Les platanes

[desaparecer]

"- Qu’est ce que vous faites dans la journée ?

- Je reste assis… Comme ça… comme un vieillard.

- Mais vous n’êtes pas un vieillard.

- Non, c’est vrai. Je n’en suis pas un.

- Et à quoi pensez-vous, lorsque vous êtes assis ainsi ?

- A rien de particulier. Des souvenirs. Par exemple j’essaye de me souvenir des platanes que je comptais quand je rentrais chez moi avec mes parents le soir de Noël

- Où passiez-vous Noël ?

- Chez mes grands-parents. C’était dans la campagne du côté de Montauban, en France.

- Comment étaient les platanes ?

- C’est dur à dire, parce qu’ils défilaient à toute vitesse, ils n’étaient éclairés qu’un instant par les phares de la voiture.

- C’était de grands platanes ?

- Je vous l’ait dit, c’est pas facile, je ne les voyais pas assez longtemps. Je crois qu’ils avaient de gros troncs. Un peu dégarnis aussi : par endroit ils n’avaient plus d’écorce. Mais peut-être était-ce d’autres platanes. Des platanes que j’aurais vus une autre fois par exemple.

- Pourquoi pensez-vous à ces platanes ?

- Oh je ne sais pas vraiment. Je voulais jouer avec mes cadeaux. Il y avait des platanes sur le bord de la route. Je les comptais, vous voyez, pour faire passer le temps.

- Combien y en avait-il ?

- Je ne sais pas mademoiselle, je crois que je n’ai jamais réussi à compter jusqu’au bout.

- Qu’évoquent encore pour vous les platanes ?

- Oh, eh bien je crois qu’un jour mon père a dit qu’à un endroit on les avait tous abattus. Les gens rentraient dedans à fond la caisse avec leur voiture. Ca les tuait. Il valait mieux les abattre. Pour la sécurité des gens.

- Vous étiez triste qu’on abatte les platanes ?

- Non, j’étais triste pour les gens qui étaient morts à cause des platanes. J’avais peur que quelqu’un de ma famille meure à cause d’eux. On ne devrait pas risquer la vie des gens pour des platanes.

- Est-ce que quelqu’un de votre famille est mort à cause d’un platane ?

- Non, je ne crois pas. Enfin quand j’étais petit un de mes cousins est mort sur la route quand il avait dix huit ans. Je crois qu’il rentrait de discothèque. Beaucoup de gens pleuraient à son enterrement. Moi je ne l’avais jamais vu… Laissez-moi réfléchir… Je ne crois pas qu’il soit rentré dans un platane, il me semble qu’il avait mal pris un tournant.

- Voulez vous dire autre chose ?

- Non… Je pense que j’ai à peu près fait le tour de la question des platanes."

La jeune femme aida l’homme à revenir vers sa chambre. Il s’appuyait sur une béquille. Le soleil était étouffant en cette fin d’après midi, mais il descendait, la nuit apporterait un peu de fraîcheur. Telles, du moins, étaient les pensées de la jeune femme. L’homme fit un faux pas, elle agrippa son bras, mais déjà il se reprenait.

« Merci Mademoiselle, c’est bon je crois. Excusez-moi »

[ubikmagic]

Extrait de psychothérapie ? En tous cas, ça semble tel et c'est bien rendu. Y aura-t-il d'autres thèmes abordés ? Ce serait une passionnante expérience.

Ubik.

[Invité]

Y aura-t-il une suite ? Dans l'état, le texte me donne l'impression d'être un extrait qui ne se suffit pas à lui-même, j'ai envie d'en savoir davantage et reste sur ma faim.

Quelques remarques :
- ""- Qu’est ce que vous faites dans la journée ?" : remarque typographique. Les guillemets ouvrants et le trait d'union font double emploi. De plus, il faut prévoir un tiret demi-cadratin ou cadratin pour introduire chaque réplique, et non pas un simple trait
d'union ("–" ou "—"). Cette remarque s'applique bien sûr à tout le dialogue.
- "A rien de particulier." : "À rien" (A accent grave majuscule, accessible à partir de la combinaison alt+183 sur le clavier numérique.)
- "avec mes parents le soir de Noël" : point.
- "Je vous l’ait dit" : je vous l'ai dit.
- "par endroit ils n’avaient" : par endroits.
- "Ca les tuait." : "Ça les tuait." (C cédille majuscule, accessible à partir de la combinaison alt 0199, alt 128 et alt 384. Vous avez l'embarras du choix...)
- "Enfin quand j’étais petit un de mes cousins" : problème de virgules ici. "Enfin, quand j'étais petit, un de mes cousins...".
- "quand il avait dix huit ans." : dix-huit.
- "Voulez vous dire" : voulez-vous (avec un trait d'union).
- "en cette fin d’après midi" : si l'emploi du féminin pour le mot "après-midi" est toléré, le masculin reste recommandé, par l'Académie Française par exemple (un midi, et par suite, un après-midi). Quoi qu'il en soit, l'usage du trait d'union est indispensable.
- "Excusez-moi" : point final.

[Celeron02]

Les platanes ne sont pas des Ents et ne tuent guère les gens, mais les gens se tuent facilement contre des platanes parce qu'ils conduisent trop vite, ou bien parce qu'ils ont bu, ou les deux.
L'odeur du platane, si distincte de celle du peuplier italien, par exemple, ou évidemment du pin, ou du cyprès !
Et ces copeaux blancs d'écorce qu'ils finissent tous par faire !
Tant de choses à dire sur les platanes...

[Igor23]

Souvent il faut que je me fasse violence pour entrer dans un texte. Mais là, pas du tout. Je suis tombé dans ce dialogue et j'ai été comme aspiré, et j'ai vraiment pris plaisir à sa lecture.
Les questions se posent au fur et à mesure. Pourquoi les questions sont elles si froides, si désinteressées. Vite, j'ai pensé à la mort, associée aux platanes, ou à tout le moins aux accidents de la route.
Qui pose les questions ? qui y répond ? Dans quel cadre tout celà se déroule-t-il ?
La fin laisse vraiment sur la faim, ya pas d'autre mot. Car la masse de questions sans réponse est impressionnante après ça.
J'espère qu'il y aura une suite à la hauteur de ce début.

[Maryse]

C'est vrai qu'on se laisse prendre.
Il y a quelque chose de tellement naturel dans ce texte.
Et puis moi les platanes ils me parlent.

[wald]

J'ai beaucoup aimé ce texte, y compris l'absence de "chute", en fait la phrase finale clôt très bien le récit.
J'en profite pour dire que j'ai lu tes autres textes et ton style y fonctionne également, simple mais jamais lassant. Ce qui est marrant c'est qu'on ne retrouve pas l'influence de tes auteurs de référence cités dans ton premier message.

[Invité]

Cela m'a laissée de bois !
Le style complètement plat, l'absence totale du moindre intérêt, de la moindre esquisse d'intrigue, le côté artificiel des questions, rien ne me permet de trouver quelque attrait à ce texte et j'ai beaucoup de mal à comprendre les éloges qu'il suscite...
Serait-ce moi qui suis imperméable à ses beautés ???

[milo]

J'ai beaucoup aimé, sans pouvoir m'expliquer le pourquoi... L'atmosphère qui se dégage du texte, sans doutes ... ?

Je lirais volontier une suite.

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