Les vilaines petites filles

[M-arjolaine]

Grand-mère n'aimait pas trop voir Adèle et Louise jouer. « Si elles veulent faire les folles, disait-elle, qu'elles restent donc chez elles ! Envoyez moi quelques photos pour faire bonne figure, cela me suffira. Et je veux les y voir sages ! »

Nous nous étions tenus à cette règle le plus longtemps possible, c'est à dire très peu de temps : les gamines étaient toujours impatientes de rendre visite à leur mamie, et demandaient à la voir en permanence. Aussi, à l'approche de Noël, nous décidâmes de leur faire plaisir, et rendîmes une petite visite à l'aïeule.

« - Vous avez emmené les pisseuses ? demanda-t-elle sitôt qu'elle eut ouvert la porte.
- Elles ont promis de bien se tenir, assurai-je.
- J'aimerais bien voir ça ! Leurs cousins sont venus la semaine dernière, on m'a assuré qu'ils se tiendraient bien eux aussi.
- Ca n'a pas été le cas ?
- Puisqu'ils ne tenaient pas en place on les a emmenés dehors. Lucas est tombé dans la piscine.
- Mon dieu !
- Il s'est cassé la jambe...
- Seigneur !
- Tout déchiré, quel catastrophe...
- Son corps ?
- Son collant.
- Dieu soit loué ! » et je me signai.

Nous interdîmes au petites de s'approcher de la piscine, qu'elles ne déchirent surtout pas leurs collants, et nous passâmes à table. L'entrée n'était pas achevée qu'Adèle pleurnichait déjà pour sortir. Grand-mère l'envoya dehors à grands coups de pieds, et Louise courut la rejoindre.

« - Elles sont parties, soupirai-je, nous pouvons parler sérieusement. Que comptez vous acheter aux petites pour leur Noël ?
- Mes cadeaux sont déjà emballés. J'ai pris un déshabillé en dentelle pour la plus grande.
- Quelle bonne idée ! Tous les garçons de sa classe de CP se lassaient de ses éternelles culottes de cotons.
- Quant à l'autre j'avais pensé à un appareil dentaire.
- Notre enfant n'aura jamais de problèmes de dentition, tu entends ? » chuchotai-je à mon époux avec extase, et il acquiesca avec bonheur en me souriant des quelques dents tordues qui lui restaient.

Nous entendîmes les petites au dehors qui chantaient "tourne tourne la girouette" en dansant autour d'un poteau électrique.

« Trop de bruit trop de bruit ! » s'écria Grand-Mère, et elle sortit de la maison en furie, attacha les deux nattes des petites filles l'une avec l'autre, et sitôt que l'une ralentit un peu trop la cadence, l'autre lui arracha les cheveux.

Voyant son scalp accroché au bout de la tresse de son aînée, Adèle éclata en sanglots.

« - Ne t'inquiètes donc pas », dit gentiment Grand-mère, « je t'offrirai une perruque pour Noël prochain »

Puis elle se rendit compte de l'ampleur des dégâts, et nous renvoya immédiatement chez nous après s'être s'empressée de distribuer des claques à nos deux mignardes, qui dans l'emphase de leur ronde, avait bien correctement déchiré leurs collants.

[ubikmagic]

Toujours aussi loufoque, hein ?
Elle a du punch, ta grand-mère Tartine.
Dommage que ça finisse un peu abruptement. Cela fait toujours un peu "tranche de vie" chez toi, mais là, je trouve que la part est un peu riquiqui. On en aurait mangé plus.

Mais c'était bien mijoté.

Ubik.

[Invité]

C'est délicieusement horrible cette façon de dénaturer les grand-mères gâteaux. Tu as apporté beaucoup de soin à ce texte, les détails ne font pas un pli.

Remarque :

- Ne t'inquiètes donc pas ("Ne t'inquiète" à l'impératif)

[M-arjolaine]

Après relecture à une heure de la journée où j'ai l'esprit plus clair que lorsque j'ai posté ce texte, je note quelques erreurs dont j'aimerais qu'elles soient corrigées... si la modération peut s'en charger...


