortir. Ils restèrent une dizaine de minutes à attendre en essayant de percer les cris de Camélia qui semblait souffrir le martyr. Jézabel enleva finalement doucement sa main de la bouche d'Owen et dit dans un murmure presqu'imperceptible.

-Je pense qu'elle est seule.
-J'aurais pu te le dire il y a cinq minutes si t'avais enlevé ta fichue patte de ma bouche, grogna Owen mécontent.

Feignant de ne pas avoir entendu, Jézabel écarta la tapisserie et entra dans la cellule. Une odeur pestilentielle les frappa alors. Camélia, qui ne pouvait pas bouger, était couchée sur son lit toute en sueur. Elle était éveillée mais semblait ailleurs, en proie à une forte fièvre. Il l'appela sans qu'elle ne l'entende pendant qu'Owen se penchait sur ses jambes.
Il eut alors un haut le cœur, l'odeur provenait d'un mélange de pus et de chair morte sur le bas de la cuisse de la jeune fille. Ses deux jambes étaient incroyablement enflées et prenaient une teinte noire par endroit. Il n'y avait pas de doutes à ses yeux qu'à moins de soins immédiats, elle risquait de perdre ses jambes et peut-être même d'y rester. Il jeta un coup d'œil anxieux à Jézabel qui attendait son verdict en épongeant le front de Camélia avec un vieux chemisier sale qui trainait sur la table de chevet.

-Jé... Dit-il lentement, il faut vraiment la sortir d'ici.

Un cliquetis provenant de la serrure de la porte les fit sursauter tous les deux et ils coururent se cacher dans le tunnel, de l'autre côté de la tapisserie.

-... n'arrête pas de hurler va falloir l'emmener ailleurs. Dit une voix grave et forte en provenance de la cellule. Cette voix appartenait à Javier, le directeur de la forteresse.
-Il faut surtout à cette jeune fille une intervention chirurgicale dans les plus brefs délais messieurs, laissez moi l'emmener à l'hôpital. Réplica une voix nasillarde d'un inconnu, probablement un médecin, après un court moment.
-Non, cela risquerait de compromettre les opérations que nous menons ici en plus d'attirer l'attention indésirable de la part des proches de mages qui nous causent déjà assez de soucis. Dit une troisième voix catégorique. Cette voix aussi était inconnue, c'était une voix de femme très mélodieuse malgré sa dureté.
-Si je puis me permettre, Madame, reprit le médecin, si on n'agit pas avant deux semaines il faudra lui amputer les deux jambes et je doute qu'elle passe le mois si on n'intervient pas. Vous êtes, bien attendue, assurée de notre entière discrétion.

Jézabel serra les poings si fort qu'ils devinrent blancs et Owen décida qu'il était plus sage de le retenir par le bras, juste aux cas où il déciderait d'intervenir.

-Bon très bien, dit la femme de sa voix toujours aussi mélodieuse après un instant de réflexion, sa mort nous causerai beaucoup trop de problèmes et de paperasse inutile à remplir, emmenez la.

Si le ton désinvolte sur lequel elle avait dit ces derniers mots fit froid dans le dos d'Owen, il mit Jézabel en rogne, et Owen du resserrer sa poigne pour le maintenir immobile. La porte se referma et les cris de Camélia, qui ne semblait pas du tout s'être rendu compte qu'on la transportait, se firent de plus en plus distants. Jézabel se libéra brusquement de l'étreinte d'Owen et retourna se coucher silencieusement.
Nicheeta
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Message  Procuste Mer 15 Déc 2010 - 9:55

Bravo d'avoir entrepris l'écriture d'un roman ! Un boulot de longue haleine, exigeant. L'histoire me paraît intéressante dans le genre aventure, et vous ne traînez pas à exposer le contexte, cela, pour moi, est un bon point.
Cela dit, votre récit souffre pour l'instant selon moi d'un style lourd, trop chargé en adjectifs et en adverbes, peu fluide ; par ailleurs, vous avez souvent du mal avec la concordance des temps. Vous trouverez ci-dessous la liste des remarques de langue que j'ai à faire.

