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La neige tombait dru

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La neige tombait dru Empty La neige tombait dru

Message  Celeron02 Ven 24 Déc 2010 - 0:18

La neige tombait dru ; j’attendais mon amie à la gare.

Les gens étaient peu nombreux, le froid aidant, les rues encombrées de tranchées blanches et marron. Un vent glacé se coulait le long de mon cou, malgré l’écharpe rouge qui le protégeait. Rien ne s’opposait cependant à l’arrivée du train de ma bien-aimée, puisqu’aucun retard n’était annoncé. Cette attente était propice à la rêverie, aux angoisses aussi. Ce hall gigantesque, à y bien réfléchir, ouvert à tous les frimas du fait même de son gigantisme, serait le théâtre de mes souvenirs perdus, et retrouvés, de mes minuscules tourments, de mes espoirs.

Je pensai à tous ces moments merveilleux que nous avions vécus tous les deux. Il me revenait nos dîners en amoureux, ces petits plats que nous dégustions, les yeux dans les yeux, en feignant de l’appétit, alors que nous n’avions envie que de nous dévorer, caresse après caresse, l’un l’autre. Je me rappelais nos balades en bord de mer, les cheveux au vent, nos fous-rires à courir après son chapeau. Souvent je gagnais, mais c’était elle qui retrouvait son couvre-chef, puis qui embrassait son champion du jour. Comme nous étions heureux, toutes ces fois bénies. Je rêvais.

Un lundi à Beaubourg, quand nous croisions les Rouault, tu t’esclaffais de ce Christ si humain, pratiquement laid ; et moi je te disais que nous lui ressemblions, que c’était tout à son honneur ; tu pouffais de ma bête pédanterie, de mes absurdes réflexions. Après, nous nous embrassions, et tu riais ; nous riions de voir ensuite, immanquablement, les autres nous regarder de travers, ou faire des clins d’œil, comme s’ils avaient la moindre idée de ce qui se passait entre nous.

Des pigeons, des moineaux, tout gonflés de leurs plumes d’hiver, se jetaient presque à mes pieds. Je pensai alors à la place St-Marc.

Tu avais voulu être photographiée par un de ces appareils sur trépied à la Tintin, et une colombe immaculée s’était posée sur ton épaule, le cliché était magnifique… mais la bestiole t’avait laissé un souvenir blanc, et nous avions beaucoup ri de ce double et intraduisible présage.

Nous n’y pensions plus à la Fenice, lors du Concerto pour violon et orchestre n°4 de Mozart, où nul volatile ne put troubler nos émotions, tu étais transportée, nous pleurions tous deux de volupté esthétique, et ta main me serra au point de me meurtrir la chair des doigts. Puis je vis ton regard éploré plonger dans le mien, tu me semblas à la fois ivre de joie et de peine. Sentiment indescriptible, confus, de bonheur et de mélancolie en même temps.

Un sifflet retentit au loin. Tiens, j’ignorais qu’ils utilisaient encore ces machins-là, à l’heure du tout-électronique, du tout-informatique. Le tableau d’affichage prévoyait toujours son train pour 9h30. Il était 9h24, oui j’étais largement en avance.

Mes pensées furent soudain plus sombres. Je me demandais d’où venaient ses absences quand elle était près de moi, alors que ses pensées semblaient flotter loin de ce monde. D’habitude je la laissais faire. Il me semblait que cela ne me regardait pas, que ce n’était pas mon rôle que de m’en mêler.
- Tu rêves ?
- Oui. Pff…
Et notre conversation s’arrêtait là ; je n’osais aller plus loin. Pour le moment… En effet, un matin, je tentai de le lui demander : « à quoi songes-tu lorsque tu es… ailleurs ? » Je déclarai cela doucement, d’un ton presque enjoué. Elle le prit très mal, comme une mauvaise plaisanterie, comme une taquinerie déplacée. Eclatant en sanglots, elle prit congé de moi sans plus de cérémonie. Depuis, j’évitais soigneusement le sujet.

9h28. Le train va arriver. Une émotion intense se fit sentir en ma moelle épinière, en mon cœur accéléré par un flux irrépressible de sang et d’espoir. « Quel idiot ! », me dis-je en moi-même.

Le train fut annoncé. J’étais sur le bon quai. Je frémissais. Les voyageurs descendirent les uns après les autres, mais nulle silhouette telle que celle de ma belle.

Je commençai à m’inquiéter, évidemment, à douter… Finalement elle apparut, en jeans, baskets montantes. Je l’adore. Elle vint trottinant vers moi, se plaignant de grelotter, sans son bonnet, mais souriante quand même. Son souffle chaud sur mes lèvres, l’odeur indéfinissable de sa salive, me fut un indescriptible, ineffable et éternel bonheur. Elle me dit :
- Tu m’avais manqué, j’ai un cadeau pour toi. Ouvre.
Elle me tendit un joli petit paquet rouge, plat, carré. Naturellement, étonné, et heureux, j’ouvris.
C’était un tableau, une petite huile représentant un crâne, des livres, une plume d’oie dans son encrier, des partitions de musique, des dés admirablement dessinés. « Tout est dans le dessin », me disait-elle parfois. Une de ses œuvres passa donc entre mes mains malhabiles. Ce fut son cadeau pascalien, un truc inouï dont je ne sus évidemment comment la remercier. Oui, c’était, pour que je ne me fasse plus d’illusion sur le temps et sur la vie, sur l’espace et sur la mort, une Vanité !
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Message  Yugoski Ven 24 Déc 2010 - 1:02

Tout d'abord j'ai trouvé un style à son meilleur. Une vraie maturité dans l'écriture mais, à côté de ça, une mauvais tendance à user des poncifs et lieu-commun de l'histoire d'amour... La gare, la neige, les objets sacralisés, un matérialisme très contemporain des idées reçues. Pour moi, l'exemple le plus flagrant est sans conteste celui-ci :

Tu avais voulu être photographiée par un de ces appareils sur trépied à la Tintin, et une colombe immaculée s’était posée sur ton épaule, le cliché était magnifique… mais la bestiole t’avait laissé un souvenir blanc, et nous avions beaucoup ri de ce double et intraduisible présage.


Ce n'est pas une critique négative, puisqu'on sent toutefois le côté volontaire de ces redites, explicité par ce passage :

Un sifflet retentit au loin. Tiens, j’ignorais qu’ils utilisaient encore ces machins-là, à l’heure du tout-électronique, du tout-informatique

A part ça, on note aussi la présence forte du rapport au temps, malheureusement utilisé d'une façon très académique et à mon sens pas assez personnel.

bonne continuation :-)

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Message  Celeron02 Ven 24 Déc 2010 - 1:05

Merci Yugoski - bonne nuit
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