Grand-mère n'aimait pas trop voir Adèle et Louise jouer. « Si elles veulent faire les folles, disait-elle, qu'elles restent donc chez elles ! Envoyez moi quelques photos pour faire bonne figure, cela me suffira. Et je veux les y voir sages ! »

Nous nous étions tenus à cette règle le plus longtemps possible, c'est à dire très peu de temps : les gamines étaient toujours impatientes de rendre visite à leur mamie, et demandaient à la voir en permanence. Aussi, à l'approche de Noël, nous décidâmes de leur faire plaisir, et rendîmes une petite visite à l'aïeule.

« - Vous avez emmené les pisseuses ? demanda-t-elle sitôt qu'elle eut ouvert la porte.
- Elles ont promis de bien se tenir, assurai-je.
- J'aimerais bien voir ça ! Leurs cousins sont venus la semaine dernière, on m'a assuré qu'ils se tiendraient bien eux aussi.
- Ca n'a pas été le cas ?
- Puisqu'ils ne tenaient pas en place on les a emmenés dehors. Lucas est tombé dans la piscine.
- Mon dieu !
- Il s'est cassé la jambe...
- Seigneur !
- Tout déchiré, quel catastrophe...
- Son corps ?
- Son collant.
- Dieu soit loué ! » et je me signai.

Nous interdîmes au petites de s'approcher de la piscine, qu'elles ne déchirent surtout pas leurs collants, et nous passâmes à table. L'entrée n'était pas achevée qu'Adèle pleurnichait déjà pour sortir. Grand-mère l'envoya dehors à grands coups de pieds, et Louise courut la rejoindre.

« - Elles sont parties, soupirai-je, nous pouvons parler sérieusement. Que comptez vous acheter aux petites pour leur Noël ?
- Mes cadeaux sont déjà emballés. J'ai pris un déshabillé en dentelle pour la plus grande.
- Quelle bonne idée ! Tous les garçons de sa classe de CP se lassaient de ses éternelles culottes de coton.
- Quant à l'autre j'avais pensé à un appareil dentaire.
- Notre enfant n'aura jamais de problèmes de dentition, tu entends ? » chuchotai-je à mon époux avec extase, et il acquiesca avec bonheur en me souriant des quelques dents tordues qui lui restaient.
Nous entendîmes les petites au dehors qui chantaient "tourne tourne la girouette" en dansant autour d'un poteau électrique.

« Trop de bruit trop de bruit ! » s'écria Grand-Mère, et elle sortit de la maison en furie, attacha les deux nattes des petites filles l'une avec l'autre, et sitôt que l'une ralentit un peu trop la cadence, l'autre lui arracha les cheveux.

Voyant son scalp accroché au bout de la tresse de son aînée, Adèle éclata en sanglots.

« - Ne t'inquiète donc pas », dit gentiment Grand-mère, « je t'offrirai une perruque pour Noël prochain »

Puis elle se rendit compte de l'ampleur des dégâts, et nous renvoya immédiatement chez nous après s'être empressée de distribuer des claques à nos deux mignardes, qui dans l'emphase de leur ronde, avaient bien correctement déchiré leurs collants.

(merci à mes commentateurs ;-))

[Invité]

Bien aimé ton texte !


J'avais relevé ces erreurs en plus de celle notée par Easter, je n'ai pas relu le 2e texte.

Envoyez-moi
Ça n'a pas été le cas
quelle catastrophe...
Nous interdîmes aux petites
Que comptez-vous acheter
éternelles culottes de coton.
Nous entendîmes les petites au-dehors

[Invité]

M-arjolaine, si tu veux que la modération apporte des corrections (ce qui - soit dit en passant - n'aurait pas grand sens après coup, du point de vue de la cohérence des commentaires à ce sujet), il faudra les indiquer clairement, dire précisément où.

[Rebecca]

Chez M-arjolaine les petites filles ne peuvent qu'être vilaines. Les grands-mères pires encore. L'écriture bridée et débridée en même temps.
Encore une fois bravo !

[Invité]

Un texte sympathique, qui manque peut-être un peu de panache à mon goût... Je pense qu'il aurait pu être encore plus incisif !