Bon courage pour la suite en tout cas, accrochez-vous ! Et bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !

Mes remarques :
« Quelques-uns étaient assis sur les deux couchettes »
Une voix brisa alors le silence, en faisant sursauter plus d'un.

-Connor... Chuchota alors (la répétition se voit, je trouve) timidement une petite fille : typographie, pour introduire une réplique de dialogue le trait d’union « - » ne suffit pas, il faut prévoir le tiret demi cadratin « – » ou le format au-dessus, « — » ; par ailleurs, on insère une espace entre ce tiret et le début de la réplique
« elle a au dessus d'une heure de retard » : on dit plutôt « plus d’une heure » pour le temps au lieu de l’espace ; peut-être s’agit-il d’un canadianisme que je ne connais pas, auquel cas veuillez m’excuser de vous reprendre
« Elle a peut-être eu (et non « eue ») un empèchement »
« atteindre le miroir (et non « mirroir ») sans être vue »
« ils ont fini (et non « finit ») par la tuer »
« étaient couverts de cicatrices »
« ses lèvres qui étaient fendues par une large cicatrice qui allait jusqu'à son œil » : je trouve ce bout de phrase lourd, avec les deux relatives imbriquées
« vers Jézabel qui, ravi (et non « ravie », c’est bien un mec, Jézabel, malgré son prénom ?) de la confrontation, avança lui aussi d'un pas »
« une douce lueur bleutée qui semblait venir de la fenêtre »
« chuchota-t-il alors pour lui-même.

La forme d'une femme se découpa alors dans la lumière » : la répétition se voit, je trouve
« dit-elle (trait d’union) après un court moment de silence »
« les membres du conseil de l'archipel où il siégeait »
« d'où aucun ne s'était (et non « s’étaient ») encore éveillé »
« Ses parents en étaient morts il y avait à peu près dix mois »
« En parlant de la Maladie (manque une virgule ici, je pense) Connor, continua Yaël, j'ai remarqué (et non « remarquée ») un fait intéressant. As tu remarqué (la répétition se voit, je trouve) que la famille de tous ceux qu'ils ont enfermés dans cette section-ci de la forteresse en est morte (c’est la famille qui est morte)? Ils vont vous envoyer la jeune Bethanie Stewarts dont le père est mort (là aussi, la répétition se voit) aujourd'hui. »
« Je les ai entendus en parler aujourd'hui »
« Il (y) eut un hoquet de surprise dans la salle. En effet, on leur avait dit qu'ils avaient été emmenés dans la vieille forteresse au centre de l'île à la mort de leurs parents »
« n'avaient aucune intention de servir leur armée »
« Ces paroles ont eu (et non « eue » ; pourquoi ce passé composé au milieu du récit au passé simple ?) l'effet d'apaiser la plupart des orphelins »
« Ils pourraient (le conditionnel s’impose ici, et non le futur, à cause de la concordance des temps : évocation d’un événement à venir dans un récit au passé) ensuite quitter l'île et refaire leur vie ailleurs »
« ne recommence pas avec ça s'il te plait, nous avons grandement avancé ce mois-ci nous devrions avoir fini (et non « finit ») »
« déjà tous enrôlés avant qu'on ait fini (et non « finit ») »
« d'en parler à plus de personnes »
« Mais au moins on sera libres (on accorde l’adjectif avec le genre et le nombre des personnes réellement représentées par « on ») »
« Je serai (et non « serais » : comme on est dans le dialogue, en style direct, c’est le futur qui s’impose ici et non le conditionnel) là la semaine prochaine »
« Lança alors Bethanie Stewarts, catastrophée à la vue de Connor. Elle s'avança alors dans la cellule » : la répétition se voit, je trouve
« puis le plafond qui d'où quelques gouttes d'un liquide brunâtre »
« une araignée gigantesque qui descendait vers le lit qui serait apparemment le sien. Ce fut la goutte » : structure lourde, je trouve, les deux relatives imbriquées introduites par « qui » (et puis on a l’impression que le lit est destiné à l’araignée et non la jeune fille)
« Poursuivit-elle plus faiblement avec effroi »
« Ces inondations avaient (évocation d’un événement passé dans un récit déjà au passé : plus-que-parfait) fait lever le niveau de l'eau »
« toutes les rues des grandes villes étaient (cf. ci-dessus) devenues des voix navigables »
« les terres que sa famille possédait, étant surtout en montagne, furent épargnées » : là, on peut erpasser en effet à un passé plus classique, l’accumulation de plus-que-parfaits serait lourde ; il suffit d’avoir bien ancré l’événement « passé-dans-le-passé »
« On pensait (dans l’économie du récit, je pense que l’imparfait est ici préférable au présent de vérité générale) que l'insalubrité causée par les eaux avait (… ce qui impose de nouveau le plus-que-parfait, pour un verbe) entrainé l'apparition de la Maladie, qui fut encore plus destructrice que la famine mais, là encore, son père la persuada que cela ne toucherait »