J'ai lu la deuxième version, les corrections s'appliquent à celles-ci. J'ai vu que d'autres avant moi se sont attelé à l'exercice ; je me propose de les compléter (même si je vois que dusha a relevé le gros des fautes avant moi). Le fait est que j'ai fait ce travail dans la journée d'hier alors, tant qu'à faire, autant le poster !

- "Envoyez moi" : "envoyez-moi".
- "« - Vous avez emmené les pisseuses ? demanda-t-elle sitôt qu'elle eut ouvert la porte." Remarque typographique : les guillemets français ouvrants et
le trait d'union font double emploi, de plus, il faut prévoir un tiret demi-cadratin ou cadratin pour introduire chaque réplique, et non pas un simple trait
d'union ("–" ou "—"). Cette remarque s'applique bien sûr à tout le dialogue.
- "Ca n'a pas été" : Ça (combinaison alt + 0199 sur le clavier numérique).
- "Nous interdîmes au petites" : aux.
- "Que comptez vous : comptez-vous.
- "les petites au dehors" : au-dehors.
- "s'écria Grand-Mère" : pourquoi ces majuscules ici ? D'autant que plus loin, on peut lire "Grand-mère"...
- pour Noël prochain : point. :-)

[Lyra will]

Ahah, ce n'est pas très politiquement correct tout ça, mais c'est tellement bon!
Faudrait un jour en faire quelque chose de toutes ces tranches monstrueuses de vie!

[Igor23]

ça fait trois fois que je viens lire ce texte, et j'en découvre encore.
Quelques petits détails qui me "chatouillent" :
1 "[elles]... demandaient à la voir en permanence"
je crois que ce serait plus juste de dire qu' "[elles] demandaient en permanence à la voir".
(et je le regrette, mais "en permanence" ce n'est pas très joli comme formule, ce serait bien de trouver autre chose"
2 « - Vous avez emmené les pisseuses ? ..." Ce serait mieux de dire "vous avez amené les pisseuses ? ..."
3 Je n'arrive pas à me faire à l'idée que Lucas porte des collants

Le déshabillé de dentelle, quelle trouvaille ! ça me fait rire à chaque lecture...

Je regrette aussi la chute que je trouve un peu bancale dans la forme, mais surtout faiblarde, par rapport au reste du texte, très fort.
Je n'arrive pas bien à comprendre pourquoi la grand mère s'offusque de ce que ses petits enfants (Lucas y compris) déchirent leurs collants. à moins que ce ne soit elle qui les oblige à en porter ... mais ça ce n'est pas dans l'histoire ...

Bon. Mais faut pas croire que j'ai pas aimé : au contraire. Sinon je ne me serais pas arrêté à lui trouver ces quelques défauts. Voilà un petit texte très bien monté, comme une bonne patisserie que faisait ma grand mère ;-)

[Chako Noir]

Mamie gâteau. Génial. Pauvres tites pisseuses, quand même, j'aurais bien aimé voir de leurs tours à elles, quand même, histoire de voir en quoi elles pouvaient mériter la correction de la grand-mère, parce que là c'est un poil cruel, quand même. J'ai adoré l'idée de l'appareil dentaire offert à noël (quelle horreur...) et puis la perruque : ces bonnes vieilles grand-mères trouvent toujours une solution à tout !

[Sahkti]

Haaa que j'aime décidément ton univers ! Cette grand-mère est tout bonnement géniale et ces parents aux airs fausements béats sont réjouissants de bêtise.
Chaque détail a sa place, le tout est dosé avec finesse, je n'ai rien à redire, si ce n'est bravo !

[Aoshi]

J'aime, j'aime, c'est vraiment délectable.
Terriblement cruel, pas de détail superflu, tout dans l'efficacité, les fautes sont même passées inaperçues à ma lecture, c'est dire.
Très bon boulot !

[Invité]

il y a un côté humour anglais dans ce que tu écris, c'est délicieusement horrible

[Reginelle]

lu et relu

lol... j'aime ton univers (mais là, je me répète)

[Contenu sponsorisé]