« le conseil s'était en quelque sorte renversé tout seul puisque tous ses membres étaient (il me paraît préférable de garder toute la phrase au passé) mystérieusement tombés dans un profond sommeil d'où il était (idem) apparemment impossible de les réveiller »
« le respect accordé à son nom devait (là, je pense qu’un imparfait suffirait ; si vous tenez à votre plus-que-parfait, on écrit « avait dû » et non « avait due ») tenir les pirates à l'écart »
« alors que son (et non « sont ») père mourut »
« son père s'était trompé sur la corrélation »
« n'avaient pas suffi (et non « suffit ») à l'empêcher de le toucher ni sa femme, qui en était morte il y a deux mois, ni lui » : vous évoquez le père une fois de trop
« Il voulait qu'elle aille vivre dans l'entourage immédiat »
« qui ne manquait jamais de réunion, s'était encore fait porter pâle ce soir »
« Jézabel, un des seuls qu'elle acceptait (je pense qu’un imparfait est préférable ici au passé composé) de voir depuis, lui avait (et ici un plus-que-parfait) confirmé que ses deux jambes »
« ILS LUI ONT CASSÉ (et non « CASSÉS ») LES DEUX JAMBES LES SALOPARDS SI JAMAIS ILS ME PRENNENT »
« un pied de son lit qui était (con,cordance des temps dans le récit au passé) bancal depuis »
« la pierre corrodée dans laquelle elle était construite menaçait de s'effriter »
« il souriten pensant à l'ironie de la chose, il partageait une cellule crasseuse avec une ex-riche héritière, et elle n'avait pas fini (et non « finit ») »
« depuis ce que les pirates ont appelé (et non « appelés ») »
« s'arrêta à côté de son ami »
« les cris de Camélia qui semblait souffrir le martyre »
« Jézabel enleva finalement doucement (moche, à mon avis, les deux adverbes en « ment » à la file) sa main de la bouche d'Owen et dit dans un murmure presqu'imperceptible. » : puisqu’une réplique s’annonce, je pense que deux points « : » seraient préférables au point pour terminer la phrase
« laissez-moi (trait d’union) l'emmener à l'hôpital. Répliqua »
« Vous êtes, bien entendu, assurée »
« juste au (et non « aux ») cas où il déciderait d'intervenir »
« sa mort nous causerait beaucoup trop de problèmes et de paperasse inutile à remplir, emmenez-la (trait d’union) »
« Owen dut resserrer sa poigne »
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Message  Nicheeta Mer 15 Déc 2010 - 23:35

Procuste, vous êtes incroyable, merci beaucoup!! L'orthographe n'a jamais vraiment été mon fort...
Jézabel est en effet traditionnellement un nom de femme d'origine hébreux, mais je me souviens avoir lu quelque part l'histoire d'un anglais qui s'appelait comme cela.
Ensuite «la famille de tous ceux qu'ils ont enfermés dans cette section-ci de la forteresse en est morte», oui c'est la famille qui est morte, la phrase n'est pas assez précise?
Finalement pour « le conseil s'était en quelque sorte renversé tout seul puisque tous ses membres étaient mystérieusement tombés dans un profond sommeil d'où il est apparemment impossible de les réveiller », je préfère garder le «est» au présent, puisqu'il est toujours impossible de les réveillés.


Voici le texte corrigé, c'est dommage qu'on ne puisse pas éditer nos message, sa m'aurait évité de le reposter.



Ils devaient être près d'une vingtaine, entassés dans une minuscule cellule éclairée faiblement par un rayon de lune qu'une toute petite fenêtre laissait passer. Quelques uns étaient assis sur les deux couchettes miteuses et inconfortables, d'autres étaient appuyés contre le mur humide et couvert de moisissures, certains étaient même assis à même le sol froid et poussiéreux. Un jeune homme était accroupi devant l'épaisse porte de bois et avait l’air d’écouter à la serrure. Tous étaient silencieux et fixaient un grand garçon châtain, debout au centre de la pièce qui fixait lui-même la minuscule fenêtre. Il semblait anxieux et sortait régulièrement une vieille montre à gousset de la poche de son vieux pantalon défraichi et rapiécé à de nombreux endroits. Une voix brisa alors le silence, en faisant sursauter plus d'un.
-Connor... Chuchota timidement une petite fille menue assise sur un des lits. Connor? Répéta-t-elle un peu plus fort, elle a au dessus d'une heure de retard tu ne penses pas que...
-Non. Elle viendra. Elle vient toujours, répondit le grand garçon sans cesser de fixer la fenêtre.
-Elle a peut-être eu un empèchement Connor, tu te souviens, la dernière fois, elle a dit avoir de plus en plus de difficulté à atteindre le miroir sans être vue, dit alors un jeune homme assis par terre.
-Ou alors ils ont fini par la tuer, enchaina un grand gaillard nonchalamment accoté contre le mur.
Connor se retourna vivement vers son petit frère et le toisa avec colère. Tous deux étaient grands et bâtis, avaient les cheveux châtains et étaient couverts de cicatrices. Jézabel soutint le regard de son frère avec insolence et un mince sourire se dessina sur ses lèvres qui étaient fendues par une large cicatrice qui allait jusqu'a son œil. Les yeux de Connor étincelèrent de rage et il fit inconsciemment un pas vers Jézabel qui, ravie de la confrontation, avança lui aussi d'un pas. Mais alors que Connor ouvrait la bouche pour parler, la cellule fut éclairée par une douce lueur bleuté qui semblait venir de la fenêtre. La lumière devint de plus en plus vive, tellement que plusieurs durent se cacher les yeux. Connor reporta son attention vers cette lumière qu'il regardait, lui, sans ciller.
-Je savais qu'elle viendrait, chuchota-t-il pour lui-même.
La forme d'une femme se découpa alors dans la lumière. Elle apparaissait de plus en plus nettement au fur et à mesure que l'intensité de la lueur bleutée diminuait. Bientôt, il ne resta plus qu'un pâle reflet argenté qui faisait briller sa silhouette svelte d’une étrange manière. Yaël paraissait inquiète, elle regarda furtivement derrière elle avant de lancer un faible sourire à Connor, puis au reste du groupe.
-Pardonnez mon retard, ils se doutent de quelque chose, je suis sous étroite surveillance depuis quelque temps, dit-elle après un court moment de silence.
-Ce n'est rien Yaël, lui répondit Connor, comment va ton père?
Un voile de tristesse passa sur le visage de Yaël, depuis près d'un an, son père, ainsi que tous les membres du conseil de l'archipel où il siégeait, étaient tombés dans un espèce de coma d'où aucun ne s'étaient encore éveillé.
-Aucun changement. Ils ont fait venir un shaman d'une île lointaine dont je ne me rappelle plus le nom aujourd'hui. Il pense que ce peut être une forme de mutation de la Maladie. C'est parfaitement absurde si tu veux mon avis.
Jézabel approuva d'un signe de tête. Les symptômes de la Maladie étaient toujours les mêmes, la langue du malade devenait noire, puis elle commençait à pourrir. Après la langue, c'étaient les entrailles qui y passaient. C'était très douloureux disait-on et il n'y avait aucun remède. Ce mal semblait frapper au hasard et, une fois qu'une famille l'avait, les adultes l'attrapait généralement tous. Mais toute l'étrangeté de la chose se trouvait dans le fait qu'elle ne touchait jamais aucun enfant et qu'elle ne semblait pas être transmissible de foyer en foyer. Ses parents en était mort il y avait à peu près dix mois.
-En parlant de la Maladie, Connor, continua Yaël, j'ai remarqué un fait intéressant. T’es tu rendu compte que la famille de tous ceux qu'ils ont enfermés dans cette section-ci de la forteresse en sont morts? Ils vont vous envoyer la jeune Bethanie Stewarts dont le père est décédé aujourd'hui.
Un murmure de mécontentement passa dans la salle. Les Stewarts étaient une des plus riches familles de l’archipel, ils étaient réputés pour leur attitude hautaine et dédaigneuse. Ils possédaient plusieurs terres agricoles ainsi que des usines de bière. Le père Stewarts traitait ses employés comme des chiens tout en ayant la bénédiction du conseil : au moins eux créaient de l’emploi.
-Yaël, cela n'a rien de bien étrange, nous sommes dans leur orphelinat, répondit soudainement un garçon assis par terre.
-Non Ethan, lui répondit-elle, leur orphelinat est près du phare, vous êtes vraiment dans une prison. Je les ai entendus en parler aujourd'hui, je n'ai malheureusement pas réussi à savoir pourquoi.
Il y eut un hoquet de surprise dans la salle. En effet, on leur avait dit qu’ils avaient été emmené dans la vieille forteresse au centre de l'île à la mort de leurs parents pour être pris en charge par l'État. En échange cependant, ils devaient servir dans leur armée à leur majorité. La plupart des orphelins acceptaient cette réalité sans problème, après tout, ils étaient logés, nourris et avaient la chance de pouvoir travailler. Mais la vingtaine de jeunes qui étaient dans cette cellule en ce moment n'avaient aucune intention de servir leur armée.
-Ça ne change pas grand chose, de toute façon, bientôt, nous ne serons plus ici, affirma Connor avec certitude.
Ces paroles eurent l’effet d'apaiser la plupart des orphelins. Ils avaient un plan, ils s'affairaient depuis bien longtemps à creuser un tunnel qui relierait cette même cellule à la maison d'Ethan qui donnait sur la mer. Ils pourraient ensuite quitter l'île et refaire leur vie ailleurs. Jézabel ricana doucement, toutes les têtes se tournèrent vers lui.
-Ouais pour ça, il faudrait peut-être que nous finissions de creuser le tunnel, dit-il.
-Non Jézabel ne recommence pas avec ça s'il te plait, nous avons grandement avancé ce mois-ci nous devrions avoir fini pour l'hiver!
-Connor nous ne sommes pas assez! Ils nous aurons déjà tous enrôlés avant d’avoir terminé!!
-Oui et je t’ai dit que c’était trop risqué d’en parler à plus de personnes, si quelqu’un parle, ils vont nous tuer!
-Mais au moins on sera libres!
Les deux frères étaient à présent un en face de l'autre, Jézabel le regard menaçant, Connor les poings crispés. Connor haussa alors le ton.
-Si tu n'es pas satisfait de la rapidité des opérations mon frère tu peux toujours...
-Taisez-vous, on vient! Chuchota alors le jeune homme accroupi près de la serrure.
Ils se levèrent tous vivement, et se faufilèrent dans les deux trappes en dessous des lits qui menaient vers le réseau de tunnels qu'ils avaient eux-mêmes creusés pour rejoindre les différentes cellules. Jézabel sortit en dernier, après avoir lancé un regard lourd de reproches à son frère. La lueur bleutée se faisait de plus en plus forte: Yaël s'en allait.
-Je serai là la semaine prochaine, dit-elle à Connor d'une voix qui semblait déjà distante avant de disparaitre, le laissant seul dans la pièce. Il referma les deux trappes et eut juste le temps de se glisser dans sa couchette et de feindre le sommeil avant que la porte ne s'ouvre. Deux pirates escortèrent une jeune fille à l’intérieur, elle portait une somptueuse robe et transportait une valise qui semblait peser une tonne.
-Comme tu te parlais encore tout seul on a décidé de t’emmener de la compagnie, dit l’un des deux pirates plutôt petit mais très baraqué d’une voix moqueuse tandis que l’autre, très grand et incroyablement mince éclata de rire.
-Vous n’allez quand même pas m’installer avec ce minable? Lança alors Bethanie Stewarts, catastrophée à la vue de Connor. Elle s’avança dans la cellule qu’elle regarda avec dégout. Elle commença par voir les trous dans les murs et la moisissure verdâtre qui s’y accumulait, puis le plafond, d’où une substance brunâtre et pestilentiel s’écoulait doucement. Ses yeux rencontrèrent alors une araignée gigantesque qui descendait vers le lit qu’on lui désignait. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase.
- Vous n’allez tout de même pas m’installer ici? Poursuivit-elle plus faiblement avec effroi.
-Oh très certainement ma jolie, lui répondit le grand pirate d’un ton joyeux. Tu as de la chance, tu aurais pu tomber sur une chambre sans fenêtre!
Sur ce, ils refermèrent la porte et la barrèrent à double tour. Bethanie se jeta sur son lit en sanglotant, elle ne comprenait pas pourquoi tous ces malheurs lui tombaient soudainement dessus. Son père lui avait toujours dit que son statut social la mettrait à l’abri de la misère qui s’acharnait sur tous les habitants de l’archipel depuis la Grande Crue. Ces inondations avaient fait lever le niveau de l’eau à un tel point que toutes les rues des grandes villes étaient devenues des voix navigables. Par chance, les terres que sa famille possédait, étant surtout en montagne, furent épargnées. La perte des récoltes inondées causa une grande famine qui décima plusieurs milliers de vies. On pensait que l’insalubrité causée par les eaux avait entrainé l’apparition de la Maladie, qui fut encore plus destructrice que la famine mais, là encore, son père la persuada que cela ne toucherait jamais sa famille, c’était disait-il, un problème de pauvres qui n’avaient pas accès aux mesures d’hygiène. Vint ensuite l’invasion des pirates. Ils étaient apparus de nulle part, sans raison apparente pour piller, détruire une bonne partie de la ville et renverser le conseil. Enfin, le conseil s’était en quelque sorte renversé tout seul, puisque tous ses membres étaient mystérieusement tombés dans un profond sommeil d’où il est apparemment impossible de les réveiller. Ce changement de régime affecta cependant très peu Bethanie qui s’était dit que le respect accordé à son nom avait dû tenir les pirates à l’écart. Du moins, cela les avait tenus à l’écart jusqu’à aujourd’hui, alors que son père mourut des suites de la Maladie.
En effet, son père s’était trompé sur la corrélation entre les mesures d’hygiène et la Maladie. Les deux bains quotidiens qu’il imposait à tout son entourage n’avaient pas suffi à empêcher sa femme et lui d’en être touché. Il avait passé les deux derniers mois de son existence à faire des arrangements concernant le futur de Bethanie. Il voulait qu’elle aille vivre dans l’entourage immédiat du grand mage qui présidait au conseil de l’archipel. Il avait été convaincu du succès de ses démarches jusqu’à sa mort, d’ailleurs, sa fille était allée choisir sa chambre au palais la semaine précédente. Hélas, dès que son médecin prononça son décès, deux pirates demandèrent à Béthanie de les suivre à l’orphelinat, malgré les protestations de sa gouvernante et du docteur.
C’est donc incroyablement insultée que Bethanie, forcée de transporter elle-même sa malle extraordinairement lourde, fut escortée dans la vieille forteresse et enfermée dans une minuscule cellule avec un forcené qui, apparemment, se parlait tout seul.
Si Bethanie était au cœur du désespoir, Connor lui, était sur le bord de la panique. Le succès des opérations qu'il menait reposait en grande partie sur le fait qu'il était seul dans sa chambre. Les pirates n'y passaient jamais après le couvre-feu, ils devaient surement penser que son isolement l'empêcherait de planifier un mauvais coup. Yaël et ses amis pouvaient donc y venir à leur guise, du moment que quelqu'un surveillait la porte. Pire encore, Stewarts devait être une sympathisante du régime, du genre à reporter tout ce qu'elle croyait anormal. Les pirates semblaient d'ailleurs se douter de quelque chose puisqu'ils les interrogeaient tous un à un, les torturaient pour savoir "ce qu'ils savaient'". Ils ne l’avaient pas encore interrogé lui, mais il savait que Camélia McGehben, qui ne manquait jamais de réunion, c’était encore fait porter pâle ce soir suite à son interrogatoire. Elle n’aidait plus à l’avancement du tunnel non plus. Jézabel, un des seuls qu’elle acceptait de voir depuis, lui avait confirmé que ses deux jambes étaient incroyablement enflées et qu’elles avaient pris une horrible teinte violacée. « ILS LUI ONT CASSÉ LES DEUX JAMBES LES SALOPARDS SI JAMAIS ILS ME PRÈNNENT ILS VONT VOIR CE QU’ILS VONT VOIR!!! » Avait-il hurlé avant de donner un furieux coup de pied à un pied de son lit qui était bancal depuis.
Il leur faudrait définitivement trouver une nouvelle cellule où se réunir, ce qui impliquait de creuser de nouveaux tunnels à l'intérieur de la forteresse. À chaque nouveau tunnel qu'ils creusaient à l'intérieur des murs, Connor craignait de voir la forteresse s'effondrer, elle datait du temps des premiers colons et la pierre corrodée dans laquelle elle était construite menaçait de s'effriter à chaque coup de pioche.
En entendant Bethanie pleurer toutes les larmes de son corps, il sourit en pensant à l'ironie de la chose, il partageait une cellule crasseuse avec une ex-riche héritière, et elle n'avait pas fini d'en baver.

***

Plus tard dans la nuit, quelques portes plus loin, un hurlement tira brusquement Owen du sommeil. Inquiet, il s’assit sur son lit et regarda l’heure, 4h30. Le son provenait de la minuscule pièce à côté de sa cellule, là où on avait enfermé Camélia depuis ce que les pirates ont appelé son « accident »
-S’ils la touchent encore… dit Jézabel en se levant précipitamment. Il se rua vers une ouverture dans le mur qu’une vieille armoire moisie cachait. Owen, encore tout endormi sortit en trombe de son lit et se faufila dans le trou derrière Jézabel.
Il pénétra en titubant dans le tunnel sombre et s’arrêta à côté de son ami qui s’était accroupi devant l’ouverture voisine à la leur qu’une vieille tapisserie cachait. Owen allait demander la suite des événements à Jézabel mais celui-ci plaqua vivement sa main sur sa bouche avant qu’un son n’ait pu en sortir. Ils restèrent une dizaine de minutes à attendre en essayant de percer les cris de Camélia qui semblait souffrir le martyre. Jézabel enleva enfin doucement sa main de la bouche d’Owen et dit dans un murmure presqu’imperceptible :
-Je pense qu’elle est seule.
-J’aurais pu te le dire il y a cinq minutes si t’avais enlevé ta fichue patte de ma bouche, grogna Owen mécontent.
Feignant de ne pas avoir entendu, Jézabel écarta la tapisserie et entra dans la cellule. Une odeur pestilentielle les frappa alors. Camélia, qui ne pouvait pas bouger, était couchée sur son lit toute en sueur. Elle était éveillée mais semblait ailleurs, en proie à une forte fièvre. Il l’appela sans qu’elle ne l’entende pendant qu’Owen se penchait sur ses jambes.
Il eut alors un haut le cœur, l’odeur provenait d’un mélange de pus et de chair morte sur le bas de la cuisse de la jeune fille. Ses deux jambes étaient incroyablement enflées et prenaient une teinte noire par endroit. Il n’y avait pas de doutes à ses yeux qu’à moins de soins immédiats, elle risquait de perdre ses jambes et peut-être même d’y rester. Il jeta un coup d’œil anxieux à Jézabel qui attendait son verdict en épongeant le front de Camélia avec un vieux chemisier sale qui trainait sur la table de chevet.
-Jé… Dit-il lentement, il faut vraiment la sortir d’ici.
Un cliquetis provenant de la serrure de la porte les fit sursauter tous les deux et ils coururent se cacher dans le tunnel, de l’autre côté de la tapisserie.
-… n’arrête pas de hurler va falloir l’emmener ailleurs. Dit une voix grave et forte en provenance de la cellule. Cette voix appartenait à Javier, le directeur de la forteresse.
-Il faut surtout à cette jeune fille une intervention chirurgicale dans les plus brefs délais messieurs, laissez-moi l’emmener à l’hôpital. Répliqua une voix nasillarde d’un inconnu, probablement un médecin, après un court moment.
-Non, cela risquerait de compromettre les opérations que nous menons ici en plus d’attirer l’attention indésirable de la part des proches de mages qui nous causent déjà assez de soucis. Dit une troisième voix catégorique. Cette voix aussi était inconnue, c’était une voix de femme très mélodieuse malgré sa dureté.
-Si je puis me permettre, Madame, reprit le médecin, si on n’agit pas avant deux semaines il faudra lui amputer les deux jambes et je doute qu’elle passe le mois si on n’intervient pas. Vous êtes, bien entendu, assurée de notre entière discrétion.
Jézabel serra les poings si fort qu’ils devinrent blancs et Owen décida qu’il était plus sage de le retenir par le bras, juste au cas où il déciderait d’intervenir.
-Bon très bien, dit la femme de sa voix toujours aussi mélodieuse après un instant de réflexion, sa mort nous causerait beaucoup trop de problèmes et de paperasse inutile à remplir, emmenez-la.
Si le ton désinvolte sur lequel elle avait dit ces derniers mots fit froid dans le dos d’Owen, il mit Jézabel en rogne, et Owen dut resserrer sa poigne pour le maintenir immobile. La porte se referma et les cris de Camélia, qui ne semblait pas du tout s’être rendu compte qu’on la transportait, se firent de plus en plus distants. Jézabel se libéra brusquement de l’étreinte d’Owen et retourna se coucher silencieusement.
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Message  Procuste Jeu 16 Déc 2010 - 0:46

Nicheeta a écrit:Procuste, vous êtes incroyable, merci beaucoup!! L'orthographe n'a jamais vraiment été mon fort...
Jézabel est en effet traditionnellement un nom de femme d'origine hébreux, mais je me souviens avoir lu quelque part l'histoire d'un anglais qui s'appelait comme cela.
Ensuite «la famille de tous ceux qu'ils ont enfermés dans cette section-ci de la forteresse en est morte», oui c'est la famille qui est morte, la phrase n'est pas assez précise?
Finalement pour « le conseil s'était en quelque sorte renversé tout seul puisque tous ses membres étaient mystérieusement tombés dans un profond sommeil d'où il est apparemment impossible de les réveiller », je préfère garder le «est» au présent, puisqu'il est toujours impossible de les réveillés.


(...)

Vous aviez écrit au départ : "la famille de tous ceux qu'ils ont enfermé dans cette section-ci de la forteresse en sont morts", j'ai corrigé puisque c'est la famille qui est morte, pas les gens enfermés.
Dans « le conseil s'était en quelque sorte renversé tout seul puisque tous ses membres étaient mystérieusement tombés dans un profond sommeil d'où il est apparemment impossible de les réveiller », le problème c'est qu'il est impossible de les réveiller au moment où se déroule le récit, or celui-ci a lieu au passé. Quand je vois ce présent déconnecté du reste, cela me paraît très bizarre.

Bon courage pour la suite !
Procuste
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